Relations commerciales bilatérales

 

Si la France accuse un lourd déficit commercial, les investissements entre les deux pays sont plus équilibrés

1. Une balance commerciale structurellement déficitaire

Le déficit bilatéral structurel français s’est fortement creusé au début de la crise ukrainienne, mais tend désormais à diminuer. Le déficit commercial s’était établi à 3,53 Mds€ sur les sept premiers mois de l’année 2022. En juillet 2023, il n’est plus que de 1,65 Mds€ (-54%) mais reste au dessus des valeurs pré-conflit ukrainien.

De janvier à juillet 2023, les exportations françaises vers la Norvège ont augmenté de 3,5% par rapport à la même période de 2022, passant à 1,2 Md€. Au 31/12/2022 2022, la France était le 10e fournisseur de biens importés de la Norvège et le 6ème pays européen derrière la Suède, l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Pologne.

La France y exporte principalement des biens industriels : des machines et équipements d’usage général (333 M€, dont 2/3 de machines industrielles et agricoles) ainsi que du matériel de transport (223 M€). Suivent les produits chimiques, pharmaceutiques et cosmétiques (104 M€, dont 22 M€ de médicaments), ainsi que les produits métallurgiques (93 M€). Les produits agricoles représentent une part marginale des exportations françaises en Norvège (27 M€, en baisse de 20%). Cela est lié aux politiques de hausse des droits de douanes sur les produits agricoles que la Norvège peut produire elle-même, qui pénalisent les exportations françaises.

Les importations françaises depuis la Norvège reculent de 9,5% sur la période janvier-juillet 2023 (2,77 Mds€) par rapport à la même période de 2022. Au 31/12/2022, la France était le 3e client de l’export norvégien, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les importations de produits norvégiens sont principalement constituées d’hydrocarbures (environ 1,5 Md€, soit 53% des importations françaises malgré un recul de 10% depuis 2022), puis des produits de la pêche et de l’aquaculture (390 M€ soit 14% des importations), ainsi que des métaux, des produits chimiques et sidérurgiques et des biens liés à la construction navale. La Norvège est le premier fournisseur de gaz à la France avec 40% de part de marché.

2. Des investissements équilibrés, soutenus par plusieurs projets d’envergure

La France est indiquée par le Bureau Central des Statistiques (SSB) comme le 15e pourvoyeur d’IDE en Norvège. Les IDE français sont toutefois sans doute sous-évalués, en raison de la présence de paradis fiscaux dans les dix premiers fournisseurs d’IDE entrant en Norvège. En 2023, la Chambre de Commerce Franco-norvégienne recensait 83 entreprises françaises présentes sur le sol norvégien. L’OCDE place la Norvège comme le 7e récepteur d’investissements français (64 Mds € soit 4,2% du stock total d’IDE, chiffres 2021).

Les investissements français en Norvège sont centrés sur le secteur de l’énergie et de l’industrie. Le premier investisseur français en Norvège est Total Energies, avec des investissements à la fois dans les hydrocarbures (60 champs opérés par Total Energies, 250 000 barils de production journalière ; capture et stockage de carbone CCS, via la joint-venture Northern Lights avec Equinor et Shell). Parmi les autres entreprises françaises présentes, figurent Engie (dont la Norvège est le premier lieu d’extraction de gaz naturel, avec 30 M barils e.p. l’an), Nexans (usine de câbles électriques), Alstom, Technip, Saint-Gobain (usine de plâtre zero-carbone), Vinci Energies (acquisition d’Otera, infrastructures d’énergie et de transport), des banques d’affaires (BNP Paribas, CACIB …), ainsi qu’Air France (ouverture de quatre nouvelles lignes vers la Norvège en 2022-23).

Parmi les principaux projets d’investissement, figurent les projets éoliens de Sørlige Nordsjø II (environ 5 Mds) et d’Utsira Nord (candidats Total Energies et EDF).

La France est le 8e récepteur d’IDE norvégiens (7 Mds € en 2021 soit 4,5% du stock d’IDE selon le SSB). La centaine d’entreprises norvégiennes en France représente aujourd’hui 4500 emplois et se concentre sur le secteur industriel. Les acteurs les plus importants sont Norsk Hydro (aluminium, 1850 emplois), Elkem (silicium, 1200 emplois) et Yara (engrais industriels, 580 emplois).

Des projets d’investissements norvégiens d’envergure se tournent également vers la France, majoritairement dans le secteur de l’énergie. Freyr projette d’implanter une usine de fabrication de batteries (2000 emplois). Hydrovolt (recyclage de batteries) ou Norsk e-Fuel (carburant aéronautique propre) envisagent la France pour l’implantation de leurs premiers sites hors-Norvège. Dans le secteur de l’industrie de défense, Kongsberg entretient des ambitions d’investissement en France et NFM (protections individuelles) ambitionne de mettre en place un nouveau site R&D en France.

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