COLOMBIE – Baisse des IDE en 2024, liée au recul des investissements dans les secteurs traditionnels du pétrole et des mines

Calculatrice et feuilles de compte

En 2024, les IDE en Colombie se sont élevés à 14,2 Md$, en diminution de -15 % par rapport à 2023. Le premier pays source d’IDE était les Etats-Unis, à hauteur de 39 % du total (5,5 Md$, -15 % par rapport à 2023), suivis par l’Espagne (20 % du total, 2,8 Md$, +25 %). Les IDE français se sont chiffrés à 300 M$, soit 2,1 % du total. Quatre secteurs ont attiré près de 75 % des flux d’IDE en 2024 : les services financiers (33 % du total, +66 %), le secteur pétrolier (16 %, -26 %) l’industrie manufacturière (14 %, -33 %) et les commerces, restaurants et hôtels (13 %). La Chine est faiblement présente en tant qu’investisseur étranger en Colombie, tant en flux qu’en stock. Son statut d’investisseur pourrait toutefois évoluer dans le cadre de la signature par le Président Petro d’une feuille de route vers l’adhésion aux Nouvelles routes de la soie en mai 2025, et dans le cadre d’un positionnement accru des entreprises publiques chinoises sur les grands projets d’infrastructure en Colombie, au premier rang desquels le métro de Bogotá.

1. Avec 14,2 Md$ d’IDE entrants, la Colombie enregistre une baisse de -15 % (‑2,6 Md$) de ses entrées d’IDE en 2024.

Après une baisse importante lors de la pandémie de Covid-19 (-47 % en 2020) et une reprise en 2021 (+28 %), les IDE en Colombie ont connu un fort rebond en 2022 (+180 %), avant de décroître à nouveau (-17 % entre 2022 et 2024). En 2024, ils se sont élevés à 14,2 Md$, en diminution de -15 % par rapport à 2023 (16,8 Md$). Les flux d’IDE en 2024 sont à 52 % issus de prises de participation au capital (i.e. nouveaux IDE), à 31 % en lien avec le réinvestissement des bénéfices et à 18 % liés à des instruments de dette. Cette répartition est en ligne avec la moyenne depuis 2010 (cf. graphique 2).

En 2024, les IDE se sont principalement orientés vers quatre secteurs, expliquant près de 75 % des flux (cf. graphiques 3 et 4).

  • Les activités financières et aux entreprises (4,4 Md$, 32 % du flux d’IDE entrants) ont fortement augmenté de +66 %, après avoir reculé de -55 % en 2023.
  • Les secteurs minier et pétrolier (3,61 Md$, 16 % du flux d’IDE entrants). Le secteur pétrolier a enregistré une diminution de -26 % (à 2,25 Mds$), après une augmentation de +7 % en 2023. Par ailleurs, après avoir quasiment triplé en 2023 (+189 %, atteignant 3,4 Md$), les IDE entrants dans le secteur minier (y/c le charbon) baissent de -60 % en 2024, à 1,36 Md$.
  • L’industrie manufacturière (2,0 Md$, 14 % du flux d’IDE entrants, -33 %, après +97 % en 2023).
  • Les secteurs du commerce, de la restauration et de l’hôtellerie (1,8 Md$, 13 %). Le secteur voit ses IDE croître de +29 % en 2024, le ramenant presque à son niveau prépandémique.

2. La baisse d’entrée d’IDE est principalement liée à la chute des IDE dans les secteurs minier et pétrolier (-2,9 Md$).

Le secteur est confronté à un désengagement progressif de plusieurs compagnies étrangères (Shell, BP, ConocoPhillips, Chevron, Repsol). Ces départs sont justifiés par ces entreprises par des volumes de gaz et de pétrole découverts inférieurs aux attentes, l’insécurité dans des zones stratégiques, la dégradation des infrastructures et la lenteur des démarches administratives. De plus, le ralentissement des efforts d’exploration contribue à l’essoufflement de la production et des exportations pétrolières, laissant présager un déclin progressif de la production d’hydrocarbures et un moindre attrait pour des investissements étrangers.

L’Association Colombienne de Pétrole et de Gaz prévoit que l’investissement dans les activités d’exploration atteindra 0,7 Md$ en 2025, soit ‑18 % vs. 2024. Cette baisse pourrait avoir des effets importants pour la Colombie, alors que le pétrole occupe une place majeure dans l’économie du pays : entre 2019 et 2023, le secteur pétrolier a représenté en moyenne 33 % des exportations, 14 % des IDE, et 9 % des recettes de l’État.

Les secteurs manufacturier (-1,0 Md$) et transports/communication (‑0,4 Md$) ont également moins reçus d’IDE en 2024, marginalement compensés par une hausse des IDE entrants en services financiers/administratives (+1,7 Md$) et commerces, restaurants et hôtels (+0,4 Md$).

3. Les États-Unis et l’Espagne sont les principaux investisseurs étrangers en Colombie, la France était le 9e investisseur en flux en 2024, et le 14e en stock. 

Le stock total des IDE en Colombie s’est élevé à 270 Md$ entre 1994 (début de la série) et 2024. Le premier détenteur de ces stocks était les Etats-Unis (60 Md$, 22 % du total), suivis par l’Espagne (33,2 Md$, 12 %) et le Panama (29,9 Md$, 11 %). En termes de flux, les Etats-Unis restent le premier investisseur à hauteur de 39 % des flux entrants totaux en 2024 (5,5 Md$, -15 % par rapport à 2023), suivis par l’Espagne (20 % des flux entrants, 2,8 Md$, +25 %). En 2024, ces deux pays représentaient près de 60 % des IDE totaux en Colombie.

La France occupait la 12ème place, avec 4,9 Md$ de stock d’IDE, soit 1,7 % du total. Les cinq premiers investisseurs européens (Espagne, Suisse, Angleterre, France et Allemagne) représentaient 31 % des flux d’IDE entrants, pour un montant de 4,4 Md$ (-16 % par rapport à2023, cf. graphique 7)Les flux d’IDE français ont atteint 0,3 Md$ en 2024 (+10 %), soit 2,1 % du total, plaçant la France au 9ème rang des pays investisseurs en Colombie (après avoir été 7ème en 2023 ; son rang variant entre le 10ème et le 7ème depuis plusieurs années). Ce chiffre est supérieur de 41 % à la moyenne 2010-2023 (0,2 Md$).

Les flux d’IDE chinois restent encore marginaux : ils ont atteint 0,15 Md$ en 2024, soit 1,1 % du total, plaçant Pékin au 12ème rang. Malgré une part très faible, leur augmentation est notable : ils ont plus que doublé depuis 2020 enregistrant une hausse de +134 % (cf. graphique 6).

Avec 1,0 Md$ de stock d’IDE, la Chine occupe la 20ème placeCependant, la place de la Chine pourrait s’accroitre ces prochaines années alors que la Colombie a rejoint l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie en mai 2025, lors d’une visite du président Petro à Pékin. Cet accord la présence croissante de Pékin dans le secteur des infrastructures colombien (métro de Bogotá notamment) pourraient faire augmenter ses IDE dans le pays.

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