Les relations économiques entre la France et Oman

1. Les importations d’hydrocarbures ont pesé sur le solde commercial de la France vis-à-vis d’Oman en 2022

  • Les échanges entre la France et Oman ont fortement progressé en 2022, dans le sillage de la montée en puissance de nos achats d’hydrocarbures et de la reprise de nos exportations

Les échanges commerciaux entre la France et Oman ont augmenté de +53,7% en 2022 en glissement annuel (g.a.), à 473,4 M EUR. Cette progression s’explique d’abord par la forte hausse du montant de nos importations (+65,7% sur un an), à 247,9 M EUR selon les Douanes françaises. En effet, dans le sillage du conflit en Ukraine et de son corollaire, la nécessité pour la France de trouver des alternatives aux énergies fossiles provenant de Russie, les importations d’ « hydrocarbures naturels et autres produits des industries extractives » – nulles en 2021 – ont atteint près de 113 M EUR en 2022, représentant ainsi plus de 45% de nos achats totaux. Le reste de nos importations se sont composées de « produits pétroliers raffinés et coke » (46 M EUR), de « produits métallurgiques et métalliques » (40 M EUR) et de « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (33 M EUR).

Dans le même temps, les exportations françaises vers le Sultanat ont enregistré une hausse de +42%, à 225,5 M EUR, soutenues notamment par la reprise de l’activité économique en Oman après la crise sanitaire du Covid-19. Dans le détail, les exportations françaises – plus diversifiées – se sont composées de « matériels de transports » (44 M EUR ; multipliées par trois sur un an), de « machines industrielles et agricoles » (32 M EUR), de « produits informatiques, électroniques et optiques » (32 M EUR), de « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (27 M EUR), d’ « équipements électriques et ménagers » (27 M EUR) et de « produits pharmaceutiques » (22 M EUR).

  • La part de marché française recule sur longue période

En dépit de ces résultats encourageants, la part de marché française continue de reculer sur longue période, passant de 2,4% en 2002 à 0,4% en 2022 (sur la période janvier-octobre 2022). La France a constitué dès lors le 33ème fournisseur du Sultanat, derrière les Emirats arabes unis (28,6%), l’Arabie saoudite (11,8%), l’Inde (9%), la Chine (7,4%), le Qatar (6,1%), le Brésil (3,2%), ainsi que nos principaux concurrents européens, notamment l’Allemagne (1,3%), les Pays-Bas (1,1 %) et la Belgique (1%).

A noter toutefois que le volume des exportations françaises vers Oman est en partie « sous-estimé » du fait du rôle de plateforme logistique régionale joué par Dubaï, importante porte d’entrée des exportations vers le Sultanat – les statistiques françaises prennent en compte le pays de destination tel qu'il est connu au moment de l'exportation, qui peut dès lors ne pas être le pays de destination finale.

  • La France a enregistré un – inédit – déficit commercial avec Oman

Dans ce contexte, notre traditionnel excédent commercial vis-à-vis d’Oman s’est mué en déficit en 2022, à -22,4 M EUR (contre +9,3 M EUR en 2021, +235,8 M EUR en 2020 et +319,7 M EUR en 2019). Oman, qui comptait encore au 26ème rang des excédents bilatéraux de la France au niveau mondial en 2020, n’a dès lors plus contribué à limiter le déficit commercial global de notre pays (-189,1 Md EUR) en 2022.

A titre de comparaison, la France a enregistré en 2022 des déficits commerciaux avec le Qatar (-2,9 Md EUR), l’Arabie saoudite (-2,7 Md EUR), le Koweït (-711 M EUR) et le Bahreïn (-22 M EUR) et un excédent commercial avec les Émirats arabes unis (2,4 Md EUR).

 

2. Une quarantaine d’entreprises françaises sont implantées au Sultanat  

  • Une forte présence française notamment dans les utilities et l’énergie

Le stock d’IDE net français en Oman était de -637 M EUR fin 2021 selon la Banque de France, en raison principalement d’importantes opérations intragroupes (prêts, avances, dépôts), entre maison-mères et filiales notamment. L’encours des seuls capitaux propres français au Sultanat est toutefois demeuré positif, à 106 M EUR, en dépit de la cession des activités d’AXA dans la région. La France est de fait un acteur économique de premier plan en Oman, où une quarantaine de nos entreprises sont implantées.

Comptant parmi les principaux investisseurs français dans le pays, les groupes Veolia et Engie disposent de parts de marché importantes dans les secteurs de l’eau, de la gestion des déchets et de la production d’électricité. Dans le secteur des hydrocarbures, TotalEnergies, actionnaire historique de la compagnie pétrolière omanaise PDO (4% du capital) et d’Oman LNG (5,5%), œuvre actuellement au renforcement de ses activités dans le secteur gazier. SLB (Schlumberger), Technip FMC, CGG et la PME PCM sont également actifs au Sultanat.

Dans l’industrie, Air Liquide opère plusieurs unités de production d’azote à Sohar et Schneider Electric est impliqué dans nombre de projets dans le pays. Dans les transports et la logistique, Airbus est le principal fournisseur d’appareils de la compagnie aérienne omanaise à bas coût Salam Air, CMA-CGM est l’un des plus importants opérateurs maritimes du Sultanat et Bolloré Logistics dispose d’un bureau dans le pays.

  • Des positions significatives dans la sécurité et les services

Dans le secteur de la sécurité et de la défense, Thales a déployé le système de sécurité des nouveaux terminaux aéroportuaires de Mascate et Salalah tandis qu’Idemia accompagne Oman pour la consolidation, dans une plate-forme multi-biométrique unique, de l’ensemble des systèmes d’identification du pays. Les chantiers navals Couach et Ocea sont pour leur part des partenaires des garde-côtes omanais, dont ils œuvrent à la modernisation de la flotte.

En matière de services, Accor compte trois hôtels à Mascate et Sohar. JCDecaux opère le mobilier publicitaire de Mascate et des aéroports omanais. Havas est active dans le domaine de la communication via son agence dans la capitale. La présence française dans l’appui aux entreprises est notamment assurée par Newrest et Sodexo, en charge, entre autres, de la restauration collective de sites de production pétrolière et de chantiers de construction.

Les sociétés Apave, Artelia, Bureau Veritas, Mazars et RSM déploient également leurs activités dans le pays. Plusieurs franchises sont par ailleurs présentes dans la distribution, avec Carrefour (via son partenaire émirien MAF), Go Sport, Decathlon et Paul, et l’automobile, avec Renault et Peugeot.

  • Des investissements omanais en France relativement faibles

De manière générale, les investissements omanais en France demeurent en nombre limité et principalement concentrés dans le secteur hôtelier. Le fonds souverain Oman Investment Authority (OIA) détient ainsi trois hôtels à Paris – le Méridien Etoile, le Marriott Opéra Ambassador et le Hilton de l’aéroport Charles-de-Gaulle – et le groupe Yahya contrôle le Novotel Les Halles à Paris. L’opérateur télécom Omantel a investi pour sa part dans la création d’un centre de traitement de données à Marseille en 2016 dans le cadre du projet de déploiement du câble de télécommunications sous-marin AAE-1.

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