Séminaire Nasse - Intelligence artificielle : enjeux concurrentiels, enjeux économiques et applications pratiques dans le secteur des médias
Ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
139 rue de Bercy
Paris
Organisés par la direction générale du Trésor et l'Autorité de la concurrence, les séminaires "Philippe Nasse" rassemblent un économiste et un juriste sur un sujet relatif à la concurrence. Il s'agit de débats à caractère académique, qui n'engagent pas les institutions organisatrices.
La dernière édition du Séminaire Nasse sur le thème « Intelligence artificielle : enjeux concurrentiels, enjeux économiques et applications pratiques dans le secteur des médias » a eu lieu le jeudi 19 septembre à 10h au centre de conférences Pierre Mendès France du ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
L’objectif du séminaire a été d'évoquer les enjeux économiques et concurrentiels soulevés par le développement de l’intelligence artificielle (IA), à la fois dans une perspective globale et en suivant l’exemple particulier du secteur des médias.
Outre une séquence introductive où ont été présentés les principaux enseignements du rapport de l’Autorité de la concurrence du 28 juin dernier sur le sujet, le séminaire a abordé la question de l’IA sous deux angles distincts :
1. L’IA comme innovation de rupture : quel impact sur les modèles d’affaires et sur le marché du travail ? Le secteur de l’IA est actuellement dominé par les grandes entreprises du numérique : celles-ci sont avantagées par leur accès aux ressources nécessaires (données, puissances de calcul, main d’œuvre qualifiée, etc.), qui peuvent constituer une barrière à l’entrée. Cette domination a des conséquences aussi bien sur le marché du travail (risque d’une diffusion limitée des gains de productivité liés à l’IA, etc.) que sur les modèles d’affaires (risques de « plateformisation », etc.).
Dans le secteur des médias, l’IA représente une réalité protéiforme aux conséquences multiples sur les modèles d’affaires et la structuration de la chaîne de valeur. C’est le cas aussi bien dans le domaine de la création (aide à l’écriture, effets spéciaux, montage…) que dans celui de l’information (organisation des fils d’actualité, vérification de l’information, modération des contenus…) ou de la distribution des contenus au public (traduction, fonctionnalités interactives…).
2. L’IA comme nouvel acteur économique : quels enjeux sur la chaîne de valeur et sur le rapport aux technologies de l’information ? Les récents progrès techniques dans le secteur de l’IA entraînent un changement de paradigme : l’IA, qui avait auparavant surtout un rôle de prédiction, peut se voir également désormais déléguer des décisions. Cette évolution entraîne des gains d’efficacité, mais aussi des risques : elle peut notamment mener à des comportements anti-concurrentiels, par exemple au travers des phénomènes de collusion algorithmique, i.e. l’entente tacite sur les prix via les algorithmes.
Sans aller nécessairement jusqu’à l’IA décisionnaire, le rôle de l’IA comme acteur économique s’observe particulièrement dans les médias, notamment à travers la production et la circulation des contenus (phénomènes de « bulles de filtre », diffusion de fake news, etc.). Cela soulève des questions d’ordre économique mais également sociétal et démocratique, qui invitent à interroger la robustesse du cadre juridique existant pour réguler efficacement sans entraver l’innovation et la diffusion de l’information.
Afin d’apporter leur expertise sur ces questions, sont intervenus :
- Juliette Théry, membre du collège de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) ;
- Xavier Lambin, professeur d’économie à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC).
Le débat a été animé par Yann Guthmann, chef du service de l’économie numérique à l’Autorité de la concurrence.
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