Djibouti souhaite s’affirmer comme plateforme régionale d’importation et de redistribution de produits pétroliers

Djibouti ne possède pas de ressources en hydrocarbures, à ce jour aucune réserve de pétrole ou gaz naturel n’a été prouvée, malgré des recherches débutées en 2011. Djibouti est néanmoins un acteur central pour le transport d’hydrocarbures : tous les produits pétroliers distribués en Ethiopie sont importés via Djibouti. En 2020, les hydrocarbures représentaient 29,5 % du total du volume du trafic portuaire du pays. Afin de faire face à la demande croissante en hydrocarbures et produits transformés en Ethiopie, le gouvernement djiboutien souhaite améliorer et augmenter ses infrastructures pétrolières. Le pays a également conclu un accord avec son voisin éthiopien visant la construction d’un gazoduc permettant d’acheminer le gaz naturel découvert en Ethiopie vers les ports djiboutiens. 

 

Dépourvu de ressources en hydrocarbures, Djibouti est un point de passage central pour le transport d’hydrocarbures

Djibouti ne détient pas de réserves prouvées d’hydrocarbures. L’exploration à Djibouti a commencé en septembre 2011 avec la signature d’un contrat de partage de production entre le gouvernement et l’entreprise canadienne Oyster Oil and Gas limited. La compagnie s’est vue attribuer quatre blocs, onshore et offshore, représentant une surface d’environ 1,4 M ha. Après plusieurs années d’études exploratoires et des difficultés financières de l’entreprise, la présence de réserves d’hydrocarbures n’a pour l’instant pas pu être prouvée.

 

Le pays est totalement dépendant des importations de produits pétroliers. La gestion du secteur est assurée par la Société internationale des hydrocarbures de Djibouti (SIDH), société publique créée en 2015 et dont la mission est d’assurer l’importation des hydrocarbures et dérivés dans les meilleures conditions de prix et de développer le secteur au niveau national. La SIDH sécurise l’approvisionnement en carburants et garantit la qualité des produits pétroliers importés via ses dépôts de stockage. Elle gère l’exploitation de la fourniture des produits pétroliers et dérivés de la raffinerie de Djibouti dans tous les secteurs d’activités. Elle est également habilitée à prendre des participations dans le capital des industries de transformation de pétrole brut en produits finis.

 

Djibouti dispose d’une position stratégique à la croisée du continent africain et de la péninsule arabique et souhaite devenir une plateforme régionale d’importation et de redistribution de produits pétroliers et dérivés. Le détroit de Bab El-Mandeb est le quatrième point de passage maritime mondial dans le transport d’hydrocarbures. La totalité des carburants distribués en Ethiopie sont importés depuis Djibouti et les besoins de l’Ethiopie en hydrocarbures et produits transformés sont en forte croissance (+15-20 % sur un an). Les importations de pétrole transitent par le port de Doraleh, construit en 2006 par le groupe émirati Horizon Terminal. Il comprend une capacité de stockage de 377 000 m3 de pétrole. En 2019, les importations d’hydrocarbures de Djibouti s’élevaient à 402,6 M USD, soit environ 10 % du total des importations du pays. Le trafic portuaire d’hydrocarbures représentait 4,2 M de tonnes métriques en 2020, soit 29,5 % du total du trafic portuaire, après 4,4 M en 2019 (27,2 %).

 

TotalEnergies était actif à Djibouti et premier distributeur de produits pétroliers du pays jusqu’en 2015. En 2015, le groupe français Rubis Energie a remporté l’appel d’offres pour la reprise des actifs et du fonds de commerce de la marque Total à Djibouti. Rubis Energie est présent sur l’ensemble des segments de marché : réseau de stations-service, aviation, commercial, marine et lubrifiants. Rubis Energie possède un dépôt aviation et 10 stations-service à Djibouti.

 

Les prix du carburant à la pompe à Djibouti sont parmi les plus élevés de la région : 200 FDJ/L (1 EUR/L) pour le diesel et 305 FDJ/L (1,53 EUR/L) pour l’essence, plus élevé qu’en Ethiopie (0,52 EUR/L pour le diesel ; 0,57 EUR/L pour l’essence), au Kenya (0,89 EUR/L ; 1,04 EUR/L) ou au Soudan (0,63 EUR/L ; 0,72 EUR/L)

 

Pour faire face à l’augmentation des besoins en hydrocarbures dans la région, Djibouti investit dans ses infrastructures pétrolières

Le pays investit pour améliorer ses infrastructures pétrolières, dont la construction d’un parc industriel à Damerjog, qui comprend un port pétrolier. Le projet du Djibouti Damerjog Industrial Park ou DDID s’inscrit dans le cadre d’un prêt de 120 M USD via l’Afrexim Bank et piloté par le marocain SOMAGEC, en lien avec le sous-traitant français Négri. Ce projet, inauguré en septembre 2020 a pour vocation de se doter : i) d’un espace de stockage, ii) d’une raffinerie, iii) d’une centrale électrique, et iv) de logements.

Les travaux de construction de la nouvelle jetée, confiés au groupe marocain Somagec, ont débuté en septembre 2020. Ce port comprendra deux quais : un quai destiné à accueillir les navires d’une capacité de 2 000 à 30 000 tonnes de pétrole lourd et un quai pour accueillir les navires de 5 000 à 100 000 tonnes de pétrole lourd. Le port pétrolier de Damerjog aura une capacité de traitement annuel de plus de 13 M tonnes et une capacité de stockage de plus de 750 000 m3. SOMAGEC a remporté le contrat de construction du premier terminal de stockage du Park Industriel de Damerjog, avec une capacité de 150 000 m3 dans la première phase.

 

Djibouti a conclu début 2019 un accord avec l’Ethiopie pour la construction d’un gazoduc de 767 km de long, permettant de transporter le gaz naturel éthiopien vers les ports de Djibouti. Le gaz (découverte de ressources de 200 à 225 M de m3 de gaz naturel) serait extrait de la région Somali, à l’est de l’Ethiopie, et transporté à Djibouti via ce gazoduc, où il serait liquéfié puis exporté par voie maritime. Ce gazoduc sera construit par le groupe chinois Poly-GCL – une coentreprise formée par l’établissement public China POLY Group Corporation et la holding Golden Concord Group, basée à Hong-Kong – à l’origine des découvertes de réserves de gaz naturel en Ethiopie. Le groupe chinois avait signé dès 2017 un mémorandum avec le gouvernement djiboutien dans lequel il s’engageait à investir 4 Mds USD pour construire ce gazoduc ainsi qu’une usine de liquéfaction de gaz et un terminal d’exportation à Damerjog. Depuis la conclusion de cet accord, le projet a peu progressé, en lien notamment avec l’instabilité politique et économique dans la région.

 

 

Figure 10 : Projet Djibouti Damerjog Industriel Development (DDID)

 (Source : AFREC, 2018)

 Projet Djibouti Damerjog Industriel Development (DDID)   (Source : AFREC, 2018)

 

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