Le commerce extérieur de la Pologne

Excédent commercial record pour la Pologne en 2023

Résumé : En 2022, la Pologne avait connu un déficit commercial historique (-20 Mds EUR) en raison de la forte inflation énergétique. La tendance s’inverse en 2023, avec un excédent commercial (10,6 Mds EUR), record depuis l’adhésion du pays à l’UE en 2004. Ce résultat tient d’abord au recul des importations polonaises (340 Mds EUR) du fait de la baisse de la facture énergétique. Les exportations polonaises (351 Mds EUR) ont légèrement progressé (+1,4%) en valeur malgré un recul en volume, traduisant une translation de l’inflation vers les produits finis. La Pologne continue d’échanger surtout avec les pays de l’UE (75% des exportations ; 54% des importations). Parmi eux, l’Allemagne constitue de loin son 1er partenaire (28% des exportations ; 20% des importations). Norvège et Corée du Sud enregistrent les plus fortes hausses en valeur parmi les fournisseurs. Ukraine et France enregistrent les plus fortes hausses en valeur chez les clients.

 1.   La réduction des importations permet à l’excédent commercial polonais de dépasser les 10 Mds EUR. 

Après une année 2022 marquée par un déficit record de la balance commerciale (-20 Mds EUR), en large partie causée par l’inflation des produits énergétiques, l’économie polonaise renverse la tendance en 2023 avec un excédent de 10,6 Mds EUR, dépassant le précédent record de 2020 (10,5 Mds EUR) et atteint un point haut depuis l’adhésion à l’UE en 2004, cf. annexes 1 et 2.

Les importations polonaises ont diminué en volume comme en valeur de 7%, atteignant 340 Mds EUR en 2023 contre 366 Mds EUR en 2022. L’amélioration de la balance commerciale tient surtout à la diminution de la facture sur les combustibles, leurs dérivés et les produits à haute intensité énergétique. Ainsi, les contributions négatives à la croissance de l’import sont les produits minéraux[1] (-4,1 points de pourcentage), les métaux et leurs produits (‑1,7 pp), ainsi que les plastiques (-0,9 pp). Les principales contributions positives sont les matériels de transport (+1,7 pp), les préparations alimentaires (+0,4 pp) et les armes et munitions (+0,3 pp).

Géographiquement, les principales contributions positives à la croissance de l’import sont : la Norvège (+0,9 pp) et le Danemark (+0,6 pp), ce qui est lié dans les deux cas à l’ouverture du Baltic Pipe ; vient ensuite l’Arabie Saoudite (+0,4 pp), puis la Corée du Sud et la Turquie (+0,25 pp). Les contributions négatives sont la Russie (-3,6 pp), la Chine et l’Allemagne (-1,8 pp), puis l’Ukraine (-0,4 pp).

Les exportations polonaises progressent de 1,4% pour atteindre 351 Mds EUR en 2023 contre 346 Mds EUR en 2022. Elles diminuent toutefois de 0,7% en volume, traduisant une contraction de la demande étrangère pour les produits polonais. Les exportations polonaises bénéficient de la translation de l’inflation des matières premières vers les produits finis ou semi-finis pour augmenter en valeur. Ainsi ce sont ces produits qui contribuent positivement à la croissance de l’export : équipements de transport (+2,0 pp), machines, équipements électriques et électroniques (+1,1 pp) et préparations alimentaires (+1,0 pp). Les principales contributions négatives sont les métaux de base (-0,9 pp) et les produits minéraux (-0,7 pp), traduisant la baisse des tensions inflationnistes sur les matières premières. Dans le même ordre d’idée, on note que l’export de produits végétaux bondit de 34% en volume mais n’augmente que de 8% en valeur.

Géographiquement, les principales contributions positives à la croissance de l’export sont la France, l’Allemagne et l’Ukraine (+0,5 pp chacune), suivies du Bélarus et de la Turquie (+0,25 pp). Les contributions négatives sont la Russie (-0,3 pp), la Tchéquie (-0,25 pp), puis la Hongrie, la Slovaquie et l’Autriche (-0,15 pp).

[1] Gaz référencé sous le code XXI par les douanes polonaises (-2,6 pp) et produits minéraux du code douanier V (-1,5 pp).

 

2.   Le commerce extérieur de la Pologne repose largement sur les produits électriques et l’automobile. 

En 2023, les exportations polonaises reposent principalement sur : (I) les machines, équipements électriques et électroniques (92 Mds EUR, 26% du total), en particulier les batteries pour véhicule électrique (3,4% du total), le matériel informatique (1,8%), les écrans TV (1,5%) ; (II) les équipements de transport (44 Mds, 13%), dont les pièces automobiles (4,8%), les voitures de tourisme (2%), les véhicules utilitaires (1,8%) ; (III) les métaux de base et leurs produits (32 Mds, 9%); (IV) les préparations alimentaires (27 Mds, 8%). Parmi les autres exportations importantes, se distinguent les sièges (principalement pour l’automobile – 1,9%), les meubles (1,8%), les turboréacteurs (1,3%) et la viande de volaille (1,2%), cf. produits exportés en annexes 3 et 4.

Les importations polonaises reposent principalement sur (I) les machines, équipements électriques et électroniques (84 Mds EUR, 25% du total), en particulier les téléphones/smartphones (1,8%), les ordinateurs (1,3%), les circuits intégrés (1,1%) ; (II) les équipements de transport (38 Mds, 11%), dont les voitures de tourisme (4,1%), les pièces automobiles (3,1%), les tracteurs (0,8%) ; (III) les produits de l’industrie chimique (35 Mds, 10%), dont les médicaments (1,9%), les produits immunologiques et vaccins (1,1%), les sels et acides oxométalliques (1%), intrants de la production de batteries ; (IV) les produits minéraux (33 Mds, 10%) dont le pétrole brut (4,2%), les autres minéraux bitumeux (2,5%), et la houille (1%), cf. annexes 5 et 6.

 

3.   L'Europe et l’Allemagne dominent les échanges avec la Pologne bien que les importations extra-européennes connaissent une progression structurelle 

Le commerce international de la Pologne témoigne de sa forte intégration à l’économie européenne puisque les pays de l’UE absorbent 74,7% des exportations polonaises et fournissent 53,9% des importations. Cette prépondérance de l’Europe tient à l’imbrication de l’industrie polonaise à l’économie allemande qui est de loin le 1er client de la Pologne (27,9% des exportations), rendant l’export polonais dépendant de la conjoncture allemande (-5% en volume, +2% en valeur en 2023). La Tchéquie (6,3%) et la France (6,1%) complètent ce podium. La France conserve ainsi depuis 2021 son rang de 3ème client de la Pologne, cf. annexes 7 et 8.

L’Allemagne est également le 1er fournisseur de la Pologne (19,8% des importations) bien que sa part soit tombée sous le seuil des 20% pour la première fois depuis l’adhésion à l’UE, témoignant d’une relative érosion de sa centralité. A l’inverse, la Chine, 2ème fournisseur de la Pologne (13,9%) voit sa part progresser presque constamment depuis 2004. L’Italie (4,9%) complète ce podium. A la faveur d’une hausse de nos exportations (+4% en valeur), la France progresse de la 8ème à la 6ème place parmi les fournisseurs de la Pologne (3,3%). Malgré ce rebond, la part de la France dans les importations polonaises connait baisse structurelle depuis 20 ans (6,7% en 2004), cf. annexes 9 et 10.

Même si elle reste forte, la part de l’UE dans les importations polonaises connait une baisse progressive à mesure que s’imposent d’autres fournisseurs extra-européens. 8ème en 2020, les Etats-Unis confirment leur rang de 4ème fournisseur (4,4%) acquis en 2022 grâce aux importations de produits énergétiques (GNL). La Corée du Sud atteint la 8ème place, assurant 2,8% des importations polonaises. Ce statut est largement dû à l’implantation en Pologne d’usines d’assemblage coréennes (notamment de batteries pour voitures électriques) utilisant des intrants coréens.

Conséquence de cette structure, la Pologne connait ses principaux excédents bilatéraux avec ses clients européens (Allemagne en tête, Royaume-Uni, Tchéquie, France), et ses principaux déficits avec ses fournisseurs asiatiques de biens manufacturés (Chine largement en tête, Corée du Sud) et ses fournisseurs de produits énergétiques (Arabie Saoudite, Norvège, Etats-Unis).

En dépit des tensions agricoles, l’augmentation du commerce avec l’Ukraine depuis 2022 reste largement favorable à la Pologne qui enregistre un excédent bilatéral de près de 7 Mds EUR en 2023 (4 Mds en 2022). L’Ukraine est aujourd’hui le 7ème client de la Pologne (11 Mds EUR d’export, +17% en valeur et en volume en g.a., 3,2% de pdm) et seulement son 22ème fournisseur (4 Mds d’import, -26%, -13%, 1,3% pdm). Les imports de produits végétaux depuis l’Ukraine ont baissé de 60% entre 2022 et 2023, de fait la frontière ne leur était ouverte que jusqu’avril.  

Le commerce avec la Russie s’est effondré depuis 10 ans. En 2013, la Russie était encore le 5ème client (5,3% pdm) et le 2ème fournisseur (12,1% pdm) de la Pologne mais, depuis l’annexion de la Crimée, le commerce avec la Russie s’est structurellement contracté. En 2022, la Russie était encore le 5ème fournisseur de la Pologne. En 2023, la Russie n’est plus que le 20ème client (1% pdm) et le 32ème fournisseur (0,7% pdm) de la Pologne. Conséquence de la diversification des sources d’approvisionnement et de la détente des prix de l’énergie observée en 2023, les importations polonaises de Russie ont chuté de 84% en valeur (15 Mds à 2 Mds EUR) et de -79% en volume en g.a. Le GPL constitue désormais plus de 22% des importations subsistantes depuis la Russie. 

Alors que l’export vers le Bélarus était en 2022 (1,8 Mds EUR) identique à sa valeur en 2013, il progresse de près de 50% en 2023.

 

Voir les annexes sur le document joint

Mis à jour le 04/03/2024

 

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