Panorama économique

1/ Cadrage économique et financier.

Le Koweït tire sa richesse du secteur des hydrocarbures (6èmes réserves mondiales prouvées avec 8,2 % du total mondial) qui représente plus de 35% de son PIB, 95% de ses exportations (77,8 Mds USD) et 93% des recettes de l'état (pour la dernière année fiscale exécutée 2022-2023). La filière hydrocarbures est exclusivement gérée depuis 1975 par la holding publique Kuwait Petroleum Corporation (KPC), produisant plus de 3% du pétrole brut mondial.  

Les services représentent 58% du PIB en moyenne entre 2018 et 2022. Le Koweït est doté d’un secteur bancaire développé, stable et très bien capitalisé, avec plus de 390 Mds USD d’actifs en 2023 (soit 244% du PIB 2023). Le pays recense deux banques majeures : la Kuwait Finance House (123 Mds USD d’actifs en 2023), la 7ème banque de la région en termes d’actifs, la 3ème banque islamique de la région et du monde à la suite de sa fusion avec Ahli United Bank (AUB), et la National Bank of Kuwait, la 8ème banque de la région (122 Mds USD d’actifs en 2023). Le Koweït est l’un des leaders régionaux (3ième rang) et mondiaux (6ième place) de la finance islamique, notamment dans l’émission de titres fixed income (Sukuk). Le pays est également devenu un acteur mondial de taille dans le secteur de la logistique, et des services support aéroportuaires avec son champion national Agility et ses filiales (Menzies).

Le secteur agricole représente une part absolument marginale du PIB (0,5%).

Après avoir été fortement affectée par le contexte pandémique (- 8,9% en 2020) puis une année de transition (+ 1,3 % en 2021), l'activité économique, portée par le redressement des cours du brut, a enregistré en 2022 une performance exceptionnelle (+8,2%), à la fois en termes absolus et relatifs (troisième plus forte croissance de la région derrière l'Iraq et l'Arabie saoudite). L’année 2023 a constitué une normalisation avec un repli de l’activité estimé à 2,2%, dans un contexte d’inflation contenue (+ 3,4 % en 2023).

Une contraction de l’activité de 1,4% est prévue en 2024 par les services du FMI, avant un rebond et une croissance à 3,8% en 2025.

Le système de redistribution de la rente pétrolière est le plus généreux de la région avec un Etat-providence qui garantit depuis le milieu des années 1950 l’éducation, la santé, un logement et un emploi à ses 1,5 million de citoyens et subventionne avec la même générosité les utilities (eau et électricité quasi-gratuites). Ces subventions représentent par exemple le cinquième des dépenses totales de l’Etat budgétées pour l’année fiscale 2024-2025, et les salaires de la fonction publique plus de 60%.

Apparu depuis 2014, le déficit budgétaire du Koweït a augmenté de manière significative lors de l’année fiscale 2021/2022, principalement du fait de la baisse des recettes pétrolières, et a atteint 36 Mds USD, soit 33% du PIB.

Après une année 2022 qui aura vu le premier surplus budgétaire koweïtien depuis 2015, grâce à la hausse substantielle des prix du pétrole, pour un excédent estimé de 20,8 Mds USD (6,4 Mds KD). Le budget pour 2024/2025 prévoit "optiquement" un nouveau déficit de 19,15 Mds USD (5,8 Mds KD) en raison de recettes pétrolières en baisse (réductions des quotas de l’OPEP+) mais vraisemblablement sous-évaluées (hypothèse de prix du baril de 70 USD qui minore les recettes budgétaires à 62 Mds USD - 18,7 Mds KWD et perspectives possibles de majoration des quotas).  Les dépenses budgétaires prévues ressortent en baisse de 6,6 % - dû à l’arrêt de subventions exceptionnelles - à 73 Mds USD (22,4 Mds KWD). Les dépenses d'investissement s’inscrivent également en baisse (-7,7%) pour la troisième année consécutive.

 Pour financer ce déficit, le gouvernement ne peut plus émettre de dette, faute d'autorisation parlementaire mais s’appuie sur le fonds de réserve générale (FRG) dont les liquidités disponibles avaient atteint en 2022 un seuil critique.

Cette situation d’incertitude sur la gouvernance du Koweït et ses finances publiques avait conduit les agences de notation à dégrader sa note souveraine (Fitch de A + à AA - le 27 janvier 2022, S&P, de AA- à A+ le 16 juillet 2021 et Moody's de Aa2 à A1 le 22 septembre 2020). S&P a depuis relevé néanmoins l’implication associée à sa notation en juillet 2022, la faisant passer de "négative" à "stable", principalement en raison de la forte hausse des cours du baril de pétrole.

Le Koweït a un taux de chômage très bas (moins de 3 %), rendu toutefois peu significatif par l’existence d’un droit constitutionnel à l'emploi public. Le gouvernement koweïtien mène une politique active de koweïtisation (substitution de l'emploi des nationaux à celui des expatriés). Les autorités s'efforcent également d'inciter les diplômés koweïtiens à aller travailler dans le secteur privé afin de décongestionner le secteur public, par le biais d'indemnités compensant le différentiel de rémunération (dispositif de Da' mal Amala).

Les opportunités professionnelles pour les étrangers demeurent toutefois importantes, aussi bien pour les emplois faiblement qualifiés (main d'œuvre venant principalement d'Inde, Egypte, des Philippines, etc.) qu'à plus forte valeur ajoutée.

 

2/ Le commerce extérieur de l'Emirat.

Selon les statistiques nationales, en 2022, les échanges commerciaux du Koweït se sont établis à 136 Mds USD (exportations : 100,2 Mds USD, importations : 36 Mds USD). Ces échanges, portés par une effet-prix des exportations ressortent en hausse de 36% par rapport à l’année précédente.

Le solde commercial, structurellement positif, s'établit à 64,2 Mds USD, soit 35% du PIB, contre 30% l'année précédente. La contraction exceptionnelle de 2020 était due à la conjonction de la chute des prix du pétrole et de la crise sanitaire et économique de la Covid-19 qui a eu un impact important sur les exportations koweïtiennes (-37% en glissement annuel) composées à près de 90% d’hydrocarbures.

Le premier partenaire commercial du Koweït reste depuis 2015 la Chine avec un volume d’échanges bilatéraux de 22 Mds USD en 2023. Toutefois, les échanges bilatéraux ont chuté de 9 Mds USD sur un an, due à une baisse du volume de pétrole brut exporté vers la Chine (-9 millions de tonnes pour atteindre 24 millions) tandis que les exportations auraient continué de croître. La France reste quant à elle le 4ème fournisseur européen (803 M EUR) du pays, le 3ième si l’on fait abstraction de Rotterdam. Le Koweït est devenu en 2023 le 3ème partenaire de la France dans la région devant le Qatar.

 

3/ Les investissements directs étrangers.

Grâce à sa balance courante structurellement excédentaire (un cinquième du du PIB en moyenne depuis 2017), la position extérieure nette du Koweït est l’une des plus solides du monde à 786% du PIB en 2021, derniers chiffres disponible).

Contrairement à d’autres pays de la région dont les flux d’IDE sont devenus substantiels seulement depuis la fin des années 2000, les premiers investissements directs koweïtiens à l’étranger remontent aux années 1950. La Kuwait Investment Authority (KIA), premier fonds souverain du monde créé en 1953, gère un portefeuille d’actifs estimé à plus de 850 Mds USD, principalement à l’étranger. Le Koweït est un émetteur net d’investissement direct étranger (IDE) et détenait en 2022 un stock d’IDE à l’étranger de 46 Mds USD contre un stock d’IDE étranger au Koweït de 15,4 Mds USD.

Le stock d’IDE entrants au Koweït a reculé en 2022 (-2,8% en g.a). Ainsi, l’émirat, quasiment dépourvu de base industrielle, ne reçoit que 2% des flux d’IDE entrants dans le Golfe. Les flux d’IDE sortants, portés par une année pétrolière exceptionnelle, ont quant à eux connu une forte hausse en 2022 à 11 Mds USD (+32,3% sur un an).

Le gouvernement koweïtien a entrepris plusieurs réformes pour encourager les investissements étrangers et ces progrès ont été soulignés dans le classement annuel « Ease of Doing Business » de la Banque mondiale où le Koweït figure parmi les 10 pays s’étant le plus amélioré en 2020 (83 ième position - dernier classement disponible). En 2013, sous l’égide de la KDIPA, le pays a mis en place un régime ad hoc pour les entreprises étrangères de nature à faciliter leur installation (67 entreprises étaient sous mandat KDIPA en 2022, dont 9 françaises)  

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