KOWEÏT
Panorama économique
1/ Cadrage économique et financier
Le Koweït tire sa richesse du secteur des hydrocarbures (6èmes réserves mondiales prouvées avec 6,1 % du total mondial) qui représente plus de 30% de son PIB (78,9 Mds USD), 92% de ses exportations (85,4 Mds USD) et 80% des recettes de l'état. La filière hydrocarbures est exclusivement gérée depuis 1975 par la holding publique Kuwait Petroleum Corporation (KPC), produisant 7% du pétrole brut mondial.
Les services représentent 58% du PIB en moyenne entre 2018 et 2022. Le Koweït est doté d’un secteur bancaire développé, stable et très bien capitalisé, avec plus de 390 Mds USD d’actifs en 2022 (soit 220% du PIB 2022). Le pays recense deux banques majeures : la Kuwait Finance House (121 Mds USD d’actifs en 2022), devenue la 6ème banque de la région en termes d’actifs, la 1ère banque islamique de la région et la 2ième mondiale à la suite de sa fusion avec Ahli United Bank (AUB), et la National Bank of Kuwait, la 7ème banque de la région (118 Mds USD d’actifs en 2022). Le Koweït est l’un des leaders régionaux (3ième rang) et mondiaux (6ième place) de la finance islamique, notamment dans l’émission de titres fixed income (Sukuk). Le pays est également devenu un acteur mondial de taille dans le secteur de la logistique, et des services support aéroportuaires avec son champion national Agility.
Le secteur agricole représente une part absolument marginale du PIB (0,4%).
Après avoir été fortement affectée par le contexte pandémique (- 8,9% en 2020) puis une année de transition ( + 1,3 % en 2021), l'activité économique, portée par le redressement des cours du brut, a enregistré en 2022 une performance exceptionnelle (+8,2%), à la fois en termes absolus et relatifs (troisième plus forte croissance de la région derrière l'Iraq et l'Arabie saoudite). La croissance koweïtienne devrait rester atone en 2023 (+ 0,9 % prévus par les services du FMI à fin août 2023 révisé de +2,6 % ), dans un contexte d'inflation contenue (+ 3,7 % en g.a en avril et mai 2023).
Le système de redistribution de la rente pétrolière est le plus généreux de la région avec un Etat providence qui garantit depuis le milieu des années 1950 l’éducation, la santé, un logement et un emploi à ses 1,5 million de citoyens et subventionne avec la même générosité les utilities (eau et électricité quasi-gratuites). Ces subventions représentent plus de 17% du total des dépenses de l’Etat, et les salaires de la fonction publique près de 55%.
Apparu depuis 2014, le déficit budgétaire du Koweït a augmenté de manière significative lors de l’année fiscale 2021/2022, principalement du fait de la baisse des recettes pétrolières, et a atteint 36 Mds USD, soit 33% du PIB.
Après une année 2022 qui aura vu le premier surplus budgétaire koweïtien depuis 2015, grâce à la hausse substantielle des prix du pétrole, pour un excédent estimé de 15 Mds USD (4.6 Mds KD), le budget pour 2023/2024 prévoit "optiquement" un nouveau déficit de 22.25 Mds USD (6.8 Mds KD) en raison de recettes pétrolières en forte baisse mais vraisemblablement sous-évaluées (hypothèse de prix du baril de 70 USD qui minore les recettes budgétaies à 64 Mds USD - 19,5 Mds KWD) et des dépenses courantes et de fonctionnement très mal contrôlées. Ce budget comprend des dépenses d'investissement en nette baisse par rapport à l'année passée (-15%). Les épenses budgétaires prévues ressortent en hausse de 12 % à 86 Mds USD (26.3 Mds KWD).
Les services du FMI estiment le surplus budgétaire pour 2022/2023 à 22,5 % du PIB.
Pour financer ce déficit, le gouvernement ne peut plus émettre de dette, faute d'autorisation parlementaire mais s’appuie sur le fonds de réserve générale (FRG) dont les liquidités disponibles avaient atteint en 2022 un seuil critique.
Cette situation d’incertitude sur la gouvernance du Koweït et ses finances publiques avait conduit les agences de notation à dégrader sa note de risque (Fitch de A + à AA - le 27 janvier 2022, S&P, de AA- à A+ le 16 juillet 2021 et Mood's de Aa2 à A1 le 22 septembre 2020). S&P a depuis relèvé néanmmoins son avis en juillet 2022, le faisant passer de "négatif" à "stable", principalement en raison de la forte hausse des cours du baril de pétrole.
Le Koweït a un taux de chômage très bas (moins de 3 %), rendu toutefois peu significatif par le droit à l'emploir public. Le gouvernement koweïtien mène une politique active de koweïtisation (substitution de l'emploi des nationaux à celui des expatriés). les autorités s'efforcent également d'inciter les diplômés koweïtiens à aller travailler dans le secteur privé afin de décongestionner le secteur public, par le biais d'indemnités compensant le différentiel de rémunération (Da' mal Amala).
Les opportunités professionnelles pour les étrangers demeurent toutefois importantes, aussi bien pour les emplois faiblement qualifiée (main d'œuvre venant principalement d'Inde, Egypte, des Philippine, etc.) qu'à plus forte valeur ajoutée.
2/ Le commerce extérieur de l'Emirat en 2021
Selon les statistiques nationales, en 2021, les échanges commerciaux du Koweït se sont établis à 104.6 Mds USD (exportations : 71.4 Mds USD, importations : 33.179 Mds USD), en hausse de 50% par rapport à l’année précédente, avec une balance commerciale positive s'établissant à 38.2 Mds USD, soit 30% du PIB, contre 12% l'année précédente. La contraction exceptionelle de 2020 était due à la conjonction de la chute des prix du pétrole et de la crise sanitaire et économique de la Covid-19 qui a eu un impact important sur les exportations koweïtiennes (-37% en glissement annuel) composées à près de 90% d’hydrocarbures.
Le premier partenaire commercial du Koweït reste la Chine (4,5 Mds USD d’importation en 2020, soit 17,8% de part de marché et près d’un quart des exportations koweitiennes à 13,4 Mds en 2020). La France reste quant à elle le 4ème fournisseur européen (534M EUR) du pays. Le Koweït est de son côté le 4ème partenaire de la France dans la région.
3/ Les investissements directs étrangers
Grâce à sa balance courante structurellement excédentaire (7% du PIB en moyenne depuis 2014), qui résulte d’un excédent commercial porté par des exportations toujours supérieures aux importations, la position extérieure nette du Koweït est très positive (70% du PIB).
Contrairement à d’autres pays de la région dont les IDE ont véritablement décollé depuis la fin des années 2000, les premiers investissements directs koweïtiens à l’étranger remontent aux années 1950. La Kuwait Investment Authority (KIA), premier fonds souverain du monde créé en 1953, gère un portefeuille d’actifs estimé à environ 800 Mds USD, principalement à l’étranger. Le Koweït est un émetteur net d’investissement direct étranger (IDE) et détenait en 2020 un stock d’IDE à l’étranger de 34,3 Mds USD contre un stock d’IDE étranger au Koweït de 14,1 Mds USD.
Le stock d’IDE entrants au Koweït a reculé en 2020 (-5% en g.a). Ainsi, l’émirat, quasiment dépourvu de base industrielle, ne reçoit que 1% des flux d’IDE entrants dans le Golfe. Les flux d’IDE sortants ont connu également une forte baisse en 2019 à -2,5 Mds USD (-6,22 Mds USD en un an). L’année 2020 marque cependant un retour marqué des flux d’IDE sortants, (2,4 Mds USD), faisant du Koweït le seul pays de la région avec Oman à ne pas avoir réduit son flux par rapport à 2019.
Le gouvernement koweïtien a entrepris plusieurs réformes pour encourager les investissements étrangers et ces progrès ont été soulignés dans le classement annuel « Ease of Doing Business » de la Banque mondiale où le Koweït figure parmi les 10 pays s’étant le plus amélioré en 2020 (83 ième position - dernier classement disponible). En 2013, sous l’égide de la KDIPA, le pays a mis en place un régime ad hoc pour les entreprises étrangères de nature à faciliter leur installation (37 entreprises étaient sous mandat KDIPA en 2020, dont 9 françaises).