Indicateurs et conjoncture

 

1. Situation macroéconomique

Après 3,8 % en 2019, la croissance s’établirait à -0,6 % en 2020. Cette relative résilience de l’économie érythréenne s’explique par les investissements dans les mines et la construction résidentielle. La croissance rebondirait pour s’établir, d’après le FMI, à 5,7 % en 2021, puis autour de 3,8 % jusqu’à 2025, portée par les investissements étrangers dans le secteur extractif et les retombées de l’accord de paix, notamment dans le secteur touristique. Après 3 années de déflation (entre - 13,3 % et - 16,4 %), l’inflation deviendrait à nouveau positive en 2020 (4,7 %). L’inflation reste fortement tributaire de l’évolution des prix alimentaires et de l’inflation importée. 

2. Finances publiques

Sous l’effet d’une hausse des dépenses, le déficit budgétaire s’accentuerait à 5,2 % en 2020, contre 1,5 % en 2019. Les revenus resteraient relativement stable (31,3 % du PIB en 2020 contre 31,7 % en 2019) mais les dépenses, liées au contexte sanitaire mondiale, augmenteraient de 3,2 points pour atteindre 36,5 % du PIB en 2020. Toutefois, le pays ne communiquant plus sur l’état de ses comptes publics depuis plusieurs années, ces données du FMI ne restent que des estimations. L’Érythrée bénéficie de peu de soutiens financiers de la communauté internationale : sur le volet multilatéral, seule la BAD intervient de manière mesurée dans le pays ; sur le plan bilatéral, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis apporteraient un soutien annuel de 500 MUSD dans le cadre de la participation du pays à l’offensive contre le Yémen. Là encore, les flux informels pourraient combler une partie du déficit de financement.

La dette publique serait estimée à 189 % du PIB en 2019. La majeure partie de la dette étant intérieure, la dette extérieure représente 62 % du PIB.

3. Situation extérieure

Le pays connait un déficit commercial structurellement élevé et les réserves de changes seraient limitées, à 2,3 mois d’importation en 2019. Avec la mise en exploitation des mines, les exportations érythréennes ont fortement progressé à compter de 2012 sans toutefois pouvoir couvrir à ce jour les importations, conduisant à un déficit commercial de plus de 12 % du PIB en 2018. Ce déficit est couvert par les IDE dans le secteur minier, par les transferts de la diaspora – effectués par des sociétés aux mains du parti au pouvoir et avec des méthodes relevant de l’intimidation, dénoncées comme telles par plusieurs pays européens, notamment les Pays-Bas, à l’encontre des membres des familles concernées restées en Érythrée – et par des sources de devises non officielles comme l’impôt de 2 % prélevé sur les revenus des travailleurs érythréens à l’étranger ou les recettes issues des activités de contrebande ou de trafic d’êtres humains. Ainsi, la balance courante érythréenne est largement positive, en moyenne à 14,3 % du PIB depuis 2011, et s’établirait à 10,1 % en 2020 contre 12,1 % l’année précédente.

4. Contexte géopolitique et gouvernance

En juillet 2018, un « accord de paix et de fraternité » a finalement été signé avec l’Ethiopie. Il marque la reprise des relations économiques entre les deux pays : réouverture de lignes aériennes, possibilité pour l’Éthiopie d’utiliser les ports érythréens, remise en place des télécommunications entre les deux pays (par Ethiotelecom dès le 9 juillet). Toutefois, les corridors routiers doivent toujours être réhabilités afin que les liaisons vers les ports érythréens se matérialisent. Signe de détente, le Conseil de sécurité de l’ONU, a décidé fin 2018, de lever l’embargo sur les armes et les sanctions contre l’Érythrée. Adoptée fin 2009, la résolution 1907 condamnait l’Érythrée pour le non-respect de la résolution 1862 concernant le différend frontalier avec Djibouti et son soutien aux mouvements islamistes rebelles en Somalie. La normalisation des relations avec l’Éthiopie ouvre de nouvelles opportunités, la libération d’un grand nombre d’appelés du service national devant en théorie permettre de renforcer les activités productives.

 

Il est difficile d’obtenir des informations claires sur les évolutions économiques et sociales d’un des pays les plus fermés au monde. La mission de suivi macroéconomique du pays qui était programmée en mai 2019 par le SE d’Addis-Abeba et le SER de Nairobi a par exemple été annulée, faute d’avoir obtenu les visas.

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