Un secteur bancaire peu développé et contrôlé par l’Etat

Dominé par deux banques commerciales d’État, le secteur financier de l’Érythrée est sous-capitalisé et peu concurrentiel. Le système bancaire s’était développé après l'indépendance mais stagne depuis en raison de l'augmentation des contrôles du secteur financier d'État et des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le secteur bancaire érythréen se compose de 2 banques commerciales (Commercial Bank of Eritrea et Housing and Commerce Bank of Eritrea), de l’Eritrean Investment and Development Bank (EDIB) et de la Bank of Eritrea (BoE). Toutes les banques sont contrôlées par le gouvernement. Le manque de transparence fiscale et juridique empêche le développement du secteur bancaire érythréen. La plupart des opérations bancaires sont exécutées manuellement, ce qui entraîne des inefficacités significatives dans la fourniture de services financiers. Les transactions commerciales se font principalement en espèces, avec une utilisation limitée des dépôts à vue et des dépôts à terme. Les principales fonctions de la Banque centrale sont le suivi des liquidités, l'application des critères d'agrément des nouvelles banques, le renforcement de la supervision et la garantie que les droits de propriété ont établis.

Malgré un léger développement après l’indépendance, le système bancaire reste sous-capitalisé et les infos le concernant restent parcellaires. Les actifs du secteur bancaire ne représentent que 18,4 % du PIB et la part des prêts accordés au secteur privé reste plutôt faible.

L'inclusion financière demeure faible. La faible rentabilité des banques et les coûts de fonctionnement élevés conjugués à l'absence d'infrastructure IT dans les zones rurales entravent l'expansion des services bancaires. Les succursales bancaires sont limitées et les guichets automatiques ne sont pas opérationnels. Contrairement à de nombreux autres pays de la région, les services de mobile-money ne se sont pas encore disponibles dans le pays. Le monopole étatique sur le secteur des télécommunications ralentit la mise en place d’infrastructures numériques. Le taux de pénétration mobile atteint seulement 9,0 % alors que la moyenne est de 43 % pour l’Afrique Sub-saharienne. 

En 2016, des réformes financières ont introduit de nouveaux billets de banque. Tous les citoyens ont été encouragés à passer par le système bancaire même si les retraits importants restent réglementés. Ces mesures visent à réduire la taille du marché parallèle et maîtriser l'utilisation de la monnaie locale.

Afin de soutenir une croissance tirée par le secteur privé, les autorités érythréennes ont reconnu la nécessité d'entreprendre des réformes financières. L’accès aux services financiers représente l’un des principaux défis identifiés par le rapport Doing Business 2020 de la Banque Mondiale - l'Érythrée se classait 189ème sur 190. Depuis plusieurs décennies, la microfinance permet fournir des services aux populations rurales, en particulier aux femmes, mais sa portée reste limitée. Les deux établissements les plus importants sont le Saving and Micro Credit Program (SMCP) et le Southern Zone Saving and Credit Scheme (SZCS). Etabli en 1996, le SMPC servait 71 680 clients et 65,0 % des villages érythréens en 2018. D’autres programmes de micro-crédit se sont ensuite développés, dirigées par les ONG ou par le gouvernement.

Aujourd’hui le gouvernement érythréen exerce un contrôle total des changes. Dans le cadre de la stratégie érythréenne de lutte contre le change parallèle, la Banque centrale érythréenne a décidé récemment d'interdire toute transaction numéraire en dollars.

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