Indicateurs et conjoncture

Structure de l’économie réelle et croissance économique

Eléments structurels

Le taux de croissance économique est structurellement faible au regard de la croissance démographique du pays (3,8%). Avec une population estimée à 22,3 M d’habitants en 2019,  la croissance du PIB par tête n’est en effet que de 1,9%.  Selon le dernier classement du développement humain du PNUD, le Niger arrive en dernière position du classement mondial avec un IDH de 0,377. Ses indicateurs sociaux sont très faibles : (i) l’espérance de vie à la naissance est de 60,4 ans et l’âge médian est de 14,9 ans; (ii) la durée moyenne de scolarisation est de 2 ans. Environ 45% des enfants seraient malnutris, seuls 17% de la population auraient accès à l’électricité (un taux estimé à 1 % en zone rurale) et moins de 45% à l’eau potable. La prévalence de la pauvreté est assez forte, avec un taux de 44%.

L’uranium et le pétrole constituent les deux principales ressources naturelles du pays. Le Niger est le 4ème producteur mondial[1] d’uranium (environ 7% de part de marché) et en détient la 6ème plus grande réserve. L’intervenant majeur est le groupe français Orano qui exploite avec l’Etat nigérien et des partenaires étrangers, les deux sites de la Somaïr (1 912 tonnes en 2019) dont la durée de vie ne devrait pas dépasser 2030 et de la Cominak (1.332 tonnes en 2017) dont la fermeture est prévue en mars 2021. Le développement de la mine d’Imourarem  est suspendu depuis 2015 en raison des faibles cours de l’uranium. Depuis décembre 2011, le Niger est producteur de pétrole. Le champ d’Agadem exploité par la CNPC (Chine) produit 20 000 b/j ; ce qui correspond à la capacité maximale d’absorption de la raffinerie locale (SORAZ, partenariat entre CNPC et Niger). En septembre 2019, CNPC et l’Etat du Niger ont signé une convention portant sur la construction d’un oléoduc de pétrole brut reliant Agadem à la côte béninoise. La production de pétrole du Niger pourrait être portée jusqu’à 100 000 b/j, voire 110 000 b/j, pour une consommation interne estimée à 7 000 b/j. L’orpaillage, en pleine expansion, devrait aussi contribuer à diversifier les recettes d’exportation et pourrait même dépasser l’uranium d’ici quelques années.

L’agriculture demeure le principal contributeur au PIB à hauteur de 42% du PIB (contre 17% pour l’industrie et 41% pour les services), mais la majorité de la production agricole est réalisée par des exploitations familiales de petite taille, tournées presque exclusivement vers l'autosubsistance. 80% de la population active opère dans l'agriculture. Le résultat agricole global occulte les disparités régionales, selon le gouvernement nigérien, en 2020, plus de 2 M de personnes pourraient être affectées par l’insécurité alimentaire.

La création d’emplois est fortement concentrée dans le secteur public. Le secteur privé formel représentant moins de 10% du PIB en raison de difficultés persistantes (concurrence déloyale de la part du secteur informel, contrebande de marchandise, etc.). Entre 2014 et 2020, le Niger a enregistré un bond de 33 places dans le classement Doing Business 2020 de la Banque Mondiale, et ressort désormais au 136ème rang mondial (sur 190 pays). Si le Niger affiche des avancées notables dans la promotion du secteur privé et l’amélioration de l’environnement des affaires, l’instabilité sécuritaire et la corruption continuent de freiner les investissements. Compte tenu de la forte croissance démographique, il est essentiel pour le Niger de développer le secteur privé local pour relever le niveau de vie et créer des emplois.

Conjoncture économique

Jusqu’en 2019, en dépit de la dégradation du contexte sécuritaire, de la fluctuation du cours de matières premières et de la fermeture de la frontière avec le Nigéria, la croissance du Niger restait élevée et les perspectives orientées favorablement avec le démarrage du projet d’exportation de pétrole brut. La croissance était de 5,9% en 2019, dopée par les investissements mis en œuvre dans le cadre de l’organisation du Sommet de l’Union africaine.

En 2020, la crise sanitaire – le contexte mondial et les mesures prises par le gouvernement nigérien de mars à juillet 2020 pour contrer la pandémie (couvre-feu, fermeture des frontières) – ont fortement impacté l’économie nigérienne. Projetée initialement à 6%, la croissance économique du Niger devrait s’établir à 1,2% en 2020 selon le FMI, avec un rebond dès 2021 à 6,9% sur la base de la réouverture de la frontière avec le Nigéria et de l’atténuation des conséquences de la crise sanitaire. Sur la base de l’hypothèse d’exportations de pétrole brut dès 2022, le FMI table sur une croissance à moyen terme autour de 9%. En 2022, la croissance est projetée à 12,8% et devrait se maintenir à deux chiffres avec l’augmentation de la production.

La crise sanitaire a été suivie d’une crise alimentaire aiguë liée au déficit de la campagne agricole 2019/2020, aux difficultés et/ou restrictions à l’exportation de produits alimentaires (notamment d’Algérie), et à la fermeture de la frontière avec le Nigeria. Les résultats du dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires ont indiqué que 4,2 millions de personnes étaient estimées en insécurité alimentaire aiguë pendant la période d'avril-mai 2020 et 5,6 millions pendant la période juin-août 2020.

Les exportations pétrolières sont par ailleurs dépendantes d’un projet d’oléoduc. La part contributive de l’Etat à ce projet, qui était initialement de 45%, sur les recommandations des services du Fonds a été réduite à 15% (soit 2,4% du PIB pendant deux ans). En 2020, elle représentera 0,2% du budget (40 M FCFA). Les recettes attendues par le gouvernement à partir de 2022 seraient d’environ 2% du PIB. Compte tenu de la volatilité des prix du pétrole, il est crucial que le gouvernement mette en place des mécanismes de gestion appropriés de la rente pétrolière.

Politique budgétaire/équilibres financiers internes

Solde budgétaire

En 2020, le déficit budgétaire devrait être en recul à 5,8 %, en se basant sur l’hypothèse de la réouverture de la frontière avec le Nigéria et l’atténuation des effets de la pandémie. La Facilité de crédit rapide (0,9% du PIB) a permis au gouvernement de mettre en œuvre le plan national de réponse à la COVID-19 (incluant un plan santé, des actions de soutien à l’achat des intrants en matière agricole, et la mise en place de filets sociaux). A moyen terme le déficit budgétaire devrait rejoindre le niveau communautaire, et la mobilisation fiscale est projetée à 14% du PIB. S’agissant des critères structurels, on peut notamment souligner la production d’un décret de mise en place d’une unité de gestion de la dette, la mise d’un compte unique du Trésor, en place de plan de performance dans les administrations fiscales et le paiement des impôts via le système bancaire.

Situation de la dette

Le risque de surendettement du Niger reste modéré, malgré la mise à jour du cadre de viabilité de la dette du Niger intégrant les effets économiques et fiscaux de la pandémie de COVID-19. Alors que le niveau de la dette a presque doublé entre 2013 et 2017, la trajectoire d’endettement du Niger tend à se stabiliser. La dette s’établissait à 55,8% du PIB fin 2019 (53,8% en 2018), le service de la dette (intérêts et amortissements) s’élevant à 330 Mds FCFA (502 M EUR), soit 15% du budget et 28% des recettes fiscales. Le Niger a signé l’accord pour bénéficier de  l’initiative sur la suspension des intérêts de la dette (DSSI) le 17 décembre 2020.

  


[1] Après le Kazakhstan, le Canada et l’Australie

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