Commerce bilatéral entre la France et le Japon

Le solde commercial franco-japonais à l’équilibre en 2024 grâce à un record d’exportations françaises

La progression des exportations françaises en 2024 (+36,2 % en g.a.), couplée à la baisse des importations depuis le Japon (-8,4 %) ont redressé notre balance commerciale, qui s’établit à -287 Mi EUR (contre -3,7 Mds en 2023), mettant ainsi un terme à une détérioration continue depuis 2019. La croissance des échanges franco-japonais observée depuis 2020 s’est poursuivie (+9,2 %), attestant une intensification de notre relation commerciale bilatérale. En 2024, le Japon a été le 12ème client de la France (+3 rangs par rapport à 2023) et son 12ème fournisseur (comme l’an dernier).

1. Une croissance des exportations françaises vers le Japon soutenue par les secteurs du luxe et de l’aéronautique

En 2024, les exportations françaises vers le Japon ont crû de +36,2 % en g.a. pour s’établir à 9,3 Mds EUR – un niveau record –, après une progression de +4,6 % en 2023 (cf. annexe 1, annexe 2). Au premier rang (+3 places par rapport à 2023), le poste Cuir, bagages, chaussures a représenté 17,3 % des exportations (à hauteur de 1,6 Mds EUR), suivi des Produits de la construction aéronautique et spatiale (16 %, soit 1,5 Mds EUR), des Produits chimiques de base, produits azotés, matières plastique et caoutchouc synthétique (8,8 %, soit 0,8 Md EUR) et des Boissons (8,4 %, soit 0,8 Md EUR, en recul par rapport à 2023) – (cf. annexe 3).

Deux postes se démarquent :

  • La performance exceptionnelle des biens haut de gamme (avec en particulier la progression de +232 % pour le poste Cuir, bagages, chaussures), due pour une grande partie à un réagencement des chaînes logistiques en Asie-Pacifique : la pratique consistant à faire transiter des marchandises par des pays tiers a reculé depuis la conclusion de l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne en 2019. En 2024, le groupe LVMH a ainsi abandonné la plateforme de Singapour pour l’approvisionnement du Japon. À noter également les progressions d’autres postes haut de gamme comme : Articles d’habillement (+11 %) ; Articles de joaillerie et bijouterie (+88 %) ; Parfums, cosmétiques et produits d’entretien (+5,7 %).
  • Le poste Industrie aéronautique et spatiale présente une nouvelle fois une forte volatilité[1] (+94 %). La commande de 27 appareils Airbus début 2025 (24 A321neo et 3 A321XLR) par ANA Holdings pourrait néanmoins réduire cette volatilité cette année.

En excluant ces deux postes, les performances françaises en termes d’exportations vers le Japon demeurent néanmoins excellentes (+11,3 % en g.a.). Parmi les postes en forte progression figurent les Produits chimiques de base (+69 %, en progression du 5ème au 3ème rang des biens français exportés par rapport à 2023) et les Produits pharmaceutiques (+49 %, du 6ème au 5ème rang). S’élevant à 0,7 Md EUR en 2024, les exportations de l’industrie pharmaceutique française évoluent toutefois en dents de scie, après une contraction de -10 % en 2023 précédée d’une progression de +12 % en 2022 (cf. annexe 4).

Cependant, le tableau est terni par des contractions : Produits de la construction automobile (-54 % en g.a.), Produits chimiques divers (-18 %), mais aussi pour les biens agroalimentaires : Produits de boulangerie-pâtisserie et pâtes alimentaires (-22 %) et Boissons (-4,6 %).

Dans l’ensemble, la France reste un partenaire commercial plutôt modeste pour le Japon : 1,5 % des imports japonais en 2024 provenaient de la France, contre 22,5 % de la Chine et 11,3 % des États-Unis (cf. annexe 2). Le Japon a été le 12ème client de notre pays en 2024 (en progression de 4 places par rapport à 2023, néanmoins), et son 12ème fournisseur (identique à l’an dernier – source : Douanes françaises), tandis que la France a été le 3ème fournisseur européen du Japon, après l’Allemagne et l’Italie (rang identique à 2023 – source : Douanes japonaises).

2. Les importations en provenance du Japon n’ont pas été dynamisées par la faiblesse du yen

En parallèle, les importations depuis le Japon se sont contractées en 2024 (9,6 Mds EUR, soit -8,4 % en g.a.), après trois années d’expansion. La structure des importations japonaises demeure inchangée, avec une part majeure occupée par les biens d’équipement et intermédiaires. Le haut du classement est occupé par les postes suivants (cf. annexe 3) :

  • Produits de la construction automobile (16,1 %) ;
  • Machines et équipements d’usage général (14 %) ;
  • Matériel électrique (8,4 %) ;
  • Produits chimiques divers (7,5 %).

Parmi les 15 premiers postes d’importations de produits japonais, seuls 3 ont progressé : Produits chimiques divers, Équipements pour automobiles, et Instruments à usage médical, optique et dentaire. Les réductions les plus significatives concernent les Produits pharmaceutiques (-32,2 %), les Machines et équipements d’usage général (-9,6 %), et les Produits de la construction automobile (-7,7 %) – (cf. annexe 4).

Cette contre-performance est enregistrée en dépit de la faiblesse du yen par rapport à l’euro (taux moyen de 163 JPY/EUR en 2024, vs. 152 JPY/EUR en 2023). Le gain de compétitivité-prix n’a donc pas suffi à compenser la perte de valeur associée.

3. L’analyse par poste de produits confirme une amélioration étendue du solde français à l’égard du Japon

L’analyse du solde commercial bilatéral franco-japonais par poste de produits confirme la tendance générale d’amélioration en faveur de la France :

  • Le renforcement des biens haut de gamme – certes soutenu par la recomposition des chaînes logistiques (cf. supra) – souligne une nouvelle fois la solidité de la marque « France » au Japon.
  • La contre-performance des exportations japonaises a permis de réduire sensiblement les déficits français sur plusieurs postes industriels (automobile, machinerie) : le solde pour les Produits de la construction automobile a ainsi progressé d’un déficit de -1,54 Mds EUR en 2023 à -1,49 Mds EUR en 2024 pour la France, de même que pour les postes Machines et équipements d’usage général (contraction du déficit de -9 % en g.a.), Machines diverses d’usages spécifiques (-19 %), Machines-outils (-24 %), ainsi que pour les Machines agricoles et forestières (-30 %). Néanmoins, notre déficit s’est dégradé vis-à-vis du Japon sur le poste Équipements pour automobiles (+22 %, la croissance des exportations japonaises en 2024 ayant dépassé celle des exportations françaises).
  • À noter également la très bonne performance des exportations des postes Industries chimiques (progressant d’un excédent de 68 Mi EUR en 2023 à 423 Mi EUR en 2024) et Industries pharmaceutiques françaises (passant d’un déficit de -100 Mi EUR en 2023 à un excédent de 297 Mi EUR en 2024), à la différence du poste Produits chimiques divers (avec un déficit creusé de +9 % en raison d’une réduction des exportations françaises dans ce secteur).
  • Enfin, le solde commercial franco-japonais pour les produits agroalimentaires a enregistré une contraction
    (-2,4 % pour les Boissons et -11 % pour les Produits alimentaires divers – cf. annexe 5).

4. Bilan : une nette amélioration du solde commercial français vis-à-vis du Japon en 2024

L’année 2024 a ainsi été marquée pour la France par une réduction significative de son déficit commercial vis-à-vis du Japon, passant de -3,6 Mds EUR à ‑287 Mi EUR, soit une amélioration de 3,3 Mds EUR, alors qu’il dépassait continuellement la barre des -2 Mds EUR depuis 2015. Cette amélioration du solde franco-japonais constitue le troisième facteur le plus important de résorption du déficit commercial global de la France en 2024, selon les Douanes françaises.

À noter que cette amélioration est également constatée dans les statistiques des Douanes japonaises : moins sensibles aux effets de transit sur un plan méthodologique, elles présentent une amélioration du solde commercial français de +800 Mi EUR vis-à-vis du Japon (cf. annexe 6, annexe 7).

Enfin, l’analyse du solde composite – combinant les données d’importation des Douanes françaises et japonaises – renvoie une image plus nuancée de l’évolution du commerce bilatéral franco-japonais, avec des échanges stables et relativement équilibrés (un léger excédent de 600 Mi EUR enregistré en 2024, après un léger déficit de -600 Mi EUR en 2023 – cf. annexe 8).

Si les très bons résultats mesurés par les Douanes françaises en 2024 doivent être nuancés en raison d’effets liés à la réallocation des flux en Asie-Pacifique, l’analyse du solde composite confirme une amélioration substantielle du solde bilatéral en faveur de la France (+1,2 Mds € en g.a.). Ce résultat doit être en partie rapporté à la faiblesse du yen par rapport à l’euro, qui semble avoir davantage réduit la valeur des exportations japonaises que renforcé leur compétitivité-prix.

De premiers résultats positifs pour la France ont d’ores et déjà été enregistrés pour l’année 2025, avec notamment une commande importante dans le secteur de l’aéronautique. Enfin, il conviendra de suivre la réaction du Japon face à la politique économique et commerciale de l’administration Trump, ainsi que l’évolution du yen par rapport à l’euro et au dollar US.


[1] Induite à la fois par les performances d’Airbus, les délais de livraison et la multiplicité des sites de production du groupe dans le monde.

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