Indicateurs et conjoncture

La Mauritanie affiche un PIB de 8,23 Mds USD fin 2021, avec une économie peu diversifiée et vulnérable aux chocs externes. L’économie mauritanienne est structurellement volatile du fait de sa forte dépendance aux secteurs extractifs (fer, or, cuivre) et de la pêche.  Malgré l’impact de la pandémie, qui a entrainé une récession en 2020, la situation macro-économique est relativement bonne, avec des perspectives positives à court et moyen terme. Le niveau d’endettement pourrait être reconsidéré « d’élevé » à « modéré » par le FMI d’ici la fin de l’année 2022, au moment de la mise en place d’un nouveau programme. 

La situation économique de la Mauritanie reste solide, malgré les impacts de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

L’économie mauritanienne est structurellement volatile car dépendante des cours internationaux des minerais – dont les exportations correspondent à 28,9% du PIB. En 2021, les minerais représentaient 72,6% des exportations totales (2,3 Mds USD) (54,8% pour le fer, 10% pour l’or et 7,8% pour le cuivre). La SNIM, qui détient le monopole de production du fer, produit entre 12,7 et 13 Mt/an ; faisant de la Mauritanie le 15ème producteur mondial et le 2ème en Afrique derrière l’Afrique du Sud. De nouveaux projets sont en cours de développement dans l’espoir d’atteindre une production de 40 Mt/an. Les produits de la pêche représentent quant à eux 25,8% des exportations totales. Le PIB est répartit comme suit : le secteur primaire représente 20,3%, le secondaire 35,9% et le tertiaire 44%. Le secteur primaire a connu une croissance négative de 3,6% en 2021, le secteur agricole souffrant d’intrants de mauvaise qualité et d’absence de structuration de la filière, alors que le secteur de la pêche manque d’infrastructures de débarquement et de transformation du poisson.

 

 

Après une récession de 1,8% en 2020, la croissance économique s’est établie à 2,4% en 2021 et devrait atteindre entre 4% et 4,5% en 2022. En 2021, la croissance a été soutenue par une hausse de la consommation privée et de l’investissement privé (+37,5%) et public (+52,2%) et par une meilleure performance du secteur tertiaire, lié à la reprise des activités portuaires et aériennes. En 2022, la croissance devrait être soutenue par l’augmentation de la production extractive et par le secteur des services (+ 5,8% grâce à l’expansion du secteur du transport et du commerce). La place du secteur privé comme moteur de la croissance reste cependant trop faible pour créer une croissance inclusive et créatrice d’emplois selon la Banque mondiale.

Le déficit courant s’est détérioré passant de 6,7% du PIB en 2020 à 9,8% en 2021, du fait de l’augmentation du déficit commercial : la production de minerai et donc le volume des produits exportés a diminué alors que les prix des hydrocarbures et des denrées alimentaires (importées) ont augmenté. La Mauritanie bénéficie néanmoins à fin 2021 de 2,3 Mds USD de réserves en devises, soit près de 6 mois d’importations, ce qui reste confortable.

L’inflation en 2021 s’est stabilisée à 3,6% alors qu’elle devrait atteindre 8,5% en moyenne annuelle en 2022 suite aux conséquences de la guerre en Ukraine. En juin 2022, l’indice général des prix à la consommation affichait +9,8% et +16% pour le poste « produits alimentaires et boissons non-alcoolisées »

Les perspectives économiques à moyen-terme sont bonnes, avec une croissance économique qui pourrait atteindre 6,5% en 2023-2024 avec la mise en service à venir du champ gazier Grand Tortue-Ahmeyim (GTA), l’augmentation de la production de fer par la SNIM et de celle de l’or grâce à l’extension de la mine de Tasiast. D’autres projets, de PPP, de production d’hydrogène (Nour et Aman), ou d’uranium (TIRIS) offrent des perspectives économiques favorables à plus long terme, bien que plus incertaines. Pour autant, le développement des phases 2 et 3 de GTA n’est toujours pas assuré, et la sécheresse, la volatilité des cours mondiaux ou l’absence d’amélioration du climat des affaires sont autant de facteurs de risque pour le pays.

Les finances publiques, en excédent, restent tributaires des fluctuations des cours mondiaux.

La situation des finances publiques mauritaniennes s’avère relativement saine. Entre 2019 et 2021, le budget de l’Etat (dons compris) a été en excédent autour de 2%. Cela s’explique à la fois par le soutien importants des bailleurs au budget de l’Etat, mais aussi par la faible exécution budgétaire, ce qui fait que les dépenses d’investissements sont retardées.

En 2022, un retour à un déficit budgétaire est prévu. La LFR 2022 prévoit un budget en expansion, sur le plan des dépenses (+22%) comme des recettes (+20%), afin de répondre à la hausse des cours mondiaux ; et anticipe un déficit budgétaire rectifié de 5,3%. La BM prévoit quant à elle un déficit de 1,2%, mais ces chiffres ont été établis avant la levée partielle des subventions sur les carburants (4 Mds EUR). Le déficit serait lié à la hausse des dépenses sociales et d’investissement et au coût des subventions sur les aliments de base et les carburants.  

Le FMI et le gouvernement mauritanien sont en discussions pour mettre en place un nouveau programme fin 2022. Les contours de ce programme ne sont pas encore clairement notamment établis, notamment s’il fera l’objet d’un financement ou non. La Mauritanie a déjà bénéficié de plusieurs appuis du FM ; i) une Facilité élargie de crédit, prolongée jusqu’en 2021, pour un décaissement total de 115,9 M DTS (143 M EUR) sur toute la durée du programme (décembre 2017) ; ii) en réponse à la pandémie, une Facilité Rapide de Crédit par le décaissement de 95 M de DTS (118 M EUR) (avril 2020) ; iii) dans le cadre de l’allocation générale de DTS, de 123,4 M de DTS (160 M EUR) (août 2021), assurant ainsi des liquidités supplémentaires en faveur de l’Etat mauritanien.

La Mauritanie reçoit également un appui important des autres bailleurs de fonds, bilatéraux et multilatéraux : i) la Banque Mondiale a 10 projets en cours avec un engagement net de 360 M USD ; ii) le cadre financier pluriannuel (2021-2027)  de l’Union Européenne, s’élève pour la période 2021-2024 à 125 MEUR ; iii) la Banque Africaine de Développement a approuvé 130MEUR de projets sur sa période 2016-2022.

 

La situation de la dette mauritanienne est considérée comme viable et pourrait passer d’élevée à modérée.

Le pays est classé en risque élevé de surendettement (dette publique et dette extérieure) par le FMI. Selon le FMI (avril 2022), la dette publique externe s’élèverait à 53,2% du PIB pour une dette publique totale estimée à 55,5%. L’endettement est donc quasiment exclusivement externe, avec une absence de recours à l’endettement interne (marché local et titres publics).

La Mauritanie a procédé à plusieurs renégociations de sa dette en bilatéral : i) en août 2021 le Koweït a annulé 95% des intérêts cumulés de la dette détenue par la Mauritanie, qui représentait près de 13,5% du PIB en 2021. Le principal restant s’élève à 82 M EUR avec une échéance sur 20 ans à 0,5% ; ii) en avril 2022, le dépôt saoudien de 300M USD a été transformé en prêt concessionnel, remboursable à partir de 2030 à un taux de 1% au lieu de 3%.  

 

L’environnement des affaires mauritanien est marqué, entre autres, par un système bancaire fragile.

La Mauritanie a régressé au classement annuel Doing Business de la Banque mondiale, passant à la 152ème place sur 190 en 2020 contre 148ème en 2019. Le climat des affaires reste difficile en pratique et le pays est classé 134/180 au classement Transparency International 2020 sur la perception de la corruption et 40e/54 du Mo Ibrahim sur la gouvernance.

Le système bancaire est fragile et exposé à un risque systémique élevé malgré des mesures prises notamment dans le cadre du programme du FMI. 

Le climat des affaires reste encore peu favorable, marqué par l’insécurité juridique et la faiblesse du capital humain. Le code des investissements n’est pas appliqué et les dossiers sont rarement clos. 

 
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