Situation économique et financière

 

L’économie des Pays-Bas a fait preuve de résilience face à la crise, notamment grâce à des atouts structurels et un niveau élevé de numérisation. Après un recul de -3,8% en 2020, la croissance en 2021 est estimée à +4,5%. Les perspectives pour 2022 restent conditionnées à l’évolution de la pandémie et pourraient se situer dans une fourchette large allant de +1,4% à +3,6% selon la banque centrale. Le déficit est resté limité à -4,4% en 2021 et devrait se résorber dès l’année prochaine. Les prévisions de chômage sont optimistes dans un contexte où le pays fait face à une pénurie de main d’œuvre. La hausse de l’inflation a un effet négatif sur le pouvoir d’achat et donc potentiellement sur la consommation des ménages.

 

     1. L’année 2021 marquée par un fort rebond économique après l’année de crise 2020

 La croissance économique en 2021 a été robuste. Le dernières prévisions de la banque centrale DNB publiées en décembre estiment la croissance du PIB à +4,5% en 2021, après un recul de -3,8% en 2020. L’économie néerlandaise a retrouvé son niveau d’avant-crise dès le T3  2021. Il existe toutefois d’importantes disparités sous-jacentes, car certains secteurs (HCR, tourisme, culture, événementiel) restent confrontés à des incertitudes sur leurs possibilités de réouverture, du fait des restrictions en vigueur depuis le 18 décembre dernier.. Aussi, certaines chaînes d’approvisionnement restent sous tension, tandis que le manque de main d’œuvre devient de plus en plus pressant (taux de chômage de 2,7% en décembre, taux historiquement bas), affectant divers secteurs comme l’industrie et la construction, qui ont enregistré un recul de la production au T3.

La consommation des ménages et les exportations tirent la croissance. Le déploiement de la campagne de vaccination (86,1% de la population adulte a reçu une deuxième dose) a permis un relâchement des restrictions économiques au T2 et au T3 2021, entraînant un fort rebond de la consommation (+3,2%). Le niveau élevé de numérisation et la structure sectorielle plus favorable de l’économie néerlandaise ont permis d’atténuer l’impact de la pandémie : les secteurs particulièrement exposés comme le tourisme et l’industrie automobile, représentent une part relativement moins importante dans l’économie néerlandaise par rapport à d’autres pays européens. La croissance mondiale a porté les exportations qui ont progressé de +6,8% en 2021, même s’il s’agit surtout d’une hausse des réexportations (+11,6%) plutôt que des exportations locales (+3,6%).

Des finances publiques sous contrôle, malgré le coût de la facture Covid. Le déficit public a été de -4,2% du PIB en 2020 et -4,4% en 2021 selon la DNB. La dette publique a atteint 55% du PIB

 

     2. Des prévisions partagées entre optimisme et prudence

 La croissance des prochaines années reste conditionnée à l’évolution de la pandémie. Le scénario de base de la banque centrale table sur un taux de croissance de +3,6% en 2022 et de +1,7% en 2023. La DNB estime en effet que si les nouvelles restrictions vont freiner la croissance économique à court terme, les investissements publics annoncés par le nouveau gouvernement devraient soutenir la croissance à moyen terme. Le gouvernement table sur un déficit de 3,2% en 2022 et un niveau d’endettement à 60,5% du PIB en 2025, du fait de la politique d’investissement expansionniste prévue dans l’accord de coalition (scenario économique se fondant sur des taux d’intérêt à 0% et une croissance nominale de 3%).

L’effet combiné de la croissance économique et du vieillissement de la population maintiendra le taux de chômage à un niveau bas. La DNB prévoit une stabilisation du chômage à 3,5% de la population active à l’horizon 2023, ce qui implique des tensions sur le marché de l’emploi. A cet égard, elle incite le gouvernement et les partenaires sociaux à trouver des solutions pour stimuler la participation au marché de l’emploi et la mobilité intersectorielle. Les Pays-Bas se caractérisent en effet par une part importante d’emplois à temps partiel (±40%), surtout pour les femmes (±70%), tandis que les dispositifs de soutien économique ont gelé la dynamique de renouvellement des entreprises et de mobilité intersectorielle des travailleurs. L’accord de coalition annonce une réforme du marché de l’emploi ainsi qu’une hausse du salaire minimum de +7,5% étalée sur plusieurs années.

Les institutions nationales s’accordent sur le caractère temporaire de l’inflation élevée, mais restent prudentes. En septembre, les prévisions du bureau du plan CPB anticipaient une inflation maîtrisée en dessous de 2% en 2021 et 2022. Les prévisions de la DNB de décembre sont nettement moins optimistes en prévoyant 2,7% en 2021, 3,0% en 2022 et 2,9% en 2023. Les dernières données indiquent un IPCH de 6,4% au mois de décembre, suite à la flambée des prix de l’énergie. La hausse des prix a déjà entrainé une baisse du pouvoir d’achat en 2021 et il en sera probablement de même en 2022.. Par ailleurs, les restrictions économiques ont créé une épargne forcée supplémentaire de 40 Mds€ (5% du PIB). La banque ABN Amro estime que 25% de ce montant sera dépensé lors des 5 prochaines années.

La hausse rapide des prix de l’immobilier (+20% en g.a au mois de novembre) et des cours des actions restent des éléments à surveiller. Cette hausse des prix est alimentée par les taux d’intérêt bas et l’épargne forcée des ménages. L’économie néerlandaise se caractérise par une volatilité plus importante que celle de ses voisins. Pour les ménages, les actifs financiers sont peu liquides (>60% épargne obligatoire dans des fonds de pension, bloquée jusqu’à la retraite) et la volatilité des prix de l’immobilier est deux fois plus élevé qu’en Belgique ou en Allemagne. Le niveau d’endettement hypothécaire élevé (200 % du revenu disponible) rend les revenus et dépenses des ménages sensibles aux évolutions des prix de l’immobilier et des taux d’intérêts.

 

Principaux indicateurs économiques des Pays-Bas

Evolution macroéconomique

Année

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Source

CPB

CPB

CPB

DNB

DNB

DNB

Conjoncture

 

 

 

 

 

 

 

PIB en volume

(Var %)

2,4%

2,0%

-3,8%

4,5%

3,6%

1,7%

Consommation des ménages

(Var %)

2,2%

0,9%

-6,6%

3,2%

5,6%

2,1%

Consommation publique

(Var %)

1,7%

2,8%

1,0%

3,4%

4,3%

0,9%

Investissements

(Var %)

3,9%

7,7%

-5,4%

-

-

-

Commerce extérieur

 

 

 

 

 

 

 

Exportations

(Var %)

4,3%

2,0%

-4,8%

6,8%

5,4%

4,5%

Importations

(Var %)

4,7%

3,2%

-5,5%

5,3%

6,4%

5,2%

Balance courante

(% PIB)

10,8%

9,4%

7,0%

10,4%

9,9%

10,0%

Finances publiques

 

 

 

 

 

 

 

Solde public

(% PIB)

1,4%

1,7%

-4,2%

-4,4%

-1,9%

-0,8%

Dette publique

(% PIB)

52,4%

48,5%

54,3%

55,7%

53,8%

52,0%

Prix, salaires et pouvoir d'achat

 

 

 

 

 

 

 

Inflation IPCH

(Var %)

1,6%

2,7%

1,1%

2,7%

3,0%

2,9%

Salaires secteur privé

(Var %)

2,0%

2,5%

2,9%

2,0%

2,4%

2,6%

Pouvoir d'achat médian

(Var %)

0,0%

1,1%

2,5%

-

-

-

Social-économique

 

 

 

 

 

 

 

Taux de chômage harmonisé

(% pop act)

3,8%

3,4%

3,8%

3,3%

3,4%

3,5%



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