Situation économique et financière de la Belgique

La Belgique est une petite économie (PIB en 2021 de 502 Md€, soit 1/5ème de la France), ouverte et fortement tertiarisée, qui constitue un carrefour commercial en Europe de l’Ouest grâce notamment à ses bonnes infrastructures logistiques. Etat fédéral complexe composé de trois Régions (la Flandre au nord, la Wallonie au sud et Bruxelles-Capitale) et de trois Communautés linguistiques, la Belgique se caractérise par un Nord relativement plus riche et industriel et un Sud en proie aux difficultés structurelles liées à la reconversion de ses anciennes filières d’excellence. L’économie belge a globalement bien résisté aux différentes crises et ne devrait pas entrer en récession à court terme. Son marché du travail est solide malgré un taux de vacance d’emploi élevé. Toutefois, la hausse des coûts énergétiques et salariaux érode conjoncturellement la compétitivité des entreprises belges qui dépendent du commerce extérieur. La situation des finances publiques est une préoccupation, à la fois au niveau fédéral et en Wallonie, avec un ratio d’endettement croissant.

Petite économie ouverte, la Belgique a fait preuve de résilience mais pas sans fragilités.

  • La Belgique est un Etat fédéral, dont l’économie ouverte et fortement tertiarisée se caractérise par des écarts importants entre les trois Régions. La Belgique est une monarchie constitutionnelle parlementaire et un Etat fédéral qui se caractérise par une structure institutionnelle complexe avec des niveaux administratifs multiples. Constituée en octobre 2020, le gouvernement fédéral est une coalition hétéroclite de 7 partis rassemblant écologistes, socialistes, chrétiens-démocrates et libéraux autour du Premier ministre Alexander De Croo jusqu’en mai 2024. Petite économie (PIB en 2021 de 502 Md€, PIB/hab de 35 950€ en 2021) très ouverte (taux d’ouverture de 88%), le Royaume de Belgique constitue, du fait de sa position géographique et de la richesse de ses infrastructures, un carrefour commercial dans le Nord-Ouest de l’Europe. De fait, les ports d’Anvers et de Zeebrugge en Flandre sont deux des principales portes d’entrées de la Northern Range. L’économie belge est fortement tertiarisée (68,8%[1] du PIB en 2021), mais l’industrie reste forte (19,6% du PIB). Le secteur primaire (hors agro-industries) est marginal (0,7%). D’un point de vue géographique, l’activité économique belge se concentre dans le nord du pays, et la Flandre représente 58% du PIB, contre19% pour Bruxelles-capitale (qui bénéficie de la présence des institutions européennes et internationales) et 23% pour la Wallonie. Cette dernière demeure toujours en proie aux difficultés structurelles liées à la reconversion industrielle.

  • L’économie belge s’est globalement montrée résiliente face à une série de chocs, malgré des tensions sur son marché du travail et une inflation plus élevée que la moyenne de la zone euro. L’économie belge s’est globalement montrée résiliente face à une série de chocs : Covid-19, inondations durant l’été 2021 puis crise énergétique. Après une forte expansion de plus de 6 % enregistrée en 2021, le PIB belge a crû en 2022 de 3,1%, soit le même rythme que la moyenne des pays de la zone euro. Le commerce extérieur, la consommation privée des ménages et les dépenses des administrations publiques contribuent positivement à la croissance. La consommation des ménages est appelée à devenir le principal moteur de la croissance grâce à la nette progression du pouvoir d’achat par habitant, qui s’explique par l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales. Aussi, le plan de relance belge (montant de 7,5 Md€, 1,5 point de PIB) devrait entraîner une hausse du PIB de l’ordre de 0,5-0,9% d’ici à 2026. En outre, la Belgique bénéficie d’un marché du travail solide (le taux de chômage s’élève à 5,7 % en 2022) malgré un taux de vacance d’emploi élevé (4,7% contre 2,6% en moyenne en ZE) avec des pénuries de compétences dans des secteurs clés comme la construction et l’informatique. Le taux d’inflation annuel sur l’année 2022 en Belgique est estimé à +10,4% (IPCH), soit une dynamique légèrement supérieure aux moyennes UE (+9,3%) et ZE (+8,5%)[2]. L’inflation sous-jacente y est toujours orientée à la hausse (+7,1% en décembre en glissement annuel, contre +6,8% en novembre et +6,3% en octobre).


    [1]  Au sein du secteur des services, le commerce, les transports et l’Horeca représentaient la plus grande part en 2021 avec 16,1% de la production totale. Venaient ensuite les services aux entreprises avec 13,9%.
    [2]  Cette inflation plus élevée s’explique par une hausse des prix de l’énergie plus marquée en Belgique (+60,2% sur les 12 derniers mois, contre +37,1% sur la même période dans la zone euro) et par un manque de concurrence dans certains secteurs comme les télécommunications.

Dépendante du commerce extérieur, la Belgique voit sa balance des paiements courants se dégrader depuis la fin de l’année 2021.

  • Du fait de son ouverture, la Belgique est dépendante du commerce extérieur. En effet, les exportations belges représentent deux tiers du PIB. Or, depuis la fin de l’année 2021, la hausse des prix de l’énergie a renchéri le coût des importations belges de gaz naturel et de pétrole. A cela s’ajoute pour les entreprises belges la hausse des coûts salariaux du fait du mécanisme d’indexation automatique des salaires (les coûts salariaux horaires ont crû de +5,9% en 2022 et devraient croître de +8,5% en 2023). Ces hausses cumulées de charges pèsent sur la compétitivité-coût de la Belgique qui voit sa balance commerciale se détériorer durant l’année 2022 (-11,5 Md€ sur les neuf premiers mois de 2022 contre ‑8,4 Md€ sur l’année 2021). Le déficit commercial belge entraîne un déficit de la balance des paiements courants, puisque les soldes sur les échanges de services et les transferts de revenus ne compensent pas le déséquilibre sur le commerce de biens. Ainsi, après un excédent de 0,4% en 2021, la balance des paiements courant présente un déficit de 4,7% en 2022 et devrait s’élever à 5,1% en 2023. La détérioration de la compétitivité-coût de la Belgique ne doit pas occulter sa compétitivité hors prix, qui se distingue par l’excellence de son système de recherche, par la qualité de ses infrastructures et par l’innovation de ses PME.
  • La position extérieure globale nette de la Belgique reste toutefois structurellement positive (+59,4% du PIB en 2022, cf. annexe), ce qui signifie que le Royaume de Belgique est créditeur vis-à-vis du reste du monde. La Belgique est un émetteur net d’investissements directs à l’étranger (IDE) avec un stock d’IDE sortants de 653 Md€ et un stock d’IDE entrants[1] de 501 Md€. La dette extérieure nette de la Belgique s’élève à 20,7% en 2021.
       [1] Une part importante de ces IDE concernent toutefois les transits de capitaux, notamment en raison de la politique fiscale menée par la Belgique.

 

La situation des finances publiques est préoccupante mais le secteur financier demeure solide.

  • La Banque Nationale de Belgique (BNB) souligne que la situation des finances publiques est inquiétante, dans un contexte de montée des taux d’intérêt. Pour 2022, la BNB prévoit un déficit budgétaire de 4,3% du PIB, plus faible qu’escompté grâce à une croissance relativement forte. A politique inchangée, la Banque prévoit que le déficit se creuse à 5,3% du PIB en 2023 et demeure autour de 5% du PIB en 2025. Pour l’expliquer, la Commission européenne souligne dans son avis sur la loi de finances belge une croissance trop importante des dépenses publiques courantes, supérieure au taux de croissance potentielle à moyen terme. Par ailleurs, l’augmentation des dépenses primaires est avant tout engendrée par des mesures structurelles, telles que l’indexation automatique des salaires des fonctionnaires, le relèvement de la pension minimum et les hausses de salaires dans les soins de santé. En conséquence, la trajectoire de l’endettement publique se dégrade avec un ratio d’endettement ascendant (105% du PIB en 2022, 108% en 2023, 109% en 2024 et 111% en 2025). Malgré cette tendance, les agences de notation continuent d’apprécier la dette souveraine belge (477 Md€) à un niveau de risque bas (Moody’s note Aa3, Fitch AA-, stable depuis 2016, et S&P AA)
  • A titre spécifique, la fragilité des finances publiques wallonnes constitue un point de vigilance. En 2023, la dette publique wallonne devrait s’élever à plus de 30 Md€, avec un ratio dettes-recettes proche de 180%. A croissance constante, elle pourrait dépasser les 50 Md€ en 2030, soit près de 280% de ses recettes. En parallèle, sans mesures correctrices, le déficit devrait rester important jusqu’en 2024 (>20% des recettes) et demeurer autour de 8% des recettes entre 2025 et 2030.
  • Le secteur financier belge demeure solide selon la BNB, mais certains risques sont à surveiller. Présentant un actif de 1 235 Md€ en avril 2022 (soit 244,1% du PIB), le système bancaire est un contributeur important au PIB. Le secteur bancaire a enregistré un résultat net record en 2021, avec un bénéfice de 7,8 Md€ en 2021 et affiche un rendement des fonds propres en nette progression, s’établissant à 10,2% en 2021. En outre, le secteur présente des ratios de solvabilité (ratio CET 1 à 17,6% fin 2021, soit 2,1 points de plus qu’en 2019) et de liquidité (ratio LCR à 184% fin 2021) solides. Par ailleurs, le secteur des assurances affiche 2,5 Md€ de profits nets en 2021 et demeure solvable, avec un taux de couverture du capital de solvabilité qui se stabilise à 207%. Même si l’exposition directe du secteur financier belge aux marchés de matières premières ukrainiens est faible, les prix élevés de l’énergie et des matières premières comportent le risque d’un plus grande volatilité sur les marchés accompagné d’une hausse des taux d’intérêt, qui peuvent générer des pertes pour le secteur financier et comporter des risques pour la stabilité financière.
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