Indicateurs et conjoncture

 

Croissance économique et développement

Le Niger, dont près de la moitié de la population a moins de 15 ans, est l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB/habitant estimé à 611 USD en 2023 (FMI). Les capacités humaines y sont particulièrement faibles. La forte pression démographique (6,8 enfants par femme en moyenne en 2021) absorbe une large partie de la croissance économique, si bien que le taux de pauvreté, bien qu’en légère diminution, reste élevé (50,6% de la population disposant de moins de 2,15 USD/jour en PPA en 2021). Les indicateurs sociaux sont très faibles : espérance de vie à la naissance de 62,9 ans (ONU, 2023) ; 40% des enfants d’âge primaire non scolarisés (BM, 2023) ; près de 50% des enfants en situation de malnutrition sévère ou modérée, 18,6% de la population ayant accès à l’électricité (2021) et moins de 50% à l’eau potable (2020). Le pays figure à la 189e / 193 du classement IDH (PNUD, 2023).

L’agriculture, qui occupe 71% de la population active, demeure le principal contributeur au PIB à hauteur de 44,6%, contre 18,6% pour l’industrie et 36,8% pour les services (BM, 2022). La quasi intégralité des emplois sont informels et selon les estimations, le secteur informel représente entre 55% et 60% du PIB du pays à travers principalement les contributions du secteur du commerce et de l’agriculture. Au-delà du secteur public (majorité des emplois formel), le secteur privé formel est en grande partie structuré autour du secteur extractif, et dans une certaine mesure d’une oligarchie de grands commerçants, qui entretiennent en même temps le secteur informel marqué par de multiples entraves (concurrence déloyale, contrebande, contrefaçons, harcèlement fiscal, corruption, etc.).

L’uranium et le pétrole constituent les deux principales ressources naturelles du pays. Le Niger est le 7ème producteur mondial d’uranium, avec environ 4% de part de marché, et le 2ème en Afrique (Association nucléaire mondiale, 2022). Il détient entre la 7ème plus grande réserve au monde selon les estimations (ANM, 2021). L

Depuis décembre 2011, le Niger est aussi producteur de pétrole. Le champ d’Agadem exploité par la China National Petroleum Corporation (CNPC) produit 20 000 b/j, correspondant à la capacité maximale d’absorption de la raffinerie locale (SORAZ, partenariat entre CNPC et Niger). Le 1er mars 2024, un oléoduc de 2 000 km reliant Agadem à la côte béninoise, a été mis en service. Ce dernier permettrait de porter la production nigérienne de pétrole à moyen terme à 110 000 b/j, dont 90 000 b/j pour l’export. 

En 2023, la croissance est en net repli à 2,4% contre +11,9% en 2022. En effet, la reprise économique observée en 2022 était tirée par le secteur agricole (+27%), après une campagne 2021 catastrophique, et par les investissements induits par certains grands projets industriels, en premier lieu l’oléoduc reliant le Niger au Bénin. A l’inverse, l’année 2023 a été marquée par les sanctions économiques de la CEDEAO, une mauvaise performance de la production agricole et le retard de mise en service de l’oléoduc, toujours suspendue à la réouverture de la frontière avec le bénin. Le FMI anticipe une croissance en fort rebond, à 10,6% en 2024, dans un contexte de levée des sanctions, d’augmentation anticipée de la production dans le secteur agricole et d’amorce des exportations de pétrole. Le FMI souligne cependant que ces perspectives positives sont soumises à des risques, en particulier ceux liés à la situation sécuritaire et à la vulnérabilité du pays aux chocs climatiques.

 

Finances publiques

Le déficit budgétaire s’élève en 2023 à 5,4 % du PIB, légèrement plus élevé qu’initialement prévu par le FMI, en partie en raison de l'insuffisance des recettes. La trajectoire du déficit est à date calibrée pour respecter l'engagement des autorités à atteindre le critère de convergence régional de l'UEMOA de 3 % du PIB d'ici 2025. Cependant, cette trajectoire repose sur une très forte hausse des recettes publiques (effet pétrole pour l’essentiel) qui demeure à ce stade incertaine, devant passer de 10,5% du PIB en 2023 à 15,5% du PIB en 2024, puis à près de 17% du PIB en 2025 selon les projections du Fonds à ce jour ; et sur une hausse modérée des dépenses publiques. En raison des sanctions de la CEDEAO, le Niger a accumulé des arriérés sur le service de la dette, dont le règlement pourrait toutefois contraindre encore les marges de manœuvre budgétaires.

 

Dette publique

Le taux d’endettement public est estimé à 48,6% du PIB en 2023, contre 45,5% en 2022. La dette devrait, selon le FMI continuer baisser en 2024 pour atteindre 46,8% du PIB, avant de s’établir autour de 45% à moyen terme. Alors que bon nombre de décaissements de partenaires extérieurs ont été suspendus depuis mi-2023, la mobilisation de ressources via le marché sous-régional n’est possible que depuis la levée des sanctions.

Le FMI lors de sa dernière analyse de viabilité de la dette (juillet 2023) avait maintenu son constat d’un risque modéré de surendettement assorti de marges d’absorption limitées en cas de choc négatif.

 

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