Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

PIF : It's in the Game

 

Le rachat d’Electronic Arts (EA) pour 55 milliards de dollars par un consortium[1] composé du fonds souverain saoudien PIF vient de marquer l’histoire. L’opération, financée par 36 milliards de capitaux propres et 20 milliards de dette mobilisés par J.P. Morgan, constitue le plus important leveraged buyout (achat à effet de levier) jamais réalisé. L’éditeur de franchises mondiales (comme Les Sims, par exemple) restera basé en Californie, mais va quitter le Nasdaq pour devenir une société privée. Le PIF déjà détenteur de 9,9 % du capital consolide ainsi son rôle d’investisseur clé dans la transaction.

Cette prise de contrôle s’inscrit dans la stratégie nationale saoudienne lancée en 2022 (« National Gaming and Esports Strategy »), visant à faire du gaming un pilier de la diversification économique (programme « Vision 2030 »). Cette stratégie fixe des objectifs précis, comme la création de 39 000 emplois, l’ouverture de 250 studios de développement dans le pays et une contribution de 13 milliards de dollars au PIB d’ici 2030. Le PIF occupe une position centrale dans cette stratégie : il a structuré cet écosystème autour de sa filiale Savvy Games Group, dotée de 38 milliards de dollars pour acquisitions et partenariats. Cette enveloppe se décompose en 50 milliards de riyals pour l’achat d’un éditeur international majeur (objectif atteint avec EA), 70 milliards de riyals pour des participations minoritaires (le véhicule a notamment déjà pris des positions dans Nintendo, par exemple), et 20 milliards de riyals pour des partenariats technologiques. La Fédération saoudienne d’e-sport, présidée par le prince Faisal bin Bandar bin Sultan Al Saud, incarne le relais institutionnel. Enfin, l’impulsion politique est donnée directement par le prince héritier Mohammed bin Salman, qui assume être un « gamer » et souhaite faire du secteur une pierre angulaire de la transformation économique de son royaume.

Sur la même ligne, Riyad accueille l’organisation d’événements majeurs du eSport. La Coupe du monde de l’eSport, lancée en 2024, avait rassemblé grâce à une dotation record de 55 millions d’euros plus de 1 500 joueurs. Le royaume accueillera aussi la première édition des Jeux olympiques d’eSport en 2027. L’organisation de telles compétitions est soutenue par des investissements dans un réseau d’infrastructures, comme l’incarne le projet de construction d’un quartier entièrement dédié au gaming et à l’e-sport au sud de Riyad, le Qiddiya Gaming & eSports District. L’intégration de complexes gaming est d’ailleurs également prévue dans le projet NEOM.

La logique économique et sociale de cette stratégie reflète les priorités de la Vision 2030 : diversification, emploi et soft power. Avec l’acquisition d’EA Sports, l’Arabie saoudite s’assure un portefeuille de revenus récurrents fondés sur les licences, les abonnements et les contenus additionnels. Le secteur incarne donc un relais de croissance puissant, permettant de réduire la dépendance structurelle du pays aux recettes pétrolières. Cette stratégie vise également à positionner l’Arabie saoudite comme acteur central d’une industrie en expansion. L’accueil d’évènements internationaux et la construction d’infrastructures favorise l’émergence d’un écosystème local structuré et constituent des leviers de création d’emplois qualifiés, tout en renforçant l’attractivité du pays pour les investisseurs et les talents. Sur le plan externe, la stratégie sert aussi à projeter une image de modernité et à accroître le soft power saoudien.

Mais ces bénéfices attendus ne sont pas seulement tournés vers l’extérieur : cette politique s’adresse aussi à une société très jeune et très connectée. En effet, près de 70 % de la population a moins de 35 ans et deux jeunes sur trois se déclarent joueurs hebdomadaires selon le Courrier international. L’écosystème numérique est déjà mature : le taux de pénétration d’Internet atteint 99 %, et plus de la moitié des usagers passent au moins sept heures par jour en ligne selon l’agence de presse saoudienne. Dans ce contexte, développer le gaming sert à la fois offrir des perspectives d’emploi à une génération hyperconnectée, mais aussi peut-être à créer de l’adhésion voire à renforcer la cohésion sociale, en donnant à une génération en quête d’opportunités un horizon économique et culturel dans lequel elle se reconnait.

Leila LARBI, Adjointe au chef du SER et conseillère financière régionale


[1] Consortium composé du PIF, de Silver Lake et le fonds de Jared Kushner Affinity Partners

 

Pétrole et gaz

Brent 3/10/2025 à 12h00 GST : 64,568 USD/Bbl

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Après avoir dépassé la barre symbolique des 70 USD la semaine dernière, le cours du Brent est en passe de réaliser sa plus forte baisse cette semaine depuis juin. Cette correction traduit la fragilité d’un marché pris en étau entre une offre excédentaire qui peine à s’absorber et une demande dont les perspectives en Asie restent incertaines. L’OPEP+, qui se réunit en fin de semaine, cristallise les attentes : un relèvement de quotas pour novembre pourrait amplifier la pression baissière sur les cours.

Vendredi, à la mi-journée, le Brent s’échangeait à 64,57 USD le baril, soit une baisse hebdomadaire de 5,05 USD (-7,8 %). Le WTI a également subit une correction à 60,98 USD le baril, contre 65,20 USD une semaine plus tôt. Les contrats à terme sur le gaz naturel sont en nette hausse à 3,41 USD/MMBtu (8,50 €/MWh). Les prix européens du gaz sont en baisse à 31,11 €/MWh.

La thématique de l’offre reste au cœur de l’équation. Les discussions prévues en fin de semaine par l’OPEP+ pourraient acter de nouvelles hausses de production pour les prochains mois – évoquées à hauteur de 500 000 bpj jusqu’à la fin de l’année selon les analystes. Le Koweït assume ce pari offensif. Sheikh Nawaf Al-Sabah a souligné que la demande reste « plus robuste que prévu » et que des contrats stratégiques avec la Chine – dont un accord décennal de 300 000 bpj – pérennisent les débouchés.

Néanmoins, les signes annonciateurs d’un surplus d’offre s’accumulent. Les contrats à terme sur le Murban d’Abou Dabi ont basculé en contango vendredi dernier, traduisant des attentes de surcapacité à court terme. Les cargaisons d’Upper Zakum se négocient à escompte. Enfin, « l’oil on water » - volumes en transit et stockage flottant – ont atteint 170 millions de barils de plus que l’année passée.

Les projections des analystes confirment le déséquilibre : Macquarie estime que le marché pourrait connaître un surplus de 4,6 Mb/j dès le premier trimestre 2026, un niveau historiquement élevé, et anticipe un Brent retombant dans la zone des 50-55 USD. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) converge dans ses prévisions : elle anticipe une surproduction persistante jusqu’en 2026, tirée par les hausses d’OPEP+ et des producteurs hors cartel.

Graphique 1 – Le surplus d’offre s’accélère 

 

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Source : AIE, données SER

Côté demande, les États-Unis et l’Europe affichent une résilience relative, mais les incertitudes se cristallisent en Asie. Si la Chine a jusqu’ici soutenu artificiellement le marché par ses achats massifs de stockage (plus de 60 % de l’excédent mondial absorbé au 2e trimestre), la question de la pérennité de cette stratégie reste entière. Les raffineurs chinois, contraints par des quotas d’importation en attente de renouvellement, montrent déjà des signes de ralentissement. Dans ce contexte, un retrait même partiel de Pékin du marché international pourrait amplifier brutalement les pressions baissières.

Outre-Atlantique, les législateurs américains n’ont pas réussi à s’accorder sur le budget forçant le gouvernement à entrer en shutdown. Par conséquent, les principaux indicateurs macro-économiques et de stockage de pétrole ne seront pas publié jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé entre les Démocrates et Républicains. Ceci renforce d’autant plus les inquiétudes des investisseurs.

À court terme, le scénario le plus probable est celui d’un marché « lower-for-longer », dominé par une surabondance persistante et une demande structurellement baissière. À moyen terme, toutefois, les fondamentaux pourraient se rééquilibrer si les prix bas finissent par freiner les investissements hors OPEP.

Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier

 

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

Les exportations pétrolières saoudiennes atteignent leur plus haut niveau depuis 18 mois. Les exportations de brut saoudien ont atteint 6,42 millions de baril par jour (mbj) en septembre, leur niveau le plus élevé depuis 18 mois. Elles progressent de + 600 000 barils par jour par rapport à août, résultat de l’augmentation des quotas de l’OPEP+. Cette hausse intervient après un été marqué par une forte consommation domestique pour la production électrique, qui avait limité les volumes disponibles à l’exportation. Les flux via l’oléoduc Sumed en Égypte ont également bondi, atteignant leur plus haut niveau depuis mars 2020, signe d’un possible restockage des capacités de Sidi Kerrir sur la Méditerranée.

Le prince héritier a ordonné un gel des loyers à Riyad pour les cinq prochaines années. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a ordonné un gel des loyers à Riyad pour les cinq prochaines années. Cette décision s’applique au segment résidentiel comme commercial. Cette mesure intervient alors que le gouvernement cherche à réguler le marché et à préserver l’accessibilité du logement, fragilisée par une inflation locative forte à Riyad. Les effets pourraient être limités à moyen terme avec l’arrivée sur le marché de 20 000 nouveaux logements en 2025 et de 60 000 supplémentaires d’ici 2027, ainsi que 600 000 m² d’espaces commerciaux attendus dès 2026.

L’Arabie saoudite va continuer de renforcer le recours à la dette pour financer sa diversification. Les autorités saoudiennes prévoient d’élargir le marché domestique de la dette afin de répondre aux besoins de financement des giga-projets évalués à près de 1 300 Md USD depuis 2016 dans le cadre de Vision 2030. Le volume cumulé des émissions représente aujourd’hui environ 18 % du PIB (228 Md USD) et l’objectif est de porter ce ratio à 28 % d’ici 2030, grâce à de nouveaux instruments et à une ouverture accrue aux investisseurs étrangers. La Capital Market Authority travaille à simplifier les procédures d’émission et envisagerait d’assouplir la fiscalité pour encourager davantage d’entreprises à recourir aux marchés. Le Royaume a par ailleurs été placé sur la liste de surveillance de JPMorgan pour une potentielle inclusion dans l’indice obligataire émergent, ce qui pourrait générer plusieurs milliards de flux entrants. Cette stratégie vise à réduire la dépendance au financement bancaire classique et à faire du marché obligataire un pilier du financement de la diversification économique, dans un contexte de faibles prix du pétrole et de maintien d’une politique budgétaire expansionniste.

L’Arabie saoudite a annoncé près de 1 Md USD d’investissements dans le secteur de la culture. Lors de la Cultural Investment Conference qui s’est tenue à Riyad les 29 et 30 septembre 2025, le Royaume a annoncé près de 1 Md USD d’investissements culturels pour renforcer l’attractivité touristique et son rôle régional dans le divertissement. Le groupe chinois ORI investirait 533 M USD pour établir son siège régional, tandis que le Cultural Development Fund a lancé de nouvelles facilités de financement, dont 100 M USD pour le cinéma et 40 M USD pour l’art contemporain. Ces projets, qui prévoient l’ouverture de 600 musées d’ici 2030, s’inscrivent dans la Vision 2030 et visent à faire du secteur du tourisme (5 % du PIB) un moteur de croissance.

Windoria réalise la première acquisition majoritaire par un fonds européen de capital-investissement en Arabie saoudite. La société Investindustrial, via sa filiale Windoria, a annoncé l’acquisition du producteur saoudien Al-Fursan Al-Maghawear, spécialisé dans les sauces et produits alimentaires non périssables. L’opération, soumise à l’approbation des autorités et attendue d’ici la fin du mois, constituerait la première transaction majoritaire en Arabie saoudite menée par un fonds de capital-investissement européen.

 

Energie, Industrie & Services

Acwa Power avance sur son projet d’hydrogène vert à Yanbu. Cette semaine, Acwa Power a nommé Kent, cabinet d’ingénierie basé à Dubaï, comme ingénieur du propriétaire pour le Yanbu Green Hydrogen Hub en Arabie saoudite. Situé à Yanbu Industrial City, le projet prévoit 5 GW d’éolien et 5 GW de solaire, une ligne de transmission de 400 km et jusqu’à 4,4 GW d’électrolyseurs, pour produire 400 000 tonnes d’hydrogène par an, transformées en plus de 2,2 M de tonnes d’ammoniac vert destiné à l’export. Kent sera chargé d’assurer la conformité technique et la sécurité de la conception, de superviser les interfaces et d’accompagner la transition vers la phase d’ingénierie, approvisionnement et construction (EPC). En parallèle, Acwa Power a signé en septembre un protocole d’accord avec Larsen & Toubro pour définir la conception et la configuration du package renouvelables et réseaux sur le site, incluant photovoltaïque, éolien, stockage par batteries, postes et lignes de transmission.

Trois stations d’épuration entrent en service dans le Royaume. Trois stations d’épuration indépendantes (ISTP) situées à Médine, Buraydah et Tabuk ont officiellement démarré leurs opérations commerciales, dans le cadre du programme PPP du royaume. Portés par l’espagnol Acciona et ses partenaires locaux Tawzea et Tamasuk, les projets avaient atteint leur clôture financière en 2022, soutenus par un premier prêt vert pour Accional. Les trois usines disposent d’une capacité combinée de 440 000 m³/jour : Médine 3 (200 000 m³/j pour 1,5 M d’habitants), Buraydah 2 (150 000 m³/j pour 600 000 habitants) et Tabuk 2 (90 000 m³/j pour 350 000 habitants). Environ 95 % des volumes traités seront réutilisés pour l’irrigation agricole, le reste étant consommé au sein des installations.

L'espagnol PV Hardware fournira les trackers solaires pour le projet Rabigh 2. Le groupe a été sélectionné pour équiper le projet solaire Rabigh 2 en Arabie saoudite, d’une capacité de 300 MW, développé conjointement par Al Jomaih Water and Electricity Company et TotalEnergies, avec SEPCO International comme EPC. Le consortium avait signé en décembre 2024 un contrat d’achat d’électricité (PPA) de 25 ans avec la Saudi Power Procurement Company (SPPC) pour ce projet faisant partie de la cinquième phase du National Renewable Energy Program (NREP).

Le promoteur Dar Global annonce le projet Trump Plaza pour 1 Md USD. La Trump Organization s’associe au group saoudien pour développer Trump Plaza à Jeddah,  dans un projet mixte estimé à 1 Md USD. Situé sur King Abdulaziz Road, le complexe comprendra des résidences haut de gamme, des appartements avec services, des bureaux et des townhouses exclusives, organisés autour d’un espace vert central. Il s’agit du deuxième projet Trump dans le royaume, après le lancement de Trump Tower Jeddah en décembre 2024. En avril, les deux groupes avaient annoncé le lancement de Trump International Hotel & Tower à Dubaï.

 

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

Abu Dhabi a enregistré une croissance robuste de 3,8 % de son PIB réel au T2 2025, atteignant 83,4 Md USD (AED306,3 Md), portée par l’essor du non-pétrolier, en hausse de 6,6 % à un niveau record de 174,1 Md AED, soit 56,8 % du PIB total. Sur le premier semestre, le PIB a progressé de 3,63 % à 597,4 Md AED, avec des activités non pétrolières en hausse de 6,37 % à 337,6 Md AED. La performance repose sur des secteurs moteurs : industrie (30,1 Md AED, +3,1 %), construction (30 Md AED, +9,7 %), finance (21,8 Md AED, +10,3 %), immobilier (11,7 Md AED, +10,2 %) et TIC (8,6 Md AED, +6 %). Ces résultats traduisent l’efficacité de la stratégie de diversification et d’innovation d’Abu Dhabi, soutenue par l’Abu Dhabi Industrial Strategy, un plan numérique de 13 Md AED visant à faire du gouvernement le premier « AI-native » d’ici 2027, et un climat d’affaires renforcé par l’attrait croissant des investisseurs étrangers.

Les Émirats arabes unis et la Malaisie ont fait entrer en vigueur leur accord de partenariat économique global (CEPA). Signé en janvier 2025, il vise à doubler les échanges bilatéraux, de 5,5 Md USD en 2024 à un objectif de 13,5 Md USD hors hydrocarbures d’ici 2032. Au S1 2025, le commerce a déjà atteint 3,3 Md USD (+30,9 % en g.a.), soutenu par la levée progressive des barrières douanières, une coopération renforcée dans des secteurs stratégiques (santé, IA, énergies renouvelables, logistique) et par l’ambition d’Abou Dabi d’atteindre 1 000 Md USD d’échanges extérieurs d’ici 2031, faisant de ce CEPA le premier signé par la Malaisie avec un État du CCG.

Abu Dhabi confirme sa place de premier pôle d’investissement souverain régional, Mubadala (17,4 Md USD) et Adia (9,6 Md USD) représentant près de la moitié des 56,3 Md USD investis par les fonds souverains MENA sur les neuf premiers mois de 2025, selon Global SWF. Leur dynamisme illustre la stratégie de diversification des Émirats, alors que le PIF saoudien (6,2 Md USD) et le QIA qatari (7,6 Md USD) cherchent également à accroître leur empreinte mondiale, dans un contexte où les actifs des investisseurs publics régionaux atteignent 8 200 Md USD et devraient progresser de +46 % d’ici 2030.

 

Energie, Transports & Services

Abou Dhabi ambitionne de réutiliser 100 % de ses eaux usées traitées d’ici fin 2026, contre 80 % aujourd’hui. Le programme, géré par TAQA Water Solutions, mobilise 41 stations d’épuration et le tunnel STEP de 41 km pour alimenter grandes usines, agriculture et espaces verts. Les investissements dépassent 1 Md AED pour renforcer la distribution et la qualité. L’initiative s’inscrit dans la stratégie nationale Water Security 2036 et soutient les objectifs climatiques Net Zero 2050.

Masdar a acquis 49,99 % d’un portefeuille de quatre centrales solaires en Espagne (446 MW) pour 368 M EUR, portant sa capacité dans la péninsule ibérique à 3,2 GW. L’opération, financée par un consortium de banques dont BNP Paribas et First Abu Dhabi Bank, consolide son partenariat avec Endesa après plusieurs acquisitions majeures en 2024.

Etihad Rail et Keolis ont signé un accord stratégique pour la création d’une coentreprise chargée d’exploiter la ligne passagers inter-émirats à partir de 2026. L’objectif est d’atteindre 36 millions de passagers d’ici 2030.

Abu Dhabi investit 13 Mds AED (3,54 Mds USD) pour devenir d’ici 2027 le premier gouvernement « AI-native ». Plus de 100 projets d’IA sont déjà déployés dans 40 entités publiques, avec TAMM 4.0 en vitrine au GITEX 2025. La stratégie inclut formation massive des fonctionnaires, cloud souverain et IA éthique, positionnant l’émirat comme modèle mondial de gouvernance augmentée par l’IA.

Qatar

La Qatar Investment Authority (QIA) s’associe à la société américaine de gestion d’actifs alternatifs Blue Owl Capital pour investir dans les centres de données. Le fonds souverain qatarien participera à hauteur de 1 Md USD à la plateforme, qui sera dotée initialement de 3 Mds USD, montant amené à croître. Elle sera dédiée au financement de centres de données, exploités par les fournisseurs de services cloud à très grande échelle.

QatarEnergy (QE) signe un contrat d'approvisionnement en hélium avec l’entreprise allemande Messer, spécialisée dans la production et la fourniture de gaz industriels et médicaux. Le contrat d’achat et de vente (CAV) à long terme conclu avec Messer porte sur la fourniture annuelle de 2,83 millions de m³ d’hélium provenant des installations gazières de Ras Laffan. Il s’agit du premier CAV à long terme entre QE et Messer.

L’Autorité qatarienne des travaux publics (Ashghal), attribue 13 contrats d’une valeur totale de 3,3 Mds USD. Ces contrats portent sur le renforcement d’infrastructures routières et de drainage, la rénovation et la construction d’infrastructures scolaires et médicales (hôpital psychiatrique de Hamad Medical Corporation), ainsi que la modernisation de structures agricoles (modernisation de la ferme d’élevage de chevaux d’Al-Zubara).

Le ministère du Commerce et de l’industrie (MoCI) organise un forum de dialogue entre les secteurs public et privé. A cette occasion, le ministère a annoncé un certain nombre de nouvelles initiatives, dont la réduction du montant des locations des terrains industriels, logistiques et commerciaux. De même, l’événement a rappelé la publication prochaine de trois nouvelles lois portant sur les partenariats public-privé (PPP), les investissements étrangers et les faillites. Enfin, le sous-secrétaire du ministère de la Justice, Saeed bin Abdullah Al-Suwaidi, a annoncé la publication d’une nouvelle loi permettant aux avocats de représenter des sociétés affiliées à QatarEnergy (QE) et de détenir des actions et des participations dans des sociétés.

Le conglomérat Estithmar Holding et Al Bidda Industries & Services, fournisseur qatarien de produits et services électriques avancés, signent un protocole d'accord avec Siemens pour promouvoir des solutions intelligentes et durables. Ce protocole vise à promouvoir l'innovation et à soutenir les projets de partenariat public-privé (PPP). Il établit également un cadre de coopération pour le développement de solutions intégrées, intelligentes et durables dans les secteurs de la santé, l'énergie, les services, l'hôtellerie et la sous-traitance.

La Qatar Free Zone (QFZ) signe un protocole d’accord avec Feadship, constructeur néerlandais de yachts de luxe. Le protocole d’accord, signé lors de la 34eme édition du salon Monaco Yacht Show, vise à faire du port de Marsa de la zone franche d’Umm Alhoul, une destination de premier ordre pour les yachts dans le Golfe.

 

Oman

S&P confirme la note d’Oman à ‘BBB-’, perspective stable. S&P Global Ratings a confirmé la note souveraine d’Oman à ‘BBB-’ long terme et ‘A-3’ court terme, avec perspective stable, saluant la discipline budgétaire et les réformes engagées malgré des hypothèses de prix du Brent nettement plus basses (60 $/b en 2025, 65 $/b en 2026–28, contre 84 $ en moyenne sur 2021–24). Le déficit devrait rester modeste, à 0,5 % du PIB en 2025, avant un retour à l’équilibre en 2026–28, et la position nette d’actifs publics se stabiliserait autour de 8 % du PIB.

La croissance annuelle moyenne est attendue à 2 % sur 2025–28, dont 2,9 % hors hydrocarbures, les activités non pétrolières représentant déjà 73 % du PIB. La production pétrolière atteindrait 1,2 million de barils/jour en 2028, tandis que la diversification économique et les réformes — restructuration des entreprises publiques, cessions d’actifs, introduction de l’impôt sur le revenu des personnes physiques en 2028 — renforcent la solidité des finances publiques. Ce nouvel impôt devrait générer environ 80 M OMR (200 M USD), contribuant à la stabilité budgétaire. La dette publique brute devrait diminuer à 33 % du PIB en 2028, contre 36 % en 2024 et 68 % après la pandémie, grâce aux remboursements planifiés et à l’accumulation d’actifs liquides via la banque centrale, les dépôts publics, le fonds souverain Oman Investment Authority et les fonds de pension. Les gains nets d’actifs devraient représenter en moyenne 8 % du PIB sur la période, offrant une marge de manœuvre en cas de choc pétrolier, tandis que le déficit courant moyen resterait limité à 1,9 % du PIB, financé par des IDE représentant 10 % du PIB. Pour S&P, la dépendance aux hydrocarbures demeure, mais la consolidation budgétaire et les progrès de diversification justifient la stabilité de la note.

Les banques omanaises devront publier leurs risques climatiques dès 2026. La Banque centrale d’Oman (CBO) exigera des banques commerciales qu’elles divulguent leurs risques et pratiques liés au climat à partir de l’exercice 2026, conformément à son rapport 2025 sur la stabilité financière. Cette mesure vise à intégrer les risques physiques (cyclones, inondations, hausse des températures) et de transition (dépendance aux hydrocarbures, durcissement réglementaire international, réévaluation des actifs carbonés) dans l’évaluation de la stabilité financière du pays, alors que le secteur bancaire reste encore dépourvu d’analyses de scénarios climatiques — une lacune jugée critique par la CBO face aux menaces systémiques croissantes du changement climatique.

Le Sultanat renforce sa coopération fiscale avec la ratification de deux nouvelles conventions fiscales bilatérales avec Bahreïn et le Kazakhstan. Le gouvernement omanais a officiellement ratifié deux Accords portant sur l’élimination de la double imposition et de la double non-imposition avec Bahreïn le 2 septembre 2025 et le Kazakhstan le 4 septembre 2025 (en attente de ratification par le Kazakhstan). On reconnaît en général aux conventions fiscales internationales un triple rôle : l’élimination des doubles impositions, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale et la protection des contribuables. Ces accords, alignés sur les standards OCDE et ONU prévoient des taux de retenue à la source réduits ou nuls pour les dividendes, intérêts, redevances et services techniques, tout en incluant des exemptions pour les entités gouvernementales, banques centrales, fonds souverains et fonds de pension, reflétant la volonté d’Oman de promouvoir des relations économiques internationales transparentes, équitables et attractives pour les investisseurs.

Oman se positionne comme “Country Partner” de l’European Hydrogen Week 2025. Le Sultanat d’Oman participe pour la première fois en tant que partenaire officiel à l’European Hydrogen Week 2025 à Bruxelles, avec une délégation de haut niveau conduite par le ministre de l’Énergie et des Minéraux, Eng. Salim Al Aufi, et regroupant Hydrom, OQ, OQGN, OTTCO, Nama et OETC. Soulignant l’importance stratégique du marché européen, Oman y présente ses avancées en matière d’hydrogène vert — enchères publiques, incitations fiscales, corridors logistiques (notamment Oman–Amsterdam–Allemagne) et partenariats portuaires — qui doivent permettre d’ancrer l’ammoniac et l’hydrogène liquide omanais dans la transition énergétique européenne, tout en structurant une demande domestique au service de la sidérurgie, de la chimie et d’un écosystème industriel bas carbone.

Une start-up britannique s’allie à des partenaires omanais pour transformer les déchets plastiques en hydrogène. La start-up britannique Hydrogen Utopia International (HUI) a annoncé un partenariat avec les entrepreneurs omanais Shahab Ahmed et Mohamed Al Mir pour introduire au Sultanat sa technologie de conversion des déchets plastiques en hydrogène, nommée plasma-enhanced gasification et développée par l’américain InEnTec. Cette solution permet de convertir des flux complexes de déchets (plastiques non recyclables, pneus usagés, matériaux composites) en hydrogène propre, électricité ou chaleur. Ciblant en priorité les secteurs sidérurgique et cimentier, l’initiative vise à réduire les émissions et soutenir l’agenda de durabilité d’Oman et ambitionne, selon le CEO de HUI, de permettre aux aciéries omanaises d’exporter de l’acier bas carbone vers l’Union européenne à un prix compétitif avec l’acier conventionnel.

 

Koweït

Kuwait Airways éponge ses pertes grâce à une réduction de son capital. L'assemblée générale de la compagnie aérienne nationale, intégralement détenue par le fonds souverain de l’émirat, a approuvé l'annulation des pertes cumulées de la société pour un total de 300 M KD (près de 1 Md USD), au moyen d’une réduction de son capital qui ne représente plus désormais que 684 M KD (2,2 Mds USD). Déjà en 2019, Kuwait Airways avait effacé une dette d’un montant similaire. La compagnie prévoit d’atteindre l’équilibre en 2025 après des années de pertes cumulées et n'a pas divulgué ses résultats financiers pour 2023 et 2024.

Le Koweït lance sa première émission obligataire en 8 ans et lève 11,5 Mds USD.  Découpé en trois tranches (3 ans, 5 ans et 10 ans) l’émission offrait un premium de 40 points de base par rapport aux bons du trésor américain. Les trois tranches ont largement été souscrites, l’émission étant pilotée par les américaines Goldman Sachs (3 ans) et JP Morgan (5 et 10 ans).

Le Koweït esquisse une maîtrise timide de la consommation électrique. Le ministre de l’Électricité, de l’Eau et des Énergies renouvelables a indiqué que la charge maximale d’électricité durant l’été 2025 avait atteint 17.610 MW, soit une baisse inédite par rapport au record enregistré en 2024 (17.640 MW). Aucun « blackout » n’avait ainsi été enregistré malgré des températures atteignant régulièrement les 51°C et la reprise de l’activité économique. Le Ministre a attribué ce résultat à l’efficacité des campagnes de sensibilisation et à une gestion de la demande plus efficace. Il a par ailleurs rappelé quelques-uns des projets de centrale électrique en cours de développement (Al Zour, Nuwaiseeb, mais aussi Shagaya pour les renouvelables). Au total, les investissements engagés devraient accroître la capacité de production du pays de 14.000 MW d’ici à 2031.