Dubai Airshow : Sky is not the limit
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen...
Dubai Airshow : Sky is not the limit
Cette semaine, les Emirats arabes unis ont accueilli la 19e édition du Dubai Airshow, l’un des salons aéronautiques les plus importants au monde, après le Bourget (France) et Farnborough (Royaume-Uni). Avec plus de 1 500 exposants issus de 148 pays et quelque 490 délégations civiles et militaires, cet événement a souligné la position stratégique du Golfe en tant que hub pour la filière aéronautique. L’édition 2025 se distingue en outre par l’extension des pavillons dédiés à l’espace et à la mobilité aérienne avancée, qui reflètent l’ambition des pays du CCG de se positionner à la fois comme grandes puissances aériennes, militaires et acteurs de la nouvelle économie spatiale.
Lors de cette édition, la France a confirmé sa présence sur l’ensemble des filières stratégiques. Aux côtés des grands groupes industriels (Airbus, Thales, Safran, Dassault, MBDA etc.), 29 ETI et PME réunies sous le Pavillon du « Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales » (GIFAS) ont démontré le dynamisme et l’innovation du tissu industriel français. Dans le secteur spatial, en plein essor dans la région, 10 startups françaises ont été mises à l’honneur sur le Pavillon du Centre national d’études spatiales (CNES), affirmant ainsi la diversité de l’écosystème français.
La présence française sur ce salon, au-delà de sa dimension commerciale, revêt une importance stratégique, tant pour les économies locales que pour les entreprises françaises. Selon l’agence internationale IATA, aux EAU, le secteur aéronautique représente plus de 18 % du PIB en 2024 (92 Md USD), une proportion qui atteint 27 % du PIB pour le seul Emirat de Dubaï, porté notamment par le groupe Emirates. Côté français, les produits issus de la construction aéronautique et spatiale constituent le premier poste d’exportation dans la région atteignant 4,6 Md EUR en septembre 2025 (en g.a). C’est dans cette dynamique que plusieurs annonces et contrats majeurs ont été annoncés par nos entreprises lors de cette édition 2025, notamment :
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Airbus étend ses partenariats aux Emirats arabes unis avec la signature d'un MoU avec Flydubai pour 150 A321neo – marquant l’intégration d’Airbus dans une flotte constituée jusqu’alors uniquement d’aéronefs Boeing - et le renforcement de la flotte long-courrier d'Etihad Airways via de nouveaux A330-900, A350-1000 et A350F. La filière française consolide également sa coopération avec Emirates grâce à la commande de huit A350-900 supplémentaires, portant à 73 le nombre total d’A350 dans la flotte une fois les livraisons achevées.
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Safran, à travers Safran Seats et CFM, ancre davantage sa présence régionale avec la création d’une usine de fabrication et d’assemblage de sièges à Dubaï au bénéfice d'Emirates, la modernisation des cabines de 111 Boeing 777-300ER et A380 de la compagnie, ainsi que la fourniture de 120 moteurs LEAP-1A destinés à la future flotte d’A321neo de Riyadh Air.
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Dans le domaine de la défense, Thales renforce la coopération avec les Émirats via un accord de recherche avec Dubai Air Navigation Services et Emirates, et signe également deux partenariats avec Tawazun pour optimiser la gestion du trafic aérien émirien, et renforcer les capacités de maintenance locales.
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MBDA franchit de son côté un cap avec l’annonce de la création de MBDA UAE, le développement de munitions rôdeuses intégrant l’IA et l’implantation à Tawazun Industrial Park d’une usine de batteries thermiques stratégiques pour la filière missile.
Cette dynamique française s’inscrit dans un mouvement plus large de structuration de l’offre européenne. Exemple emblématique, le projet de regroupement des activités spatiales d’Airbus, Leonardo et Thales au sein d’une nouvelle entité de 25 000 salariés et 6,5 Md€ de chiffre d’affaires vise à créer un « champion » spatial européen. En renforçant l’autonomie stratégique de l’Europe dans l’espace, cette coopération vise à positionner l’Europe comme partenaire majeur des pays du Golfe, qui multiplient ces dernières années les programmes spatiaux nationaux.
Cette structuration européenne permet également de nous positionner dans un environnement toujours plus concurrentiel. Le Dubaï Airshow constitue à ce titre une plateforme idéale pour nouer des partenariats stratégiques durables, bien au-delà des seuls enjeux commerciaux immédiats. Le secteur aérien joue un rôle structurant dans la diversification économique des pays de la région, en s’inscrivant pleinement dans leurs stratégies de création de nouvelles rentes hors hydrocarbures. Portés par la puissance financière des fonds souverains, les pays du Golfe investissent massivement dans des technologies de pointe et l’innovation, favorisant l’émergence d’une industrie locale à haute valeur ajutée. En parallèle, le secteur contribue activement à la formation et l’employabilité des talents locaux, grâce à des collaborations étroites avec les universités, consolidant ainsi les fondements d’une économie de la connaissance compétitive à l’échelle mondiale.
Pour la France, cette dynamique régionale représente une opportunité majeure de renforcer ses positions commerciales et industrielles. En capitalisant sur son expertise et sa présence historique dans la région, elle peut consolider ses parts de marché en accompagnant la montée en compétence des acteurs locaux. Les investissements et programmes conjoints offrent ainsi un cadre privilégié pour ancrer durablement la présence française dans une région en pleine transformation économique, tout en sécurisant des débouchés pour ses filières d’excellence.
La concurrence internationale dans les secteurs de l’aérospatial et la défense est toutefois de plus en plus importante. Dans la défense, les industriels turcs, les acteurs asiatiques et les nouveaux champions locaux du Golfe, appuyés par des programmes comme Tawazun, EDGE ou SAMI, proposent des solutions à coûts maîtrisés, intégrant de plus en plus de technologies avancées et de contenus locaux.
La compétitivité des groupes français passera aussi par leur capacité à maintenir une avance technologique en poursuivant leurs investissements en R&D et en concluant des partenariats industriels créateurs de valeur pour les deux parties. Les projets structurants, tels que le futur champion spatial européen ou les investissements d’avenir dans l’aéronautique et la défense, vont dans ce sens, à condition de s’accompagner d’un effort soutenu de production industrielle, d’innovation et de montée en compétence sur le territoire national. C’est à ce prix que la France pourra préserver sa souveraineté industrielle et être en position de conclure des partenariats mutuellement bénéfiques avec les pays du Golfe. Le Dubai Airshow 2025 rappelle ainsi que, dans le ciel comme dans l’espace, ceux qui sauront garder une longueur d’avance façonneront les alliances et les chaînes de valeur de demain.
Hayet AFOU, Attachée macroéconomique et financière
Marie BONIFAY, Attachée sectorielle
Pétrole et gaz
Brent 21/11/2025 à 12h00 GST : 62,159 USD/Bbl
Les prix du pétrole sont en recul cette semaine, prisonniers d’un marché fondamentalement excédentaire tandis que l’actualité géopolitique entretient une tension diffuse mais sans générer, pour l’heure, de véritable prime de risque.
Vendredi à la mi-journée les contrats à terme sur le Brent s’échangeaient à 62,16 USD le baril, soit une baisse hebdomadaire de 2,04 USD (-3,18 %). Le WTI évoluait parallèlement à 57,76 USD le baril, contre 60,02 USD une semaine plus tôt (-3,77 %). Le gaz naturel continue sa hausse à 4,57 USD/MMBtu (11,6 €/MWh). Les prix européens du gaz sont stables à 31,39 €/MWh.
L'événement de la semaine est l'entrée en vigueur, ce vendredi 21 novembre, des sanctions américaines visant les géants russes Rosneft et Lukoil. L'impact des sanctions est déjà visible : les exportations russes de produits raffinés ont chuté à 1,7 M bpj durant la première quinzaine de novembre, soit leur plus bas niveau depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Ce volume représente près de la moitié des volumes expédiés en février 2022. La déclaration de force majeure par Lukoil sur le champ pétrolier irakien de West Qurna-2 constitue la conséquence la plus tangible de ces sanctions à ce stade.
A cela s’ajoutent les tensions logistiques sur l’appareil russe avec une attaque par missiles et drones contre le port de Novorossisk, premier port russe pour le trafic pétrolier. Parallèlement, un pétrolier saisi par l'Iran la semaine dernière a été libéré mercredi, illustrant la fragilité persistante de la sécurité maritime dans le détroit d'Ormuz. Paradoxalement, ces facteurs géopolitiques n'ont généré qu'une prime de risque limitée sur les cours – dans un contexte où les marchés se montrent plus réactifs à l'analyse des fondamentaux qu’aux tensions.
Près de 1,4 Md de barils de brut seraient désormais transportés ou stockés en mer, signe d’une réorganisation forcée des routes commerciales et d’une difficulté croissante à écouler certains flux vers l’Asie.
L’UE prépare un renforcement des sanctions contre la shadow fleet russe. Les ministres des Affaires étrangères examineront un dispositif visant les États qui immatriculent ces navires. Selon un document interne cité par Bloomberg, plusieurs d’entre eux ont déjà accepté de radier certains tankers. Varsovie pousse pour clarifier les conditions permettant, le cas échéant, de monter à bord d’un navire suspect. Cette pression s’inscrit dans un contexte d’« attaques hybrides » en Europe, qualifiées de « terrorisme d’État » par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.
Sur le plan des fondamentaux, les signaux d’excédent sont désormais particulièrement visibles aux États-Unis. La courbe à terme du WTI est en contango prononcé sur la quasi-totalité de 2026, reflet d’un marché américain largement surapprovisionné. Les exportations américaines ont atteint en octobre leur plus haut niveau depuis juillet 2024, et les stocks américains ont encore augmenté de 6,4 Mb cette semaine. À l’inverse, la courbe du Brent reste globalement plate, signe d’une demande faible pour les barils promptes de Mer du Nord.
Les perspectives des grandes agences restent divergentes. L’AIE anticipe pour 2026 un surplus d’offre pouvant dépasser 4 M bpj, porté par la résilience du schiste américain, la montée en puissance du gaz liquéfié naturel et l’arrivée de grands projets hors OPEP+. Elle estime que les stocks mondiaux se sont accrus de plus de 300 Mb sur les neuf premiers mois de l’année, soit environ 1,15 M bpj de reconstitution. L’EIA américaine prévoit un excédent plus modéré (2,2 M bpj), tandis que l’OPEP table sur un marché globalement équilibré, à condition que l’alliance OPEP+ maintienne une discipline stricte.
Le World Energy Outlook 2025 de l’AIE ravive les incertitudes de long terme. En réintroduisant le scénario des Politiques actuelles (CPS), l’agence montre qu’en l’absence de nouvelles mesures climatiques la demande mondiale de pétrole continuerait de croître jusqu’en 2050, atteignant 119 M bpj, pour un réchauffement proche de 3 °C. À l’inverse, les scénarios d’instituts comme l’IEEJ ou de majors (TotalEnergies, Shell, BP) projettent une demande nettement plus faible, autour de 82 à 89 M bpj en 2050. L’écart de 35 M bpj illustre l’ampleur des incertitudes entourant la transition énergétique.
Pour l’heure, les marchés privilégient la lecture fondamentale : surabondance d’offre, stocks en hausse et discipline de l’OPEP+. Le consensus Bloomberg du 14 novembre projette un Brent autour de 63,0 USD au T4 2025, 60,7 USD au T1 2026, et 61,5 USD en moyenne annuelle pour 2026. Sauf choc géopolitique majeur ou changement profond de stratégie au sein de l’OPEP+, le scénario le plus probable reste celui d’un marché modérément excédentaire, avec une volatilité guidée par les ajustements de production et l’évolution réelle de la demande.
Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
MBS s’est rendu à Washington les 18 et 19 novembre, sa première visite officielle aux Etats-Unis depuis sept ans – Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), s’est rendu à Washington les 18 et 19 novembre, sept ans après sa dernière visite, consacrant un rapprochement politique inédit avec l’administration Trump, malgré le recul structurel des échanges commerciaux entre les deux pays. La relation, historiquement centrée sur les hydrocarbures, s’est rééquilibrée depuis le début des années 2010. Riyad a pivoté vers l’Asie pour exporter son pétrole, tandis que le commerce avec les États-Unis s’est recentré sur les biens d’équipement, les services à haute valeur ajoutée et les contrats de défense, sur fond d’excédent commercial américain record en 2025. À l’inverse, les liens financiers se renforcent, avec une part croissante des actifs saoudiens investis en actions américaines et un fonds souverain saoudien, le Public Investment Fund (PIF), très exposé à la tech américaine. Les États-Unis sont redevenus en 2024 le premier investisseur en Arabie saoudite (2,4 Md USD), notamment dans le gaz, le numérique et le tourisme, secteurs au cœur de la Vision 2030. La visite a été ponctuée d’annonces ambitieuses. MBS a évoqué 270 Md USD de contrats signés et porté à 1 000 Md USD le montant des engagements saoudiens, autour de trois volets structurants (nucléaire civil, métaux critiques, intelligence artificielle). Le cœur du déplacement reste toutefois le pilier défense, avec la signature d’un « Strategic Defense Agreement », la désignation de l’Arabie saoudite comme allié majeur hors-OTAN et l’ouverture politique à une future vente de F-35, sous réserve du processus FMS et des réticences du Congrès. Cette avancée est étroitement liée au bras de fer sur le nucléaire civil, avec Washington qui conditionne sa coopération à un accord « 123 » strict, alors que Riyad revendique le contrôle complet du cycle du combustible en miroir de l’Iran et d’Israël, et brandit l’option de partenaires alternatifs (Chine, Pakistan). Les discussions autour d’une éventuelle installation d’enrichissement opérée en « boîte noire » par des Américains illustrent la recherche de compromis. À moyen terme, la solidité de ce « nouveau » partenariat dépendra de la capacité des deux parties à transformer ces annonces en engagements exécutoires, sans fragiliser ni les contraintes budgétaires pesant sur les projets saoudiens, ni l’architecture de sécurité régionale à laquelle les États-Unis arriment une partie de leur crédibilité internationale.
Energie, Transport & IA
Aramco signe 17 accords avec des entreprises américaines pour 30 Md USD – À l’occasion de la visite de MBS à Washington, Aramco a signé 17 MoU et accords avec des entreprises américaines, pour une valeur potentielle de plus de 30 Md USD, couvrant le GNL (projets Lake Charles avec MidOcean Energy et liquéfaction en Louisiane avec Commonwealth LNG, assortis d’achats potentiels de GNL/gaz par Aramco Trading), les services et équipements parapétroliers (accords de fourniture avec SLB, Baker Hughes, McDermott, Halliburton, NESR, KBR, Flowserve, NOV, Worley, Fluor), les matériaux avancés (extension d’un MoU avec Syensqo sur la localisation de fibre de carbone et composites) et les services financiers (mandats de gestion d’actifs de Wisayah avec Loomis Sayles, Blackstone, PGIM, et coopération avec JP Morgan pour la gestion de trésorerie). Ces annonces s’inscrivent dans le prolongement des 34 MoU signés à Riyad en mai entre Aramco et des entreprises américaines (environ 90 Md USD), portant à près de 120 Md USD le montant total.
Accélération du projet de « Riyadh Rail Link », maillon clef du Saudi Landbridge – La Saudi Arabia Railways (SAR) s’apprête à lancer la deuxième phase de pré-qualification pour le contrat de construction du « Riyadh Rail Link », nouvelle ligne ferroviaire double voie de 35 km traversant la capitale et reliant le réseau North-South Railway à l’Eastern Railway. Les consortiums sont invités à proposer des schémas de financement auto-portés pour ce projet, qui couvre la construction de la ligne et des infrastructures associées (ouvrages d’art, travaux de génie civil, déviations de réseaux, systèmes de signalisation, etc.). Intégrée au projet Saudi Landbridge (7 Md USD, plus de 1 500 km de voies, dont une nouvelle ligne de 900 km Riyadh-Djeddah, la modernisation de Riyadh-Dammam et un lien entre King Abdullah Port et Yanbu), cette section relance un programme emblématique annoncé dès 2004 mais freiné par des enjeux de tracé, de droits de passage et de coûts, et pour lequel un consortium Hill International / Italferr / Sener assure depuis fin 2023 l’assistance à maîtrise d’ouvrage.
AWS et Humain lancent une “AI Zone” à Riyad – AWS et la société saoudienne Humain, filiale du PIF, vont déployer jusqu’à 150 000 accélérateurs d’IA dans une « AI Zone » à Riyad, dans le cadre d’un plan d’investissement de plus de 5 Md USD dans les infrastructures d’IA, les services cloud et la formation. Présentée comme une première dans le royaume, cette zone s’appuiera sur des infrastructures Nvidia GB300 et les puces Trainium d’AWS, intégrera les services d’IA générative (Bedrock, AgentCore, SageMaker) et doit soutenir l’ambition de faire de l’Arabie saoudite un hub mondial de l’IA, via le co-développement de LLM arabophones (dont « Allam »), une place de marché d’agents IA pour les services publics et un programme de formation de 100 000 Saoudiens (dont 10 000 femmes) afin de contribuer à l’objectif de contribution au PIB de 130 Md USD d’ici 2030.
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
Le conglomérat International Holding Company (IHC) d’Abou Dabi prévoit de céder, d’ici 18 mois, entre 20 et 25 Md USD de participations minoritaires jugées non stratégiques. Deux opérations sont déjà en phase avancée, dont une attendue début 2026. IHC (contrôle plus de 1 400 filiales et a récemment fusionné plusieurs entités dans 2PointZero Group) poursuit la rationalisation de son portefeuille après plusieurs ventes majeures, dont une transaction à 1,1 Md USD dans le refroidissement urbain. Le groupe affiche une forte dynamique financière, avec des revenus en hausse de 35 % au T3 et une capacité d’investissement de 30 à 35 Md USD. Il explore parallèlement un projet énergétique solaire et éolien au Tchad, illustrant l’ancrage croissant des Émirats en Afrique.
Le Abu Dhabi Family Business Council (ADFBC) a réuni à Mumbai plus de 15 grandes familles d’affaires indiennes pour renforcer les partenariats économiques ÉAU-Inde. Les échanges ont porté sur les opportunités dans l’industrie, l’énergie propre, la biotech et la fintech, ainsi que sur la gouvernance et la transmission au sein des entreprises familiales, qui représentent 90 % du secteur privé aux Émirats et plus de 75 % du PIB indien. ADFBC a souligné la volonté d’Abou Dabi d’attirer les groupes familiaux indiens et d’accompagner l’expansion régionale des entreprises émiriennes, en particulier dans les secteurs innovants.
Abou Dabi a accueilli le UAE-Finland Dialogue. En présence du président finlandais Alexander Stubb et de hauts responsables émiriens, le dialogue a porté sur les opportunités d’approfondir la coopération économique et technologique. Les deux pays veulent renforcer leurs partenariats dans les smart infrastructures, la défense et le high tech, les énergies propres et l’économie circulaire. Le commerce non pétrolier a atteint 412,1 M USD sur les neuf premiers mois de 2025 (+48,7 %), soutenu par plusieurs accords bilatéraux en renouvelables et numérisation. Les discussions ont également mis l’accent sur l’implication du secteur privé et le rôle des jeunes pousses dans le développement de projets conjoints.
Doubaï a accueilli une réunion pour renforcer la coopération ÉAU-Monténégro. Les discussions entre Abdulla bin Touq Al Marri et Milun Zogović ont ciblé le transport, la logistique, les renouvelables, les télécommunications et les technologies de l’information, avec l’objectif de faciliter les investissements et d’élargir les partenariats publics-privés dans les projets d’infrastructures et de connectivité.
Aérospatial, Industrie et Transports
Le Dubai Airshow 2025 s’est déroulé cette semaine à l’aéroport Al‑Maktoum International (DWC) et s’impose comme l’événement aéronautique majeur de l’année. Les ÉAU entrent dans une phase d’acquisition accélérée, puisque le Tawazun a signé pour le compte du ministère de la Défense et de la police d’Abou Dabi des contrats totalisant 6,7 Md USD sur quatre jours. La seule journée de mercredi a représenté 1,8 Md USD : dont 1,6 Md USD pour le véhicule Al Heda commandé auprès de Calidus, des drones via International Golden Group, des radars par Abu Dhabi Autonomous Systems Investments et du soutien technique. Trois contrats internationaux ont par ailleurs été scellés : avec Thales, CS Group et MBDA, couvrant optique, défense aérienne et maintenance.,Parmi les grandes commandes annoncées sur le salon : Emirates a signé un contrat de 65 Boeing 777‑9 d’une valeur de 38 Md USD, consolidant sa position de premier client pour ce modèle. De son côté, flydubai, traditionnellement fidèle à Boeing, a annoncé un virage stratégique en commandant 150 Airbus A321neo (24 Md USD) auprès d’Airbus, avant de passer un protocole d’accord avec Boeing pour 75 Boeing 737 MAX (13 Md USD) avec options pour 75 de plus.
Les Émirats ont annoncé un plan d’investissement de 50 Md USD au Canada, dans le cadre d’un nouvel accord bilatéral couvrant les secteurs de l’énergie, de l’IA, ou encore de la logistique. Validé par le président Sheikh Mohamed bin Zayed, il marque une montée en puissance des liens économiques entre Abou Dabi et Ottawa. La visite officielle du Premier ministre canadien Mark Carney a permis d’acter ce rapprochement, alors que les deux pays multiplient les initiatives conjointes en IA et en infrastructures numériques. Le stock d’IDE émirien au Canada atteignait déjà 8,8 Md USD en 2024, un socle désormais appelé à croître rapidement.
Qatar
Le Qatar enregistre pour le troisième trimestre consécutif un déficit budgétaire à hauteur de 384 M USD. Le ministère des Finances (MoF) a indiqué que les recettes s'élevaient à 13,5 Mds USD, soit une diminution de 4,1 % en glissement annuel. Les dépenses totales ont, quant à elles, atteint 13,9 Mds USD, soit une diminution de 1,2 % en glissement annuel.
La Qatar Investment Authority (QIA) investit 275 M USD dans d-Matrix, société américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle générative, à l’occasion d’un tour de table de « série C ». Les fonds luxembourgeois, BullhoundCapital, américain, Triatomic Capital, le fonds souverain singapourien Temasek, le fonds de capital-risque de Microsoft, M12, ont également pris part à cette opération de financement (QIA)
Le terminal de GNL Golden Pass, projet gazier codétenu entre QatarEnergy (30 %) et Exxon Mobil (70 %), prévoit sa première cargaison de GNL pour le mois de février 2026. Le projet Golden Pass se situe aux Etats-Unis, à la frontière entre le Texas et la Louisiane. Une fois achevé, le terminal devrait avoir une capacité de production totale de 18 millions de tonnes par an.
L’Autorité d’investissement d’Abu Dhabi (ADIA), fonds souverain émirien, décide de céder 5 % dans Ooredoo, soit la moitié de sa participation actuelle dans l’entreprise, via une introduction en bourse sur le marché secondaire. Cette action pourrait rapporter 572 M USD à ADIA et faire baisser le cours de l’action de l’opérateur qatarien. Le directeur général d’Ooredoo, Aziz Fakhroo, a déclaré que les discussions avec ADIA s'inscrivaient dans le cadre des efforts déployés par le groupe pour accroître la liquidité de ses actions. Cette opération, la toute première introduction en bourse sur le marché secondaire au Qatar, porterait le flottant d'Ooredoo de 22 % à au moins 27 %.
La Qatar Development Bank (QDB), via le Qatar FinTech Hub, conclut un accord de coopération stratégique avec le Global Finance & Technology Network (GFTN) de l’Autorité monétaire de Singapour, lors du Singapore FinTech Festival. Le partenariat vise à renforcer l’innovation financière, l’échange de bonnes pratiques et le développement de capacités dans la FinTech. Il prévoit notamment la création d’un Centre d’Excellence à Doha et l’organisation future du Qatar FinTech Forum.
Une délégation de Google, dirigée par Oliver Parker, vice-Président du groupe en charge de l’Intelligence artificielle générative, rencontre le directeur général d’Al-Jazeera, Cheikh Nasser bin Faisal Al-Thani. Les deux parties ont échangé sur les possibilités de collaboration en matière d’intelligence artificielle et de nouvelles technologies. Al Jazeera souhaite sa position de leader dans le secteur des médias via l’adoption des technologies IA.
Le Qatar effectue avec succès son premier vol urbain de taxi aérien autonome électrique (eVTOL). Supervisé par le ministère des Transports (MoT), le vol a décollé de l’ancien port de Doha pour atterrir au Katara Cultural Village, marquant une étape clé dans l’adoption de solutions de mobilité innovantes et durables au Qatar.
Le Qatar Research, Development and Innovation Council (QRDI) et Qatari Diar signent un protocole d’accord visant à positionner Lusail City comme un « laboratoire vivant d’innovation ». La ville intelligente servira de plateforme pour tester des technologies émergentes et développer un écosystème de recherche et développement (R&D) autour de l’IA, de la mobilité, des infrastructures numériques avancées et des solutions urbaines durables.
Oman
Nama Water Services (NWS) a lancé un appel à préqualification (RFQ) dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) pour l’extension et l’exploitation à long terme des stations d’épuration d’Al Ansab (Phase III) et d’Al Amerat (Phase II). Cette opération vise à renforcer la capacité nationale de traitement des eaux usées et à accroître l’efficacité opérationnelle du secteur. Les projets prévoient une augmentation de 82 000 m³/jour pour Al Ansab (capacité portée à 207 000 m³/jour) et de 36 000 m³/jour pour Al Amerat (capacité portée à 54 000 m³/jour). Leur mise en œuvre se fera selon un modèle BOOT (Build-Own-Operate-Transfer), transférant au partenaire privé la conception, le financement, la construction, ainsi que l’exploitation et la maintenance des nouvelles installations et des actifs existants.
La Banque centrale d’Oman (CBO) a annoncé le 19 novembre le lancement du symbole officiel du rial omanais, une mesure visant à harmoniser la représentation de la monnaie nationale sur l’ensemble des plateformes financières, commerciales et numériques. Inspiré du patrimoine national, le symbole entend également accompagner les objectifs d’Oman Vision 2040 en matière de modernisation, d’innovation et d’intégration aux standards internationaux, en améliorant la cohérence et la lisibilité des supports bancaires. Les lettres arabes (ر et ع) représentent le nom du rial omanais.
Moody’s (12 novembre) confirme la trajectoire positive du secteur omanais de l’électricité, soutenue par l’amélioration de l’efficacité opérationnelle et par un appui public solide. OETC, NEDC et DISC prévoient d’investir 1,4 Md OMR sur 2025-2027 pour moderniser les réseaux, répondre à une croissance annuelle de la demande d’environ 4 % et accompagner l’objectif de 30 % de renouvelables d’ici 2030. Ces investissements s’inscrivent dans la continuité de la restructuration de 2023, qui a renforcé la cohérence du secteur et été appuyée par 225 M OMR de capital injecté par Nama Holding. Le projet Rabt 400 kV constitue l’élément central de l’intégration du système électrique national. Moody’s note également un besoin de refinancement d’environ 2,3 Md OMR en 2026-2027, atténué par un cadre réglementaire stable et par le soutien explicite de l’État prévu à l’article 67 du Sector Law.
Petroleum Development Oman (PDO) a ouvert un appel à manifestation d’intérêt en vue de la valorisation des volumes d’eaux issus notamment des stations de Nimr (175 000 m³/j) et de Rima (65 000 m³/j). Ces eaux produites, actuellement estimés à 948 600 m³/j et attendus à 1,4 M m³/j d’ici 2030, pourraient être réutilisées pour des usages agricoles, industriels ou commerciaux. Les opérateurs intéressés sont invités à se préqualifier avant le 21 décembre 2025 pour participer au processus de sélection. Cette démarche s’inscrit dans la stratégie de PDO visant à optimiser la gestion de l’eau, soutenir le développement de filières locales (agriculture, extraction minérale, biocarburants) et contribuer aux objectifs nationaux en matière de durabilité et de réduction des émissions.
Oman a lancé en phase pilote la carte nationale de paiement « Maal », destinée à renforcer l’infrastructure de paiements et à réduire les coûts pour les banques, commerçants et prestataires. Les cartes de débit et prépayées seront émises sans frais pour les clients, tandis que les retraits aux DAB resteront soumis à la réglementation existante. Durant la phase initiale, aucune redevance ne sera appliquée aux banques et prestataires de services de paiement pour l’utilisation d’OmanNet. Quatre banques — Bank Muscat, Sohar International, OAB et Bank Dhofar — proposeront des cartes « Maal ». Ce lancement s’inscrit dans la tendance régionale des cartes nationales de paiement (Himyan au Qatar, Jaywan aux EAU, Mada en Arabie saoudite).
Koweït
La KIA noue un partenariat avec Brookfield et NVIDIA dans un fond pour l’IA. Dénommé « Brookfield Artificial Intelligence Infrastructure Fund », le fonds sera dédié à l'infrastructure de l’IA et vise 10 Mds USD d'encours. Le fonds a déjà levé 5 Mds USD auprès d'investisseurs tels que Brookfield, le fabricant de puces Nvidia et le fonds souverain koweïtien (KIA). Brookfield est l'un des plus grands investisseurs mondiaux dans la chaîne de valeur de l'IA, avec plus de 100 Mds € (115,83 Mds USD) investis dans les infrastructures numériques, les énergies renouvelables et la fabrication de semi-conducteurs à travers le monde. Il faudra suivre la stratégie du fond qui investit actuellement dans les nouvelles technologies de refroidissements des fermes de serveurs.
Wafra & Ardian… Un mariage intéressé. WAFRA, la filiale du fonds de pension koweïtien PIFSS, a rejoint l'actionnariat d'Ardian (192 Mds USD d'actifs sous gestion). Bien qu’il s’agisse d’un investissement minoritaire pour Wafra, il s'inscrit dans le cadre de son programme de partenariats stratégiques, qui consiste à s'associer à des gestionnaires d'actifs alternatifs de premier plan afin de soutenir leur croissance. La taille d'Ardian, ses stratégies d'investissement diversifiées et ses performances éprouvées sur l'ensemble des cycles de marché correspondent parfaitement à la politique actuelle du fonds.
Une prochaine réforme des prêts immobiliers pourrait atténuer la crise du logement et faciliter l’accès à la propriété des ressortissants nationaux. L'État cherche des solutions pratiques et globales au manque de logement en réformant les crédits hypothécaires. Le président de l'Union immobilière, Ibrahim Al-Awadhi, a confirmé que la version récemment diffusée du texte n’était qu'un avant-projet. L’accès aux nouvelles facilités de crédit sera limité aux personnes éligibles à l'aide au logement et aux particuliers achetant des logements dans le cadre de projets immobiliers (ndlr : la propriété est réservée aux seuls nationaux). L'objectif principal de la loi est de réduire la pression croissante exercée sur la Banque de crédit du Koweït pour qu'elle fournisse des financements publics traditionnels, en créant des canaux de financement alternatifs afin d'aider l'Autorité publique pour le logement social (PAHW) à répondre à la demande en matière de logement. Si de nombreux pays du CCG ont mis en œuvre avec succès des lois efficaces en matière de crédit hypothécaire, il n'est pas possible d'appliquer directement ces expériences au Koweït en raison de la nature unique du système local de logement, qui repose sur l'aide au logement et le soutien direct du gouvernement.
Yémen
Trois sources au sein du gouvernement yéménite ont déclaré que l'Arabie saoudite avait versé 90 M USD sur les comptes de la Banque centrale du Yémen, en deux tranches successives de 45 M USD, au titre du soutien économique annoncé par le Royaume au gouvernement. Cette nouvelle aide a été versée par le biais du Programme saoudien pour le développement et la reconstruction du Yémen, afin de soutenir le budget de l'État.
Yemen Airways a annoncé le 19 novembre une augmentation de la fréquence de ses vols sur la liaison Aden-Riyad-Aden, à compter de ce mois de novembre, à trois vols par semaine.