CANADA
Commerce extérieur : le Canada renoue avec un solde commercial déficitaire
NB : cette fiche s’appuie sur les données canadiennes de Statistique Canada, en date de février 2025.
Après deux années de forte croissance et d’excédent commercial sur la balance des biens en 2021 et 2022, le Canada affiche en 2024 une balance commerciale déficitaire (-7,2 Md CAD ; 4,8 Md€). Le commerce extérieur a peu évolué (+1,9% pour les importations et +1% pour les exportations), avec toutefois des disparités fortes selon les secteurs. Les Etats-Unis restent toujours, et de loin, le premier partenaire commercial du Canada, ce qui relativise la volonté de diversification commerciale affichée ces derniers temps par les autorités canadiennes en réponses aux tensions avec les Etats-Unis.
Après un fort dynamisme dans la période postpandémique, les exportations canadiennes n’ont que très légèrement augmenté en 2024
Les exportations canadiennes, évaluées par Statistique Canada[i] à 778 Md CAD (516 M€) en 2024, sont en légère augmentation. Après deux années post-covid (2021 et 2022) de forte augmentation (+22% par an), la dynamique est beaucoup plus timorée en 2024. Les exportations ont augmenté de 1% atteignant 778 Md CAD (516 Md€), soit tout de même le deuxième niveau le plus élevée après l’année exceptionnelle de 2022. Les Etats-Unis restent le premier débouché du Canada (591 Md CAD ; 392 Md€ ; 76% des exportations canadiennes) : les produits énergétiques représentent près d’un tiers des exportations canadiennes à destination des Etats-Unis. Les exportations de pièces automobiles arrivent en deuxième position (15% des exportations vers les Etats-Unis), en raison de la forte intégration de la chaine de valeur de cette industrie entre les deux pays. A l’exception de l’Union européenne (4,4% des exportations canadiennes), de la Chine (3,9%), du Royaume-Uni (3,8%), du Japon (1,9%) et du Mexique (1,2%), aucun autre pays ne représente plus d’1% des exportations canadiennes. Les exportations vers le Royaume-Uni ont fortement augmenté (29,5 Md CAD, 20 Md€ ; +82% entre 2023 et 2024), tandis que celles vers la Chine et Hong-Kong ont diminué (30 Md CAD, 20 Md€ ; -3% pour la Chine et -26% pour Hong-Kong). A noter également un léger regain d’activité vers la Russie : après une diminution drastique des exportations entre 2022 et 2023 (-77% ; 215 M CAD (143 M€) en 2022 à 49 M CAD (32 M€) en 2023), ces dernières ont légèrement augmenté en 2024 (52 M CAD ; 34 M€ ; +5%), portées par la hausse des exportations de biens de consommation (17 M CAD ; 11 M€ ; +61%).
Au-delà de la relative stabilité des exportations, des disparités importantes apparaissent selon les secteurs. Les principaux secteurs d’exportation pour le Canada sont les produits énergétiques (22,7% ; 176 Md CAD ; 117 Md€), suivis par les produits en métal et les produits minéraux non métalliques (103 Md CAD ; 68 Md€ ; 13,2%) et les véhicules et pièces automobiles (95 Md CAD ; 63 Md€ ; 12,2%). La majorité des secteurs enregistre une augmentation des exportations entre 2023 et 2024. Celle-ci est particulièrement marquée pour les produits en métal (+11,3%), mais on notera également la croissance, quoique plus modeste, des exportations dans le secteur de l’aérospatial (31 Md CAD ; 21 Md€ ; +5,4%). A l’inverse, les exportations de minerais ont enregistré la plus forte baisse sectorielle (26 Md CAD ; 17 Md€ ; -11,5%), bien qu’elles restent supérieures de 23% à leur niveau prépandémique, suivies par les exports de véhicules et pièces automobiles (95 Md CAD ; 63 Md€ ; -7,2%). La baisse enregistrée dans le secteur de l’automobile est essentiellement liée à un retour à la normale après un niveau particulièrement élevé en 2023 (102 Md CAD (68 Md€) en 2023, contre 81 Md CAD (54 Md€) en 2022 ; + 26%). Les exportations de produits agricoles, bien qu’ayant enregistré une légère diminution (58 Md CAD ; 38 Md€ ; -4,2%), restent toujours supérieurs de 45% à leur niveau de 2019 (40 Md CAD, 27 Md€).
L’Ontario et l’Alberta demeurent les deux principales provinces exportatrices. Avec 35,1% des exportations canadiennes (38,6% il y a 5 ans), l’Ontario maintient son rang de 1ère province à l’export. Ses exportations s’élèvent à 252 Md CAD (168 Md€) en 2024, en stagnation par rapport à 2023 (+0,1%). 27% de ses exportations proviennent du secteur automobile (-11% par rapport à 2023, et 22% sont des produits en métal et des produits minéraux non métalliques (+15,2% par rapport à l’an passé). L’Alberta (15% du PIB du pays), qui totalise un quart des exportations canadiennes, tire 76% de ses revenus extérieurs des exportations d’énergie (139 Md CAD, 92 Md€). Le Québec (17% des exportations canadiennes pour environ 20% du PIB du pays), 3ème province exportatrice, a exporté pour 122 Md CAD (81 Md€ ; +4,4% en un an) grâce à l’augmentation des exportations du secteur aérospatial (+13% entre 2023 et 2024) et de l’industrie automobile (+24%).
Les importations atteignent en 2024 un point haut historique, notamment grâce au dynamisme des biens de consommation et des produits agroalimentaires
Les importations canadiennes, en augmentation de 1,9% en 2024, atteignent un sommet. Les importations n’ont cessé de croître depuis la pandémie (+39% depuis 2020), atteignant 785 Md CAD (522 Md€) en 2024, soit un plus haut historique. Les Etats-Unis conservent leur place de 1er fournisseur du Canada (62% ; 489 Md CAD ; 325 Md€) : les principaux postes d’importation depuis ce pays sont le secteur automobile (82 Md CAD ; 55 Md€ ; 22% des importations depuis les USA) et les biens de consommation (56 Md CAD ; 37 Md€ ; 15% du total). Hors Etats-Unis, l’Union européenne se place en deuxième fournisseur du Canada (74 Md CAD ; 49 Md€ ; 9,4%), devant la Chine (62 Md CAD ; 41 Md€ ; 7,9%) et le Mexique (30 Md CAD ; 20 Md€ ; 3,8%). Les principales dynamiques haussières concernent la Corée du Sud (15 Md CAD ; 10 Md€ ; +32%) et le Japon (16 Md CAD ; 11 Md€ ; +8,2%). A contrario, les importations ont fortement diminué en provenance du Royaume-Uni, 7ème fournisseur canadien, (9,8 Md CAD ; 6,5 Md€ ; -9,8%) et de la Russie (14 M CAD ; 9 M€ ; -43% en un an).
Les importations ont augmenté dans l’ensemble des secteurs, à l’exception des produits énergétiques et des pièces industrielles. Les biens de consommation sont le premier poste à l’import du Canada (157 Md CAD ; 104 Md€ ; 20% du total ; +4,6% sur un an) en 2024. Les pièces pour véhicules automobiles occupent la deuxième place (144 Md CAD ; 96 Md€ ; 18% du total). Bien qu’elles ne représentent que 4% du total, les importations de produits agroalimentaires ont enregistré la plus forte augmentation (32 Md CAD ; 21 Md€ ; +11,2%), suivies par les minerais (21 Md CAD ; 14 Md€ ; +10,3%). Les importations de produits énergétiques ont fortement diminué en 2024 (39 Md CAD ; 26 Md€ ; -11,7%).
L’Ontario (61%), le Québec (14%) et la Colombie-Britannique (10%) représentent la vaste majorité (85%) des importations canadiennes. L’Ontario, 39% de la population du pays, représente près des deux-tiers des importations canadiennes : avec 461 Md CAD en 2024 (307 Md€), ses importations sont restées stables par rapport à 2023 (+0,6%). A 24%, celles-ci proviennent du secteur des pièces et véhicules automobiles (77% du total des importations canadiennes du secteur), qui reste le premier poste d’importation de la province. Le Québec représente 14% des importations canadiennes (106 Md CAD, 70 Md€) et la Colombie-Britannique 10% (73 Md CAD, 49 Md€). Bien qu’elles ne représentent qu’une part marginale des importations totales, les importations de Terre-Neuve-et-Labrador et du Yukon ont augmenté de plus de 50% (respectivement 59% et 53%). Les importations de Terre-Neuve-et-Labrador ont bondi pour les biens de consommation (149 M CAD, 99 M€ : multiplication par 6 en un an) et les produits agricoles (958 M CAD, 637 M€ ; multiplication par 6 par en un an), qui devient le deuxième poste d’importation de la province. Pour le Yukon, les importations de matériel aérospatial ont été multipliées par 4 en un an (11 M CAD, 7 M€).
En 2024, le déficit de la balance commerciale du pays se creuse
Le Canada affiche un déficit de 7,2 Md CAD (4,9 Md€) sur la balance des biens en 2024, en forte augmentation (multiplication par plus de 10) par rapport à 2023 où il s’élevait à 610 M CAD (411 M€). Le Canada est par ailleurs en position excédentaire sur la balance des services (+2,7 Md CAD ; 1,8 Md€ ; +3,6% par rapport à 2023) pour la deuxième année consécutive. Les exportations et les importations de services ont progressé dans des proportions similaires en 2024 (+5,5%), atteignant des niveaux jamais égalés auparavant (220 Md CAD (146 M€) d’exportations et 217 Md CAD (144 Md€) d’importations). Biens et services confondus, le Canada enregistre un déficit commercial avec le reste du monde de 4,5 Md CAD (3 Md€), contre une position excédentaire de 2 Md CAD en 2023 (1,3 Md€). Ce premier déficit commercial depuis la pandémie provient notamment d’une forte baisse de l’excédent canadien pour les minerais et minéraux non métalliques (-50%, passant de 10,7 Md CAD (7 Md€) en 2023 à 5,4 Md CAD (3,6 Md€) en 2024) et pour les produits agricoles et de la pêche (- 5,8 Md CAD ; -3,9 Md€ ; -17,6%) et une dégradation du déficit pour le secteur automobile (le déficit se creuse de 9,5 Md CAD ; 6,3 Md€ ; +23,7%). Ces reculs ont compensé les gains réalisés dans le secteur énergétique (+7 Md CAD ; 4,7 Md€ ; + 5,6%) et des produits en métal et produits non métalliques (+9 Md CAD ; 6 Md€ ; +32%).
La balance commerciale du Canada se dégrade avec la plupart de ses principaux partenaires commerciaux, à l’exception de l’Union européenne, du Royaume-Uni, de la Suisse et de Singapour. L’excédent commercial canadien vis-à-vis des Etats-Unis se contracte de 5,6% en 2024 (102,2 Md CAD ; 68 Md€ ; -6 Md CAD). En détail mensuel, l’excédent canadien s’est renforcé au cours de l’année : de 8,6 Md CAD (5,7 Md€) en janvier, l’excédent a atteint 11,3 Md CAD (7,5 Md€) en décembre (+31,4%), traduisant la tendance des entreprises américaines à augmenter leurs stocks face à la menace des tarifs douaniers. Le déficit commercial canadien se creuse vis-à-vis de la Chine (+7,7% ; 31,4 Md CAD, 21 Md€), du Mexique (6,5% ; 20 Md CAD, 13 Md€) et de la Corée du Sud (+68,6% ; 7 Md CAD, 4,7 Md€) mais se réduit avec l’Union européenne (39 Md CAD ; 26 Md€ ; -2,2%) et la Suisse (-1,7 Md CAD, -1,1Md€ ; -50%). L’excédent canadien vis-à-vis du Royaume-Uni a presque été multiplié par 4 (5,3 Md CAD à 19,7 Md CAD (3,5 à 13,1 Md€) en 2024. A noter que malgré les diverses mesures prises contre la Russie, l’excédent canadien vis-à-vis de cette dernière a augmenté de 55%, en raison notamment d’une augmentation des exportations canadiennes (+ 5% ; 52 Md CAD, 35 Md€).
L’Union européenne demeure le deuxième partenaire commercial du Canada en 2023, bien que l’écart avec la Chine, troisième partenaire, se resserre légèrement. Les données de la balance commerciale placent l’Union européenne devant la Chine en 2023, aussi bien pour les exportations (4,4% des exportations cadiennes sont à destination de l’UE contre 3,9% vers la Chine) que pour les importations (9,4% des importations canadiennes proviennent de l’Union européenne et seulement 7,9% de Chine). Les échanges bilatéraux UE-Canada totalisent 108 Md CAD (72 Md€), en légère baisse par rapport à 2023 (-1%) alors que les échanges Canada-Chine s’élèvent à 92 Md CAD (61 Md€), soit un écart de 17% (20% en 2023).
[i] Sauf indication contraire, les chiffres cités sont donnés en « balance des paiements » et désaisonnalisés. Ces données sont les plus communément reprises par les économistes au Canada. Les données proviennent de Statistique Canada, en date du 5 février 2025. En raison de la mise en place d’un nouveau système de déclaration des importations/exportations pour les entreprises ayant entrainé des retards, les données sont susceptibles d’être ajustées à la marge dans les prochains mois.