Indicateurs et conjoncture

La Mauritanie affiche un PIB de 8,23 Mds USD fin 2021, avec une économie peu diversifiée et vulnérable aux chocs externes. L’économie mauritanienne est structurellement volatile du fait de sa forte dépendance aux secteurs extractifs (fer, or, cuivre) et de la pêche.  Malgré l’impact de la pandémie, qui a entrainé une récession en 2020, la situation macro-économique est relativement bonne, avec des perspectives positives à court et moyen terme. L'endettement s'est amélioré, avec une reclassification de son risque de surendettement de élevé à modéré par le FMI et la Banque mondiale fin 2022. Les conséquences de la guerre en Ukraine ont toutefois été négatives avec une forte inflation en 2022. La Mauritanie a conclu en janvier 2023 un nouveau programme FMI, pour une durée de 42 mois et 86 M USD. 

La situation économique de la Mauritanie reste solide, malgré les impacts de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

L’économie mauritanienne est structurellement volatile car dépendante des cours internationaux des minerais – dont les exportations correspondent à 28,9% du PIB. En 2021, les minerais représentaient 72,6% des exportations totales (2,3 Mds USD) (54,8% pour le fer, 10% pour l’or et 7,8% pour le cuivre). La SNIM, qui détient le monopole de production du fer, produit entre 12,7 et 13 Mt/an ; faisant de la Mauritanie le 15ème producteur mondial et le 2ème en Afrique derrière l’Afrique du Sud. De nouveaux projets sont en cours de développement dans l’espoir d’atteindre une production de 40 Mt/an. Les produits de la pêche représentent quant à eux 25,8% des exportations totales. Le PIB est répartit comme suit : le secteur primaire représente 20,3%, le secondaire 35,9% et le tertiaire 44%. Le secteur primaire a connu une croissance négative de 3,6% en 2021, le secteur agricole souffrant d’intrants de mauvaise qualité et d’absence de structuration de la filière, alors que le secteur de la pêche manque d’infrastructures de débarquement et de transformation du poisson.

Après une récession en 2020 (-0,9%) et un léger rebond en 2021 (+2,4%), la croissance économique de la Mauritanie aura été robuste en 2022 à 5,2%. Cela s’explique par la bonne performance et un effet rebond du secteur extractif et en particulier la production d’or (qui avait été fortement affecté par un incendie en 2021), ainsi que par la performance du secteur agricole. Selon la Banque mondiale, la croissance fléchirait légèrement en 2023, à 4,5%.

 

Sur le plan externe, la hausse des coûts mondiaux ont renchérit les importations de la Mauritanie, ce qui a entrainé une hausse du déficit du compte courant (17,3% du PIB) et une baisse des réserves de change. Celles-ci resteraient néanmoins très confortables à 1,8 Mds USD, soit près de 6 mois d’importations. La Mauritanie est également touchée par le contexte inflationniste mondial, avec une forte hausse de l’inflation en 2022, estimée à 9,5% en moyenne annuelle, avec un pic lors du dernier trimestre de 2022 autour de 13% en glissement annuel. Le pic serait passé, avec une prévision d’inflation pour 2023 qui resterait néanmoins importante (8% selon BM).

 

Les perspectives économiques à moyen-terme sont bonnes, avec une croissance économique qui pourrait atteindre 6,5% en 2023-2024 avec la mise en service à venir du champ gazier Grand Tortue-Ahmeyim (GTA)l’augmentation de la production de fer par la SNIM et de celle de l’or grâce à l’extension de la mine de Tasiast. D’autres projets, de PPP, de production d’hydrogène (Nour et Aman), ou d’uranium (TIRIS) offrent des perspectives économiques favorables à plus long terme, bien que plus incertaines. Pour autant, le développement des phases 2 et 3 de GTA n’est toujours pas assuré, et la sécheresse, la volatilité des cours mondiaux ou l’absence d’amélioration du climat des affaires sont autant de facteurs de risque pour le pays.

Les finances publiques, en excédent, restent tributaires des fluctuations des cours mondiaux.

La situation des finances publiques mauritaniennes s’avère relativement saine. Entre 2019 et 2021, le budget de l’Etat (dons compris) a été en excédent autour de 2%. En raison de la hausse des subventions (énergie, alimentaire) en 2022,  couplée à une hausse des dépenses d’investissement ont impliqué un déficit budgétaire en 2022, estimé à 3,5%.  Malgré ce déficit en 2022, la Mauritanie n’a pas de besoin immédiat de trésorerie, avec un compte du Trésor excédentaire.

La Mauritanie bénéficie d’un programme FMI récemment mis en place et est en discussions avec la Banque mondiale pour un nouvel appui budgétaire. La Mauritanie et le FMI se sont mis d’accord en janvier 2023 pour la mise en place d’un nouveau programme financement de facilité élargie de crédit et de mécanisme élargi de crédit sur une durée de 42 mois et pour un montant de 86 M USD.  Les priorités de ce programme sont entre autres sur l’encadrement de la politique budgétaire, la modernisation du cadre monétaire et des marchés financiers. La Mauritanie pourrait également bénéficier du nouvel outil RSF du FMI axé sur les réformes liées au changement climatique. La Banque mondiale vient quant à elle de finaliser un appui budgétaire avec une dernière tranche de 30 M USD décaissée en janvier 2023. Un nouvel appui budgétaire dont le montant est encore à valider est en cours de préparation. 

La Mauritanie reçoit également un appui important des autres bailleurs de fonds, bilatéraux et multilatéraux : i) Au delà de ses appuis budgétaire, la Banque Mondiale a 10 projets en cours avec un engagement net de 360 M USD ; ii) le cadre financier pluriannuel (2021-2027)  de l’Union Européenne, s’élève pour la période 2021-2024 à 125 MEUR ; iii) la Banque Africaine de Développement a approuvé 130MEUR de projets sur sa période 2016-2022.

 

La situation de la dette mauritanienne est considérée comme viable et est passée de élevée à modérée.

la situation de la dette mauritanienne s’est améliorée. Lors de la dernière analyse de viabilité de la dette, la Mauritanie a été reclassée de risque de surendettement élevé à modéré. La dette mauritanienne est en effet relativement stable aux alentours de 50% du PIB, mais deux restructurations (annulation de dette avec le Koweït et restructuration favorable avec l’Arabie Saoudite) ont réduit les risques liés à l’endettement. Cette amélioration permettra à la Mauritanie d’avoir accès à de nouveaux financements, en premier lieu desquels des prêts souverains de l’AFD.

 

L’environnement des affaires mauritanien reste compliqué même si de nombreuses démarches sont entreprises pour favoriser les investissements étrangers

Le climat des affaires est assez compliqué en Mauritanie. Le pays est classé 1304/180 au classement Transparency International 2022 (en légère amélioration) sur la perception de la corruption et 41e/54 du Mo Ibrahim sur la gouvernance en 2021. Le climat des affaires est peu favorable, marqué par une certaine insécurité juridique et des difficultés d'ordre administratif.

On notera néanmoins les démarches entreprises pour améliorer ce cadre des affaires depuis plusieurs années. L'Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie (APIM) a été créée en 2021, avec pour objectif de facilité l'accès au marché mauritanien aux investisseurs nationaux et étrangers. 

On notera également la réforme en cours du code des investissements, et la création en 2022 d'un Conseil Supérieur de l'Investissement, présidée par le Président de la République, et visant à améliorer le climat des affaires et la compétitivité de l'économie mauritanienne.

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