Une nation dépendante des aléas climatiques et des organisations internationales pour subvenir à ses besoins

L'Érythrée dispose de conditions climatiques qui la rendent particulièrement vulnérable aux variations météorologiques. L’agriculture, essentiellement vivrière, peine à répondre à la demande du pays qui connaît des sécheresses de plus en plus fréquentes, une dégradation des terres arables et une population et des taux de malnutrition élevés (52,5 % des enfants de moins de 5 ans en retard de croissance). Avec l’aide des organisations internationales, le gouvernement érythréen déploie des efforts pour améliorer la production locale. Néanmoins, l’implication de l’Erythrée dans le conflit au nord de l’Ethiopie couplée aux chocs du changement climatique et aux flux financiers limités constituent les principaux facteurs qui aggravent la sécurité alimentaire du pays.

Située dans la Corne de l'Afrique dans le désert du Sahel, l'Érythrée dispose de conditions climatiques arides et semi-arides qui la rendent particulièrement vulnérable aux variations climatiques. Il en résulte des famines chroniques, dans un contexte marqué par des sécheresses de plus en plus fréquentes et une dégradation des terres arables. Par ailleurs, après une grave sécheresse dans la Corne de l'Afrique en 2015, le président du pays, Isaias Afwerki, a nié la présence d’une crise alimentaire et rejeté l'aide alimentaire de l'ONU pendant la sécheresse de 2015. La Banque mondiale estime que 69 % de la population érythréenne vit en dessous du seuil de pauvreté.

L'économie érythréenne repose en grande partie sur une agriculture vivrière – insuffisante pour répondre à la demande du pays. En effet, les terres arables représentent 26 % du total des terres, et si l’agriculture emploie environ 80 % de la population active, elle ne pèserait que 17 % du PIB. En effet, plusieurs facteurs contribuent à la sous-performance du secteur : la forte dépendance à l’égard de l’agriculture pluviale, la fertilité limitée des sols associée à un accès insuffisant aux intrants et aux technologies en raison des contraintes concernant les devises et les compétences techniques insuffisantes. Ainsi, si avec de bonnes pluies, le pays peut produire jusqu'à 60 % de ses besoins alimentaires, avec de mauvaises pluies, la productivité peut diminuer jusqu'à 25 % des besoins alimentaires nationaux.

La malnutrition demeure donc un problème courant. L'Érythrée n'a fait aucun progrès vers la réalisation de l'objectif de réduction des retards de croissance, avec 52 % des enfants de moins de 5 ans touchés, ce qui est supérieur à la moyenne de la région en Afrique (31 %). Le document sur la stratégie de sécurité alimentaire du gouvernement (2004) indique que 44 % de la population souffrirait d'insuffisance pondérale tandis que 50 % souffrirait d'anémie ; environ 59 % de la population érythréenne consomme moins que les besoins caloriques quotidiens. L'apport calorique quotidien moyen par habitant est d'environ 1750, ce qui montre un déficit de 26 % sur la base de la norme OMS de 2350 calories par jour.

Le gouvernement érythréen fait des efforts pour améliorer la production alimentaire en collaboration avec des organisations internationales[1]. En partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Érythrée a lancé un projet pluriannuel dans la région d'Anseba qui fournit un ensemble agricole intégré minimum. Le projet, qui comprend la construction d'installations de collecte d'eau ; la mise en œuvre de mesures de protection des sols et d’irrigation; et le développement de systèmes d'alerte précoce communautaires a permis de soutenir les objectifs locaux et nationaux de sécurité alimentaire. Des projets irlando-érythréens se sont concentrés sur l'amélioration de la culture de la pomme de terre et le développement de technologies qui sous-tendent l'industrie laitière en Érythrée (recherche, vulgarisation, renforcement des capacités des agriculteurs et commercialisation). Début 2019, l'UE a lancé un projet de quatre ans en Érythrée pour contribuer à améliorer la sécurité alimentaire et offrir de meilleurs revenus aux agriculteurs. Enfin, selon un rapport du ministère de l'Agriculture, de nombreuses infrastructures de stockage d'eau ont été construites à travers le pays, dont 9 barrages stratégiques, 3 grands barrages, 747 micro-barrages, 206 barrages moyens et 7 dispositifs de dérivation.

La normalisation des relations avec l’Éthiopie en 2018 dessinait de nouvelles perspectives, mais l’implication de l’Erythrée dans le conflit au nord de l’Ethiopie, les chocs du changement climatique et les flux financiers limités constituent les principaux facteurs qui aggravent la sécurité alimentaire du pays.

 

Figure 14: Apports nutritionnels en Erythrée3

Figure 1: Apports nutritionnels en Erythrée[2]

 



[1] L’Érythrée bénéficie de peu de soutiens financiers de la communauté internationale mais en 2019 le pays a reçu 3 fois plus d’APD (266 MUSD) qu’en 2018 (84 MUSD).

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