POLOGNE
Le commerce extérieur polonais en 2022
Résumé : Après avoir connu une année 2020 faste (+12 Mds EUR), et un léger déficit en 2021 (-0,6 Md EUR), la balance commerciale polonaise s’est fortement dégradée en 2022 (-19,8 Mds EUR), un niveau inconnu depuis 2008. Si les exportations polonaises ont progressé en 2022 (+19,3% en g.a.) aidées par l’affaiblissement du zloty, elles ne compensent pas la forte hausse en valeur des importations (+25,6% en g.a.) portée par l’envolée des prix de l’énergie. Structurellement, la Pologne continue d’échanger pour la majeure partie avec les pays membres de l’UE (75,6% des exportations et 51,3% des importations polonaises). Parmi eux, l’Allemagne constitue de loin le premier partenaire de la Pologne recevant 27,8% des exportations polonaises et lui fournissant 20,2% de ses importations. La part de produits français importés continue de s’effriter à 2,9% contre 3,3% en 2021 (3,5% en 2020).
1 Une forte progression des exportations polonaises, insuffisante pour enrayer la hausse des importations.
Après une année faste en 2020 (+12 Mds EUR), la balance commerciale polonaise avait connu un léger déficit en 2021 (-0,6 Md EUR). Cette dégradation était due à l’inflation des produits énergétiques importés et aux perturbations sur les chaînes de valeur.
Malgré la reprise postpandémie, le déficit commercial polonais s’est largement creusé en 2022 (-19,8 Mds EUR). Portées par la production industrielle, les exportations polonaises ont cru de façon significative au cours des deux dernières années (+19,1% en 2021 en g.a. soit 285,8 Mds EUR puis +19,3% en 2022 en g.a. soit 343,8 Mds EUR) sans pour autant compenser la progression plus forte des importations sur la même période (+24,8% en 2021 en g.a. soit 286,4 Mds EUR puis +25,6% en 2022 en g.a. soit 363,7 Mds EUR). Le commerce extérieur polonais continue ainsi de souffrir de l’inflation des produits énergétiques importés. Les exportations polonaises ont toutefois pu compter sur le maintien de la demande extérieure (Allemagne) ainsi que sur la compétitivité-prix des produits polonais, portée par la dépréciation du zloty, passé de 4,54 au T1 2021 pour un euro contre 4,72 au T4 2022 selon le taux de change officiel de la NBP.
2 Malgré un commerce extérieur très diversifié, les importations énergétiques ont creusé le déficit.
L’économie polonaise bénéficie d’une forte diversification des secteurs manufacturiers. Les exportations industrielles polonaises reposent principalement sur les industries intermédiaires et d’équipement, et plus particulièrement sur les machines et matériel de transport, qui représentent 35,9% des exportations polonaises. Les principaux postes d’exportation sont ensuite les produits manufacturés (18,2%), suivi des articles manufacturés divers (16,3%), des denrées alimentaires (11,3%) et des produits chimiques (9,9%). On observe notamment sur l’année 2022 une forte hausse de la valeur des exportations de combustibles minéraux (+122,2%, faisant elle-même suite à une hausse de +73,6% en 2021), des huiles animales et végétales (+96,1%), des denrées alimentaires (+32%) et des produits chimiques (23,9%) en raison de la présence de forts effets de base. La plus faible dépendance de la Pologne au secteur automobile a été l’un des facteurs lui permettant de mieux résister à la perturbation des chaînes de valeur associées en comparaison des autres pays du groupe de Visegrad.
Concernant les importations, elles sont constituées essentiellement par les machines et équipements de transport (30,9% des importations totales, une part qui reste constante depuis 2005), des produits manufacturés (16,3%), des produits chimiques (14,3%) et des articles manufacturés divers (13,1%). En raison de l’inflation énergétique, les carburants ont connu la plus forte hausse en valeur parmi tous les produits importés (+107,2%). La facture énergétique a triplé en 3 ans, passant de 11,9 Mrds en 2020 à 17,7 Mrds en 2021, puis à 35,8 Mrds en 2022, et représente désormais 9,9% des importations totales (contre 2,9% en 2021).
3 La géographie des échanges évolue
Le commerce extérieur polonais est relativement diversifié mais témoigne avant tout de l’imbrication des économies polonaise et allemande. La Pologne a réalisé 75,6% de ses exportations et 51,3% de ses importations avec les Etats membres de l’Union européenne en 2022. Bien que voisins, les échanges avec les pays d’Europe centrale et d’Europe de l’Est ne représentent que 4,9% des exportations et 6,3% des importations polonaises.
L’Allemagne constitue très nettement le premier client de la Pologne, captant 27,8% des exportations polonaises. La vigueur des exportations polonaises est donc très dépendante de la conjoncture allemande. Sur une perspective de plus long terme, on notera toutefois un léger recul de la part de l’Allemagne dans les exportations polonaises (36% en 1999). Les principaux clients de la Pologne sont ensuite la République tchèque (6,6%) et la France (5,7%), La France conserve ainsi sa place de 3e client de la Pologne acquise en 2021.
L’Allemagne est également le principal fournisseur de la Pologne, représentant 20,2% de ses importations. La Chine (14,8%) et l’Italie (4,6%) complètent ce podium en 2022. La part de marché de l’Allemagne est relativement stable depuis une vingtaine d’années, oscillant entre 20 et 25%. On notera la montée en puissance de la Chine, qui est depuis 2014 le deuxième fournisseur de la Pologne après avoir supplanté la Russie. La Russie n’est aujourd’hui plus que le 5e fournisseur de la Pologne après avoir vu sa part de marché s’éroder en 10 ans. En 2012, elle fournissait 14% des importations polonaises contre 4,2% en 2022 et ce en dépit des hausses des prix de l’énergie constatées en 2021-2022. Le commerce avec la Russie s’est notamment contracté à la suite des sanctions européennes en réponse à l’annexion de la Crimée en 2014. Cette tendance devrait encore s’accroître en raison de la diversification des imports énergétiques polonais à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Même si elle reste forte, la part de l’UE dans les importations polonaises est passée de 60,9% en 2016 à 51,3% en 2022. Cette tendance s’explique par l’importance prise par de nouveaux fournisseurs extra-européens. Alors qu’ils étaient encore 8ème fournisseur de la Pologne en 2012, les Etats-Unis s’affirment ainsi en 2022 comme son 4ème fournisseur avec 4,3% des importations polonaises. Si les importations depuis les Etats-Unis oscillaient entre 2,5% et 3,2% entre 2012 et 2021, elles ont connu une nette progression en 2022 à la faveur des importations de GNL. La Corée du Sud, quant à elle, a conforté en 2022 son statut de 9e fournisseur de la Pologne acquis en 2019 avec 2,4% de ses importations. Ce statut est largement conséquence de l’implantation récente en Pologne de grandes usines d’assemblage coréennes (secteurs électronique et automobile) utilisant majoritairement des intrants coréens. La part de marché de la Corée devrait encore augmenter ces prochaines années sous l’effet entre autres des énormes commandes de matériel militaire à al Corée réalisées en 2022. La Corée talonne désormais la France, 8e fournisseur de la Pologne avec 2,9% des importations, un chiffre en baisse depuis plusieurs années (3,9% en 2016).
ANNEXE
Annexe 1 : Commerce extérieur avec les principaux partenaires de la Pologne en 2022, GUS
Exportations polonaises |
Importations polonaises |
||||||
Pays |
Md EUR |
% du total des exportations |
Pays |
Md EUR |
% du total des importations |
||
2021 |
2022 |
2021 |
2022 |
||||
Allemagne |
95,6 |
28,8 |
27,8 |
Allemagne |
73,4 |
20,9 |
20,2 |
Tchéquie |
22,7 |
5,9 |
6,6 |
Chine |
53,6 |
14,8 |
14,8 |
France |
19,7 |
5,7 |
5,7 |
Italie |
16,8 |
5,0 |
4,6 |
Royaume-Uni |
16,8 |
5,0 |
4,9 |
Etats-Unis |
15,6 |
3,1 |
4,3 |
Pays-Bas |
15,8 |
4,3 |
4,6 |
Russie |
15,5 |
5,9 |
4,2 |
Italie |
15,8 |
4,6 |
4,6 |
Pays-Bas |
13,9 |
4,1 |
3,8 |
Etats-Unis |
10,3 |
2,6 |
3,0 |
Tchéquie |
11,1 |
3,2 |
3,1 |
Slovaquie |
9,9 |
2,6 |
2,9 |
France |
10,7 |
3,3 |
2,9 |
Ukraine |
9,7 |
2,2 |
2,8 |
Corée du Sud |
8,7 |
2,3 |
2,4 |
Suède |
9,2 |
2,8 |
2,7 |
Belgique |
8,1 |
2,5 |
2,2 |