Echanges bilatéraux entre la France et la Chine

Echanges de biens

Malgré des ventes aéronautiques qui peinent à retrouver leur niveau pré-covid, les exportations françaises vers la Chine ont enregistré de bonnes performances en 2021, en particulier grâce au dynamisme de l’agroalimentaire, la maroquinerie, la chimie et la pharmacie. Les importations en provenance de Chine ont également progressé dans tous les secteurs, en lien avec la reprise de la consommation des ménages en France. Le déficit commercial français vis-à-vis de la Chine a atteint 39,6 Md€ à comparer à 38,9 Md€ en 2020 et 32,3 Md€ en 2019.

Les exportations françaises vers la Chine ont baissé en 2022 : -1,3 % à 24,1 Md€ selon les douanes françaises. Ce bond s’explique par :

(i) un effet de base: nos exportations avaient augmenté de 37,3 %  en 2021;

(ii) la réduction des exportations du secteur agricole et agroalimentaire (-13,2 % à 3,7 Md€[1] ; -15,1 % en g.a. au S1[2]) qui a été pénalisé par la baisse de la consommation en Chine (-0.2 % en valeur pour la consommation réelle en 2022) dans le contexte des blocages enregistrés dans les ports, et des confinements - partiels ou généraux – tout au long de l’année. Les  exportations de céréales (-38,3 % à 731 M€) ont chuté à cause des mauvaises récoltes en France, et les ventes de viande (-29,1  à 358 M€) ont baissé du fait de l’effondrement des cours du porc[3]. Les exportations de vins (-4,8 % à 532 M€) se sont plutôt bien maintenues, malgré la baisse de la consommation domestique ; la France conserve sa place de premier fournisseur dans ce secteur pour la deuxième année consécutive.

(iii) la lenteur de la reprise des ventes aéronautiques(+2,4 % à 4,6 Md€), de loin le premier poste de nos exportations en Chine (plus d’un tiers de nos exportations pré-covid avec 7,4 Md€ d’exportation en 2019 ; 19 % en 2022). L’an dernier, Airbus a livré 112 appareils à des clients chinois (contre 142 en 2021), dont 92 appareils de la famille A320 (issus des usines de Tianjin, Hambourg et Toulouse) et 16 A350. La commande de plus de 37 Md$ d’appareils Airbus annoncée le 1er juillet 2022 par trois compagnies chinoises portant sur des livraisons devant avoir lieu entre 2023 et 2027 devrait avoir une incidence positive sur les chiffres des exportations aéronautiques en 2023, même si certaines livraisons d’appareils long-courrier sont encore conditionnées à la signature d’un « general terms agreement » .

Les exportations de luxe[4] ont résisté en 2022 (+2,0 % à 6,3 Md€), et ont plus que doublé par rapport à 2019.

La part de marché de la France en Chine [5] est en baisse (1,3 %, contre 1,5 % en 2021 et 1,6 % en 2019) ; loin derrière celle de l’Allemagne (4,1 %, en baisse également). Nos entreprises sont bien positionnées dans les secteurs du vin et des spiritueux (1er fournisseur), de l’aéronautique (2e derrière les États-Unis), des cosmétiques (2e derrière le Japon) et des produits pharmaceutiques (4e derrière l’Allemagne, l’Irlande, et les États-Unis). Pour l’agroalimentaire, la France est le 11e fournisseur de la Chine (8e en 2021).

Les importations françaises de biens chinois ont bondi en 2022 : +20,7 % à 77,7 Md€ (+12,8 % en 2021). Cette hausse s’explique en premier lieu par la reprise de la consommation des ménages en France se traduisant par des achats de matériel électrique (+25,0 à 10,1 Md€) et de produits informatiques et électroniques (+16,3 % à 21,7 Md€), dont les téléphones (+15,2 % à 7,4 Md€), les cartes électroniques (+68,6 % à 2,1 Md€), et les ordinateurs (+10,4 % à 8,0 Md€). La hausse de nos importations de textile et d’habillement (+20,0 % à 11,6 Md€) a été importante, ainsi que celle pour le secteur automobile (+46,4 % à 2,0 Md€). Les importations dans les autres principaux postes ont également enregistré une croissance élevée, en lien avec la reprise de l’industrie (+70,3 % 3,1 Md€ pour les produits chimiques). Dans tous ces secteurs, les achats en provenance de Chine sont bien plus élevés qu’avant la crise sanitaire. 
 
Echanges de services

Dans les services, la France est excédentaire vis-à-vis de la Chine : en 2021, son excédent a atteint 6,1 Md€, en hausse par rapport à 2020 (2,6 Md€) et 2019 (5,2 Md€), malgré la chute des dépenses des touristes chinois sur le territoire français depuis le début de la pandémie.

 

Investissements croisés

I - Investissements français en Chine

La présence française en Chine est ancienne ; les entreprises françaises s’y sont très tôt impliquées dans des projets emblématiques. 2085 entreprises françaises, essentiellement des grands groupes, étaient présentes en Chine en 2020, employant près de 307 000 personnes (chiffres OFATS/Eurostat). La France est le premier investisseur européen en terme de nombre d’entreprises, mais l’Allemagne occupe la première position en terme de chiffre d’affaires généré (192 Md€ pour l’Allemagne, 72 Md€ pour la France en 2020). La majorité des investissements français est concentrée autour des provinces côtières et des grandes métropoles. Cette présence est très diversifiée parmi les secteurs (agroalimentaire, industrie, transports, urbanisation, grande distribution, services financiers) et les modes d’implantation varient (capitaux 100 % français ou co-entreprise avec un partenaire chinois). D’après la Banque de France, le stock des investissements français en Chine  a agumenté en 2021 (27 Md€ en 2019 ; 30 Md€ en 2020 ; 32 Md€ en 2021).

 

II - Investissements chinois en France

Les investissements chinois dans le monde ont connu récemment une progression fulgurante, de 18 Md$ de moyenne annuelle entre 2005 et 2007 à plus de 200 Md$ en 2016. Néanmoins, en 2017, en conséquence de mesures visant à contrôler les sorties de capitaux et à encadrer la politique d’investissement à l’international des groupes chinois, une réduction de moitié des flux sortants d’IDE a pu être observée : selon les statistiques du ministère du Commerce, les investissements sortants de la Chine sont passés de 196 Md$ en 2016, à 143 Md$ en 2018, 137 Md$ en 2019, 133 Md$ en 2020 et 145 Md$ en 2020. Si le stock d’investissements chinois à l’étranger progresse (les Nations unies font état d’un stock de 2 582 Md$ en 2021, hors Hong Kong qui détient pour sa part un stock d’IDE de 2 082 Md$) et se situe désormais devant le stock français (1 545  Md$) ou allemand (2 141 Md$) ; il reste encore loin derrière le stock américain (9 814 Md$).

En France, le stock des IDE chinois représentait, d’après la Banque de France, seulement 3,0 Md€ en 2021, soit 0,4 % des stocks totaux d’IDE (5,8 Md€ et 0,7 % du total en incluant Hong-Kong), mais ce chiffre pourrait être très en-deçà de la réalité en raison de la part des investissements passant par des canaux opaques (paradis fiscaux ou sociétés écrans dans des pays tiers – le stock s’élève déjà à 8,6 Md€ d’investissements chinois en 2021 en prenant en compte les  « investisseurs ultimes »*). Le rapport 2021 de Business France sur les IDE en France recense, pour 2021, 53 projets d’investissements chinois en France, contribuant à la création ou au maintien de 2 169 emplois (+ 28 % par rapport à 2020).

L’attrait d’un grand marché très bien connecté au reste de l’Europe reste une motivation essentielle pour de nombreuses entreprises chinoises, de même que le souhait d’acquérir des technologies avancées et des marques. Elles sont ainsi nombreuses à choisir la France pour y implanter des centres de R&D et tirer parti d’une main d’œuvre qualifiée et de la présence de clusters technologiques. Des entreprises en difficulté ont aussi été reprises par des groupes chinois. Enfin, l’implantation à Paris de quatre banques chinoises est aussi motivée par la proximité du continent africain.


[1] Les chiffres des douanes françaises ne tiennent pas des flux de Cognac exportés via Singapour (environ la moitié du total des exportations de Cognac).

[2] Du fait notamment des confinements dans 45 villes représentant 40 % du PIB au printemps.

[3] La Chine a connu une surproduction de viande de porc, suite à la reconstitution de son cheptel après l’épisode de peste porcine africaine et des investissements massifs dans ce secteur. Le prix du porc importé par la Chine depuis la France est passé de 3,0$/kg en 2021 à 2,4$/kg en 2022 (chiffres des douanes chinoises).

[4] Boissons, parfums, cosmétiques, cuir, bagagerie, bijouterie, joaillerie et objets d’art.

[5] Données douanes chinoises

* Mesure prenant compte de l’investisseur en bout de chaîne.

** Pour un suivi plus assidu de la politique commerciale chinoise et des relations économiques bilatérales, nous vous invitons à vous abonner à nos publications régulières ou à consulter nos productions plus approfondies.

Publié le