Actualités économiques du Nigeria-Ghana semaine du 13 octobre 2025
Le FMI rehausse les perspectives pour le Nigeria et confirme ses prévisions pour le Ghana ; Inflation à 18,0% en septembre ; La dette publique du Nigeria atteint 99,7 Md USD au T2 2025 ; Fitch confirme sa notation du Nigeria ; Le Gouvernement s'engage pour le règlement de son arriéré de 4 000 Md NGN ; La 5ème revue du programme FMI débouche sur un accord technique ; Moody's relève la note de crédit du Ghana ; Le Ghana obtient un appui de 154 M EUR de l’Italie pour son système agroalimentaire.
LE CHIFFRE À RETENIR
2026
Nigeria et Ghana
Le FMI rehausse les perspectives de croissance du Nigeria et confirme ses prévisions pour le Ghana
Les perspectives de croissance économique du Nigeria ont été revues à la hausse. L’économie devrait croître de 3,9% (+0,5pt par rapport à l’article IV publié en juillet) en 2025, de 4,2% (+1,0pt) en 2026 et de 4,0% annuellement ensuite jusqu’en 2030 (entre +0,5pt et +0,7pt), après avoir enregistré une croissance de 4,1% en 2024 (+0,7pt). Ces corrections sont attribuées à la révision du PIB (expliquant le tassement des indicateurs exprimés en % de PIB) mais aussi la récente stabilisation économique du pays (améliorations de la production pétrolière, consolidation des équilibres externes et de la confiance des investisseurs, renforcement des finances publiques). Le Nigeria n’est pas directement exposé aux risques de contraction liés à la politique commerciale américaine du fait des exemptions dont bénéficient les produits énergétiques. Les perspectives d’inflation ont également été abaissées pour 2025 et 2026, respectivement à 23% et 22% en moyenne annuelle (-1,0pt), pour atteindre 18% d’ici la fin d’année 2026.
La trajectoire d’endettement du Nigeria est stable. La dette publique estimée à 36,4% du PIB en 2025 (contre 52,0% avant rebasage du PIB) devrait légèrement diminuer pour s’établir à 33,8% en à l’horizon 2030. Le FMI a pris en compte le rebasage du PIB effectué par le Nigeria en juin, qui a mécaniquement tassé les indicateurs exprimés en % de PIB.
Concernant le Ghana, les perspectives de croissance ont été maintenues à 4,0% pour 2025, 4,8% pour 2026 et 4,9% pour 2027. Ces perspectives s’appuient sur la stabilité du cedi, la forte diminution de l’inflation, l’allègement de la dette publique et la consolidation des finances publiques. L’inflation devrait s’établir à 16,6% en moyenne pour 2025, puis 9,9% en 2026 avant de converger vers 8,0% pour les années suivantes.
Le Ghana, dont l’endettement était estimé à 66,4% du PIB pour 2025 en avril, voit sa dette publique ramenée à 59,1% du PIB pour 2025. Celle-ci devrait poursuivre sa diminution et converger vers 47,6% du PIB d’ici 2030.
À l’échelle de l’Afrique subsaharienne, les perspectives de croissance ont été réhaussées à 4,1% pour 2025 et 4,4% pour 2026, alors que le FMI prévoit un ralentissement économique à l’échelle mondiale, lié aux incertitudes pesant sur le commerce international.
Nigeria
L'inflation enregistre un fort repli, atteignant 18,0% en septembre
Le Bureau national des statistiques nigérian (NBS) a publié les résultats d’inflation du pays pour le mois de septembre 2025. Le Nigeria enregistre 18,0% d’inflation en septembre en glissement annuel après 20,1% en août et 21,9% en juillet, en baisse pour le sixième mois consécutif. Il s’agit du plus faible niveau d’inflation en glissement annuel enregistré depuis la mise à jour de la méthodologie de calcul de l’inflation du NBS en janvier et de la plus faible augmentation des prix d’un mois à l’autre depuis février 2019 (+0,72%), du même ordre qu’en août (+0,74%).
L’inflation alimentaire, principal moteur de l’inflation, s’est établie à 16,9% en septembre en glissement annuel, après 21,9% en août et enregistre donc une déflation notable d’un mois à l’autre (-1,6%).
L’inflation sous-jacente poursuit sa décélération à un rythme similaire aux mois précédents, de 21,3% en juillet et 20,3% en août à 19,5% en septembre.
La stabilité du naira puis sa récente appréciation ont permis de limiter l’inflation importée, alors que l’arrivée de la saison des récoltes agricoles a contribué à diminuer les prix des denrées alimentaires de base.
Évolution de l’inflation en glissement annuel au Nigeria depuis janvier 2023
Source : National Bureau of Statistics NBS
Clef de lecture : L’inflation du Nigeria s’élève à 18,0% en septembre 2025 (courbe bleu foncé), l’inflation alimentaire à 16,9% (courbe bleue) et l’inflation sous-jacente à 20,3% (courbe bleu clair). Le taux directeur de la CBN (pointillé noir) a été abaissé à 27% en septembre.
Si la comparaison de l’inflation en glissement annuel avec ses performances historiques est rendue difficile par la mise à jour méthodologique de janvier, la décélération récente de l’inflation peut se constater en comparant les variations d’un mois à l’autre.
Évolution de l’inflation d’un mois à l’autre depuis 2022
Source : National Bureau of Statistics NBS
Clef de lecture : L’inflation d’août à septembre 2025 s’est établie à 0,7% (courbe bleu foncé), -1,6% pour les prix alimentaires (courbe bleue) et 1,4% pour l’inflation sous-jacente (courbe bleu clair).
La dette publique du Nigeria atteint 99,7 Md USD au deuxième trimestre 2025
Le bureau de gestion de la dette du Nigeria (DMO) a publié les chiffres de dette publique du pays au deuxième trimestre 2025. Le stock de dette publique du Nigeria représentait ainsi 99,7 Md USD fin juin 2025 après 97,2 Md USD fin mars. Cette progression s’explique par de nouvelles émissions sur le marché domestique et l’appréciation récente du naira.
La part de la dette domestique reste majoritaire, 52,9% de la dette publique nigériane au T2-2025, celle-ci étant principalement constituée d’obligations fédérales « FGN Bonds » (79%).
Parmi les créanciers externes du Nigeria figurent les bailleurs multilatéraux (49% du stock de dette externe) et en particulier le groupe Banque mondiale (41%), alors que le Nigeria a remboursé l’ensemble du principal de la facilité du FMI débloquée durant la pandémie. Le premier créancier bilatéral est la Chine (11% de la dette externe), suivie de la France (1,3% soit 620 M USD).
Fitch confirme sa notation du Nigeria à B/Stable
Fitch a confirmé sa note souveraine du Nigeria à « B », avec une perspective stable. Cette évaluation traduit la reconnaissance d’une trajectoire macroéconomique en amélioration, soutenue par la stabilisation du marché des changes, l’amélioration des réserves de la Banque centrale (passées de 30 Md USD début 2024 à plus de 42 Md USD en septembre 2025, soit de 6 à 9 mois d’importations, supérieures à la médiane des économies notées « B » par l’agence de notation) et la baisse progressive de l’inflation.
L’agence de notation souligne toutefois les contraintes structurelles persistantes, à l’instar d’une inflation toujours élevée, la faible mobilisation de recettes fiscales, la dépendance aux recettes pétrolières et le coût du service de la dette. Fitch anticipe d’ici 2027 une désinflation graduelle vers 17% ainsi qu’une réduction du ratio dette sur PIB à 37%, reflétant une dynamique de consolidation budgétaire crédible.
Fitch Ratings avait relevé sa notation en avril dernier (B-/Positive précédemment). La confirmation de la notation à « B » et le maintien d’une perspective stable traduisent une appréciation globalement positive de l’économie nigériane. Fitch prévoit une croissance du PIB de 4,2% en 2025, soutenue par la hausse de la production pétrolière, une meilleure disponibilité des devises et le regain de confiance des investisseurs.
Le Gouvernement fédéral s’est entendu avec les sociétés de production d’électricité pour le règlement de ses arriérés de 4 000 Md NGN
Le plan autorise l'émission d'obligations pour un montant maximal de 4 000 Md NGN afin de régler les arriérés dus aux sociétés de production d'électricité et aux fournisseurs de gaz. Cette intervention, la plus importante depuis plus d'une décennie, vise à résoudre le problème de liquidités et d'endettement historique des sociétés d’électricité qui a freiné les investissements et entravé la fiabilité de l'approvisionnement en électricité dans tout le pays.
La réunion s'est conclue par un consensus sur les prochaines étapes, notamment des négociations bilatérales visant à finaliser des accords de règlement globaux qui concilient les réalités budgétaires de l’État et les défis financiers auxquels sont confrontées les GenCos.
Ghana
La 5ème revue du programme FMI débouche sur un accord technique
A l’issue de la 5e revue qui s’est déroulée du 29 septembre au 10 octobre, les équipes du FMI ont salué la stabilisation macroéconomique actuellement en cours, en soulignant notamment que (i) la croissance économique au premier semestre 2025 avait été plus forte qu’anticipé, tirée par les secteurs des services et agricole et (ii) que le niveau d’accumulation des réserves de change continuait d’excéder les objectifs du programme. Les services du Fonds estiment par ailleurs que la progression du PIB en volume atteindra 4,8% en 2026. S’agissant du niveau des prix, l’inflation devrait demeurer au sein de l’intervalle de tolérance défini par la banque centrale ghanéenne (8% +/- 2%). Sur le front des comptes internes, les autorités ghanéennes sont parvenues à dégager un excédent primaire de 1,1% sur les 8 premiers mois de l’année 2025. Celui-ci devrait atteindre l’objectif fixé à +1,5% en année pleine.
Moody's relève la note de crédit à long terme en devises étrangères du Ghana de Caa2 à Caa1
Cette révision à la hausse s'explique par de meilleures perspectives de désendettement et de stabilisation macroéconomique dans le cadre du programme de réforme soutenu par le FMI actuellement mis en œuvre par le pays.
L’agence relève « qu’une plus grande stabilité macroéconomique et une dynamique extérieure favorable permettent un meilleur contrôle des coûts de financement et la reconstitution des réserves de change ».
Elle a également souligné l’évolution positive des indicateurs de la dette publique du Ghana, laissant présager un retour à une trajectoire d’endettement soutenable.
La perspective stable suggère que, même si des défis subsistent, notamment en raison des fluctuations mondiales des prix des matières premières et des pressions financières extérieures, le risque d'une nouvelle détérioration s'est atténué.
Évolution de la notation souveraine du Ghana des agences Fitch Ratings, Standard & Poor’s et Moody’s
Sources : Standard & Poor’s, Fitch Ratings, Moody’s
Clef de lecture : la note de crédit du Ghana par Standard & Poor’s s’établit à CCC+/Stable en octobre 2025 (courbe verte, échelle de gauche), celle de Fitch Ratings est à B-/Stable (courbe rouge, échelle de gauche) et à Caa1/Stable pour Moody’s (courbe bleue, échelle de droite).
Notations à long-terme en devises. Les perspectives positives/négatives sont affichées avec un ajustement de +/-0,33 point. La veille de crédit positive/négative avec un ajustement de +/-0,67 point.
Le Ghana obtient un appui agricole de 154 M EUR de l’Italie pour moderniser son système agroalimentaire
Le projet vise à : (i) améliorer la productivité agricole et la résilience climatique à travers le développement de 10 000 hectares de terres irriguées dans la région de la Volta, dédiées à la culture du maïs, du riz, de la tomate et du soja ; (ii) la création d’une banque nationale de semences et la production d’une carte de fertilité des sols ; (iii) la construction d’infrastructures sociales (écoles, centres communautaires, hubs numériques) dans les zones rurales concernées.
Le financement soutiendra également la mécanisation, la gestion post-récolte et l’adoption de technologies agricoles durables. Il devrait bénéficier directement à environ 200 000 producteurs et acteurs de la chaîne de valeur, et indirectement à 23 000 résidents de la zone d’Aveyime-Battor. Le ministre Opoku a souligné que l’initiative s’intègre dans « l’Agriculture for Economic Transformation Agenda » et complète la deuxième phase du programme « Planting for Food and Jobs »