GHANA
Situation économique et financière
1. Situation macroéconomique
1.1. Économie réelle
En 2024, la croissance du PIB en volume a rebondi à environ 5,7 % (après 3,1 % en 2023), soutenue principalement par la hausse des prix de l’or. En 2025, elle devrait décélérer à 4 %, sous les effets combinés de l’effort de rigueur budgétaire et du resserement monétaire[1]. L’économie ghanéenne, la 3ème de la CEDEAO, avec un PIB nominal de 88 Md USD[2] (et un PIB/hab de 2 372 USD en 2024), repose essentiellement sur l’exploitation des matières premières – or (61% des recettes d’exportations), pétrole (10%), cacao (16%)[3] – et les activités de service et para-industrielles qui s’y adossent. Depuis 2022, le Ghana a recouvré son rang de premier producteur d’or en Afrique (qu’il avait abandonné à l’Afrique du sud) – et demeurait le deuxième producteur mondial de cacao après la Côte d’Ivoire.
Cette spécialisation entraîne une forte sensibité de l’économie aux fluctuations des cours des matières premières et des conditions de financement externe[4].
1.2. Politique monétaire
Le défaut sur sa dette externe a conduit le Ghana à solliciter une Facilité élargie de crédit (FEC) de 3 Md USD auprès du FMI, approuvée en mai 2023. Depuis, la mise en œuvre du programme (4ème revue approuvée en juillet 2025), la situation économique et financière du pays montre des signes d’amélioration.
L’inflation, après avoir culminé à 54,1 % fin 2022 en glissement annuel (g.a), a constamment reflué, jusqu’à tomber à 11,5 % en août 2025, son plus bas niveau depuis octobre 2021[5]. L’inflation alimentaire, bien qu’en net repli (15,1 % en juillet 2025 en g.a, contre 25% en avril 2025 et 27,8% en décembre 2024[6]), demeure toutefois préoccupante pour les ménages vulnérables confrontés aux pertes agricoles causées par la sécheresse qui sévit dans le nord du pays et à une dépendance aux importations des produits de base.
Cette tendance globale à la désinflation est le produit d’une combinaison de plusieurs facteurs : politique monétaire restrictive, consolidation budgétaire et appréciation du cedi ghanéen (+42 % face au dollar entre janvier et mai 2025) soutenu notamment par la progression des exportations d’or et de cacao au T1 2025 dans le sillage de la hausse des cours. La Banque du Ghana a ainsi engagé une stratégie de resserrement monétaire appuyé: son taux directeur, relevé progressivement de 13,5 % à 30 % entre 2021 et 2023, a entamé un mouvement baissier (29 % puis 27 % en 2024, 28 % en mars 2025) pour tomber 25 % en juillet 2025[7]. Cette trajectoire illustre la volonté de concilier maîtrise de l’inflation et soutien au crédit, lequel reste toutefois modéré avec un ratio crédits/PIB de 8 %. Enfin, malgré un taux de prêts non performants élevé (22,6 % en février 2025), le système bancaire reste robuste, avec un ratio de solvabilité en hausse (CAR à 14,4 %).
1.3. Comptes externes
En 2024, le Ghana a enregistré un excédent ccommercial confortable de 2,89 Md USD (équivalent à 2,7 % du PIB), en hausse de 46 % par rapport à l’exercice précédent. Cette progression résulte pour l’essentiel d’une hausse marquée des exportations (+58 % à 19 Md USD). Trois secteurs concentrent 83 % de ces recettes d’exportation : l’or (55 % du total) porté par la hausse mondiale des cours, les combustibles minéraux et huiles (18 %) et le cacao et ses dérivés (9 %). Les exportations d’or en particulier ont atteint 10,31 Md USD en 2024[8], soit une croissance de 53 % en g.a, tandis qu’au T1 2025, elle étaient déjà estimées à 5,2 Md USD, dépassant à elles seules le coût total des importations, et contribuant largement à un excédent commercial de 2,3 Md USD sur la période considérée.
Fort de l’amélioration de son solde commercial, le Ghana a vu son solde courant se consolider, passant de -1,6 % en 2023 à +1,1 % du PIB en 2024, et ses réserves brutes de change se reconstituer à hauteur de 6,4 Md USD (soit l’équivalent de 2,6 mois d’importation) fin 2024, contre 3,6 Md USD (1,5 mois) fin 2023. Ces dernières sont attendues à 8,4 Md USD en 2026 (3,3 mois). Dans, ce contexte, le cedi ghanéen, qui avait perdu 27 % de sa valeur face au dollar en 2024 (cinquième plus mauvaise performance mondiale), a rebondi de 42 % au T1 2025.
Sur le plan international, en 2024, les principaux clients du Ghana étaient les Émirats Arabes Unis, la Suisse et l’Afrique du Sud, absorbant à eux trois plus du tiers des exportations ghanéennes en valeur. Ces flux sont très majoritairement consitutés d’ achats d’or. Sur ce même exercice, les principaux fournisseurs du Ghana étaient la Chine, les Émirats Arabes Unis et l’Inde, suivis du Royaume‑Uni, de la Suisse et de la Belgique.
Enfin, les échanges intra-africains du Ghana lui ont également permis de dégager un excédent. L’Afrique du Sud demeure son principal client (60,5 % des exportations ghanéenes à destination du continent), talonnée par le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Togo. L’Égypte (15,3 %), le Nigeria (15,1 %) et le Burkina Faso (13,1 %) figurent parmi ses principaux fournisseurs africains.
2. Finances publiques et dette
En défaut de paiement depuis décembre 2022, le Ghana, d’après le FMI, a vu son ratio dette publique/PIB passer de 79,1 % en 2023 à 70,2% % en 2024 dans un contexte électoral (élections présidentielles et légisaltive). L’accord avec l’OCC, la restructuration extérieure et l’appréciation du cedi devraient mécaniquement réduire ce ratio, attendu à 66% au terme de l’exercice 2025 par le FMI. Alors que la 4ème revue du programme FMI faisait état d’une décoration des finances publiques (déficit primaire à -3,3% du PIB en 2024, contre une cible à +0,5) dans le contexte électoral de fin 2024, le déficit budgétaire global, qui s’élevait à -3,4 % du PIB en 2023, a atteint -7,3% du PIB en 2024. Le FMI projette toutefois un ajustement rapide avec un excédent primaire de +1,5 % du PIB dès 2025, maintenu à moyen terme grâce à un effort de consolidation budgétaire reposant quasi exclusivement sur une contraction des dépenses. Le service de la dette est estimé à 9,9 Md USD en 2026 dont (1,6 Md USD pour la dette extérieure et 8,9 Md USD pour la domestique). En parallèle, les recettes fiscales restent sur un étiage de 16% du PIB[9].
La restructuration de la dette suit son cours : le programme d’échange de la Dette Domestique (DDEP) a été finalisé en septembre 2023, un accord multilatéral sur la dette bilatérale a été signé en juin 2024 sous l’égide du Comité des créanciers officiels (Club de Paris, Chine, Inde, Arabie Saoudite, Turquie, Afrique du Sud), les accords bilatéraux sont en cours de finalisation, tandis que l’échange des euro-obligations a déjà été conclu en juin 2024, et que des négociations avec les banques privées sont en cours pour la dette commerciale. La France a été le premier pays à signer un accord bilatéral de restructuration en juillet 2025, pour un stock de dette de 87,7 MEUR.