Australie- Indicateurs et conjonctures

Situation économique au 1er semestre 2025

Avec des indicateurs économiques bien orientés au premier semestre 2025, l’économie australienne semble avoir réussi son atterrissage en douceur, caractérisé par une inflation maîtrisée, un déserrement de la politique monétaire,  un taux de chômage faible et une croissance stable. Dans ce contexte favorable, la banque centrale a toutefois révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour le premier semestre 2026, en raison de la faiblesse persistante de la productivité et du ralentissement de la demande publique. L’économie reste exposée à des risques baissiers, notamment en lien avec la recomposition du commerce mondial.

I. Un atterrissage en douceur

L’économie australienne a enregistré une croissance de 0,6 % au T2 2025, après 0,2 % au T1 2025, un résultat légèrement supérieur aux attentes. Cette accélération interrompt une période de croissance modérée, comprise entre 0,1 et 0,3 % durant les quatre derniers trimestres. Elle a été principalement soutenue par la reprise des dépenses des ménages (+0,9 %) et des dépenses publiques (+1 %), dans un contexte de relance après le cyclone de février. Les exportations ont aussi contribué positivement, portées par le redressement de la production de minerai de fer. En revanche, la croissance a été freinée par un recul marqué de l’investissement public (­­‑3,9 %), lié à l’achèvement ou au report de plusieurs grands projets, tandis que l’investissement privé a stagné (+0,1 %) (Annexe 1). Le PIB par habitant a enregistré une légère hausse de 0,2 % au T2, après un repli de ‑0,2 % au T1.

Sur l’ensemble de l’année fiscale 2024-25, le PIB a progressé de 1,3 %, marquant ainsi sa plus faible croissance annuelle depuis le début des années 1990, à l’exception de l’année 2019-2020 impactée par la pandémie de COVID-19. Le PIB par habitant enregistre une baisse de -1,0 % sur 2024-25.

En 2024, la croissance démographique se normalise, passant de 2,4 % en 2023 à 1,7 %, en lien avec le recul du solde migratoire. Ce dernier diminue à 340 000 personnes, contre 530 000 en 2023, sous l’effet d’un fléchissement des arrivées alors que les départs évoluent peu. Le solde reste légèrement supérieur à son niveau pré-Covid (Annexe 2). Malgré ce repli, la croissance démographique reste néanmoins l’une des plus élevées de l’OCDE, derrière le Canada et l’Islande, et devant la Nouvelle-Zélande[i].À moyen terme, la banque centrale prévoit une croissance démographique à 1,2 % fin 2027.

Le marché du travail reste légèrement tendu, avec un taux de chômage en recul à 4,2 % en juillet 2025, après 4,3 % en juin (Annexe 3). Ce niveau demeure inférieur à la fourchette du taux de chômage naturel estimée par le Treasury entre 4,5 % et 5 %[ii]. Au deuxième trimestre 2025, la croissance des salaires en glissement annuel s’élève à 3,4 %, un rythme stable par rapport au trimestre précédent.

L’inflation mensuelle a nettement rebondi en août atteignant 3,0 % en g.a après 2,8 % en juillet et 1,9 % en juin et atteint son niveau le plus haut depuis 12 mois. Cette accélération s’explique principalement par la hausse des prix de l’électricité (+24,6 %), liée à la fin des aides fédérales, ainsi que du logement (+4,5 %), de l’alimentation et des boissons non alcoolisées (+3,0 %), et de l’alcool et du tabac (+6,0 %). L’inflation reste dans la fourchette cible de la banque centrale (2-3 %). Celle-ci a abaissé son taux directeur une première fois en février 2025, après seize trimestres consécutifs sans baisse. Le taux directeur s’établit désormais à 3,6 % après avoir atteint un pic à 4,35 % en décembre 2023. L’assouplissement de la politique monétaire devrait se poursuivre cette année, après trois baisses des taux directeurs en février, mai et août 2025 (Annexe 4).

Le déficit du compte courant s’est amélioré, reculant de 0,1 point de pourcentage pour s’établir à ‑2,06 % au second trimestre 2025. Cette amélioration s’explique principalement par la réduction du déficit des revenus primaires, liée à la chute des prix du charbon, qui a diminué les dividendes versés aux investisseurs étrangers. Le secteur minier représente en effet une part importante des investissements directs étrangers en Australie. A l’inverse, le solde des biens et services s’est légèrement détérioré, avec un excédent de 5,2 Md AUD contre 5,4 Md AUD au quatrième trimestre 2024, en raison d’une progression des importations plus rapide que celle des exportations. Les termes de l’échange progressent de 0,1 % par rapport au trimestre de décembre 2024, marquant ainsi une deuxième hausse trimestrielle consécutive[iii].

Le déficit budgétaire est estimé à 1,0 % du PIB sur l’année fiscale 2024-25, après un excédent de 0,6 % en 2023-2024. Cet excédent exceptionnel était principalement dû à une hausse temporaire des recettes fiscales liée à des prix d’exportation élevés. Le gouvernement estime que les dépenses publiques ont atteint 26,2 % du PIB en 2024-25 et prévoit qu’elles s’établissent à 27,0 % en 2025-26. En conséquence, le déficit devrait se creuser pour atteindre 1,5 % du PIB en 2025-26.

En 2024-25, le ratio de la dette publique a légèrement baissé pour atteindre 33,7 % du PIB, en baisse de 0,2 point par rapport à l’exercice précédent. La dette devrait augmenter sur l’exercice 2025-26 à 35,5 % du PIB. L’Australie fait partie des rares pays à conserver sa note AAA par les agences de notation et les écarts des taux souverains témoigne d’une confiance des investisseurs dans la position budgétaire australienne. Au 1er septembre 2025, le spread de l’obligation australienne à 10 ans par rapport au bon du Trésor américain est de 19,5 points de base (pbs) après +12,2 pbs au 1er septembre 2024, indiquant une légère hausse de la prime de risque australienne.

Le dollar australien s’est consolidé au premier semestre 2025, avec un taux de change vis-à-vis du dollar américain atteignant 0,651 au 1er septembre, en hausse de 5,5 % par rapport au 2 janvier 2025. En 2024, le dollar australien avait connu une relative fragilité dans un contexte de forte appréciation du dollar américain, son taux de change diminuant de 8,6 % sur l’année.

II. Des perspectives bridées par le ralentissement de la productivité

La RBA prévoit une croissance à 1,7 % au T4 2025 en g.a., et à 2,0 % au T2 2026, des chiffres révisés à la baisse par rapport à mai 2025 en raison de l’affaiblissement de la productivité et de la demande publique. La RBA a abaissé sa prévision de croissance de la productivité du travail à 0,7 % par an d’ici 2027, contre 1,0 % auparavant. La hausse de la consommation des ménages, amorcée fin 2024, devrait se poursuivre, portée par la reprise des revenus réels des ménages. L’assouplissement monétaire devrait soutenir l’investissement privé, notamment l’investissement résidentiel sensible au taux d’intérêt.

L’inflation nominale devrait augmenter à partir du second semestre 2025 pour atteindre 3,0 % en g.a au T4 2025 et 3,1 % au T2 2026, sous l’effet de l’expiration progressive des aides publiques sur les factures d’énergie. L’inflation sous-jacente, quant à elle, est attendue à 2,6 % au quatrième trimestre 2025 comme au deuxième trimestre 2026, soit dans la fourchette cible de 2 à 3 %, confirmant l’atténuation des pressions inflationnistes. Cette dynamique renforce la confiance dans un retour durable de l’inflation vers la cible de la banque centrale à partir de la fin 2026. En réponse, les marchés anticipent un assouplissement monétaire avec un taux directeur à 3,1 % à l’issue de l’année 2025-26. Le taux de chômage se stabiliserait à 4,3 % d’ici la fin 2025.

L’incertitude économique mondiale liée aux droits de douane américains devrait se traduire par un ralentissement de l’activité des principaux partenaires commerciaux de l’Australie notamment de la Chine et des Etats-Unis. Si les risques d’une guerre commerciale généralisée et prolongée ont diminué depuis mai, les risques baissiers sur l’activité mondiale demeurent en raison de l’incertitude persistante concernant la reconfiguration des politiques commerciales et de l’ampleur des effets des droits de douane sur la croissance et l’inflation mondiales[iv].

* * *

 


[iv] https://www.rba.gov.au/publications/smp/2025/aug/outlook.html

 

ANNEXE 1 : Contributions à l’évolution trimestrielle du PIB (données cvs, en points de %)

aSource : ABS, Calculs DG Trésor

 

ANNEXE 2 : Croissance annuelle de la population (en %)

bSource : ABS

ANNEXE 3 : Taux de chômage (données cvs, en %)

c

Source : ABS

 

ANNEXE 4 : Inflation et inflation sous-jacente annuelles (en %)

dSource : ABS

Publié le