BELGIQUE
Situation économique et financière de la Belgique
La Belgique est la 7ème économie européenne, avec 11,7 millions d’habitants pour un PIB2023 de 585 Md€). Ouverte et fortement tertiarisée, l’économie belge constitue un carrefour commercial en Europe de l’Ouest et sa prospérité repose sur la densité de ses infrastructures, à l’instar du Port d’Anvers-Bruges (2ème port européen). État fédéral complexe formé de trois régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale) et de trois communautés linguistiques, la Belgique se caractérise par un Nord dynamique et industriel et un Sud en proie aux difficultés structurelles liées à la reconversion de ses anciennes filières d’excellence. Résiliente en 2023 avec une croissance robuste (+1,4%), l’économie belge est tirée par la consommation des ménages (+1,5%) et l’investissement des entreprises (+9%). Sa croissance devrait s’établir à 1,1% en 2024, dans un contexte inflationniste en voie de stabilisation (+3,2% en 2024e, +1,9%en 2025e). Le marché du travail est solide mais rencontre des difficultés de recrutement (taux d'emplois vacants de 4,35% au T2 2024). En revanche, la hausse des coûts énergétiques et salariaux (régime d’indexation automatique) érode la compétitivité des entreprises, notamment celles dépendant du commerce extérieur, lequel enregistre un solde déficitaire, hors flux de transit (20 Md€ en 2023). L’état des finances publiques est préoccupant (déficit de -4,4% en 2023, estimé à ‑4,5% en 2024), avec un ratio d’endettement croissant (105,7% en 2024e), ce qui a conduit à l’ouverture d’une procédure en déficit excessif.
7ème économie européenne, la Belgique a fait preuve de résilience mais n’est pas sans fragilités.
- La Belgique est un État fédéral, dont l’économie ouverte et fortement tertiarisée se caractérise par des écarts importants entre ses trois régions. Petite économie (PIB2023 de 585 Md€, PIB/hab. de 44 300€ en parité de pouvoir d’achat en 2023) très ouverte (taux d’ouverture de 88%), le Royaume de Belgique constitue, du fait de sa position géographique et de la densité de ses infrastructures, un carrefour commercial dans le Nord-Ouest de l’Europe. Ainsi, le Port d’Anvers-Zeebruges sur la Northern Range forme le 2ème ensemble portuaire européen (290 millions de tonnes de marchandises transbordées par an, 1er hub pétrochimique et 1ère porte d’entrée et de sortie de véhicules automobiles en Europe) représentant 4,5% du PIB belge (et 15% du transport de gaz naturel en Europe). L’économie belge est fortement tertiarisée (85,6% de la VA rapportée au PIB en 2023), mais l’industrie reste forte (13,6% du PIB2023). Le secteur primaire (hors agro-industries) est marginal (0,8%). L’activité économique se concentre en Flandre, qui représente 60% du PIB, contre 17% pour Bruxelles-capitale (qui bénéficie de la présence des institutions UE et internationales) et 23% pour la Wallonie. Celle-ci reste confrontée aux difficultés de la reconversion industrielle mais dispose de fondamentaux solides (industries pharmaceutiques et biotechnologiques).
- L’économie belge s’est globalement montrée résiliente face à une série de chocs et l’inflation ralentit en 2023 mais des tensions sur son marché du travail persistent. L’économie belge s’est globalement montrée résistante face à une série de chocs : Covid-19, inondations de l’été 2021 puis crise énergétique. Après un fort rebond post-crise sanitaire de plus de 6 % en 2021 et de plus de 3% en 2022, le PIB belge a crû de +1,4% en 2023, (contre +0,5% en moyenne dans la zone euro). Il devrait croître de +1,1% en 2024 et +1,3% en 2025 selon le Bureau Fédéral du Plan (BFP). La consommation des ménages est le principal moteur de la croissance grâce à la nette progression du pouvoir d’achat par habitant, qui s’explique par l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales (revalorisation de +10% au 1er janvier 2023, de +1,48% en 2024 et de +3,5% au 1er janvier 2025). Le plan national de reprise et de résilience (PNRR de 5,3 Md€ [1]) devrait entraîner une légère hausse du PIB de l’ordre de 0,2% d’ici à 2030. En outre, la Belgique bénéficie d’un marché du travail solide (le taux de chômage s’élève à 5,4 %au T2 2024) sinon sectoriellement très tendu (construction, informatique) affichant un taux de vacance d’emploi élevé (4,3% contre 2,6% en moyenne en ZE). Après +10,3% en 2022, le taux d’inflation (IPCH) a ralenti à +2,3% en 2023 en glissement annuel (g.a) en raison du repli des prix de l’énergie selon BNB, en-deçà de la moyenne UE (+6,3%) et ZE (+5,4%). Elle devrait remonter à +3,2% en 2024 avant de se stabiliser en 2025 (+1,9% en g.a). L’inflation sous-jacente montre des signes de ralentissement (+2,8% en septembre 2024 contre plus de +6% au T2 2023).
Dépendante du commerce extérieur, la compétitivité de l’économie belge se dégrade, laquelle enregistre un déficit de la balance courante depuis 2023.
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La Belgique est dépendante du commerce extérieur, ses exportations de biens et de services (364 Md€) représentaient 66% du PIB en 2023. Or, depuis fin 2021 et malgré un ralentissement en 2023, la hausse des prix de l’énergie a renchéri le coût des importations d’hydrocarbures. À cela s’ajoute pour les entreprises belges la hausse des coûts salariaux induite par le mécanisme d’indexation automatique des salaires (les coûts salariaux horaires ont crû de +4,6% en 2022 et de +7,8% en 2023). Ces hausses cumulées de charges pèsent sur la compétitivité-coût de la Belgique, laquelle voit son déficit commercial de biens hors transit se creuser en 2023 (-20,9 Md€ en 2023 contre ‑0,6 Md€ en 2022). Ainsi, selon la Banque nationale de Belgique (BNB), après un excédent de 1,1% en 2021, la balance des paiements courants présente un déficit de -1% du PIB en 2023 qui pourrait atteindre -1,3% du PIB en 2024. La position extérieure globale nette de la Belgique reste toutefois structurellement positive (62,3 % du PIB au T2 2024), le Royaume restant créditeur vis-à-vis du reste du monde. D’après la BNB, la Belgique est un émetteur net d’investissements directs à l’étranger (IDE) avec un stock d’IDE sortants de 669 Md€ (114% du PIB) et un stock d’IDE entrants [2] de 572 Md€. La dette extérieure brute de la Belgique s’élève à 49% du PIB au T2 2024.
La situation des finances publiques est préoccupante mais le secteur financier demeure solide.
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La BNB souligne que la situation des finances publiques est inquiétante, dans un contexte de taux d’intérêt élevés. Le BFP et le FMI prévoient que le déficit nominal se stabilise à respectivement -4,5% et -4,4% du PIB en 2024, celui-ci demeure néanmoins jusqu’en 2028 sur une pente haussière (jusqu’à respectivement -5,8% et -5,6% du PIB en 2029), portée par la hausse de dépenses primaires. Cette dernière résulte de mesures structurelles : (i) indexation automatique des salaires des fonctionnaires, (ii) relèvement de la pension minimum et (iii) hausses des coûts de santé. En conséquence, la trajectoire de l’endettement des administrations publiques (614 Md€ à fin 2023) se dégrade avec un ratio d’endettement ascendant : 105,2% du PIB en 2023, 117,3% en 2029 selon le BFP. Toutefois, si la perspective de la note souveraine belge a été abaissée de "stable" à "négative" par Fitch en mars 2023, et par Moody's en octobre 2024, les agence de notation ont maintenu leurs notes respectives de AA- (stable depuis 2016) et Aa3, tandis que S&P (AA) n’a pas modifié son appréciation. Les charges d’intérêts sur la dette publique (2% du PIB en 2023) devraient progresser de 0,2% par an selon la BNB. L’adoption de réformes structurelles (fiscalité, pensions et travail) est censée favoriser la croissance économique et les finances publiques mais n’ont pas été réalisées sous le gouvernement De Croo, même si celle des pensions (rééquilibrage du régime à long terme) a débloqué l’approbation du PNRR modifié de la Belgique. À titre spécifique, les finances publiques wallonnes constituent un point de vigilance avec une dette publique dépassant 36 Md€ en 2023, et un ratio dettes-recettes supérieur à 160%. Elle franchirait 50 Md€ dès 2028, portant ce ratio à près de 220%.
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La BNB estime que le secteur financier demeure solide malgré certains risques étroitement surveillés. Présentant un actif de 1 302 Md€ fin 2023, le secteur bancaire est un contributeur important au PIB (env. 5%). D’après la BNB, le secteur atteint en 2023 une rentabilité historiquement élevée (9,3 Md€, +22% en g.a), avec un RoE de 12,1%, supérieur au reste de la zone euro (9,7%). En outre, les ratios de fonds propres et de liquidité des banques belges sont largement supérieurs aux exigences minimales [3]. Toutefois, les difficultés du secteur constatées aux Etats-Unis en conséquence du nouvel environnement de taux incitent à la prudence et la vigilance. Les banques belges (BNP Paribas Fortis étant la plus importante) ont requalifié le niveau de risque de certains de leurs portefeuilles de crédits, sans pour l’instant avoir constaté de défauts en hausse. Le taux de créances douteuses (NPL) des prêts aux ménages atteint 1,6% fin 2023, (contre 4% en 2014), témoignant d’une bonne qualité du portefeuille de crédits des banques belges. Enfin, d’après Assuralia, le secteur des assurances affiche 32,1 Md€ d’encaissements en 2023 (+5,3% en g.a) et demeure solvable, avec un ratio de capital de solvabilité requis (SCR) de 216% fin 2023.
[1] Le 24 septembre 2024, la Belgique a reçu son premier paiement au titre de la FRR, d’un montant de 632 M€ (subventions).
[2] Une part importante de ces IDE concernent toutefois les transits de capitaux, notamment en raison de la politique fiscale menée par la Belgique.
[3] A la fin 2023, le ratio CET1 s’élevait à 16,7% (minimum requis = 10%) et le ratio de couverture de liquidités (LCR) à 153% (minimum requis de 100%).