L’inflation à 20,1% en août ; Éxcédent commercial de 9,2 Md$ ; L’État de Lagos prépare une obligation de 140 M$ ; Suspension de la taxe sur les produits importés ; La raffinerie Dangote exporte du carburant vers les États-Unis ; Kredete lève 22 M$ pour son expansion ; La Bank of Ghana baisse son taux directeur à 21,5% ; Le groupe français Castel investit au Ghana ; Le Ghana reçoit 360 M$ de la Banque mondiale ; Investissements de 10 Md$ en infrastructures ; 500 M$ pour le programme « 24H+ ».

 

LE CHIFFRE À RETENIR

21,5% 

Taux directeur de la Banque du Ghana réduit de 350 pb, à son plus bas depuis mai 2022

 

Nigeria

 

L'inflation poursuit son repli, enregistrée à 20,1% en août

Le Bureau national des statistiques nigérian (NBS) a publié les résultats d’inflation du pays pour le mois d’août 2025. Le Nigeria enregistre 20,1% d’inflation en août en glissement annuel après 21,9% en juillet et 22,2% en juin, un niveau toujours élevé mais en diminution pour le cinquième mois consécutif. Il s’agit du plus faible niveau d’inflation en glissement annuel enregistré depuis la mise à jour de la méthodologie de calcul de l’inflation du NBS en janvier mais également de la plus faible augmentation des prix d’un mois à l’autre depuis février 2019 (+0,7%).

L’inflation sous-jacente s’est réduite de manière notable au troisième trimestre, de 22,8% en juin à 21,3% en juillet et 20,3% en août. La stabilité du naira autour de 1535 NGN pour 1 USD en moyenne en août, a permis de limiter l’inflation importée.

L’inflation alimentaire s’est établie à 21,9% en août en glissement annuel, après 22,7% en juillet. Les prix des denrées agricoles ont été le principal relais de l’inflation, conséquence des défis structurels logistiques et sécuritaires dans les principales régions productrices.

Le prochain Comité de politique monétaire de la Banque centrale du Nigeria (CBN) doit se réunir les 23 et 24 septembre, alors que le gouverneur de la CBN Olayemi Cardoso a évoqué une potentielle baisse des taux début septembre. La banque Stanbic IBTC mise sur une baisse du taux directeur de l’ordre de 150 points de base d’ici à la fin de l’année.

Le FMI prévoit une inflation de 24,0% en moyenne en 2025 après 31,4% en 2024. La Banque mondiale est plus optimiste avec 22,1% après 26,6% en 2024 tandis que la Banque africaine de développement projette 24,7% d’inflation moyenne en 2025 après 31,4% en 2024.

 

Évolution de l’inflation en glissement annuel au Nigeria depuis janvier 2023

Évolution de l'inflation en glissement annuel au Nigeria depuis janvier 2023

Source : National Bureau of Statistics NBS

Clef de lecture : L’inflation du Nigeria s’élève à 20,1% en août 2025 (courbe bleu foncé), l’inflation alimentaire à 21,9% (courbe bleue) et l’inflation sous-jacente à 20,3% (courbe bleu clair). Le taux directeur de la CBN (pointillé noir) est fixé à 27,5% depuis novembre 2024.

 

Le Nigeria a dégagé un excédent commercial en biens de 9,2 Md USD au premier semestre 2025

Le NBS a publié les chiffres du commerce extérieur de biens du pays pour le second trimestre 2025.

Après 13,2 Md USD d’excédent commercial sur la balance des biens en 2024, le plus important depuis 2018, le Nigeria enregistre une performance suivant une tendance similaire en 2025, avec un excédent de 9,2 Md USD sur la première moitié de l’année.

Les importations se sont réduites de -1% par rapport au premier trimestre 2025 tandis que les exportations ont crû de +10%, atteignant respectivement 15 300 Md NGN et 22 800 Md NGN (soit 9,2 Md USD et 14,9 Md USD). L’excédent commercial représente 7 500 Md NGN, soit 5,7 Md USD (après 3,6 Md USD au T1 2025).

Si le pétrole brut représente toujours le premier poste d’exportation avec 57% des exportations totales, sa part a fortement diminué (71% en 2024), témoignant de la relative diversification des exportations nigérianes. La part des exportations non pétrolières est notamment passée de 12% à 14% entre 2024 et les six premiers mois de 2025, tandis que la part des exportations d’hydrocarbures non brut (gaz et pétrole raffiné) s’est élargie de 17% à 28% sur la même période, résultat entre autres de la mise en service de la raffinerie Dangote en septembre 2024.

La France était la 4ème destination des exportations du pays au premier semestre 2025, avec 3 000 Md NGN, soit 7% des exportations nigérianes. La France se place sixième partenaire commercial du Nigeria en volume de biens échangés avec 3 500 Md NGN (comme en 2024 où elle était 2ème destination des exportations nigérianes et 5ème provenance des importations).

En parallèle, la CBN a publié les statistiques sur la balance des paiements du pays des deux premiers trimestres de 2025. La balance courante enregistre un excédent de 8,1 Md USD sur la première moitié de l’année, après 17,2 Md USD en 2024. Sur la même période, les balances des services et des revenus primaires, structurellement déficitaires représentent respectivement -7,4 Md USD et -4,5 Md USD. La balance des revenus secondaires, qui comprend les transferts financiers de la diaspora enregistre un excédent de 10,8 Md USD.

 

L’État de Lagos prépare une émission obligataire record pour un sous-souverain africain, de 140 M USD

L’État de Lagos a annoncé son projet d'émission de deux obligations de 215 Md NGN (soit environ 140 M USD), la plus importante émission par une autorité sous-souveraine en Afrique. Cette émission se composera d’une obligation d’une maturité de 10 ans pour le financement de 24 projets d’infrastructures (200 Md NGN), et d’une obligation verte d’une maturité de 5 ans (15 Md NGN).

L’émission d’une obligation verte constitue une première pour un État nigérian, quelques semaines après l’annonce du futur lancement de son marché carbone, un projet qui devrait représenter 1 Md USD de revenus sur 15 ans, à travers l’échange de 1,2 M de crédits carbone. L’État de Lagos deviendrait la première entité régionale disposant d’un marché carbone en Afrique, et la seconde dans le monde après la Californie.

 

Le Nigeria suspend à nouveau la taxe sur les produits importés pour contenir la hausse des prix

Le gouvernement nigérian a décidé de suspendre la mise en œuvre d’une taxe de 4% sur la valeur franco à bord (FAB) des marchandises importées. Introduite une première fois en février 2025, puis retirée après des contestations, la mesure avait finalement été réintroduite en août.

Prévue par le Nigeria Customs Service Act de 2023 afin d’instaurer un mécanisme de financement plus durable pour le Service des douanes nigérian (NCS), cette taxe devait remplacer deux prélèvements existants : la taxe de 1% perçue au titre du « Comprehensive Import Supervision Scheme (CISS) » et le prélèvement de 7% correspondant aux frais de perception. Toutefois, il a été révélé que la taxe de 4% était venue s’ajouter aux autres prélèvements au lieu de les remplacer.

La décision de suspendre la taxe fait suite à des consultations avec les acteurs industriels et les experts commerciaux qui ont fait part de leurs inquiétudes quant au fait que cette taxe pourrait augmenter les coûts pour les importateurs (notamment pour les matières premières, les machines et les pièces détachées qui sont largement importées), réduire la compétitivité commerciale et créer une pression inflationniste sur l'économie. L’Association nigériane des manufacturiers (MAN) a salué la décision gouvernementale.

 

La raffinerie Dangote exporte sa première cargaison d'essence vers les États-Unis

La cargaison, d'un total d'environ 320 000 barils, a été achetée par le négociant international Vitol à Mocoh Oil, le partenaire d'exportation de Dangote, puis vendue à Sunoco, un distributeur de carburant nord-américain. Cette livraison souligne la capacité de la raffinerie à respecter les normes internationales en matière de carburants. D’autres cargaisons devraient arriver dans les ports américains dans les prochains jours.

Il est à noter que la raffinerie avait déjà exporté du kérosène aux États-Unis en début d’année.

En effet, les produits pétroliers sont exonérés de droits de douanes américains de 15%, frappant les exportations nigérianes entrés en vigueur le 7 août dernier.

 

Kredete lève 22 M USD pour accélérer son expansion en Europe et au Canada

La fintech nigériane Kredete a annoncé avoir levé 22 M USD en série A, portant son financement total à près de 25 M USD depuis sa création en 2023. Kredete développe des services financiers pour les migrants africains, en particulier ceux sans antécédents bancaires. Son offre inclut des transferts d’argent transfrontaliers, l’amélioration de l’historique de crédit et, prochainement, de nouvelles fonctionnalités comme la déclaration des loyers, des plans d’épargne liés au crédit et des prêts personnalisés. La société prévoit également de lancer des comptes rémunérés en devises fortes pour protéger l’épargne face à la volatilité monétaire. L’expansion ciblera le Canada, le Royaume-Uni et d’autres marchés européens.

Ce tour de table, conduit par AfricInvest via ses fonds CAIF et FIVE, avec la participation de Partech et Polymorphic Capital, confirme l’intérêt croissant des investisseurs pour la diaspora africaine, un marché soutenu par des transferts de fonds estimés à 685 Md USD en 2024.

 

Ghana

 

Dans un contexte de recul de l’inflation, la banque centrale abaisse son taux directeur à 21,5%

La Banque du Ghana (BoG) a abaissé son taux directeur de 350 points de base à 21,5%, son plus bas niveau depuis mai 2022. Soutenue par une majorité du comité de politique monétaire, cette baisse reflète la confiance de la banque centrale dans la poursuite de la trajectoire désinflationniste : l’inflation est tombée à 11,5% en août en glissement annuel, son plus bas niveau en quatre ans, et devrait atteindre la cible fixée par l’autorité monétaire de 8% (dans une fourchette de +/-2pt) d’ici la fin 2025. La prochaine réunion du comité est prévue le 19 novembre.

Ce mouvement s’inscrit dans un contexte macroéconomique plus favorable. Selon l’institut ghanéen des statistiques (GSS), le PIB en volume a progressé de 6,7% au deuxième trimestre 2025, contre 5,7% un an plus tôt, soutenu par la vigueur des secteurs des services et non pétroliers (+7,8%). Sur le marché des changes, le cedi reste en nette appréciation de 20% face au dollar depuis janvier, malgré un repli de 14% depuis juillet après un pic de +40% en glissement annuel à mi-année. L’assouplissement monétaire, amorcé en juillet avec une première réduction de 300 points de base, vise désormais à consolider cette reprise et à alléger le coût du crédit pour les entreprises, créant un environnement plus propice à l’investissement et à la croissance.

 

Le groupe français Castel, via Guinness Ghana, annonce de nouveaux investissements

Guinness Ghana Breweries PLC, désormais à majorité détenue par le groupe Castel (présent dans 22 pays africains), a présenté son nouveau directeur général, Frédéric Feraille, au président John Mahama.

La société entend investir afin d’accroître ses capacités au cours des trois prochaines années et renforcer la formation des talents locaux. Déjà, plus de 63% des intrants sont achetés localement auprès de plus de 30 000 agriculteurs.

Lors de l’échange, l’entreprise a alerté sur la menace croissante du commerce illicite et des importations parallèles, qui pèsent sur la création de valeur dans l’industrie des boissons.

Guinness Ghana, s’appuyant sur sa nouvelle gouvernance sous Castel, a réaffirmé son ambition de stimuler la croissance, préserver l’emploi et contribuer à la transformation économique du Ghana.

 

Le Ghana reçoit 360 M USD de la Banque mondiale à des fins de consolidation budgétaire

La Banque mondiale a décaissé 360 M USD au profit du Ghana dans le cadre du Second Resilient Recovery Development Policy Financing (DPO2), financé par l’Association internationale de développement (IDA) et approuvé le 27 juin 2025.

Ce nouvel appui porte à 660 M USD le soutien cumulé de la Banque mondiale depuis 2024 sur les 900 M USD prévus. Il vise à consolider les équilibres budgétaires de l’Etat, à améliorer la gouvernance du secteur énergétique et renforcer la résilience sociale et climatique, en complément du programme du FMI.

Selon le ministre des Finances, Cassiel Ato Forson, les réformes soutenues par cet appui – gestion plus rigoureuse des finances publiques, restructuration du secteur de l’énergie, mobilisation accrue des recettes – contribuent déjà à stabiliser l’économie et à rétablir la confiance des investisseurs.

 

Lancement du « Big Push » : 10 Md USD pour combler le déficit d’infrastructures

Le président John Dramani Mahama a donné le coup d’envoi du « Big Push », un programme d’investissements de 10 Md USD destiné à réduire le déficit structurel du Ghana en infrastructures. Dès 2025, 13,9 Md GHS (1,1 Md USD) seront consacrés aux premiers projets. Les financements proviendront principalement des recettes pétrolières via l’Annual Budget Funding Amount (ABFA) et des redevances minières allouées au financement des infrastructures.

Les premiers chantiers incluent la réhabilitation de 117 km de voies routières entre Atimpoku et Aflao via Ho et la reconstruction du corridor Dodowa–Afienya–Dawhenya (24,8 km). Le programme couvrira les 16 régions, avec pour priorités de relier les capitales régionales, connecter les districts et désenclaver les zones agricoles et industrielles. En parallèle, 5 Md GHS (400 M USD) seront mobilisés chaque année via le Road Fund – alimenté par la taxe sur les carburants et les redevances routières – pour l’entretien et la maintenance.

Face à des besoins évalués à 37 Md USD par an sur 30 ans (dont 8 Md USD pour la maintenance), le gouvernement souhaite recourir à des partenariats public-privé (PPP). Le Ghana Infrastructure Investment Fund (GIIF) structurera des véhicules spécifiques (SPV) pour attirer des capitaux privés, des financements mixtes et des fonds internationaux.

Présenté comme un « reset économique », le Big Push entend réduire les coûts logistiques, soutenir la compétitivité et renforcer l’attractivité du marché ghanéen. S’exprimant au KPMG Infrastructure Roadshow, le vice-ministre des Finances a invité les investisseurs étrangers à s’impliquer dans le transport, l’énergie, le numérique et l’urbanisme.

 

Le Ghana accélère son programme « 24H Economy » avec un financement initial de 500 M USD

Le programme « 24-Hour Economy Plus » (24H+), conçu pour élargir la base productive et renforcer les chaînes de valeur au Ghana, a obtenu un financement de 500 M USD de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Une première tranche de 60 M USD sera décaissée via la Development Bank Ghana (DBG) pour les PME.

Cet accord s’inscrit dans l’objectif initial du programme 24H+ : lever plus de 4 Md USD sur cinq ans (2025-2030) au moyen de prêts concessionnels à taux inférieurs à 12%. Avec l’apport des banques et investisseurs privés, le mécanisme pourrait mobiliser plus de 18 Md USD d’ici 2030.

Les financements couvriront des besoins en fonds de roulement, des acquisitions d’actifs, d’intrants agricoles, d’entrepôts et des opérations de verdissement. Un fonds en capital-investissement ciblera les entreprises en croissance dirigées par des jeunes et des femmes, soutenu par des garanties et assurances du Ghana Incentive-Based Risk Sharing System for Agricultural Lending (GIRSAL).

Le pilier financement (« Fund24 ») de la « 24H economy » associe déjà la BADEA et la Banque africaine de développement, et est ouvert aux investisseurs privés. Les premiers projets concernent le corridor économique de la Volta, Kumasi, la région centrale et le Nord-Ouest.