Actualités économiques du Nigeria-Ghana de la semaine du 17 novembre 2025
La French Week Lagos : opération réussie ; L’inflation atteint 16,1% ; S&P Global Ratings relève sa perspective pour le Nigeria ; L’État de Lagos émet 245 Md NGN d’obligations ; Les douanes pour l’intégration commerciale africaine ; TotalEnergies augmente sa participation dans le bloc OPL257 ; Réouverture d'Air France à Lagos ; Extension du port de Tema : investissement de 1,5 Md USD ; Inflation à la production de 1,4% en octobre ; Le Gouvernement présente un Budget 2026 de 302,5 Md GHS
LE CHIFFRE À RETENIR
74 Md USD
Nigeria
La French Week Lagos, organisée par la Chambre de commerce et d’industrie : opération réussie
- Le Sommet des Start-Up, centré sur les opportunités offertes par la technologie pour stimuler le commerce transfrontalier et l’intégration du Nigeria, et plus largement des pays d’Afrique, dans les chaînes de valeur mondiales ;
- La célébration des 25 ans de présence de Schneider Electric, rassemblant les acteurs de la filière pour explorer de nouvelles opportunités ;
- Le Business Forum, a réuni une large partie des communautés d’affaires française et nigériane autour de débats thématiques et d’espaces d’échanges informels. La déléguée à Lagos de la cheffe du SER d’Abuja, Laura Marie, et le conseiller agricole régional, Rachid Benlafquih, ont pu présenter la panoplie d’actions de diplomatie économique menées par la France dans le cadre d’un panel.
L'inflation poursuit son repli en octobre, atteignant 16,1%
Le Bureau national des statistiques nigérian (NBS) a publié les résultats d’inflation pour le mois d’octobre 2025. Le Nigeria enregistre 16,1% d’inflation en octobre en glissement annuel après 18,0% en septembre et 20,1% en août, en baisse continue depuis mars. Il s’agit du plus faible niveau d’inflation en glissement annuel enregistré depuis la mise à jour de la méthodologie de calcul de l’inflation du NBS en janvier. L’inflation d’un mois à l’autre s’est établie à +0,93%, après +0,72% en septembre et +0,74% en août, des niveaux faibles comparés aux périodes précédentes (+2,17% en moyenne de février à juillet 2025, +2,52% en moyenne en 2024 et +2,14% en 2023), confirmant le repli de l’inflation depuis l’été.
L’inflation alimentaire, principal moteur de l’inflation, atteint 13,1% en octobre en glissement annuel, après 16,9% en septembre et 21,9% en août et enregistre une seconde déflation d’un mois à l’autre (-0,4% après -1,6%).
L’inflation sous-jacente poursuit sa décélération à un rythme similaire aux mois précédents, de 20,3% en août et 19,5% en septembre à 18,7% en octobre.
La stabilité du naira puis sa récente appréciation ont permis de limiter l’inflation importée, alors que l’arrivée de la saison des récoltes agricoles a contribué à diminuer les prix des denrées alimentaires de base.
Après une première baisse des taux en septembre (-50pdb, de 27,5% à 27%), le Comité de politique monétaire se réunira à nouveau les 24 et 25 novembre.
Évolution de l’inflation en glissement annuel au Nigeria depuis janvier 2023
Source : National Bureau of Statistics NBS
Clef de lecture : L’inflation du Nigeria s’élève à 16,1% en octobre 2025 (courbe bleu foncé), l’inflation alimentaire à 13,1% (courbe bleue) et l’inflation sous-jacente à 18,7% (courbe bleu clair). Le taux directeur de la CBN (pointillé noir) a été abaissé à 27% en septembre.
Si la comparaison de l’inflation en glissement annuel avec ses performances historiques est rendue difficile par la mise à jour méthodologique de janvier, la décélération récente de l’inflation peut se constater en comparant les variations d’un mois à l’autre.
Évolution de l’inflation d’un mois à l’autre depuis 2022
Source : National Bureau of Statistics NBS
Clef de lecture : L’inflation de septembre à octobre 2025 s’est établie à 0,9% (courbe bleu foncé), -0,4% pour l’inflation alimentaire (courbe bleue) et 1,4% pour l’inflation sous-jacente (courbe bleu clair).
S&P Global Ratings relève sa perspective pour le Nigeria et confirme sa note à ‘B-/B’
L’agence de notation S&P Global Ratings a rehaussé sa perspective de ‘stable’ à ‘positive’ pour la notation souveraine du Nigeria, confirmée à ‘B-/B’. La note souveraine représente une estimation du risque de défaut souverain du pays. La première correspond à la dette libellée en devises et la seconde en monnaie locale. La note du Nigeria par S&P était fixée à ‘B-/B Stable’ depuis août 2023.
Ce changement de perspective est motivé par les améliorations du pays en matière d’équilibres externes, de finances publiques, de croissance et monétaire. Le passage à une perspective positive pourrait entraîner une amélioration de la note souveraine nigériane si la trajectoire favorable se poursuit.
S&P souligne l’amélioration des équilibres macroéconomiques du pays permise par les réformes structurelles de l’administration Tinubu. La consolidation progressive des recettes publiques avec l’entrée en vigueur des réformes fiscales, la diminution de l’inflation, des améliorations en matière de production pétrolière et le renforcement de la confiance des investisseurs justifient la revue à la hausse des prévisions de croissance de l’agence.
La stabilité du naira, la consolidation des réserves de change et la sortie du Nigeria de la liste grise du GAFI renforcent l’analyse de S&P.
L’approche des élections présidentielles, l’exposition aux variations du cours pétrolier et son impact sur le taux de change du naira, la pauvreté et l’insécurité restent en revanche des vulnérabilités.
S&P projette la croissance du pays à 3,9% du PIB en 2025, avant de converger vers 3,6% du PIB d’ici 2028. Le ratio d’endettement devrait rester stable sur la période autour de 47% du PIB, alors que les paiements d’intérêts devraient passer de 33% des recettes du pays à 27%. Le déficit budgétaire est estimé à 3,0% du PIB en 2025 et 3,8% du PIB en 2026.
Évolution de la notation souveraine du Nigeria des agences S&P Global Ratings, Fitch Ratings et Moody’s[1]
Sources : S&P Global Ratings, Fitch Ratings, Moody’s
Clef de lecture : la note de crédit du Nigeria par S&P s’établit à B-/Positive en novembre 2025 (courbe verte, échelle de gauche), celle de Fitch Ratings est à B/Stable (courbe rouge, échelle de gauche) et à B3/Stable pour Moody’s (courbe bleue, échelle de droite).
L’État de Lagos émet 245 Md NGN d’obligations, un montant record pour un sous-souverain africain
L’État de Lagos a réussi l’émission de deux obligations : une première de 230 Md NGN (137 M EUR), pour financer des projets d’infrastructures alignés sur l’agenda THEMES+ (transport, santé et éducation) à un taux de 16,25% et d’une maturité de 10 ans ; ainsi qu’une obligation verte de 15 Md NGN (9 M EUR) dédiée à la transition écologique, émise à un taux de 16%, pour une maturité de 5 ans. Ces deux obligations ont été sursouscrites (55% et 98% respectivement).
Le montant total levé, 245 Md NGN, constitue un record pour une entité sous-souveraine en Afrique. La précédente émission de l’État de Lagos – un sukuk - avait permis de lever 20 Md NGN en 2023. Pour mémoire, l’association BudgIt estimait en 2024 que la dette domestique de l’État de Lagos s’élevait à 1048 Md NGN et sa dette externe à 1243 M USD.
Cette opération confirme la confiance des investisseurs dans la solidité financière de l’État de Lagos et souligne l’attrait croissant pour les obligations sous-souveraines nigérianes. Cette sursouscription fait suite au succès de l’émission d’une euro-obligation souveraine de 2,35 Md USD (2 Md EUR) au début du mois de novembre.
Les douanes réaffirment leur volonté d’approfondissement de l’intégration commerciale africaine
Le Directeur général des Douanes a réaffirmé l’engagement du Nigeria en faveur d’une intégration commerciale africaine plus fluide, à l’approche du premier sommet du Partenariat des douanes pour la coopération commerciale africaine (C-PACT), organisé à Abuja. Il a souligné que la Zone de libre-échange continentale africaine ne pourra pleinement bénéficier au pays que si les douanes garantissent la fluidité des échanges.
Ce sommet réunit les administrations douanières africaines pour renforcer la coopération technique et moderniser les systèmes logistiques. Selon Afreximbank, le Nigeria s’affirme comme le premier pays d’Afrique de l’Ouest en matière de commerce intra-africain avec un volume d’échanges de 18,4 Md USD en 2024, après 8,1 Md USD en 2023.
TotalEnergies augmente sa participation dans le bloc OPL257
À l'issue de cette transaction, la participation de TotalEnergies dans le bloc OPL257 passera de 40% à 90%, Conoil conservant une participation de 10% dans ce bloc.
Réouverture de l’agence Air France à Lagos
Cette décision fait suite au lancement du nouveau salon Air France à l'aéroport Murtala Muhammed, en septembre.
Ghana
Extension du port de Tema : un investissement structurant de 1,5 Md USD pour renforcer le hub maritime ghanéen
D’un montant total de 1,5 Md USD, ce projet résulte d’un partenariat public–privé réunissant Meridian Port Services (MPS), le concessionnaire du Terminal 3, et ses actionnaires : Maersk, la Ghana Ports and Harbours Authority (GPHA) et l’entreprise française Africa Global Logistics (AGL). Les travaux d’aménagement ont été réalisés par Eiffage Génie Civil Marine, impliqué dans les deux phases du projet.
Les nouveaux aménagements du Terminal 3 - 127 hectares additionnels, 1,4 km de quais, quatre postes à quai de dernière génération - portent la capacité de traitement du port de 800 000 EVP (équivalent vingt pieds) à 3 M d’EVP par an.
Cette montée en puissance devrait faire du port de Tema l’un des hubs les plus performants du Golfe de Guinée, capable de réduire significativement les temps d’escale et d’améliorer la fluidité logistique régionale. Le terminal est désormais reconnu comme « Green Terminal », i.e. intégrant des normes élevées d’efficacité énergétique et d’innovation.
Lors de la cérémonie, Philippe Labonne, président d’AGL, a déclaré que cette plateforme « servira de moteur durable de croissance pour l’Afrique », en soutenant la montée des échanges intra-africains.
Inflation à la production à 1,4% en octobre, son plus bas niveau depuis quatre ans
L’inflation des prix à la production (PPI) s’est établie à 1,4% en octobre 2025, en glissement annuel, son plus bas niveau depuis quatre ans, selon le centre des statistiques ghanéen (GSS). Ce net recul, après 3,2% en septembre, confirme l’ampleur du mouvement désinflationniste en cours.
Le mouvement désinflationniste est essentiellement imputable au secteur minier (44% du panier), dont l’inflation est tombée à 0,7%, après 5,0% en septembre. Les prix de l’électricité et du gaz a également contribué aussi à la baisse, avec un niveau d’inflation passant de 9% à 5%. À l’inverse, le niveau des prix de l’industrie manufacturière (35% du panier) a légèrement progressé, passant de 1,7% à 2,5%, tandis qu’un ralentissement a été constaté dans le secteur de la construction (0,4%, après 4,6%).
L’IPP, qui mesure l’évolution des prix de vente des producteurs pour leurs biens et services, constitue un indicateur avancé des tensions inflationnistes : une décélération à ce stade suggère une possible transmission à la baisse des prix de détail dans les mois à venir.
Le Gouvernement présente un Budget 2026 équivalent à 27,3 Md USD intitulé « Resetting for Growth, Jobs and Economic Transformation ».
Du côté des recettes, les recettes pétrolières attendues demeurent limitées, à 1,2 Md USD, tandis que les recettes non pétrolières totalisent 22,9 Md USD, soit plus de 94% des recettes totales. S’agissant des dépenses, le premier poste budgétaire demeure la masse salariale du secteur public, qui atteint 8,2 Md USD (soit 30% du budget total). Les dépenses d’investissement public, bien qu’en hausse à 5,2 Md USD, demeurent inférieures aux dépenses allouées au paiement des intérêts sur la dette (5,2 Md USD).
Au plan fiscal, la principale réforme figurant dans le projet de budget consiste en la réduction du taux effectif de TVA qui doit être abaissé à 20% contre 21,9% précédemment. Par ailleurs, le seuil d’entrée dans cet impôt serait relevé de 200 000 GHS à 750 000 GHS de chiffre d’affaires. Le gouvernement entend également intensifier le recouvrement des arriérés, rationaliser les exonérations et renforcer la digitalisation du contrôle fiscal, notamment dans le commerce électronique.
Sur le volet investissement, l’initiative phare demeure le « Big Push Infrastructure Programme », soit une enveloppe équivalente à 10 Md USD, incluant 2,7 Md USD affectés en 2026 aux routes et ouvrages stratégiques pour améliorer la compétitivité, faciliter les échanges et renforcer les chaînes de valeur.
[1] Notations à long-terme en devises. Les perspectives positives/négatives sont affichées avec un ajustement de +/-0,33 point. La veille de crédit positive/négative avec un ajustement de +/-0,67 point.