Situation économique et financière de la Belgique

La Belgique est une petite économie de 11,7 millions d’habitants (PIB en 2022 de 554 Md€, soit 1/5ème de la France), ouverte et fortement tertiarisée, qui constitue un carrefour commercial en Europe de l’Ouest grâce notamment à ses bonnes infrastructures de transport, logistiques et énergétiques. État fédéral complexe composé de trois Régions (la Flandre au nord, la Wallonie au sud et Bruxelles-Capitale) et de trois Communautés linguistiques, la Belgique se caractérise par un Nord relativement plus riche et industriel et un Sud en proie aux difficultés structurelles liées à la reconversion de ses anciennes filières d’excellence. L’économie belge s’est montrée résiliente en 2023 avec une croissance économique solide (1,5%), portée par la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Son marché du travail est solide malgré un taux de vacance d’emploi élevé (4,4% au T32023). Toutefois, la hausse des coûts énergétiques et salariaux (régime d’indexation automatique) érode la compétitivité des entreprises, notamment celles qui dépendent du commerce extérieur. La situation des finances publiques est une préoccupation au niveau fédéral (déficit public estimé à 4,7% en 2023) comme régional (Wallonie), avec un ratio d’endettement croissant (105,2% en 2024e, 109,6% en 2026e), surveillé par les agences de notation et la Commission européenne.

Petite économie ouverte, la Belgique a fait preuve de résilience mais n'est pas sans fragilités.

  • La Belgique est un État fédéral, dont l’économie ouverte et fortement tertiarisée se caractérise par des écarts importants entre les trois Régions. La Belgique est une monarchie constitutionnelle parlementaire et un État fédéral caractérisé par une structure institutionnelle complexe avec de multiples niveaux administratifs. Constitué en octobre 2020, le gouvernement fédéral est une coalition hétéroclite de 7 partis rassemblant écologistes, socialistes, chrétiens-démocrates et libéraux autour du Premier ministre M. De Croo jusqu’en juin 2024. Petite économie (PIB en 2022 de 554 Md€, PIB/hab de 47 350€ en 2022) très ouverte (taux d’ouverture de 108%), le Royaume de Belgique constitue, du fait de sa position géographique et de la densité de ses infrastructures, un carrefour commercial dans le Nord-Ouest de l’Europe. De fait, les ports fusionnés d’Anvers et de Zeebruges sur la Northern Range forment le 2ème ensemble portuaire européen (290 millions de tonnes transbordées par an, plus grand hub pétrochimique et plus grande porte d’entrée et de sortie de véhicules automobiles en Europe) représentent 4,5% du PIB belge (et 15% du marché européen du gaz naturel). L’économie belge est fortement tertiarisée (84,1% du PIB en 2022), mais l’industrie reste forte (15,3% du PIB en 2022). Le secteur primaire (hors agro-industries) est marginal (0,6%). D’un point de vue géographique, l’activité économique se concentre en Flandre, qui représente 60% du PIB, contre 17% pour Bruxelles-capitale (qui bénéficie de la présence des institutions UE et internationales) et 23% pour la Wallonie. Celle-ci reste confrontée aux difficultés de la reconversion industrielle mais a des atouts pour rebondir (industries pharmaceutiques et biotechnologiques).

  • L’économie belge s’est globalement montrée résiliente face à une série de chocs et l’inflation a ralenti en 2023 mais des tensions sur son marché du travail persistent. L’économie belge s’est globalement montrée résistante face à une série de chocs : Covid-19, inondations durant l’été 2021 puis crise énergétique. Après une forte expansion de plus de 6 % enregistrée en 2021 et de plus de 3% en 2022, le PIB belge a crû de 1,5% en 2023, soit le même rythme que la moyenne des pays de la zone euro. Il devrait croître de 1,4% en 2024 et 1,5% en 2025[1]. La consommation des ménages est appelée à devenir le principal moteur de la croissance grâce à la nette progression du pouvoir d’achat par habitant, qui s’explique par l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales (revalorisation de +10% au 1er janvier 2023 et de +1,48% en 2024). Le plan de relance belge (montant de 5,3 Md€) devrait entraîner une légère hausse du PIB de l’ordre de 0,2% d’ici à 2030. En outre, la Belgique bénéficie d’un marché du travail solide (le taux de chômage s’élève à 5,7 % en 2022) malgré un taux de vacance d’emploi élevé (4,7% contre 2,6% en moyenne en ZE) avec des pénuries de compétences dans des secteurs clés comme la construction et l’informatique. Après +10,3% en 2022, le taux d’inflation annuel sur l’année 2023 en Belgique a ralenti à +2,3% (IPCH) selon la Banque Nationale de Belgique, en-dessous des moyennes UE (+6,3%) et ZE (+5,4%)[2] mais devrait remonter à 4,0% en 2024 puis ralentir à nouveau à 1,8% en 2025. L’inflation sous-jacente continue de ralentir (4,9% en janvier 2024).

Dépendante du commerce extérieur, la Belgique voit sa position compétitive se dégrader et sa balance courante s’inscrit en déficit de 1% du PIB en 2023.

  • Du fait de son ouverture, la Belgique est dépendante du commerce extérieur. En effet, les exportations belges (364 Md€) représentent 66% du PIB en 2023. Or, depuis la fin de l’année 2021 et malgré un ralentissement en 2023, la hausse des prix de l’énergie a renchéri le coût des importations belges de gaz naturel et de pétrole. À cela s’ajoute pour les entreprises belges la hausse des coûts salariaux du fait du mécanisme d’indexation automatique des salaires (les coûts salariaux horaires ont crû de +5,9% en 2022 et de +7,5% en 2023). Ces hausses cumulées de charges pèsent sur la compétitivité-coût de la Belgique qui voit sa balance commerciale se détériorer en 2023 (-20,9 Md€ en 2023 contre ‑0,6 Md€ en 2022). Le déficit commercial belge entraîne un déficit de la balance courante, puisque les soldes sur les échanges de services, des revenus et transferts courants ne compensent pas le déséquilibre sur le commerce de biens. Ainsi, après un excédent de 0,4% en 2021, la balance des paiements courants présente un déficit de 1,1% du PIB en 2023 ; ce déficit pourrait atteindre 1,3% du PIB en 2024. La détérioration de la compétitivité-coût de la Belgique ne doit pas occulter sa compétitivité hors prix, qui se distingue par l’excellence de son système de recherche, par la qualité de ses infrastructures et par l’innovation de ses PME.

  • La position extérieure globale nette de la Belgique reste toutefois structurellement positive (62,4% du PIB au T3 2023), ce qui signifie que le Royaume de Belgique est créditeur vis-à-vis du reste du monde. D’après Eurostat, la Belgique est un émetteur net d’investissements directs à l’étranger (IDE) avec un stock d’IDE sortants de 653 Md€ (130% du PIB) et un stock d’IDE entrants[3] de 501 Md€. La dette extérieure nette de la Belgique s’élève à 20,7% du PIB2021.

La situation des finances publiques est préoccupante mais le secteur financier demeure solide.

  • La Banque Nationale de Belgique (BNB) souligne que la situation des finances publiques est inquiétante, dans un contexte de montée des taux d’intérêt. Le Bureau Fédéral du Plan (BFP) et le FMI prévoient que le déficit nominal se stabilise à respectivement 4,6% et 4,4% du PIB en 2024 puis qu’il continue d’augmenter jusqu’à 5,6% du PIB pour le BFP et 5,5% du PIB pour le FMI en 2028. Dans ses prévisions d’automne 2023, la Commission anticipe un déficit de 4,9% en 2024. L’augmentation des dépenses primaires est avant tout engendrée par des mesures structurelles, telles que l’indexation automatique des salaires des fonctionnaires, le relèvement de la pension minimum et les hausses de salaires dans les soins de santé. En conséquence, la trajectoire de l’endettement public (505 Md€ à fin 2023) se dégrade avec un ratio d’endettement ascendant (105,8% en 2023, 126% en 2032). Le 10 mars 2023, la perspective de la note souveraine de la Belgique a été abaissée de "stable" à "négative" par l’agence de notation Fitch. La note reste toutefois maintenue à AA-, stable depuis 2016, tandis que Moody’s (Aa3) et S&P (AA) n’ont pas modifié leur appréciation à ce stade.

  • L’adoption de réformes structurelles (fiscalité, pensions et travail) est censée favoriser la croissance économique et les finances publiques mais reste incertaine à ce stade, même si celle des pensions (rééquilibrage du régime à long terme) a débloqué l’approbation par la Commission européenne le 16 novembre 2023 du plan pour la reprise et la résilience modifié de la Belgique, nanti d’une enveloppe de 5 Md€ de subventions et de 264 M€ sous forme de prêts. À titre spécifique, la fragilité des finances publiques wallonnes constitue un point de vigilance. En 2023, la dette publique wallonne a dépassé 30 Md€, avec un ratio dettes-recettes proche de 180%. À croissance constante, elle pourrait franchir les 50 Md€ en 2030, soit près de 280% de ses recettes.

  • Le secteur financier belge demeure solide selon la BNB, mais certains risques sont à surveiller. Présentant un actif de 1 665 Md€ au T3 2023, le secteur bancaire est un contributeur important au PIB. D’après le rapport annuel de la BNB, le secteur conserve sur T1-T3 2023 une solide rentabilité (7,2 Md€, +3,1% en g.a), soit un rendement des fonds propres de 12,5%, supérieur au reste de la zone euro (10,7%). En outre, les ratios de fonds propres et de liquidité des banques belges sont largement supérieurs aux exigences minimales[4]. Toutefois, les difficultés du secteur constatées aux Etats-Unis en conséquence du nouvel environnement de taux incitent à la prudence et la vigilance. À l’instar de leurs homologues en Europe, les banques belges (BNP Paribas Fortis est la plus importante) ont requalifié le niveau de risque de certains de leurs portefeuilles de crédits, sans pour l’instant avoir constaté de défauts en hausse. Enfin, d’après l’association des entreprises belges d’assurance Assuralia, le secteur des assurances affiche 32,1 Md€ d’encaissements en 2023 (+5,3% par rapport à 2022) et demeure solvable, avec un ratio de capital de solvabilité requis (SCR) de 196% en 2022.
    [1]  Projections économiques d’hiver de la Commission européenne, février 2024.
    [2]  Cette inflation plus faible s’explique par une transmission rapide de la baisse des prix de gros du gaz et de l’électricité aux prix de détail et par l’effet des mesures gouvernementales pour amortir les augmentations des prix.
    [3]  Une part importante de ces IDE concernent toutefois les transits de capitaux, notamment en raison de la politique fiscale menée par la Belgique.
    [4]  A la fin 2023, le ratio CET1 s’élevait à 16,9% (minimum requis = 10%) et le ratio de couverture de liquidités (LCR) à 157% (minimum requis de 100%).

 Prévisions économiques

Publié le