Face à un double choc de compétitivité pour les fournisseurs étrangers des États-Unis provoqué par la hausse des droits de douane et la dépréciation du dollar, la stagnation des prix à l’importation aux États-Unis (qui n’incluent pas les droits de douane) en 2025 suggère que les exportateurs étrangers ont partiellement absorbé ces deux chocs, en réduisant leurs marges.

En 2025, les fournisseurs étrangers des États-Unis ont été exposés à un double choc de compétitivité du fait de la dépréciation du dollar (−5,9 % pour le taux de change effectif nominal des États-Unis entre décembre 2024 et octobre 2025) et de la hausse des droits de douane (le taux effectif passant de 2,3 % à 10,4 % entre décembre 2024 et août 2025). Dans ce contexte, la stagnation des prix à l’importation aux États-Unis (qui n’incluent pas les droits de douane) suggère que les exportateurs étrangers ont partiellement absorbé ces deux chocs, en réduisant leurs marges. 

Si le dollar s’est déprécié avec les principaux partenaires à l’importation des États-Unis, tous n’ont pas adopté la même stratégie de transmission aux prix (cf. Graphique 1). Les indices de prix à l’importation des États-Unis sont restés stables depuis l’Union européenne (UE), le Canada et le Mexique. Les indice de prix à l’importation ont modérément augmenté depuis le Royaume-Uni, Taïwan et le Japon, suggérant qu’ils ont commencé à répercuter partiellement l’appréciation bilatérale de leur monnaie face au dollar sur les prix de leurs exportations vers les États-Unis. Plus particulièrement, les exportateurs japonais ont adopté des stratégies hétérogènes en fonction des secteurs : le prix des exportations japonaises automobiles vers les États-Unis a notamment reculé de 20 %.  

À l’inverse, la Chine semble être le seul partenaire avec lequel l’indice des prix à l’importation ait baissé, quoique modérément (−3,0 %) en comparaison du taux effectif qui lui est appliqué (36,7 %). Plusieurs facteurs ont permis à la Chine de supporter cet effort : (i) l’appréciation de sa monnaie avec le dollar a été plus faible qu’ailleurs (+2,3 %, contre +11,1 % pour l’euro), (ii) sa monnaie s’est fortement dépréciée face à l’euro (−8,0 %), améliorant ainsi la compétitivité-prix de ses exportations vers la zone euro qui pourrait permettre de compenser partiellement l’effort de marge opéré sur les ventes vers les États-Unis, et (iii) une tendance antérieure à 2025 de baisse de ses prix à l’exportation, en lien avec ses surcapacités industrielles, renforcées par une demande intérieure atone. 

Evolution de l'indice de prix à l'importation des Etats-Unis et du taux de change

Sectoriellement, l’évolution des indices de prix à l’importation des biens est plus contrastée (cf. Graphique 2). Les trois principaux secteurs d’importation, représentant dans leur ensemble 44 % des importations américaines en 2024, ont vu leur indice baisser entre décembre 2024 et août 2025 :

  • −1,7 % pour les produits informatiques et électroniques (16 % des importations américaines), surtout dans les équipements de communication (−8 %), qui sont importés pour presque moitié de Chine. Les droits de douane du secteur n’ont pourtant augmenté que de +3 pt entre octobre 2024 et août 2025, atteignant 4 %.
  • −0,9 % pour les produits chimiques et pharmaceutiques (12 %), grâce à leur baisse prononcée dans les produits chimiques de base (−9 %) importés pour un tiers auprès de l’UE. Les droits de douane sur ces produits n’ont pourtant également augmenté que de +3 pt, à 4 %.
  • −0,4 % pour les équipements de transport (15 %), en raison de la baisse des prix des automobiles et de leurs pièces détachées, fournis pour plus du tiers par le Mexique. Les droits de douane sur ces produits ont augmenté fortement de +14 pt, à 16 %. 

À l’inverse, deux secteurs d’importation, parmi les plus touchés par la hausse des droits de douane, contribuent positivement à l’évolution de l’indice des prix à l’importation :

  • +7,2 % pour la fabrication de métaux primaires (4 % des importations américaines), en particulier dans les métaux non ferreux hors aluminium (+16 %, articles en métaux précieux et or non monétaire) portés par la forte hausse du cours de l’or et importés d’abord depuis le Canada et la Suisse. Les droits de douane sur ces produits ont pourtant augmenté de +14 pts, à 16 %.
  • +3,6 % pour les produits alimentaires (4 %), notamment dans le chocolat et confiseries dérivées (+45 %) dont l’offre est pénalisée par de mauvaises récoltes et surtout importée du Canada, du Mexique et de l’UE, dans les produits carnés (+12 %), d’abord fournis par le Canada et l’Australie. Les droits de douane sur ces produits ont augmenté de +6 pts, à 9 %.  

Evolution de l'indice de prix à l'importation des Etats-Unis pour les sept principaux secteurs d'importation