Le Sénat nigérian valide l’émission de 1150 Md NGN d’obligations ; Le gouvernement planifie la désinflation et la croissance ; Suspension des droits de douane de 15% sur le carburant ; L’État de Lagos signe des accords pour le recyclage ; Connexion du Nigeria au réseau électrique ouest-africain ; Le Nigeria modernise ses paiements ; Un grand projet sucrier à Taraba ; S&P relève la note souveraine du Ghana ; Accord bilatéral de restructuration de dette au Ghana ; Construction du Dawa Solar Park

LE CHIFFRE À RETENIR

1 600 Md NGN 

C’est la taille du marché de la finance islamique au Nigeria

 

Nigeria

 

Le Sénat nigérian approuve l’émission de 1 150 Md NGN d’obligations domestiques pour financer le déficit du budget 2025

Le Sénat nigérian a approuvé la proposition du Président Tinubu d’émettre 1 150 Md NGN (soit 686 M EUR) sur le marché obligataire domestique.

Cette émission devrait combler en partie le déficit supplémentaire du budget 2025 et assurer le financement de l’ensemble des projets publics prévus pour l’année. L’ensemble des dépenses prévu dans le budget voté en début d’année s’établissait à 55 000 Md NGN et devrait finalement atteindre 60 000 Md NGN, creusant le déficit de 5 000 Md NGN soit près de 3 Md EUR supplémentaires (sans prendre en compte les variations en matière de recettes). Le déficit budgétaire du pays devrait par ailleurs être supérieur à celui prévu dans le budget, en raison de recettes moindres, conséquence du faible cours du pétrole.

Cette décision fait suite à l’émission de deux euro-obligations début novembre de 2,35 Md USD (1,25 Md USD et 1,10 Md USD de maturités respectives 10 et 20 ans et de coupons de 8,63% et 9,13%).

 

Le gouvernement lance sa stratégie pour la désinflation et l’accélération de la croissance

Le gouvernement et la Banque centrale du Nigeria (CBN) présentent la Stratégie de désinflation et d’accélération de la croissance. Cette stratégie a comme objectif de rehausser la croissance du PIB à +7%, réduire l’inflation à un seul chiffre et doubler le revenu des ménages.

Cette stratégie pourrait représenter un deuxième élan de réformes. Le gouvernement et la CBN entendent coordonner politiques monétaire et budgétaire pour favoriser une croissance inclusive sans effet inflationniste. Le plan repose sur la mobilisation des capitaux privés, l’innovation financière, l’expansion et la diversification énergétique, l’industrialisation, la formation professionnelle et le développement d’infrastructures numériques et technologiques.

 

L’introduction de droits de douane de 15% sur l’essence et le diesel est suspendue

L’Autorité nigériane de régulation du secteur pétrolier (NMDPRA) a annoncé le 13 novembre que les droits de douane de 15% sur les importations de diesel et d’essence, dont la mise en œuvre était prévue en janvier 2026, initialement prévus pour janvier 2026, ne seraient finalement pas appliqués. Cette décision vise à prévenir les pénuries et l’inflation que cette mesure aurait pu entraîner.

 

L’État de Lagos a signé plusieurs protocoles d’accords pour développer sa filière de recyclage

En marge du Lagos International Climate Summit, qui s’est tenu les 6 et 7 novembre, l’État de Lagos a conclu plusieurs protocoles d’accord (MoUs) dans la filière des déchets. Des protocoles d’accord ont ainsi été signés avec les entreprises suivantes : HAK Waste Limited, qui doit en place un système de recyclage et de récupération des bouteilles et contenants de boissons grâce à un système de consigne ; Haggai Logistics Limited, qui propose de construire une usine de recyclage de pneus ; et Mondo 4 Africa, qui propose de transformer les déchets plastiques non recyclables en carburant durable.

 

Le Nigeria a réussi les tests de synchronisation de son réseau électrique avec le reste du réseau ouest-africain

L’Opérateur indépendant du système électrique nigérian (NISO) a réalisé avec succès les premiers tests de synchronisation du réseau électrique nigérian avec le reste du réseau ouest-africain via le Système d’échange d’énergie électrique ouest-africain (WAPP). Cette opération a confirmé la compatibilité technique entre les infrastructures du Nigeria, déjà reliées à celles du Niger, du Bénin et du Togo, avec le reste du réseau ouest-africain.

Ce système, initiative de la CEDEAO, vise à interconnecter les réseaux des pays membres afin de créer un marché régional de l’électricité. Cette avancée représente une étape importante vers un réseau électrique unifié en Afrique de l’Ouest, capable d’améliorer la stabilité énergétique, de réduire les coûts et de favoriser les échanges transfrontaliers d’énergie.

 

Le Nigeria modernise ses paiements avec la National Payment Stack

Le Nigeria a inauguré la National Payment Stack (NPS), une infrastructure unifiée de paiements numériques développée par le Système de règlement interbancaire du Nigeria (NIBSS) sous la supervision de la Banque centrale du Nigeria. Cette plateforme, fondée sur la norme ISO 20022, vise à renforcer l’interopérabilité entre banques, fintechs et opérateurs de mobile money, tout en permettant des règlements instantanés.

Elle remplace le système NIBSS Instant Payments (NIP) lancé en 2011, devenu insuffisant face à la croissance des paiements numériques, qui dépassent désormais 9 Md USD de transactions par an. La NPS permettra aux fintechs d’accéder directement au réseau national, sans passer par les banques. Cette modernisation soutient les objectifs d’inclusion financière dans un pays où 38 M d’adultes demeurent non bancarisés et pourrait, à terme, faciliter les transactions transfrontalières africaines via le Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS).

 

Un projet sucrier d’envergure se prépare à Taraba

Le Conseil national pour le développement du sucre (NSDC) et le conglomérat privé d‘Hong-Kong, Lee Group, ont engagé une nouvelle étape dans la mise en place d’un projet sucrier de plusieurs M USD dans l’État de Taraba. Le NSDC souligne que Taraba figure parmi les zones les plus prometteuses identifiées dans son étude nationale et cherche désormais à obtenir le soutien du gouvernement local, notamment pour l’accès au foncier. Ce projet devrait contribuer à accroître la production du pays dans le cadre du Plan directeur pour le sucre au Nigeria (NSMP II).

Actuellement, l’industrie sucrière du Nigeria dépend largement des importations, près de 96% du sucre étant importé, malgré le plan directeur national vise à développer la production locale. Les principaux producteurs locaux incluent Dangote, BUA et la Golden Sugar Company, qui ont réalisé des investissements significatifs dans le secteur.

Ghana

 

S&P relève la note souveraine du Ghana à ‘B-/B’

Le 7 novembre 2025, S&P Global Ratings a amélioré la note souveraine du Ghana, portée de "CCC+/C" à "B-/B", associée à une perspective stable, actant l’amélioration nette des fondamentaux macroéconomiques après la crise de 2022. La première note correspond à la dette libellée en devises et la seconde en monnaie locale.

Cette décision s’appuie sur le redressement rapide des comptes externes : l’excédent courant devrait atteindre 4,6% du PIB en 2025, un record, permettant une reconstitution substantielle des réserves de change à 10,4 Md USD (9% du PIB) fin 2025 après 6,8 Md USD fin 2024. L’appréciation du cedi (33% depuis janvier) a soutenu la désinflation, l’inflation devant repasser durablement sous 10% à partir de 2026.

Sur le plan budgétaire, les autorités ont réinstauré un cadre de discipline renforcé, avec un excédent primaire obligatoire de 1,5% du PIB et un plafond de dette à 45% du PIB d’ici 2034. Combiné à un resserrement de l’exécution de la dépense, ce cadre soutient la trajectoire de consolidation : le déficit devrait avoisiner 3,8% du PIB en moyenne sur 2025-2028, après 7,3% au cours de la décennie précédente.

S&P souligne également les avancées du processus de restructuration, dont l’échange de 13,1 Md USD d’Eurobonds en octobre 2024, même si des discussions restent ouvertes avec certains créanciers sur les 5 Md USD résiduels.

La croissance demeure robuste selon l’agence (+6,3% en glissement annuel au premier semestre 2025 ; prévision de 6,0% pour l’année), soutenue par l’amélioration du climat macroéconomique, la normalisation du financement domestique et la vigueur des secteurs aurifère et cacaoyer. La formalisation accrue de la filière or et la réforme du préfinancement du Conseil ghanéen du cacao (CocoBod) renforcent également les flux de devises.

S&P rappelle toutefois la persistance de vulnérabilités : charge d’intérêts absorbant 20% des recettes publiques, exposition aux chocs externes, passifs contingents importants dans l’énergie et fragilités bancaires (23,6% de créances douteuses en mars 2025). La crédibilité du nouveau cadre budgétaire devra encore être confirmée dans la durée.

Ainsi, les trois principales agences ont révisé leur appréciation du risque souverain ghanéen en 2025 : Fitch Ratings a relevé la note à B- (perspective stable) en juin 2025, et Moody’s l’a portée à Caa1 (perspective stable) début 2025.

 

Le Ghana conclut son 6e accord bilatéral de restructuration de dette, avec l’Allemagne

Le Ghana a signé un accord bilatéral de restructuration de dette avec la République fédérale d’Allemagne, sixième accord conclu dans le cadre de son programme de restructuration. Cette avancée marque une nouvelle étape vers le rétablissement de la soutenabilité de la dette publique et la stabilisation macroéconomique.

Cet accord intervient après l’achèvement de la restructuration de la dette intérieure (taux de participation d’environ 85%) et s’inscrit dans la seconde phase du processus, désormais tournée vers les créanciers extérieurs. Depuis la suspension, le 19 décembre 2022, des paiements sur certaines obligations commerciales extérieures, les négociations conduites sous l’égide du Comité des créanciers du Club de Paris, avec le soutien de la France et de la Chine, portent sur environ 5,4 Md USD de dettes bilatérales.

L’Allemagne rejoint ainsi les partenaires déjà engagés dans la restructuration : China Exim Bank, la France, la Finlande, le Royaume-Uni et l’Espagne. L’ensemble de ces accords contribue à étaler la charge du service de la dette, à alléger la pression immédiate sur les finances publiques et à renforcer la crédibilité de la trajectoire de redressement présentée par les autorités ghanéennes auprès des bailleurs internationaux.

 

Lancement de la construction du Dawa Solar Park, pour accélérer la transition énergétique du pays

Le Ghana a lancé la construction du Dawa Solar Park, une centrale solaire de 200 MW située dans le Dawa Industrial Park (Grand Accra). Ce projet majeur de 150 M USD s’inscrit dans le Plan national de transition énergétique (NETF) et vise à accroître la part des énergies renouvelables, que le pays ambitionne de porter à 10% d’ici 2030.

Le NETF fixe la trajectoire du pays vers la neutralité carbone tandis que le Plan directeur pour les énergies renouvelables (REMP) - en cours d’actualisation et adossé à un budget de 3,4 Md USD - en précise les priorités : structuration de la filière, promotion de l’e-mobilité et création de trois zones économiques vertes.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le Dawa Solar Park, développé par Solar for Industries (SFI). SFI avait obtenu en décembre 2023 un financement de 100 M USD de l’IFC pour sa première phase, destinée à alimenter en électricité les entreprises du parc industriel. Présenté comme l’un des plus grands projets solaires d’Afrique de l’Ouest, il pourrait être étendu jusqu’à 1 000 MW.

Ce lancement intervient alors que le Ghana prévoit d’ajouter 1 400 MW de capacité de production d’énergies renouvelables au cours des cinq prochaines années. A ce jour, les énergies renouvelables hors grande hydro représentent 270 MW, soit environ 5% de la capacité du parc électrique total.

Le Président Mahama a souligné le rôle central du Dawa Solar Park dans l’industrialisation verte et dans son programme de relance fondé sur une économie opérationnelle 24h/24. Il a rappelé qu’un accès à une énergie propre et peu coûteuse est désormais indispensable pour préserver la compétitivité des exportateurs ghanéens, notamment face au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne.