ÉGYPTE
Politiques sectorielles
La croissance de la population égyptienne, passée de 63 à 104 M entre 2000 et 2021, et les mutations sociales qui l’ont accompagnée appellent d’importants travaux d’infrastructures dans les domaines des transports urbains et interurbains, de l’électricité (production, transport, distribution) et de l’assainissement.
Le secteur des transports
Le métro du Caire est la réalisation phare de la coopération économique franco-égyptienne depuis les années 1980 avec l’octroi de plus de 2 Mds EUR de financements français et une participation des entreprises françaises à la construction (signalisation, génie civil, billettique, équipements de voirie et supervision) de l’ensemble des infrastructures utilisées quotidiennement par 3,5 M de personnes (Lignes 1, 2 et 3 phases 1 et 2).
L’Egypte met l’accent depuis quelques années sur le secteur des transports pour le développement économique du pays à travers plusieurs projets : ligne à grande vitesse mer Rouge–mer Méditerranée, projets ferroviaires régionaux, projets de transports urbains dans la région du Grand Caire et dans les villes secondaires, projets de connexion entre le Caire et la Nouvelle capitale administrative, développement de la filière automobile ou encore expansion du secteur portuaire pour tirer profit de son positionnement stratégique sur le Canal de Suez. Les entreprises françaises du secteur sont mobilisées sur une partie de ces projets du fait de leur présence historique.
Afin d’accompagner cette dynamique, la DG Trésor finance directement sur don (instrument FASEP – Fonds d’expertise et d’assistance technique au secteur privé) différents programmes d’amélioration du secteur des Transports : étude de faisabilité pour la future ligne 6 du métro du Caire, audit de sécurité de deux lignes ferroviaires représentatives du réseau et préconisations de modernisation, développement du vélo cargo électrique à Alexandrie. Ces projets sont issus de l’identification par le Service économique des besoins égyptiens en coordination avec les autorités égyptiennes et les entreprises françaises afin de mettre en valeur leurs solutions.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter les productions du Service Economique sur les infrastructures aéroportuaires et les besoins d'aéronefs en Egypte.
Le mix énergétique primaire égyptien se caractérise par une forte dépendance au gaz naturel, qui représente 59 % du mix en 2021, contre 34 % pour le pétrole, 3,6 % pour l’hydroélectricité, 2,6 % pour le solaire et l’éolien et 1,3 % pour le charbon. Cette place prépondérante du gaz, premier composant du mix depuis 2016, devrait augmenter à moyen terme au détriment du pétrole, dont l’Egypte cherche à diminuer les importations.
Avec les découvertes récentes en méditerranée orientale, l’Egypte dispose en effet de réserves de gaz de 2100 Mds de m³, les 16e réserves mondiales, et sa production ne cesse de s’accroitre (+16,3 % en 2021) pour atteindre désormais 67,8 Mds m³/an en 2021. Cette augmentation a permis au pays de redevenir autosuffisant en gaz naturel fin 2018 et de bénéficier d'un excédent de production électrique depuis la fin de l'année 2019. L'Egypte profite également de ses usines de liquéfaction pour exporter le gaz produit dans la région, notamment vers l'Europe.
La génération d’électricité a augmenté de 5,9 % entre 2020 et 2021 pour atteindre 210 TWh. Le mix électrique égyptien se caractérise lui aussi par une dépendance forte au gaz naturel (75,2 % en 2021).
Malgré le lancement de vastes programmes dans le secteur des énergies renouvelables qui ont permis une augmentation de 30 % de la génération d’électricité à partir d’énergies renouvelables entre 2017 et 2018, qui représente 12 % du mix électrique en 2021 (hydraulique inclu), encore loin de l’objectif de 20 % du mix électrique en 2022 et de 42 % en 2035.
L’importance accordée aux projets dans le secteur des énergies renouvelables, notamment pour l’éolien et le solaire dont le potentiel approximatif de production est estimé respectivement à 30 GW (contre 1,6 GW installés fin 2021) et 50 GW (contre 1,7 GW installés fin 2021) peut cependant permettre à moyen et long terme de réduire cette dépendance au gaz. Le Service économique accompagne les entreprises françaises impliquées dans les projets photovoltaïques, en particulier sur le projet de plus grand parc solaire au monde sur le site de Benban (1,46 GW d’ici 2020), mais également dans les projets de développement éolien, notamment dans le Golfe de Suez.
De même, les initiatives visant à réduire les pertes d’électricité injectée dans le réseau (actuellement environ 30%) grâce à la mise en place de centres régionaux de contrôle (programme de l'AFD) et de centres locaux de contrôle et de distribution peuvent permettre de limiter la consommation de gaz en Egypte à moyen terme et sont soutenues activement par le Service économique. Enfin, l’opération et la maintenance des nouveaux réseaux urbains présentent également un potentiel de rationalisation de la consommation important ainsi qu’une opportunité pour nos groupes et devrait se développer dans les prochaines années.
Le secteur des déchets
Selon le ministère de l’Environnement, l’Egypte produit chaque année 80 M de tonnes de déchets. Le manque de ressources financières et humaines a encouragé le développement de solutions de court terme, telles que le dépôt sauvage ou l’incinération des déchets, et l’émergence d’un secteur informel devenu un acteur essentiel de cette activité. Pour faire face à cette situation, une nouvelle loi a été approuvée en 2020. Elle prévoit notamment l’amélioration du cadre de gouvernance institutionnelle et encourage la participation du secteur privé.
Le Service économique soutient cet effort et met en avant les solutions françaises qui permettraient à l’Egypte d’améliorer le traitement des déchets municipaux et industriels.
Le secteur de l’eau
Sur le plan intérieur, l’économie de la ressource en eau est promue en Égypte comme objectif prioritaire dans les secteurs de l’agriculture (amélioration de l’irrigation), de l’eau potable (lutte contre les pertes sur le réseau de transport et de distribution) et de l’assainissement (réutilisation des eaux usées).
Sa consommation totale avoisine actuellement les 80 Mds de m³ par an. Avec une population croissante (104 M d’habitants en 2021, plus de 160 M d’ici 2050), cette ressource est l’un des facteurs limitants de l’économie égyptienne. Les ressources en eau potable de l’Égypte sont en effet inférieures à 650 m³/hab./an et selon la FAO, le pays devrait atteindre le seuil du stress hydrique absolu (moins 500 m³/hab./an) d’ici 2025.
Face au risque de baisse de ses ressources hydriques, le ministre du Logement, des Services et des Communautés urbaines a annoncé fin août 2020 un plan visant à sécuriser l’accès à l’eau. Il repose à la fois sur la rationalisation des ressources existantes et sur le développement de ressources alternatives, principalement via un recours accru au dessalement.
Ce plan doit permettre d’atteindre une capacité de production de 64 millions m³/j d’eau potable d’ici 2050. Chiffré à 134,2 Mds EGP (7,25 Mds EUR), il sera décliné en 6 plans quinquennaux couvrant la période 2020-2050. La première des six phases prévoit la construction sur 5 ans (2020-2025) de 47 unités ciblant une capacité de production de 2,44 millions de m³/j. pour 45,18 Mds EGP (2,4 Mds EUR).
Le Service économique accompagne les autorités égyptiennes et les entreprises françaises sur les thématiques du traitement de l’eau, de la mise à niveau des infrastructures et de la dessalement.
Le secteur du numérique
Le secteur numérique égyptien recouvre une pluralité d’enjeux et d’opportunités, de l’écosystème startups en passant par les infrastructures, les services numériques ou encore le e-commerce. Une fois de plus, l’Egypte se définit par des caractéristiques propres : la taille de son marché (plus de 105 M d’habitants), sa complexité administrative ainsi que la prépondérance du secteur public. L’Egypte se positionne comme une destination de référence sur la scène internationale de l’économie numérique : 3ème écosystème Fintech d’Afrique, 4ème pour les startups, 1ère de la région MENA et d’Afrique pour sa propension à attirer la localisation des services numériques en 2021 (externalisation des services d’entreprise, services informatiques, R&D et services de connaissance notamment).
La crise sanitaire a en effet eu un rôle de catalyseur sur le développement du secteur numérique, ce dernier étant par ailleurs fortement créateur d’emplois Le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC) a ainsi été l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie égyptienne au cours des cinq dernières années, avec une croissance à deux chiffres. Les autorités égyptiennes ont annoncé en juin 2020 un large plan visant à améliorer les infrastructures des services internet. La contribution du secteur numérique au PIB était de 3 % en 2020, et le gouvernement égyptien vise à la porter à 8 % d'ici 2024.
Dans cette dynamique, la stratégie Vision 2030 mise en œuvre par les autorités depuis 2016, définit pour objectif final la construction d'une « Égypte numérique » via trois piliers : la transformation numérique, les compétences/emplois numériques, et l'innovation numérique. En particulier, les efforts des autorités pour faire du pays une plateforme régionale en matière de numérique et augmenter les recettes d’exportations de services numériques semblent porter leur fruit. L’Égypte présente en effet trois principaux avantages comparatifs : (i) un coût de main-d’œuvre compétitif, (ii) une population multilingue et éduquée aux sciences numériques, et (iii) une localisation géographique stratégique due à son fuseau horaire très proche de celui de l’Europe.
Les entreprises françaises représentent 12 % du marché égyptien des TIC. Le Service économique soutien leur développement et contribue au renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine des startups et de l’intelligence artificielle.
Le secteur agricole
Secteur clé pour l’économie égyptienne, employant près de 30 % de la population, l’agriculture en Égypte est confrontée à de nombreux défis.
- Les surfaces agricoles se limitent aux différents bassins hydriques, sur 4 % du territoire. Le Programme mondial d’évaluation des ressources en eau des Nations unies classe l’Égypte dans la catégorie des pays souffrant de pénurie d’eau. Cette situation devrait empirer avec la croissance démographique du pays, les tensions géopolitiques sur la gestion du Nil en amont (mise en eau du grand barrage de la Renaissance en Éthiopie) et le déréglement climatique, alors même que 95 % des cultures sont irriguées.
- Ces facteurs limitants rendent le pays dépendant des importations dans le secteur agroalimentaire (23 % des importations totales du pays), notamment de blé pour le pain baladi, élément clé du contrat social égyptien.
- Le gouvernement du président Al-Sissi, en place depuis 2014, consent d’importants efforts, au travers d’investissements massifs pour améliorer l’efficience et la productivité de son agriculture et, par ailleurs, d’une intégration croissante aux marchés mondiaux permettant d’attirer les capitaux étrangers. C'est le cas notamment du secteur des engrais, second excédent commercial de l'Egypte en 2021.
- La hausse du niveau d’autosuffisance alimentaire se présente comme un des défis majeurs de l’Égypte pour les prochaines décennies dans un contexte de très forte croissance démographique.
Pour plus d'informations, veuillez consulter la fiche pays publiée sur le site du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Le secteur de la santé
Crucial pour l'économie égyptienne, le secteur de la santé subit une transformation profonde depuis la mise en place progressive de l'assurance maladie universelle (AMU) en 2018. L'AMU, qui vise à répondre aux enjeux de croissance démographique et de hausse de la pauvreté, devrait couvrir l’ensemble du pays d’ici 2032 et est actuellement mise en œuvre dans divers gouvernorats.
Cette mutation du système de santé implique un renforcement considérable de l’offre de soin, notamment dans les hôpitaux, la médecine généraliste étant peu développée en Egypte. Le paysage hospitalier en Egypte est réparti entre 1100 hôpitaux privés et 665 hôpitaux publics et parapublics (universitaires, militaires et de police), qui concentrent 72 % de la capacité de lits du pays en raison de leur taille. Les besoins en investissement sont toutefois significatifs - 38 000 nouveaux lits pour maintenir le taux actuel par habitant - et continueront d'augmenter pour accompagner une population dont la croissance démographique annuelle s'élève à 1,7 %.
De surcroît, la pandémie de Covid-19 a rappelé l’importance d’une autonomie en matière de production pharmaceutique. Forte d’une capacité de production robuste et d’une consommation dynamique, l’Égypte dépend néanmoins considérablement de l’importation des intrants nécessaires à la fabrication. L'industrie pharmaceutique en Égypte se distingue par une production nationale qui couvre près de 90 % des besoins du pays, le marché étant estimé à 6,2 Mds USD en 2023 (les ventes en 2022 se sont établies à 5,5 Mds USD, +106 % par rapport à 2021). Cette production s’appuie sur 170 usines de médicaments et 40 en construction, auxquelles viennent s’ajouter 500 unités de production de cosmétiques et 300 usines d’équipements médicaux.
Le Service Économique apporte son soutien aux autorités égyptiennes dans la modernisation de leur système de santé et accompagne les entreprises françaises engagées dans le secteur, que ce soit dans la production de matériel et produits médicaux, ou divers autres domaines (assurance privée, transformation numérique, etc.).
Pour plus d'informations, nous vous invitons à consulter les productions du Service économique concernant :
- Le secteur du tourisme
- Le secteur industriel, en particulier l'industrie sidérurgique, les matériaux de construction ou l'industrie textile
- L'éducation, en particulier la formation technique et professionnelle ou l'enseignement supérieur
- Le secteur immobilier
- Le secteur laitier
- Le secteur assurantiel