Aghionomics
Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen...
Aghionomics
Le Français Philippe Aghion vient de se voir décerner le prix Nobel d’économie 2025, aux côtés de Joel Mokyr et de Peter Howitt, pour leurs travaux sur l’impact des nouvelles technologies sur la croissance économique. Dans un entretien accordé au Monde en octobre dernier, Philippe Aghion exposait une analyse qui trouve un écho dans le cas émirien.
Philippe Aghion définit la puissance économique d’un État comme la combinaison de trois piliers : monétaire et financier, commercial, et technologique. Il souligne que, plus que jamais, le leadership technologique est un déterminant essentiel. L’exemple le plus emblématique est celui des États-Unis, dont la domination économique repose avant tout sur leur capacité d’innovation, de rupture dans des secteurs stratégiques tels que le numérique, l’intelligence artificielle ou la santé. Ce leadership technologique tend à renforcer les autres leviers de puissance identifiés par Philippe Aghion : la dimension commerciale, par une maîtrise accrue des chaînes de valeur mondiales, et la dimension monétaire et financière, par le maintien de l’attractivité du dollar et la capacité à attirer l’épargne étrangère.
Appliquée aux Émirats arabes unis (EAU), cette grille de lecture met en évidence un profil de puissance économique extrêmement dynamique, mais qui reste en phase de construction. Sur le plan monétaire et financier, le pays ne dispose pas d’une capacité d’endettement internationale comparable à celle des États-Unis, mais bénéficie d’une crédibilité très solide, notamment grâce à un faible ratio de dette publique (c.30 % du PIB selon le FMI). Le pays dégage régulièrement un excédent budgétaire grâce à des recettes pétrolières et une maîtrise des dépenses. Ces fondamentaux s’accompagnent de réserves importantes via des fonds souverains de taille cumulée supérieure à 1 600 Md USD qui forment un buffer financier conséquent. Toutefois, et même s’il est vecteur de stabilité, l’ancrage du dirham au dollar restreint l’autonomie de la politique monétaire. Sur le plan commercial, les Émirats répondent bien au critère de puissance mentionné par Philippe Aghion. Le pays s’est imposé comme un carrefour logistique et commercial majeur entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique. Grâce à sa position stratégique, et à des infrastructures portuaires et aéroportuaires de premier plan, les EAU sont devenus un maillon clé des nouvelles “Routes de la soie”.
C’est sur le plan technologique que se jouera à terme la dimension la plus déterminante de la puissance émirienne. Le pays engage déjà des investissements massifs dans les technologies de rupture. Dans l’intelligence artificielle (IA) avec un ministère dédié dès 2020 ou encore la création de la société G42 et du fonds MGX consacrés à l’IA et des partenariats avec Microsoft et OpenAI. Parallèlement, le pays investit dans l’énergie propre, avec la société Masdar, le nucléaire, ou encore le spatial. Les EAU se sont distingués en réussissant, en 2020, la mise en orbite de la sonde Hope autour de Mars – faisant d’eux le premier pays arabe à atteindre la planète rouge. Néanmoins, à date, l’innovation demeure largement exogène : la valeur ajoutée technologique provient surtout de partenariats internationaux et de transferts de technologie, plutôt que d’une recherche domestique autonome capable d’exporter de l’innovation (même si, par ailleurs, le pays exporte des capitaux pour prendre des participations dans des infrastructures technologiques étrangères, dans une logique d’acquisition de capacités d’innovation). En 2025, les EAU occupent le 30ème rang mondial au Global Innovation Index, ce qui les place en tête du monde arabe, mais loin des grandes puissances occidentales à revenu par tête comparable.
Cette trajectoire rappelle celle de la France des « Trente Glorieuses » (J. Fourastié) telle que décrite par Philippe Aghion dans Le Monde, à savoir une phase de croissance rapide fondée sur le rattrapage technologique. La France d’alors, si elle a connu une expansion remarquable, l’a en grande partie bâtie sur l’adoption et la diffusion de technologies déjà éprouvées ailleurs. Le véritable tournant est survenu lorsque les ressorts du rattrapage se sont épuisés, précisément au moment où les États-Unis entraient dans les révolutions des technologies de l’information et de la communication et des biotechnologies.
Dans le cas émirien, l’enjeu consistera donc à passer d’une phase d’adoption accélérée des meilleures technologies étrangères à une véritable capacité d’innovation endogène. Le pays en a les moyens financiers, mais Philippe Aghion précise que (i) la flexibilité institutionnelle et (ii) l’intensité concurrentielle constituent des leviers décisifs dans ce basculement. Or, sur le second point en particulier, les Émirats restent marqués par une forte implication publique dans l’économie et dans la décision et le déploiement des investissements stratégiques, au travers de grands conglomérats publics (fonds souverains et leurs filiales sectorielles). Ce dirigisme éclairé présente indéniablement des avantages : il permet une mobilisation rapide de capitaux à grande échelle, une cohérence d’ensemble dans la stratégie (chaque projet s’inscrivant dans une vision nationale, telle que Vision 2031 ou Centennial 2071), et une exécution efficace grâce à la stabilité politique et à l’absence de bureaucratie excessive. Néanmoins, comme le souligne Philippe Aghion, si trop de ressources sont accaparées par de grands acteurs, les PME innovantes peinent à émerger, des barrières à l’entrée persistent et le processus dedestruction créatrice rencontre davantage d’obstacles. Il se dit à ce titre « pas favorable à ce que les gouvernements choisissent les champions nationaux ».
Le schéma émirien reste bien adapté à une économie en phase de rattrapage, mais selon les travaux de Philippe Aghion, il présente aussi des défis à plus long terme : en concentrant les ressources et les décisions dans un nombre limité d’acteurs, et plus généralement dans un contexte où les marchés sont plus difficilement contestables que dans d’autres pays riches, le modèle optimise la montée en gamme rapide mais ne permet pas une complète prise de risque, condition essentielle à l’innovation de rupture une fois le rattrapage terminé. Même s’ils ne portent pas spécifiquement sur les Émirats, les travaux du prix Nobel d’économie offrent ainsi des enseignements précieux pour comprendre les conditions de consolidation de la puissance technologique du pays à moyen et long terme.
Leila LARBI, Adjointe au chef du SER et conseillère financière régionale
Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier
Pétrole et gaz
Brent 17/10/2025 à 12h45 GST : 60,363 USD/Bbl
Les cours du brut ont baissé cette semaine à leur plus bas niveau depuis cinq mois, autour de 62 USD le baril, poursuivant la tendance baissière amorcée la semaine dernière. L’annonce par Donald Trump de nouveaux tarifs douaniers visant les importations chinoises a ravivé les inquiétudes sur la demande, une semaine après l’annonce de la hausse de production par l’OPEP+.
En moyenne hebdomadaire, vendredi à la mi-journée les contrats à terme sur le Brent s’échangeaient à 60,36 USD le baril, soit une baisse de 4,61 USD (-7,1 %). Le WTI évoluait parallèlement à 56,88 USD le baril, contre 61,43 USD une semaine plus tôt (7,4 %). L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) anticipe un prix spot du Brent à 52 USD d’ici le T1 2026, ce qui le rapprocherait de l’estimation de breakeven budgétaire des Emirats arabes unis et du Qatar. Le gaz naturel est en baisse à 2,91 USD/MMBtu (9,2 €/MWh). Les prix européens du gaz se sont maintenus à 32,06 €/MWh.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révisé à la hausse de 18 % ses prévisions de production mondiale dans son Oil Market Report, anticipant un excédent d’environ 4 M bpj d’ici 2026, suite à la décision de l’OPEP+ d’augmenter ses quotas de manière graduelle mais continue. L’AIE note également un écart « non comptabilisé » d’environ 1,5 M bpj dans ses balances mondiales, ce qui crée une incertitude supplémentaire sur le niveau réel de l’excédent d’offre. Cette révision plus pessimiste de l’AIE pèse sur le sentiment des investisseurs, qui anticipent une pression prolongée à la baisse sur les prix.
Graphique 1 – Projections du prix du baril de Brent
Sources : ICE, Bloomberg
Les nouvelles annonces tarifaires de Donald Trump contre la Chine ont conduit à une chute des cours du Brent sous le seuil des 63 USD, accentuant la perception d’un risque de surproduction à court terme. Bank of America estime désormais que le Brent pourrait temporairement passer sous la barre des 50 USD si les tensions commerciales se matérialisaient, notamment en cas de ralentissement marqué du commerce international et de baisse des flux de transport maritime.
La décision américaine prise vendredi dernier d’imposer des sanctions au terminal pétrolier de Rizhao Shihua, accusé d’avoir réceptionné du pétrole iranien, a entraîné d’importants détournements de tankers au large des côtes chinoises. Selon Reuters, au moins cinq superpétroliers ont été redirigés depuis le 13 octobre, provoquant une perturbation des flux maritimes et une congestion dans les ports de Zhoushan et Ningbo. Ce terminal, qui représente près d’un cinquième des importations de Sinopec, constitue un maillon essentiel de l’approvisionnement pétrolier chinois.
Les déclarations de Donald Trump affirmant que l’Inde s’était engagée à cesser ses achats de pétrole russe ont également provoqué un bref rebond d’environ 1 % des cours du pétrole. Cette déclaration n’a cependant pas été confirmée officiellement par le gouvernement indien, qui a souligné la primauté de l’intérêt national et la préservation de la sécurité énergétique. Parallèlement, plusieurs raffineurs indiens préparent à réduire leurs importations de pétrole russe à partir de décembre selon Bloomberg. Le pétrole russe représentant une part significative des importations indiennes (environ 36 % des importations totales entre avril et septembre 2025.
Selon Bloomberg, la structure du marché reste contrastée. Si les échéances les plus rapprochées du WTI demeurent en légère backwardisation, reflet de tensions ponctuelles d’approvisionnement liées aux risques géopolitiques, les échéances à partir de février 2026 ont basculé en contango. Cette évolution reflète une anticipation d’offre excédentaire à moyen terme, dans un contexte d’augmentation des quotas de production de l’OPEP+ et de ralentissement attendu de la demande internationale après l’annonce des nouveaux tarifs douaniers américains.
Hayet AFOU, attachée macroéconomique et financière
Arabie saoudite
Macroéconomie & Finance
Le FMI revoit à la hausse sa prévision de croissance pour l’Arabie saoudite en 2025 et 2026 – Dans son World Economic Outlook d’octobre 2025, le FMI prévoit une croissance de 4,0 % en Arabie saoudite en 2025 et 2026, contre 3,6 % et 3,9 % dans sa prévision de juillet. Cette révision positive est portée par la hausse plus rapide et plus large que prévue de la production pétrolière.
La banque américaine J.P. Morgan a obtenu sa licence – La banque J.P. Morgan Chase & Co. a reçu sa licence du ministère de l’Investissement saoudien pour l’ouverture de son RHQ (Regional Headquarters) en Arabie saoudite, lui permettant d’élargir ses activités locales tout en conservant la supervision régionale depuis Londres. La banque, déjà active aux côtés du PIF dans plusieurs opérations, dont un financement de 20 Md USD pour le rachat d’Electronic Arts, rejoint Goldman Sachs, Citi, Morgan Stanley et BlackRock parmi les institutions ayant pris cette décision.
SALIC prévoit d’acquérir les 20 % restants d’Olam Agri Holdings – La Saudi Agricultural and Livestock Investment Company (SALIC), détenue par le PIF, envisage d’acquérir les 20 % restants d’Olam Agri Holdings, filiale du singapourien Olam Group, dont elle détient déjà 80 % après avoir porté sa participation de 35 % à 80 % en début d’année. L’opération, estimée à 1,8 Md USD, devrait être finalisée d’ici fin 2025, ouvrant la voie à une prise de contrôle complète dans les trois ans via une option d’achat. Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie saoudienne de sécurité alimentaire, qui vise à renforcer les investissements à l’étranger pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement et encourager la relocalisation partielle de la production vers le Royaume. SALIC détient déjà des participations dans Minerva (Brésil), G3 (Canada) et LT Foods (Inde), consolidant son rôle dans le commerce mondial des céréales et des protéines.
Energie, Construction & Transports
SARCO s’allie à l’émirati Go Energy pour développer un projet d’hydrogène vert en Arabie saoudite – Saudi Arabia Refineries Company (SARCO) a signé un protocole d’accord non contraignant avec la société émiratie Go Energy pour étudier le développement conjoint d’un projet d’hydrogène et d’ammoniac verts dans le Royaume. L’accord, valable un an, prévoit une étude de faisabilité et la mise en place d’un cadre juridique pour la coopération. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie saoudienne visant à produire 50 % de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030 et à devenir le premier exportateur mondial d’hydrogène vert, avec une production ciblée de 1,2 Mt/an d’ici la fin de la décennie. SARCO a précisé qu’aucun engagement financier immédiat n’était prévu, la démarche relevant de sa stratégie d’expansion dans les partenariats énergétiques spécialisés. En parallèle, le Royaume construit dans la ville futuriste de NEOM la plus grande usine d’hydrogène vert au monde, dotée d’une capacité de 2 GW, dont la mise en service est prévue pour décembre 2026.
Neom réannonce l’appel d’offres pour le projet Trojena Ski Village – Le développeur de Neom a de nouveau annoncé l’appel d’offres pour le contrat principal du Trojena Ski Village, un projet estimé entre 3,2 et 4 Md USD (soit 12 à 15 Md SAR). Le nouvel appel d’offres devrait être publié dans les prochains mois, après une première phase de propositions révisées soumises en mai. Conçu par le cabinet Aedas (Hong Kong), le complexe sera le premier ski resort en plein air du Moyen-Orient et comprendra hôtels, résidences et commerces répartis sur cinq niveaux imitant une piste de ski. Ce projet emblématique doit accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2029, mais des discussions sont actuellement menées entre le Comité olympique asiatique et les autorités sud-coréennes concernant un éventuel transfert de l’événement.
Riyad fixe au 14 décembre la date limite de soumission pour le terminal d’aviation privée de King Salman International Airport – La King Salman International Airport Development Company (KSIADC) a fixé au 14 décembre la date limite de dépôt des offres pour les travaux principaux du terminal d’aviation privée de l’aéroport international King Salman (KSIA) à Riyad. L’appel d’offres a été lancé le 3 septembre, après la reconfirmation d’intérêt des entreprises fin août. Les documents de préqualification avaient été reçus le 28 janvier. Le projet sera mené selon un modèle Early Contractor Involvement (ECI), avec quatre groupes retenus au total - deux pour le Iconic Terminal et deux pour le Terminal 6. En parallèle, l’américain Bechtel a été désigné partenaire de livraison pour les terminaux, tandis que Parsons Corporation supervise les volets airside et landside. KSIADC, filiale du Public Investment Fund, pilote l’ensemble du développement du futur aéroport de Riyad.
L’exploration minière en pleine accélération en Arabie Saoudite – Les dépenses d’exploration minière en Arabie saoudite ont atteint 130 USD par km² (487 SAR), plus du double de l’objectif de Vision 2030 fixé à 200 SAR, a déclaré Abdullah Al-Shamrani, CEO du Saudi Geological Survey, au forum GEOMIN le 12 octobre dernier. L’indice des dépenses a progressé de 600 % en sept ans, soutenu par des programmes étatiques et privés dans le Bouclier arabique. La valeur estimée des ressources découvertes atteint 2 500 Md USD fin 2024, soit le double des estimations de 2017. Pour encourager l’investissement, le Royaume publiera régulièrement des données géologiques mises à jour. Ces efforts ont permis à l’Arabie saoudite de passer du 108ème au 23ème rang mondial pour la qualité de ses données géologiques, renforçant sa stratégie pour devenir un hub minier mondial et répondre à la demande croissante en minéraux critiques
Émirats arabes unis
Macroéconomie & Finance
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance solide pour les Émirats arabes unis, confirmant leur rôle central dans la dynamique économique régionale. Selon le rapport d’octobre 2025, l’économie émirienne devrait progresser de 4,8 % en 2025 et de 5 % en 2026, des prévisions inchangées par rapport à la précédente mission du FMI à Abou Dhabi. Le FMI souligne que la bonne performance de l’économie émirienne compense en partie les effets indirects du ralentissement mondial et des tensions commerciales entre les grandes puissances. Les Émirats apparaissent ainsi comme un pôle de stabilité et d’innovation économique au Moyen-Orient, soutenu par une vision stratégique à long terme, la modernisation de leurs infrastructures et leur ouverture accrue aux capitaux internationaux.
Le Ras Al Khaimah Economic Zone (RAKEZ) confirme en 2025 son rôle moteur dans la diversification économique des Émirats arabes unis. Au troisième trimestre, la zone franche a accueilli plus de 3 490 nouvelles entreprises, portant à plus de 38 000 le nombre total de sociétés actives issues de plus de 100 pays. Cette performance, soutenue par une demande croissante dans des secteurs clés (conseil, e-commerce, commerce général, médias, marketing et agroalimentaire) illustre la confiance continue des investisseurs internationaux envers l’environnement économique émirien. Avec une hausse annuelle de 43 % des immatriculations au premier semestre et une reconnaissance comme la zone économique à la plus forte croissance des Émirats, RAKEZ illustre le dynamisme du modèle de développement des Émirats arabes unis : ouverture, diversification et soutien actif à l’entrepreneuriat. En misant sur des initiatives telles que la Growth Series et sur une écoute constante de ses clients, RAKEZ incarne la vision d’un écosystème économique durable, aligné sur les ambitions nationales de faire des Émirats un centre mondial de l’investissement et de l’innovation.
Le secteur bancaire des Émirats arabes unis confirme en 2025 sa solidité et son rôle central dans la stabilité financière du Golfe, tout en s’adaptant à un nouvel environnement marqué par la modération du crédit et des conditions monétaires plus souples. Selon MEED, les banques émiriennes affichent une croissance robuste de leurs actifs - +15,4 % sur un an, atteignant 1 350 milliards USD - ainsi qu’une hausse notable des dépôts résidents (+12,9 %), témoignant d’une forte confiance des ménages et des entreprises dans le système financier national. Le FMI salue la résilience du secteur bancaire émirien, soutenue par des ratios de liquidité et de capital élevés, une qualité d’actifs en amélioration et une réglementation macroprudentielle rigoureuse. Les quatre principales institutions – First Abu Dhabi Bank, Emirates NBD, ADCB et Dubai Islamic Bank – détiennent près de 73 % des actifs bancaires nationaux et ont enregistré un bénéfice net combiné de 8,7 milliards USD au premier semestre 2025, en hausse de 6 % sur un an. Malgré des défis liés à la hausse de la fiscalité bancaire (de 9 % à 15 %) et à la normalisation des taux d’intérêt, la rentabilité demeure solide, soutenue par la croissance économique nationale estimée entre 4 et 5 %. Les Émirats arabes unis apparaissent ainsi comme un pôle financier stable et attractif, conjuguant prudence réglementaire, solidité des institutions et ouverture internationale - des atouts qui renforcent leur statut de place bancaire majeure du monde arabe.
Energie, Transports & Tech
EWEC a attribué à ENGIE et Masdar le projet solaire Khazna de 1,5 GW, situé près d’Al Khazna. La centrale, dotée de 3 millions de panneaux, alimentera 160 000. Ce projet devient le plus grand actif photovoltaïque d’ENGIE à l’échelle mondiale et soutient l’objectif d’Abu Dhabi d’atteindre 18 GW de solaire et 60 % d’énergie propre d’ici 2035.
Etihad Airways a transporté 16,1 millions de passagers sur les neuf premiers mois de 2025, soit +18 % par rapport à la même période en 2024. En septembre, la compagnie a enregistré 1,9 million de passagers (+21 % vs septembre 2024) avec un taux de remplissage moyen de 89 %. Sa flotte compte 115 appareils desservant 82 destinations.
La capacité des data centers du pays devrait croître de 165 %, atteignant 950 MW d’ici 2028, portée par des projets comme Khazna et G42-Stargate. La demande énergétique liée à ces infrastructures devrait plus que doubler, passant de 5,6 TWh à 12,6 TWh (6 % de la consommation nationale). Les investissements cumulés sont estimés à 46,1 Mds USD pour les data centers et 28 Mds USD pour le réseau électrique d’ici 2030. Les EAU se positionnent comme un hub mondial de l’IA, avec 188 000 puces AI et 6,4 GW de capacité de calcul.
Qatar
Le Qatar et la Banque Mondiale (BM) signent un accord visant à établir un bureau de l’institution mondiale à Doha. La signature a eu lieu à Washington, en marge des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale auxquelles a pris part le ministre des Finances (MoF) du Qatar, Ali bin Ahmed Al Kuwari.
Le ministre d’Etat chargé du Commerce extérieur, Ahmed bin Mohammed Al-Sayed, effectue une visite officielle au Tadjikistan. Lors de sa visite, le ministre qatarien s’est entretenu avec le Président de la République de l’Etat d’Asie Centrale, Emomali Rahmon, et a participé au Forum International de Douchanbé, dédié aux investissements verts, aux investissements directs à l’étranger (IDE) et à l’économie digitale.
La Qatar Investment Authority (QIA) monte à hauteur de 15 % du capital d’ISAGEN, troisième producteur d’électricité en Colombie, soit un investissement de 535 M USD. ISAGEN exploite 18 centrales, représentant une capacité totale de 3,1 GW, soit 18 % de la production annuelle nationale et 25 % de la production d’énergies renouvelables du pays.
Le chimiste allemand BASF a conclu un accord avec le fonds américain Carlyle et la Qatar Investment Authority (QIA) pour céder une partie de ses activités de revêtements automobiles et de traitement de surface (coating). La nouvelle entité issue de cette transaction, BASF Coatings, a été valorisée à hauteur de 7,7 Mds EUR. BASF conservera une participation de 40 % dans cette entité.
Le fournisseur logistique qatarien Warehousing Company (GWC) acquiert une participation stratégique minoritaire dans la société de logistique Quivo, filiale de la société allemande LOGSTA. Cette opération étend la présence de GWC sur trois continents et facilitera l’accès des entreprises du Golfe qatariennes aux principaux marchés européens et américains.
Ashghal lance un projet routier et d’infrastructures à Umm Salal Mohammed Ouest, au nord de Doha, pour un coût de 1 Md QAR (soit 274 M USD). Le projet vise à développer le réseau routier interne, améliorer la sécurité, moderniser les infrastructures et offrir des services avancés pour répondre aux besoins des résidents et accompagner la croissance urbaine future.
La Qatar Free Zones Authority (QFZ) et Qatar Airways (QA) signent un accord de collaboration visant à renforcer la compétitivité du Qatar en tant que pôle mondial de l’aviation et de la logistique. Le partenariat prévoit la création d’un pôle aéronautique dans la zone franche de Ras Bu Fontas pour soutenir la maintenance et l’expansion de la flotte de Qatar Airways. La première phase comprendra la mise en place d’un centre de maintenance et de réparation des unités de puissance auxiliaires (APU). L’accord inclut également la création d’un corridor reliant la zone franche de Ras Bu Fontas à l’aéroport Hamad International et au port Hamad.
Oman
Le gouvernement omanais a signé avec le Groupe de la Banque mondiale un accord officialisant l’ouverture d’un bureau de représentation à Mascate, destiné à regrouper les activités de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale de développement (IDA), la Société financière internationale (IFC), et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). L’accord a été paraphé par le ministre des Finances, Sultan bin Salem Al Habsi, et le président du Groupe, Ajay Banga. Cette implantation vise à accroître l’appui technique et financier du Groupe à Oman, à suivre les projets privés financés par ses institutions, et à renforcer les capacités locales en matière d’économie et de finance. Le bureau facilitera également la mobilisation d’investissements étrangers et la participation accrue du secteur privé aux projets nationaux dans le cadre de Vision Oman 2040.
La Banque centrale d’Oman (CBO) a alloué cette semaine 9,25 millions d’OMR (23,4 M USD) de bons du Trésor à 91 jours, au prix moyen de 99,055 OMR pour 100 OMR. Le taux d’escompte moyen s’établit à 3,79 %, pour un rendement moyen de 3,82 %. Le taux repo de la CBO sur ces titres est fixé à 4,75 %, et le taux d’escompte du guichet des bons du Trésor à 5,25 %.
Koweït
Ca gaze pour le Koweït, un nouveau gisement gazier offshore mis au jour. Faisant suite aux découvertes d’Al Nakhatha et Al-Julaiah, le gisement de Al-Jazza marque un tournant dans l’exploration offshore du pays. Situé dans la formation Minagish , le champ affiche la plus haute production jamais enregistrée pour un puits vertical au Koweït, avec plus de 29 M de pieds cubes de gaz par jour (822.000 m3). Il présente un faible taux de CO₂, sans sulfure d’hydrogène ni eau associée. Sa superficie est estimée à 40 km², avec des réserves potentielles d’environ 1.000 Mds de pieds cubes (un peu plus de 28 Mds de m3).
La diversification de l'économie nationale élevée au rang d’impératif stratégique. Dans un discours prononcé lors d'un événement intitulé « La transformation économique du Koweït – Les fondements d'une nouvelle ère », organisé à l'université George Washington, le ministre des Finances du Koweït, Subaih Al-Mukhaizeem a déclaré « Nous devons nous concentrer sur l'avenir, et non sur le passé », soulignant le rôle de la finance, de la banque et de l'investissement en tant que moteurs de la transformation, de l'innovation et de la croissance durable. Il a affirmé que la croissance durable ne pouvait être conduite par l'État seul, mais exigeait également l'engagement des dirigeants du secteur privé, des innovateurs et des investisseurs.
Une croissance économique qui se consolide. Le FMI prévoit désormais une croissance de 2,6 % pour l’économie koweïtienne en 2025, soit 0,7 % de plus que ses précédentes prévisions. Pour 2026, la croissance est estimée à 3,9 %, en hausse de 0,8 %. L’inflation devrait s’établir à 2,2 % pour les deux années. Ces révisions reflètent une amélioration des perspectives économiques du pays. Le FMI reste optimiste quant à la stabilité financière de long terme du Koweït.