Commerce extérieur du Japon

Une nette amélioration du commerce extérieur japonais en 2024

Après un déficit record en 2022 (-147 Mds EUR), le commerce extérieur japonais avait connu une amélioration déjà jugée spectaculaire en 2023 (-63 Mds EUR). En 2024, le Japon a de nouveau réduit son déficit commercial de moitié (-33 Mds EUR). Cette progression s’explique par le dynamisme des exportations (+6,2 %), notamment vers l’Asie. En regard, l’augmentation de ses importations reste modérée (+1,8 %) grâce à la réduction des importations énergétiques. Après une contraction en 2023, le volume total des échanges du Japon avec le reste du monde a une nouvelle fois progressé en 2024 (+3,9 %).

1. Les exportations japonaises en 2024 dépassent le niveau record de 2023, portées par la faiblesse du yen

En 2024, les exportations japonaises ont crû de +6,2 % en g.a., pour atteindre un record de 107 091 Mds JPY (653,3 Mds EUR), après avoir totalisé 100 873 JPY (615,3 Mds EUR) en 2023 (cf. annexe 1annexe 5). Cette progression est portée par les postes Appareils électriques (+7,0 %, dont +10,6 % pour les semiconducteurs), Instruments scientifiques, optiques et photographiques (+14,6 %) et Produits chimiques (+7,5 % – cf. annexe 2). Unique poste en contraction, les combustibles minéraux ont fléchi de -16,8 %, tombant à 8,2 Mds EUR. La structure des exportations japonaises demeure inchangée : les équipements de transport (22,9 %) devancent les machines (17,9 %) et les appareils électriques (16,7 %), suivis des produits manufacturés (11,2 %) et des produits chimiques (11,1 %)  (cf. annexe 3).

Alors que l’année 2023 avait été marquée par une contraction des exportations japonaises vers l’Asie (-5,7 %), le commerce régional – qui concentre 53 % des flux en provenance du Japon – a repris en 2024 (+8,3 % – cf. annexe 4). À l’exception des États-Unis qui demeurent le premier client du Japon, les sept premiers clients de l’Archipel sont asiatiques, avec la Chine (115,1 Mds EUR d’exports ; +6,2 %), la Corée du Sud (42,9 Mds EUR ; +6,8 %) et Taïwan (41,9 Mds EUR ; +14,2 %) dans le quatuor de tête. En revanche, les exportations vers l’Union européenne ont baissé de -3,9 %, pour atteindre 60,8 Mds EUR. Dans cet ensemble, les exportations japonaises vers la France – 20ème client du Japon – ont progressé de +2,2 % en 2024.

2. Une légère augmentation des importations, après une diminution de la facture énergétique en 2023

En 2024, les importations japonaises ont progressé de +1,8 %, pour atteindre 112 426 Mds JPY (685 Mds EUR), sans dépasser le niveau historique de 2022 (118 503 Mds JPY, soit 859 Mds EUR – cf. annexe 1annexe 5). Cette tendance haussière repose principalement sur les postes d’importations suivants : Machines (+13,3 % ; 66,4 Mds EUR), Produits alimentaires (+8,8 % ; 60,1 Mds EUR), Matières premières (+9,7 % ; 48,1 Mds EUR), et Produits divers (+6,4 % ; notamment grâce à la contribution de la maroquinerie et des meubles, respectivement pour 5,8 Mds et 6,2 Mds EUR).

Parmi les contractions observées en 2024 figurent (i) les combustibles minéraux (-6,7 % ; 155 Mds EUR), résultat induit par la diminution des coûts d’importation du charbon et (ii), de manière plus modeste, des appareils électriques
(-0,6 % ; 108 Mds EUR). Néanmoins et comme en 2023, les trois premiers postes d’importations du Japon sont les combustibles minéraux (22,7 % du total, la part de l’énergie importée dans la consommation finale japonaise s’élevant à 87 %), suivis des appareils électriques (15,8 %), et des produits chimiques (10,5 % – cf. annexe 3).

Si la Chine reste de loin le 1er fournisseur du Japon (22,5 % des parts de marché, pour des importations équivalentes à 154,3 Mds EUR)les États-Unis (représentant 11,3 % des imports japonais, en progression +9,5 % en 2024), les Émirats Arabes Unis (4ème fournisseur avec 5 % des parts de marché ; +7,4 % en g.a.) et la Corée du Sud (5ème fournisseur avec 4,2 % des parts de marché ; +9,1 % en g.a.) affichent des hausses significatives de leurs exportations vers le Japon (annexe 4). Cette forte dynamique compense les contractions observées pour les importations depuis l’Australie (-12,1 % en g.a., tirées à la baisse par la chute des prix de l’énergie, qui demeure néanmoins le 3ème fournisseur du Japon), Taïwan (-7,6 % ; 6ème fournisseur) et l’Arabie Saoudite (-7,3 % ; 7ème fournisseur). Les importations depuis l’Europe ont été en croissance de +3,8 % en 2024, avec une hausse de +11,4 % pour la France (pour un total de 10,2 Mds EUR), de +6,7 % pour l’Italie (11,2 Mds EUR), et de +2,2 % pour l’Allemagne (19,6 Mds EUR).

3. Un déficit commercial japonais de nouveau réduit de moitié, pour la seconde année consécutive

Le déficit commercial du Japon s’est nettement résorbé en 2024, passant de -62,7 Mds EUR à ‑32,5 Mds EUR, soit une amélioration de +44 % (annexe 5). D’un côté, la progression des exportations japonaises a été favorisée par la faiblesse du yen (taux annuel moyen de 151,5 JPY/USD, contre 140,5 JPY/USD en 2023 – cf. annexe 6). De l’autre, la réduction de la facture énergétique a limité l’expansion des valeurs d’importations. Après une amélioration des termes de l’échange[1] de l’Archipel en 2023, leur rétablissement s’est poursuivi en 2024 (+2,1 % – cf. annexe 7). Ce redressement ramène la détérioration des termes de l’échange entre 2021 et 2024 à -10,8 %, les indices des prix ayant progressé de +2,3 % en 2024 pour les importations et de +15 % pour les exportations.

4. Une contribution négative du commerce extérieur japonais à la croissance économique de l’Archipel, et une tendance à la volatilité

La progression de la balance commerciale et des revenus d’investissements (245 Mds EUR), stimulée par la faiblesse du yen, a permis au Japon d’améliorer son solde courant (annexe 7), qui s’est élevé à 178 Mds EUR en 2024 (+22 %), à son plus haut niveau depuis 1985.

Néanmoins, la contribution du commerce extérieur à la croissance économique japonaise – son moteur historique – marque à nouveau un coup d’arrêt. Après une contribution positive en 2023 (+1 ppt), la contribution des exports nets à la croissance est tombée à -0,1 ppt en 2024, pour une croissance du PIB réel presque nulle (+0,1 %). La demande extérieure a contribué à la croissance à hauteur de +0,2 ppt, autant que la demande domestique (+0,2 ppt), laquelle reste pénalisée par l’inflation et la faiblesse de la consommation privée (-0,1 ppt). La stratégie conduite par l’Archipel depuis 2013, visant à ouvrir encore davantage l’économie japonaise au commerce international – la part du commerce japonais couverte par des accords commerciaux est passée de 20 % en 2011 à 78 % aujourd’hui –, ne semble donc plus porter ses fruits.

Si le Japon peut se féliciter d’avoir redressé son commerce extérieur en 2024, sa dépendance aux échanges internationaux en tant que 4ème exportateur mondial le met en risque face aux évolutions géoéconomiques récentes. En 2024, ses volumes d’échanges ont continué de progresser avec la Chine (+4,7 %) et avec les États-Unis (+6,7 %). Face aux droits de douane appliqués par l’administration Trump, le secteur de l’industrie automobile se trouve particulièrement vulnérable, plusieurs grands constructeurs (Toyota, Nissan, Honda, Mazda) ayant fait le choix d’implanter au Mexique leurs bases de production pour des véhicules destinés au marché étasunien. Au-delà, c’est surtout la perspective d’un ralentissement de la demande et de la croissance économique mondiales qui inquiète les entrepreneurs japonais. Enfin, en 2025, la facture énergétique japonaise pourrait s’alourdir en raison de l’engagement pris par le Premier ministre S. Ishiba, lors de sa rencontre du 7 février 2025 avec le président D. Trump à Washington D.C., d’accroître les importations japonaises de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis.


[1] Rapport entre l’indice des prix à l’export et celui des prix à l’import.

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