Climat : Une ambition climatique peu compatible avec les impératifs économiques du pays

L’Érythrée est un pays qui cumule toutes les fragilités structurelles classiques : politique, économique, sociale mais qui dispose cependant d’une ambition climatique. Après avoir ratifié des conventions internationales pour la protection de l’environnement, le pays a commencé à mettre en place des projets en faveur de l’environnement avec l’appui des bailleurs. Néanmoins, la situation économique fragile oblige le pays à prioriser des logiques économiques plutôt qu’environnementales.

L’Erythrée est un faible émetteur de gaz à effet de serre (GES) : ses émissions étaient de 7 480 kt CO2éq  en 2018 contre 3 690 en 1990, soit 0,02 % des émissions mondiales en 2018. Cela s’explique par la taille et le faible degré d’industrialisation du pays qui reste dominé par les services (59,0 % du PIB). Néanmoins, le pays est dépendant des énergies fossiles dans son mix énergétique - 91 %[1] de l’électricité produite.

Rapportées à la population, les émissions érythréennes s’élèvent à 0,2 tCO2èq par habitant et restent ainsi très en-dessous de la moyenne mondiale (4,5 tCO2èq). La majorité des émissions de GES en Erythrée sont liées à l’agriculture (en majorité au méthane lié à l’élevage - 49 % des terres conviennent au pâturage), suivie par la déforestation, la désertification, l'érosion des sols, le surpâturage et une perte importante de terres en raison de la présence de mines terrestres. Par ailleurs, la prévalence des exploitations minières, seule source majeure de revenus pour le pays, contribuent à alourdir son bilan carbone.

Le gouvernement érythréen (GoE) s'est engagé à réduire de 38,5 % les émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles d'ici 2030. A cet effet, des mesures ont été mises en place :

    • Avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le GoE a mis en place un projet de conservation de la biodiversité marine et insulaire côtière, conçu pour protéger l'ensemble de la zone côtière de l’Érythrée. Le projet a cependant été entravé par la politique continue du gouvernement en faveur de l'exploitation minière dans le pays, entravant la stabilité environnementale des régions montagneuses et côtières.

    • Le GoE a mis en place un programme de gestion environnementale intégrée pour garantir, d'ici 2040, que l'environnement naturel soit capable de répondre aux besoins de la population. À cette fin, des projets de protection de la biodiversité, de conservation des sols et de l'eau, de reboisement, d'établissement et d'expansion de zones de protection terrestres et marines, ainsi que l'utilisation durable de celles-ci, ont été mises en place.

    • Afin de réduire sa dépendance aux importations d’énergies fossiles (pétrole), le GoE a développé une stratégie pour lamélioration de laccès à l’électricité en 2014. Elle vise à atteindre un taux d’électrification de 100 % et un mix énergétique composé pour moitié d’énergies renouvelables d'ici 2030[2].Par ailleurs, lensoleillement du territoire permettrait un potentiel de production de 6 kWh/m² d’énergie solaire. Des parcs solaires ont vu le jour autour des barrages de Logo, de Misilam, mais aussi à Asmara (11 000 kWh/jour), à Areza (sur 0,6 Ha) ainsi qu’à Maidma (sur 1 Ha)[3]. Néanmoins, si l’Érythrée dispose dun fort potentiel en termes d'énergies renouvelables (éolien, solaire et géothermique) les financements manquent pour mener à bien les études de faisabilité.

    • Au niveau international, l’Erythrée a ratifié la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1995 et a préparé sa contribution prévue déterminée au niveau national (INDC) pour la période 2020-2030.


[1] IEA 2018

[2] Rapport d'assistance technique de l'UE pour l'initiative Énergie durable pour tous - Afrique orientale et australe.

[3] Le Ministère de l’Information annonce vouloir déployer un maillage national à travers la construction de centrales hybrides éoliennes et solaires à Dekemhare (10-30 MW) et Kerkebet (5 MW), une centrale éolienne à Assab (10 MW), des centrales solaires à Asmara, Adikeih, Debarwa et Barentu (10-20 MW), Gerset (5 MW) ainsi qu’une centrale hybride solaire diesel à Nakfa (2-3MW).

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