Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen...

Secteur bancaire aux Emirats : innover ou réguler ?

Dans son dernier rapport sur les Emirats arabes unis (EAU), le Fonds monétaire international (FMI) a souligné une nouvelle fois la stabilité et la résilience remarquable du secteur bancaire émirien. L’aplomb de l’industrie financière – parmi les plus solides du Golfe – est aussi porté par la capacité d’innovation de Doubaï vers des actifs novateurs, virtuels et les cryptomonnaies. Toutefois, la dynamique actuelle s’explique surtout par la solidité structurelle du secteur bancaire. Les EAU affichent en 2025 l’un des niveaux de risque les plus faibles au monde selon le Banking Industry Risk Indicator de Fitch, des ratios de capitalisation de 17,6 % au T1 2025 et un taux de prêts non performants de 4,1 % en 2024, contre 6,5 % en 2022.

Le secteur bancaire émirien est en croissance solide et profitable. Entre juin 2024 et juin 2025, le total des actifs des banques aux EAU a cru de 15,4 % pour atteindre 1 350 Md USD (4 970 Md AED). Les actifs ont progressé de 13,8 % en mai 2025 (g.a.) et devraient croître de 12,5 % en moyenne sur l’année 2025, portés par la hausse des dépôts et le rebond du crédit (+11,2 % prévu fin 2025). Les dépôts des résidents sont en croissance de 12,9 % au S1 2025, à 620 Md USD (2 250 Md AED). Les quatre plus grosses banques émiriennes sont First Abu Dhabi Bank (FAB), Emirates NBD (ENBD), Abu Dhabi Commercial Bank (ADCB) et Dubai Islamic Bank (DIB). A elles seules elles représentent 73 % des actifs du système bancaire national, un secteur concentré, leur valant le surnom de big four. Au S1 2024, les big four ont enregistré un profit record de 8,7 Md USD (+6 % en g.a.), confirmant une profitabilité élevée malgré l’entrée en vigueur de la fiscalité sur les sociétés (9 %).

L’environnement des taux d’intérêts est moins porteur qu’en 2022-2023 avec la baisse des taux d’intérêts en septembre 2025 de la Fed aux Etats-Unis. Le dirham étant arrimé au dollar, la Banque centrale émirienne (CBUAE) a suivi la même politique d’assouplissement. Malgré les trois baisses de taux décidées par la Fed depuis fin 2024, selon Moody’s les big four ont maintenu des revenus sur intérêts stables au S1 2025. Par ailleurs, une hausse des commissions et fees enregistrée par les banques pourra également contrer cet effet ciseau d’ici la fin de l’année.

 

Graphique 1 – Evolution des actifs, prêts et dépôts du secteur bancaire émirien (2023-2027)

graph 1

Source : Fitch, SERPA

Enfin, les banques émiriennes restent assises sur un matelas de liquidité confortable, avec des ratios prêts/dépôts en-deçà de 100 %. Ce ratio s’établit à 69% fin 2024, bien inférieur à celui des   banques saoudiennes (qui s’établit à 105 % la même année), signe d’une absence de dépendance structurelle au financement de marché.

Les banques et fintech émiriennes se sont par ailleurs rapidement adaptées aux nouvelles transactions et l’innovation fait rage depuis la pandémie. En effet, le Covid-19 a attiré de nombreux profils jeunes et entrepreneurials en quête de solutions bancaires et financières à la pointe des dernières technologies. En témoigne l’accord de principe accordé par la CBUAE à la néo-banque britannique Revolut ce mois-ci pour commencer à opérer dans le pays[1].

La récente amélioration du cadre réglementaire pour les actifs virtuels apporte un second souffle au secteur après un passage à vide sur liste de surveillance du GAFI entre 2022 et 2024. Les EAU ont renforcé leurs dispositifs de lutte anti-blanchiment (AML/CFT) et de connaissance du client (KYC), avec un taux d’adoption des standards internationaux passé à 90 % en 2025 dans la région selon PwC (contre 62 % en 2023). Des entités comme la Virutal Assets Regulatory Authority (VARA), créée en 2022 assurent désormais une législation stricte sur les stablecoins (jetons adossés au dirham), qui ne peuvent être émis que par des entités approuvées avec des obligations de KYC et AML.

Néanmoins, les banques émiriennes ne roulent pas sur autoroute et certaines difficultés pèsent encore sur les marges. En effet, le taux effectif du secteur bancaire est passé de 9 % à 15 %, engrangeant une facture fiscale de 1,8 Md USD (6,6 Md AED) pour les banques des EAU au S1 2025 – soit c.17 % du bénéfice avant impôts. Par ailleurs, l’application de nouvelles normes de gestion des risques de crédit depuis fin 2024 oblige les banques à renforcer leurs provisions pour pertes sur prêts. Le coût du risque agrégé pour les big four s’est dégradé à 36 pdb au S1 2025, contre seulement 12 pdb un an plus tôt.

Bien que les taux d’impayés (NPL) se soient améliorés, les incertitudes liées à une surexposition via des filiales à l’étranger et des pressions réglementaires exigeantes continuent de peser sur la rentabilité des banques. Ainsi, malgré un bénéfice net combiné en hausse de 6 % pour les big four au S1 2025, Fitch anticipe un ralentissement du ROE en 2025-2026 sous l’effet combiné de la baisse des taux, de l’augmentation des coûts de conformité et de la concurrence des fintechs. En outre, les coûts opérationnels liés à l’investissement dans la digitalisation, l’IA, et les systèmes de conformité s’accroissent – ce qui pousse le ratio coûts / revenus vers une légère hausse dans certains cas. Ce cumul de variables pourrait limiter l’expansion future si les banques ne parviennent pas à adapter leurs modèles face à une économie de plus en plus compétitive et régulée.

Les Émirats arabes unis démontrent qu’il est possible de concilier innovation et régulation sans compromettre la stabilité financière voire de faire de la régulation un facteur d’innovation. Leur succès repose sur une approche graduelle et pragmatique : encadrer les risques tout en maintenant un environnement propice à l’expérimentation technologique. La création de la VARA, la mise en place de sandboxes réglementaires pour les fintechs et le lancement du Digital Dirham par la Banque centrale illustrent cette stratégie. En 2025, selon IBS Intelligence près de 71 % des acteurs financiers émiriens utilisent des solutions d’intelligence artificielle pour l’analyse de risque ou la conformité. Ce cadre clair et prévisible rassure les investisseurs et favorise l’arrivée d’acteurs internationaux (Revolut, Binance), tout en renforçant la compétitivité locale. Cette capacité à réguler vite et bien, tout en expérimentant à grande échelle, fait aujourd’hui des Émirats un laboratoire régional de la fintech et de l’innovation financière.

Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier

Hayet AFOU, Attachée macroéconomique et financière


[1] Revolut propose des services de transferts internationaux ou encore des investissements en cryptomonnaies.

 

Pétrole et gaz

Brent 24/10/2025 à 12h00 GST : 66,172 USD/Bbl

graph 2

 

Les cours du brut ont fortement rebondi cette semaine, autour de 65 USD le baril, enregistrant leur plus forte hausse journalière depuis juin. L’annonce des sanctions contre les deux principaux producteurs russes Rosneft et Lukoil par les Etats-Unis et l’Union européenne a ravivé les craintes de perturbations de l’offre mondiale en provenance de la Russie, l’un des principaux exportateurs de brut. Washington a interdit toute transaction avec ces groupes et leur filiales détenues à plus de 50 %, tandis que Bruxelles a étendu son propre dispositif à Rosneft et Gazprim Neft. Ces mesures visent à réduire les revenus énergétiques russes, qui représentent un quart du budget fédéral.

En moyenne hebdomadaire, vendredi à la mi-journée les contrats à terme sur le Brent s’échangeaient à 66,17 USD le baril, soit une hausse hebdomadaire de 5,81 USD (+9,6 %). Le WTI évoluait parallèlement à 61,9 USD le baril, contre 56,88 USD une semaine plus tôt (+8,8 %). L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) anticipe un prix spot du Brent à 52 USD d’ici le T1 2026, ce qui le rapprocherait de l’estimation de breakeven budgétaire des Emirats arabes unis et du Qatar. Le gaz naturel est en hausse à 3,33 USD/MMBtu (10,6 €/MWh). Les prix européens du gaz sont en hausse à 32,27 €/MWh.

La portée de ces sanctions est inédite, puisqu’elles concernent la majorité des entreprises assurant l’exportation du brut russe, soit près de 7,3 M de bpj, soit 7 % de la consommation mondiale. Les Etats-Unis ont fixé au 21 novembre la date butoir pour le retrait complet des opérateurs américains, exposant donc les acteurs tiers à des sanctions secondaires. En pratique, ces restrictions rendent difficile le financement, l’assurance et le transport du pétrole russe par des entités non-russes.

Plusieurs raffineurs indiens ont indiqué qu’ils s’apprêtaient à suspendre leurs achats de brut russe selon Bloomberg, soit près de 1,7 M de bpj, tandis que la Chine reste prudente quant à une reprise de ces volumes. Une réorientation forcée de ces flux vers d’autres fournisseurs pourrait intensifier la concurrence pour le brut non russe, notamment celui du Golfe, dont les prix de référence ont bondi le lendemain de l’annonce.

Graphique 1 – Répartition géographique des exportations de brut russe

graph 3

Source : Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur, Bloomberg, SERPA

Malgré un contexte global d’excédent d’offre et de ralentissement de la demande, l’ampleur de ces sanctions, auxquelles s’ajoutent les frappes ukrainiennes sur les infrastructures pétrolières russes le 23 octobre, ravive le risque d’une perturbation de l’offre à court terme. Le marché semble toutefois bien approvisionné, un excédent de 4 M de bpj est toujours attendu en 2026 selon l’AIE, ce qui devrait limiter l’effet durable de ce rebond des prix.

Enfin, outre-Atlantique, l’administration Trump a autorisé la réouverture à l’exploration pétrolière de la plaine côtière du refuge national arctique d’Alaska (ANWR), jusqu’ici interdite sous la présidence Biden. La mesure s’inscrit dans la stratégie de relance de la production nationale et porte sur 1,56 M d’acres estimés contenir plusieurs milliards de barils. Selon Bloomberg, si elle pourrait à terme renforcer l’offre américaine, son impact reste incertain face aux coûts d’exploitation élevés et au manque d’appétit des investisseurs. 

Hayet AFOU, Attachée macroéconomique et financière

 

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

MBS se rendra à Washington le 18 novembre – Le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) se rendra à Washington le 18 novembre 2025 pour rencontrer le président Donald Trump, sa première visite aux États-Unis depuis 2018. Celle-ci fait suite à la visite du Président américain en mai dernier, où 600 Md USD d’engagements avaient été annoncés. Plusieurs accords sur l’intelligence artificielle, la défense, le nucléaire civil et le commerce devraient être signés.

L’indice PMI de l’Arabie saoudite s’élève à 57,8 en septembre, sa meilleure performance depuis mars – En septembre 2025, le secteur privé non pétrolier saoudien a maintenu une croissance soutenue, avec un indice PMI à 57,8, contre 56,4 en août, signalant une amélioration soutenue des conditions d’activité, la plus forte depuis mars. La hausse a été portée par une accélération de la production et des nouvelles commandes, tant domestiques qu’internationales, dans un contexte de demande robuste. Le nombre d’emplois a continué d’augmenter à un rythme élevé pour absorber la charge de travail, tandis que les entreprises ont augmenté leurs achats et leurs stocks en anticipation de la demande. Malgré la persistance des pressions sur les coûts, la hausse des prix de vente est restée modérée, soutenant la compétitivité des entreprises. Selon Riyad Bank, ces résultats confirment la résilience du secteur non pétrolier et un optimisme renouvelé des entreprises à l’approche du dernier trimestre de l’année 2025.

Goldman Sachs déploie sa division de banque privée en Arabie saoudite – La banque américaine Goldman Sachs a lancé la première phase du déploiement de ses services de banque privée onshore en Arabie saoudite, depuis son bureau de Riyad, afin d’élargir ses activités de gestion de patrimoine dans le Royaume. La banque américaine, déjà présente depuis plus d’une décennie, a récemment transféré plusieurs dirigeants de Dubaï vers Riyad et intensifie ses recrutements pour renforcer sa présence régionale. Cette expansion s’inscrit dans la stratégie de Goldman, première banque internationale à avoir obtenu une licence de siège régional en Arabie saoudite en 2024, suivie depuis par Citigroup, Morgan Stanley et JPMorgan.

Immobilier, Culture & Energie

L’inflation immobilière en Arabie saoudite ralentit à 1,3 % au T3 sous l’effet du repli des prix résidentiels – L’inflation immobilière en Arabie saoudite est tombée à 1,3 % au T3 2025, contre 3,2 % au trimestre précédent, selon les données de la General Authority for Statistics (GASTAT). L’indice des prix de l’immobilier a atteint 103,9, contre 102,6 un an plus tôt, indiquant une nette décélération du marché. Ce ralentissement s’explique par la baisse de 0,9 % du secteur résidentiel, qui pèse le plus lourd dans l’indice, marquée notamment par une chute de 1,7 % des prix des appartements. Ces évolutions interviennent dans un contexte de régulation accrue, après la décision du gouvernement d’instaurer le 25 septembre un gel de cinq ans sur les loyers résidentiels et commerciaux à Riyad. En parallèle, la hausse de la taxe sur les terrains non développés, portée de 2,5 % à 10 % de leur valeur, vise à fluidifier l’offre foncière et à contenir la spéculation immobilière. GASTAT note par ailleurs un repli trimestriel de 1,1 % de l’indice par rapport au T2, confirmant l’effet des réformes sur la stabilisation du marché.

La Commission royale pour AlUla annonce un partenariat avec le Centre Pompidou à Paris – La Royal Commission for AlUla (RCU) a signé un accord avec le Centre Pompidou, prévoyant une contribution de 50 M EUR pour financer la rénovation du musée parisien, dont la réouverture est prévue en 2030. L’annonce a été faite à l’occasion de la rencontre à Paris entre le prince Bader bin Abdullah bin Farhan, ministre saoudien de la Culture et gouverneur de la RCU, et la ministre française de la Culture, Rachida Dati. L’accord prévoit également la création d’un espace saoudien au sein du Centre Pompidou rénové, ainsi qu’un programme artistique jusqu’en 2030, consacré aux artistes saoudiens modernes et contemporains et favorisant les échanges entre professionnels des deux pays. La RCU a par ailleurs annoncé l’exposition Arduna, organisée avec Arts AlUla, le Centre Pompidou et l’Agence française pour le développement d’AlUla, prévue pour janvier 2026 dans le cadre du festival AlUla Arts.

Maaden confie à Bechtel un contrat EPCM de 104,3 M USD pour la mine d’Al Rjum – La Saudi Arabian Mining Company (Maaden) a attribué à Saudi Arabian Bechtel Company (SABCO) et Bechtel Australia PTY LTD un contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de gestion de la construction (EPCM) d’une valeur de 104,3 M USD (391,1 M SAR). Ce contrat de 39 mois porte sur la réalisation du projet minier d’Al Rjum, dont la production totale est estimée à 3,6 millions d’onces d’or sur douze ans, soit une moyenne annuelle de 300 000 onces. Bechtel assurera la supervision technique et la gestion de l’ensemble des opérations d’ingénierie et de construction du projet.

Samsung et KAFD signent un MoU pour développer les technologies de ville intelligente à Riyad – La société King Abdullah Financial District Development and Management Company (KAFD DMC) et Samsung Electronics ont signé un protocole d’accord visant à collaborer sur le développement et l’intégration de technologies de ville intelligente dans le district financier de Riyad. Ce partenariat stratégique prévoit notamment l’étude de solutions intégrées de gestion urbaine en temps réel — contrôle d’accès, signalétique numérique et systèmes centralisés — ainsi que la possible ouverture d’un centre d’expérience Samsung au sein du district. Premier quartier de la région MENA certifié WiredScore Global Smart Neighborhood, le KAFD poursuit son ambition de devenir un modèle urbain connecté et durable, en ligne avec Vision 2030.

 

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

La croissance économique d’Abu Dhabi devrait s’accélérer nettement en 2025, le FMI anticipant une hausse du PIB de 6 %, portée par la remontée de la production pétrolière à mesure que l’OPEP+ allège ses réductions. À l’échelle nationale, le PIB des Émirats arabes unis progresserait de 4,8 % en 2025, avant d’atteindre 5 % en 2026, confirmant la vigueur de la reprise. Cette dynamique sera soutenue par la poursuite de l’expansion du secteur non pétrolier, notamment dans le tourisme, la construction et les services financiers, ainsi que par les projets d’infrastructure en cours, moteurs essentiels de la diversification économique. À Doubaï, la croissance est attendue à 3,4 % en 2025, traduisant un rythme solide mais plus modéré que celui de la capitale.

Le Dubai International Financial Centre (DIFC) a franchi un cap historique en 2025, avec plus de 8 000 entreprises enregistrées, dont 1 000 entités régulées par la Dubai Financial Services Authority (DFSA). Parallèlement, les DIFC Courts ont enregistré plus de 17,5 milliards AED (4,7 milliards USD) de réclamations cette année, confirmant le rôle croissant de Doubaï comme centre financier majeur du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Asie du Sud (MEASA). Le DIFC progresse dans le Global Financial Centre Index, se classant désormais 11ᵉ au niveau mondial et figurant parmi les quatre premiers pôles FinTech de la planète. Ces avancées illustrent la contribution du Centre à l’agenda économique D33 de Doubaï, qui vise à doubler la taille de l’économie de l’émirat d’ici 2033.

Emirates NBD a annoncé l’acquisition de 60 % du capital de la banque indienne RBL Bank pour un montant de 3 milliards USD, dans ce qui constitue la plus importante opération transfrontalière jamais réalisée dans le secteur financier indien. L’investissement, effectué par émission d’actions réservée, s’inscrit dans la stratégie d’expansion internationale du groupe émirien et confirme la montée en puissance des banques du Golfe sur la scène asiatique. Cette transaction illustre la confiance d’Emirates NBD dans le potentiel du système bancaire indien, l’un des plus dynamiques au monde, et renforce le rôle stratégique de l’Inde dans le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe. Le régulateur indien (RBI) aurait donné un soutien informel à l’opération, qui prévoit également une offre publique d’achat complémentaire à 280 INR par action, conformément à la réglementation locale.

Transports, Logistiques & Immobilier

Etihad Airways remettra en service deux Airbus A380 en 2026 et 2027 pour répondre à la pénurie mondiale d’appareils neufs. La compagnie d’Abu Dhabi a transporté 16,1 millions de passagers (+18%) sur neuf mois et poursuit son expansion avec de nouvelles routes vers l’Asie et l’Afrique.

Le port Khalifa poursuit son ascension dans le classement mondial de Lloyd’s List, passant de la 95 place en 2019 à la 39 en 2025, portée par l’expansion de sa capacité et l’intégration de technologies avancées. Avec 9,6 M d’EVP sur une capacité totale de 11,8 M d’EVP et une hausse de 21 % du trafic conteneurs au premier semestre, le port s’impose comme un hub logistique majeur reliant mer, air, rail et zone industrielle(KEZAD). Il accueille désormais des terminaux opérés par CMA CGM, MSC et COSCO.

L’émirat de Ras Al Khaimah a fusionné Marjan et RAK Hospitality Holding sous une entité unique, Marjan, afin d’appuyer la Vision 2030 et d’accélérer son développement en pôle mondial du tourisme et de l’investissement. Le nouveau groupe pilotera les projets majeurs tels qu’Al Marjan Island, RAK Central et Marjan Beach, avec 50 000 emplois attendus et une contribution pouvant atteindre 30 % du PIB de l’émirat d’ici 2030.

Qatar

Le ministre des Finances (MOF), Ali bin Ahmed Al Kuwari, et le Gouverneur de la Banque Centrale (QCB), Cheikh Bandar bin Mohammed bin Saoud Al-Thani, participent à la réception organisée en marge des assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe Banque mondiale (BM), qui se sont tenues du 13 au 18 octobre à Washington D.C. Des PDG et cadres supérieurs de grandes banques et institutions financières américaines et qatariennes y ont participé. A Washington, le Gouverneur de la QCB a rencontré le Président et PDG de Monumental Sports & Entertainment, Ted Leonsis, le Président de Citigroup, Jamie Dimon et le Président du groupe Euroclear, Francesco Vanni d’Archirafi. Quant au Ministre des Finances, il s’est entretenu avec le Président de la Banque Islamique de développement (BID), Mohammed bin Sulaiman Al-Jasser, et le PDG de la Deutsche Bank, Christian Sewing.

Lors de de la troisième édition du Forum sur le plan de passation des marchés publics 2026, organisée avec le soutien du ministère des Finances (MoF) et de la Banque de développement du Qatar (QDB), le Directeur du Département de la Réglementation des Achats Publics au MoF dévoile le lancement de 4 464 appels d’offres. 62 % sont issus des secteurs des technologies de l’information et des communications (TIC), des activités professionnelles, scientifiques et techniques, de la construction, des services administratifs, et du commerce de gros et de détail. Il a été rappelé qu’à partir de juillet 2026, la contribution des entreprises locales dans l’économie, via l’initiative In-Country-Value (ICV) conditionne la participation aux appels d’offres gouvernementaux.

Lors de sa visite à New York, le Gouverneur de la Banque Centrale du Qatar (QCB), Cheikh Bandar bin Mohammed bin Saoud Al-Thani, rencontre les Présidents et PDG des acteurs financiers américains. Cheikh Bandar a échangé avec le Président et PDG de Blackstone, Stephen Schwarzman, et le Président et PDG de General Atlantic, William Ford.

QatarEnergy (QE) démarre l’utilisation de sa capacité de stockage et de regazéification de 7,2 millions de tonnes de GNL par an, au terminal britannique de l'île de Grain. La première cargaison de GNL à livrer dans le cadre de cet accord a été déchargée avec succès au terminal le 15 juillet 2025, marquant le début de la durée de 25 ans de l'accord, signé en octobre 2020 entre National Grid Grain LNG et Qatar Terminal Limited, filiale de QE.

Qatar Shell GTL signe avec l’entreprise commune Gasal (constituée d’Air Liquide, QatarEnergy et de QIMC) un nouvel accord visant à étendre l’approvisionnement en oxygène de son site Pearl GTL. Située à Ras Laffan, cette installation industrielle est l’une des plus grandes plateformes de transformation de gaz en liquides au monde.

La Qatar Free Zones Authority (QFZ) et DHL Global Forwarding, la branche de transport de fret du groupe américain DHL, inaugurent la nouvelle installation logistique du groupe dans la zone franche de Ras Bufontas. Ces locaux serviront d’entrepôt régional de distribution spécialisé dans les services de consolidation de fret aérien.

Oman

Le groupe ITHCA, filiale d’investissement dans les nouvelles technologies du fonds souverain Oman Investment Authority, a investi 20 M USD dans la société californienne Movandi, spécialisée dans les semi-conducteurs et les solutions de communications intelligentes. L’entreprise travaille notamment dans la conception de circuits radiofréquence, de systèmes de formation de faisceaux et d’antennes intelligentes. Cet investissement vise à développer les compétences nationales en conception de puces et en technologies de nouvelle génération. Movandi ouvrira un bureau à Mascate, destiné à devenir un pôle régional de recherche et développement, et collaborera avec les universités et institutions locales pour former ingénieurs et chercheurs omanais. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie nationale de développement des semi-conducteurs, identifiée par le ministère des Transports, des Communications et des Technologies de l’Information comme un secteur clé de l’économie numérique. Elle complète les efforts du ministère, qui prévoit également la création d’une société de conception de semi-conducteurs à Mascate avec un investissement de 30 M USD, visant à attirer des investissements étrangers et à préparer la main-d’œuvre locale à travers 30 à 100 emplois directs dans un horizon d’un à deux ans.

Le Sultanat d’Oman, à travers l’Autorité de l’Environnement, a lancé une plateforme nationale pour canaliser des investissements internationaux vers des projets verts et bas-carbone, dans le cadre de son objectif de neutralité carbone en 2050 et de réduction de 21 % des émissions de GES d’ici 2030. L’initiative, annoncée par Suleiman Nasser Al Akhzami au World Green Economy Summit, soutient des projets tels que le corridor mondial d’hydrogène liquide à Duqm et la restauration des mangroves et zones humides de Bar al Hikman.

L’entreprise publique pour les zones industrielles (Madayn) a lancé l’appel d’offres pour la phase 1 des travaux d’infrastructure de la ville industrielle d’Al Suwaiq (dans la région du Nord d’Al Batinah), couvrant 5 millions de m². Le projet inclut routes internes, réseaux d’eau, électricité et assainissement, ainsi que des serres hydroponiques pour soutenir l’agriculture et ses industries. Plus de 12 demandes d’investissement ont été reçues au premier semestre 2025, avec 2 projets déjà signés dans la production de polyéthylène téréphtalate (PET) à partir de plastiques recyclés (0,36 M USD) et le raffinage industriel d’huile (0,60 M USD). D’autres propositions sont en cours d’examen, dans des secteurs tels que la transformation du marbre, la production de bitume, les briques de gypse, les tuiles autobloquantes ou encore les outils de forage.

La startup belge Sirona Technologies a lancé à Mahdha (nord d’Oman) sa première unité de capture directe de l’air (DAC), visant à retirer 300 tonnes de CO₂ par an, avec un passage à 1 800 tonnes/an en 2026. Alimentée initialement par biodiesel puis par énergie solaire, l’installation stockera le CO₂ par minéralisation dans des roches de péridotite. Ce projet modulaire est l’un des premiers au Sultanat dans le captage et stockage permanent du carbone (CCS) et la production future de crédits carbone certifiés. La startup omanais 44.01, soutenue par Air Liquide, mène des projets similaires de minéralisation du CO₂ dans le pays.

Karwa Motors, principal constructeur automobile omanais, a signé un accord stratégique avec Daimler Truck pour la fabrication de châssis d’autobus Mercedes-Benz dans la zone économique spéciale de Duqm. Ce partenariat désigne Karwa comme constructeur agréé de Daimler Buses et vise à approvisionner les marchés local et international. Fruit d’une coentreprise entre Mowasalat Qatar et l’Oman Investment Authority, Karwa renforce ainsi son positionnement industriel et ses ambitions d’exportation.

 

Koweït

Hydrocarbures : quand il n’y en a plus, il y en a encore… En marge du 8ème Forum jeunes du Conseil mondial du pétrole et de l'énergie (WEC) organisée au Koweït, Le ministre du pétrole Al-Roumi a indiqué à la presse que les tests les plus récents confirment la richesse du sous-sol koweïtien. Ainsi plusieurs gisements auraient été découverts dans des zones où leur présence n’était pas anticipée. Cette déclaration intervient quelques jours seulement après l’annonce de la découverte d’un important champ de gaz naturel offshore à Al Jazza. Dans ce cadre, le Koweït est en train de réévaluer le niveau de ses réserves.

Le marché du travail progresse, modestement. Il compte 2,99 M d’employés à la fin du S1 2025 contre 2,93 M à la même date en 2024, soit une hausse de 2%. De ces 2,99 M emplois, 449.000 (soit 15%) sont tenus par des koweïtiens. Le secteur privé (hors emplois domestique) totalise 1,75 M emplois, contre 478.000 pour la fonction publique (dont 376.000 koweïtiens, soit 78,6%). Avec 896.000 employés, la communauté indienne représente toujours la plus importante minorité employée (30%), suivie par les égyptiens (470.000 soit 15% du marché du travail).

Le Koweït alloue trois marchés d’entretien de son réseau électrique pour un total de 25 M USD. L'un des appels d'offres porte sur la fourniture et l'installation de lignes à moyenne tension (11 kV) et à basse tension et les travaux connexes le long de la route de Salmi, pour un total de 2,354 M KD. Un autre concerne l'entretien et la réparation des câbles d'alimentation isolés dans le sud du pays, pour un montant de 2,706 M KD, tandis que le dernier appel d'offres porte sur l'entretien et la réparation des câbles d'alimentation isolés dans la région centrale, pour un total de 2,706 M KD.

L’émirat s’entrouvre à la sublime porte. La visite officielle du Président turc Erdogan au Koweït a donné lieu à la signature de trois memoranda d’entente visant à renforcer la coopération bilatérale dans les secteurs du transport maritime, de l’énergie, et de la promotion des investissements directs. Les deux états ont également annoncé la signature d’un contrat de près de 500 M USD pour la construction par l'entreprise turque Kuzu d'une station d'épuration des eaux usées pour la ville d'Al Mutlaa (nord). La centrale projetée aurait une capacité de traitement de 400.000 m3 d’eau, à destination principalement de l’agriculture.