Lettre économique des Balkans occidentaux - Commerce international et parts de marché françaises dans la région
Evolution du commerce international et des parts de marché françaises dans les Balkans occidentaux sur la période 2015-2024
Edito – Les partenaires commerciaux des Balkans occidentaux
En l’espace d’une décennie (2015-2024), le commerce extérieur des Balkans occidentaux a plus que doublé. Nos échanges avec la région ont augmenté au même rythme, de 1,2 Md EUR à 2,6 Md EUR, et nos parts de marché se sont donc maintenues (env. 2 % du commerce total).
Cette double évolution – dynamisme des flux, régularité dans la répartition – se retrouve pour nombre des partenaires de la région – commerce intrarégional compris, à quelques exceptions près : la Chine et l’Allemagne ont gagné des parts de marché, l’Italie et la Russie en ont perdu. Depuis 2015, la Chine en particulier est montée en puissance, détrônant l’Italie pour s’installer à la 2e place des fournisseurs de la région.
Dès lors on sent, à ces échelles de temps un peu plus longue, qu’on est probablement au début d’une nouvelle phase. Le dynamisme de la Chine ou de la Turquie, les relations compliquées d’une partie de la région avec la Russie mobilisent souvent l’attention. Mais l’Union Européenne garde la place principale et on peut faire l’hypothèse, désormais, alors que plusieurs des pays concernés s’approchent des échéances fixées pour le processus d’élargissement de l’Union, que ce lien commercial va se renforcer à nouveau – peut-être dans des conditions un peu différentes.
Depuis une vingtaine d’années, le profil exportateur des Balkans occidentaux s’est modifié à la faveur de l’entrée d’IDE manufacturiers porteurs de technologie. Au début des années 2000, le panier d’exportations était composé de matières premières ou semi-transformées (métallurgie), de biens intermédiaires basiques et de produits finis à faible valeur ajoutée (textile). Aujourd’hui, les biens exportés sont plus complexes et situés plus en aval des chaînes de valeur ajoutée (machines électriques, équipements, pièce détachées automobiles). Cette tendance, initiée en Serbie, va en s’accélérant grâce au développement du secteur des batteries et des voitures électriques.
Le développement des relations commerciales avec l’UE a été facilité par l’arrimage progressif des économies balkaniques aux standards du marché unique. Avec des pays tiers, comme la Turquie et la Chine, les volontés de rapprochement économiques et commerciaux (partenariats de coopération, Accords de Libre-Echange) relèvent d’une forme de volontarisme, mais aussi d’un traitement de la région comme un espace où les offres moins-disantes sur les prix ou les normes ESG étaient encore possibles. La concurrence ne va pas disparaître, y compris sur les prix, c’est un gage de bonne utilisation des fonds publics. Mais les règles vont s’appliquer de manière plus égale à tous les acteurs : la région va poursuivre sa transformation et sa progression vers un modèle plus solide, plus technologique, moins dépendant.
Pierre Grandjouan
Chef du Service économique régional des Balkans occidentaux
Sommaire
L’augmentation du commerce international dans les Balkans occidentaux s’est accompagnée d’une recomposition géographique des échanges, sans affaiblir l’UE et la France
- Les échanges commerciaux des Balkans occidentaux ont plus que doublé en dix ans
- Les échanges avec la France augmentent dans les mêmes proportions, nos parts de marché restent stables
- Grâce à son industrie manufacturière, l’Allemagne a renforcé sa présence sur les marchés de la région, tandis que l’Italie est en perte de vitesse
- La Chine monte en puissance, les investissements se multiplient dans le secteur minier
- Les échanges s’intensifient avec la Turquie et la Hongrie, ils reculent nettement avec la Russie (sauf en Serbie)
- Les échanges intrarégionaux progressent peu
Les échanges entre la France et les Balkans occidentaux ont-ils un potentiel de croissance ?
- La relation commerciale entre la France et les BO est conforme à son potentiel
- La France exporte principalement des matériels de transport, des produits agro-alimentaires et des produits pharmaceutiques
- D’avantage d’investissements et d’intégration régionale favoriseraient les échanges