COLOMBIE – En 2023, des IDE dynamiques voilant des déséquilibres externes.

 

Crédits: Ken Teegardin. Flickr

Les IDE entrants rebondissent et atteignent 17,2 Md USD en 2023 (+1,5 % sur l’année, à 4,8 % du PIB). Les États-Unis sont le principal investisseur étranger, représentant un tiers des flux totaux, suivis par l'Espagne et Anguilla tandis que la France est en neuvième position. Les IDE colombiens à l’étranger diminuent structurellement (-85 % entre 2013 et 2023). Pour finir, malgré d’importantes entrées nettes d’IDE, les sorties nettes de capitaux en portefeuille, à hauteur de 8,65 Md USD détériorent la balance financière colombienne

1. En 2023, les IDE entrants ont été dynamiques et persistent à leur plus haut niveau.

Le flux d’IDE entrants augmente en 2023, à 17,2 Md USD (4,8 % du PIB, +1,5 %) et vise principalement le secteur financier et commercial. Ainsi, malgré un repli des IDE entrants au cours de l’année 2020 (-46 %), les IDE ont rebondi en 2022 (+80 % sur l’année) et continuent d’augmenter depuis. Ils ont augmenté de 264 M USD en 2023 (cf. Graphique 1). Malgré l’importance historique du secteur dans l’équilibre externe colombien[1], les IDE entrants dans le secteur pétrolier diminuent depuis 2012 passant de 36,2 % du total des IDE entrants en 2012 à seulement 15,5 % en 2023 (Cf. Graphique 2).  Depuis 2020, le secteur le plus attractif pour les investisseurs étrangers est devenu celui des services[2]. Le secteur des mines et des carrières (19,2 % des IDE en 2023) ainsi que le secteur manufacturier (17,8 %) sont également attractifs (Cf. Graphique 3). Malgré un contexte jugé incertain, la part des bénéfices liées aux IDE réinvestis n’a pas baissée (cf. Graphique 4). Au T1 2024, ce type d’IDE totalisent 1,1 Md USD (30 %) tandis que les nouveaux investissements sont de l’ordre de 2,1 Mds USD (59 %). Les 11 % restant proviennent d’acquisition par des acteurs étrangers d’instruments de dettes[3].

 2. La France occupe la 9e place dans le flux entrant d’IDE sur l’année, à  311 M USD et du 1,8 % du flux total.

La France est ainsi le 3e investisseur de l’Union Européenne en Colombie. Depuis 10 ans, les Etats‑Unis sont la 1e source d’IDE. En 2023, les flux en provenance des Etats‑Unis représentent un tiers des flux totaux. L’Espagne est également un soutien traditionnel à l’économie colombienne et est le 2e apporteur d’IDE en 2023. La 3e place revient à Anguilla[4] puis l’Angleterre, la Suisse, le Mexique, le Canada, les Pays-Bas et enfin la France. Le flux d’investissement annuel moyen de la France en Colombie est resté faible ces 10 dernières années, à 221 M USD avec un maximum en 2013 à 532 M USD (Cf. Graphique 5). En termes de stock d’IDE[5], la France est 14ème avec un investissement total de 3,1 Md USD. Ce décalage s’explique par la présence de paradis fiscaux parmi les investisseurs traditionnels de la Colombie[6].

 3. Si les flux entrants d’IDE sont importants, ils sont partiellement contrebalancés par les sorties nettes de capitaux en portefeuille.

Les sorties nettes de capitaux en portefeuille pèsent sur la balance financière. En effet, en 2023, le compte financier enregistre un financement net externe de 8,8 Md USD (2,4 % du PIB). Les entrées nettes d’IDE s’élevant à 16,2 Md USD ont été la principale source de ce financement. Les produits dérivés et autres investissements ont également enregistré des entrées nettes de capitaux (resp. 2,5 Md USD et 0,4 Md USD). Les sorties nettes de capitaux en portefeuille (-8,7 Md USD soit déjà la moitié des entrées nettes) sont ainsi responsables de la dégradation de la balance financière. L’importance de ces sorties pourrait refléter la prise en compte par les investisseurs étrangers de l’incertitude de la gestion, par l’administration Petro, des finances publiques. Cette analyse se retrouve également dans le niveau des spreads souverains (Cf. Graphique 6). Le financement externe présenté dans la balance financière (y/c réserves) en 2023 s’est très nettement dégradé vs. 2022 passant de 20,5 Md USD en 2022 à 8,9 Md USD soit une baisse de près de 60 %. Néanmoins – pour mémoire – le financement net externe avait été exceptionnellement élevé en 2022, en lien notamment avec un solde net libellé comme « autres investissements[7] » s’élevant à 8,4 Md USD (Cf. Graphique 7).

 4. Les flux d’IDE colombiens à l’étranger poursuivent quant à eux leur tendance baissière.

Au cours de l'année 2023, les flux d'IDE sortants ont atteint 1,2 Md USD, en baisse de -2,2 Md USD par rapport à 2022 (total de 3,4 Mds USD). Malgré ces mouvements conjoncturels, la tendance structurelle des IDE sortants est celle d’une importante diminution (-85 % entre 2013 et 2023, Cf. Graphique 8). Les investissements se sont principalement dirigés, en 2023, vers le secteur manufacturier (58 %), de la restauration et de l’hôtellerie (16 %) et celui des services financiers et services aux entreprises (14 %). Cette même année, les principaux pays bénéficiaires des IDE colombiens ont été le Panama (pays refuge) et les États-Unis. En termes de stock d’IDE[8], le Panama occupe également la première place, avec un investissement total de 8,8 Md USD (18,3 % du stock total) puis l’Espagne (7,4 Md USD), le Chili (5,3 Md USD), l’Angleterre (4,5 Md USD) et les Etats-Unis (4,3 Md USD). La France se classe parmi les derniers pays bénéficiaires. En 2023, le flux d’IDE vers la France s’élevait à 10,8 M USD mais le stock d’IDE colombien en France apparait déficitaire depuis 2010 (-1,2 M USD).



[1] Le secteur pétrolier représente 25, 4 % des exportations de la Colombie en moyenne sur les 10 dernières années.

[2] Les IDE du secteur des services (financiers et aux entreprises) proviennent a priori des bénéfices réinvestis par les banques étrangères.

[3] Titres négociables comme les obligations ou les actions préférentielles sans titre de participation.

[4] Paradis fiscal, à la source les investissements proviennent d’autres pays.

[5] Calculé en sommant les flux entre 2010 et 2023.

[6] Les Bermudes, les Îles Caïman, les Îles Vierges Britanniques et la Barbade occupent les 10e, 11e, 12e et 13e places.

[7] Autres fonds propres, numéraire et dépôts, prêts, assurances et pensions, crédits commerciaux et avances, autres comptes à recevoir, droits de tirage spéciaux.

[8] Référentiel 2010-2023

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