Salle de conférence Pierre Mendès France
139 rue de Bercy, 75012
Paris
Séminaire emploi

L’objectif du séminaire « Politiques de l’emploi - Interactions de l’économique et du juridique » est de permettre la confrontation objective des points de vue entre économistes et juristes, et plus largement entre les acteurs intéressés par la réflexion sur les politiques d’emploi, universitaires comme praticiens.

Le séminaire « Politiques de l'emploi - Interactions de l'économique et du juridique » a été présidé par Gilbert Cette, Président du Conseil d'orientation des retraites, Professeur d'économie à la Neoma Business School et Jean-Emmanuel Ray, Professeur émérite à l'École de droit de l'Université Paris I - Sorbonne.

Le Séminaire du mardi 12 novembre 2024 a porté sur le thème « L'essor de l'apprentissage: quel bilan et quelles perspectives ? », avec des interventions croisées de :

  • Pierre Cahuc – Docteur en Économie, Professeur à Sciences Po, directeur de la chaire Sécurisation des parcours professionnels   
  • Anne-Léone Campanella – Directrice Générale - REAL Campus by L'Oréal
  • Jean-Pierre Willems –   Docteur en Droit et consultant en droit de la formation
  • Un point avec l'Unédic : Lara Muller - Directrice des études et des analyses

Bercy Photo / Gézelin Grée

Bercy Photo / Gézelin Grée

Au cours des cinq dernières années, l’apprentissage a connu une forte augmentation, favorisée notamment par la réforme de 2018[1] et par l’aide exceptionnelle à l’apprentissage instaurée en 2020. Entre 2017 et 2024, le nombre d’entrées en apprentissage a triplé, passant de 300 000 à près de 915 000[2].

Cette progression rapide a modifié certaines dynamiques. Une part croissante des nouveaux contrats d’apprentissage concerne les formations préparant aux niveaux de diplôme les plus élevés, et par conséquent, la part d’apprentis préparant un diplôme de niveau équivalent ou inférieur au baccalauréat a considérablement diminué, passant de 53 % en 2019 à 36 % en 20243. S’agissant du marché du travail, le développement de l’alternance aurait contribué à la hausse des taux d’activité et d’emploi des jeunes, avec 34,9 % des 15-24 ans qui sont en emploi[3], mais a aussi contribué à la baisse de 1,6 point de la productivité par tête entre le T4 2019 et le T3 20223.

En parallèle de ces différentes évolutions, les dépenses publiques mobilisées pour l’apprentissage ont nettement augmenté, du fait de l’augmentation du nombre d’apprentis et des nouvelles aides (5,8 Md€ en 2018 à 13,5 Md€ en 2022[4]).

D’un point de vue juridique et social, on a pu tout d’abord se pencher sur les effets de l’alignement du droit des apprentis sur le droit du travail et les protections particulières dont bénéficient les apprentis. Le séminaire s’est aussi interrogé aussi sur la manière dont les aides publiques apportées aux employeurs pour prendre en charge les apprentis peuvent être vectrices d’inégalités vis-à-vis des étudiants et des jeunes non apprentis qui s’insèrent sur le marché du travail, et si cela est susceptible de créer une concurrence vis-à-vis de ces derniers. Enfin, on s'est intéressé à la place à accorder aux entreprises quant à la définition de l’offre de formations.

D’un point de vue économique, le séminaire s'est penché sur les gains issus de l’apprentissage lors de l’insertion professionnelle, sur la productivité des apprentis à court et moyen terme, ainsi que sur les secteurs qui bénéficient le plus de cet essor. Dans quelle mesure le développement de l’apprentissage peut-il répondre aux difficultés de recrutement dans certains secteurs ? Où placer le curseur entre formation générale et formation spécifique en entreprise ? 

En termes de financement du dispositif, on s’est interrogé sur la manière d’assurer la soutenabilité financière du système. Observe-t-on un déplacement du rôle de l’apprentissage, d’aide à l’insertion professionnelle pour les moins diplômés à une aide financière pour les diplômes les plus élevés ? Faut-il modifier la répartition du coût de l’apprentissage entre Etat, entreprises et apprentis ?

Enfin, le Séminaire a été l’occasion de réaliser une analyse comparative avec des pays où la formation en apprentissage est efficacement intégrée au système d’études, à l’instar de l’Allemagne et Suisse.

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