PÉROU
Focus : Pérou – L’essor du ferroviaire
Selon une étude de 2024 du Centre National de Planification Stratégique du Pérou (CEPLAN), le réseau routier national s’étend sur 174708 km alors que l’infrastructure ferroviaire totale dispose de 1940 km. Le réseau ferroviaire est composé de concessions ferroviaires (78 %), de lignes privées (12,3%) et des chemins de fer exploités par l’état (9,7%). Seuls 33,1 km du total des concessions ferroviaires sont prévus pour le transport urbain (ligne 1 du metro de Lima et Callao) le reste étant destinés aux marchandises et au tourisme. Le réseau péruvien est actuellement composé de cinq chemins de fer (Ferrocarril) : le Ferrocarril del Centro (à usage commercial minier) ; le Huancayo-Huancavelica (avec un projet de connexion au Ferrocarril del Centro) ; le Ferrocarril del Sur (à usage commercial et partiellement touristique) ; le Ferrocarril Toquepala-Ilo (à usage commercial minier) et le Chemin de fer Tacna-Arica (pour les passagers et les marchandises).
Pour le transport urbain, le seul réseau opérationnel est celui de la ligne 1 du métro. Il existe des projets pour la construction de cinq lignes de métro supplémentaires, à différents degrés de réalisation (les cinq premières stations de la ligne 2, le premier projet de métro entièrement souterrain du pays, ont été mises en service en 2023, la fin des travaux étant prévue pour l’année 2028).
Selon le Plan national d’infrastructures élaboré en 2019 (PNIC) d’ici les 20 prochaines années, le déficit en matière d’infrastructures de base est estimé à 102,3 Md USD (363,4 Md PEN). L'investissement dans ce secteur est nécessaire pour atteindre les niveaux d’accès de base aux infrastructures des pays les plus développés alors que le Pérou est candidat à l’adhésion à l’OCDE. Le secteur des transports concentre 44% du déficit total (soit plus de 45 Md USD), suivi des secteurs de l’assainissement (20%), de la santé (16%) et de l’eau (7%).
Fragmenté, vétuste et encore peu développé, le réseau ferroviaire péruvien répond à une logistique axée sur le transport de marchandises minières. En plus du besoin de modernisation de son réseau ferroviaire existant, le Pérou identifie un besoin de chemins de fer transversaux, de la jungle à la mer, pour relier ses principaux ports, ainsi que longitudinaux, de Tumbes (frontière avec l’Équateur) à Tacna (frontière avec le Chili)[1].
Afin de couvrir ce manque d’infrastructures, avec l’appui de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), le Ministère des Transports et des Communications (MTC) cherche à élaborer un plan intégral de développement ferroviaire à horizon 2050. Dans ce cadre, en mai 2025, le MTC a prévu un ambitieux portefeuille d’investissements de 66,7 Md USD (236,4 Md PEN) d’ici 2035. Le portefeuille prioritaire est le transport ferroviaire, concentrant 43 Md USD (152,9 Md PEN) afin de le moderniser et de l’optimiser. Ces projets supposent la création de 2800 km d’infrastructures ferroviaires additionnelles, s'ajoutant aux près de 2000 km déjà existants.
L’un des principaux enjeux du MTC sera la mise en œuvre d’un mécanisme hybride de gestion et financement, alliant des accords dits "de gouvernement à gouvernement (G2G)" et des partenariats public-privé (PPP) pour réaliser huit mégaprojets d’infrastructures, avec un investissement total estimé à 49,6 Md USD. Sept de ces mégaprojets concernent le secteur ferroviaire, comme les lignes Lima-Ica, Chancay-Pucallpa, Trujillo-Barranca, Lambayeque-Cajamarca, Lima-Barranca, Hidroelectrica-Quillabamba et les lignes 3 et 4 du métro de Lima.
A ce jour, le projet de train Lima-Ica fait l’objet d’une procédure de sélection dans le cadre d’un accord de gouvernement à gouvernement (G2G) pour l'assistance à maitrise d'ouvrage. Les lignes 3 et 4 du métro (6,9 Md USD et 3,9 Md USD respectivement) connaissent de multiples révisions au sujet de leur modalité d’attribution et de financement. En août 2025, le Ministre des transports a ainsi indiqué que la structuration financière du projet se fera à travers un « G2G », et que son attribution s’effectuera sous la forme d’un PPP.
[1] Pour l’heure, selon le Ministère des Transports et de Communications, en 2019 (derniers chiffres), 81% des marchandises exportées par le Pérou étaient transportées par camion, et 18 % seulement par chemin de fer.