Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

Holy-oil ending 

 

L’OPEP+ continue de surprendre le marché par des annonces de relâchement anticipé de sa production. Après avoir officialisé en juillet une hausse de 548 000 bpj, le groupe a décidé le 7 septembre d’un nouvel ajustement de 137 000 bpj à compter du 1er octobre. Cette décision constitue la première étape du dégel d’une tranche totale de 1,65 M bpj prévue pour fin 2026. Elle intervient après la réintroduction de 2,2 M bpj de barils entre avril et août, réalisée avec une année d’avance sur le calendrier. Pourtant, malgré ces hausses de production, le Brent s’est maintenu en septembre autour de 67 USD, bénéficiant aux producteurs grâce à un double effet volume et prix. Alors que de tels événements provoquaient historiquement des conséquences immédiates, le marché pétrolier actuel apparaît plus stable et la tendance des prix reste contenue.

Une première explication résiderait dans des dépassements de quotas par certains pays avant l’annonce officielle. Par exemple, le Kazakhstan dépasse depuis plusieurs mois son allocation de près de 300 000 bpj. L’Irak est quant à lui engagé dans une phase de compensation après avoir produit au-dessus de son quota plus tôt dans l’année. L’impact net sur l’offre mondiale est bien inférieur aux niveaux annoncés ; ce qui est présenté comme une augmentation correspond en partie à une régularisation d’un niveau de production déjà atteint. Ainsi, la production cumulée de l’OPEP+ a atteint 28,17 M bpj en août (+ 400 000 bpj par rapport à juillet), son plus haut niveau depuis octobre 2022, mais cette progression ne reflète pas un apport entièrement nouveau de barils sur le marché international.

En outre, certains pays ne sont pas en capacité d’atteindre leur quota de production. D’après Bloomberg, seulement 1,15 M bpj devraient effectivement être ajoutés, soit seulement deux tiers des volumes de production annoncés, en prenant en compte les contraintes techniques, financières et géopolitiques. Si l’Arabie saoudite, les EAU et l’Irak détiennent à eux seuls plus de 2 M bpj de capacités inutilisées (soit deux tiers des capacités inutilisées par tout le groupe) d’autres pays, tels que la Russie, frappée par des sanctions, ne disposent quasiment d’aucune capacité supplémentaire exploitable. D’autres pays, tels que l’Algérie, Oman ou Koweït, n’ont qu’une marge résiduelle de production et opèrent déjà à la limite de leurs capacités techniques.

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Source : Bloomberg, calculs à partir des données de l’IEA et OPEP+

L’augmentation de la production de pétrole n’a pas conduit à une hausse des exportations. Bien que l’assouplissement des quotas de l’OPEP+ ait représenté une hausse théorique de 1,45 M bpj entre août 2024 et août 2025, les exportations de brut du Moyen-Orient n’ont augmenté que de 471 000 bpj sur la période. Pour le seul mois d’août 2025, les exportations de brut se sont contractées à 17,13 M bpj, soit une baisse de 754 000 bpj par rapport au pic observé en juin. Deux raisons expliquent cette contraction : d’une part, la consommation domestique a absorbé une partie de la production additionnelle (en particulier en Arabie saoudite et en Irak où le pétrole est utilisé comme combustible) ce qui réduit mécaniquement les volumes disponibles à l’exportation. D’autre part, une partie croissante du brut est redirigée vers les raffineries locales plutôt que vers les terminaux d’exportation. Les expéditions de produits raffinés du Moyen-Orient ont ainsi atteint un niveau record de 5,32 M bpj en août, en hausse de 740 000 bpj depuis juin. Si la production brute progresse, la part effectivement injectée sur le marché international est bien plus limitée, contribuant au maintien des prix.

Enfin, la demande reste structurellement en hausse (+ 10 % d’ici 2030 selon l’OPEP+) surtout dans ce contexte de prix contenus. C’est en particulier le cas de la Chine, dont les réserves stratégiques ont atteint 415 M de barils début septembre et les stocks commerciaux ont atteint 780 M de barils, soit un total de près de 1,2 Md de barils, en hausse de 130 M de barils depuis mars. La Chine aurait ainsi injecté en moyenne 200 000 bpj dans ses réserves, profitant d’un contexte de prix bas pour renforcer sa sécurité d’approvisionnement. Ce mouvement soutient ainsi artificiellement la demande dans un contexte où l’OPEP+ réintroduit ses volumes.

Ainsi, le maintien des prix résulte à court terme d’une multiplicité de facteurs bénéfiques maintenant la place centrale du pétrole dans les économies locales. Toutefois, la situation pourrait devenir moins favorable, la hausse de production finissant tôt ou tard à accroître l’excédent mondial d’offre, comme le montrent les anticipations consensuelles de baisse de prix dès 2026.

Hayet AFOU, attachée macroéconomique et financière

 

Pétrole et gaz

Brent 12/09/2025 à 12h00 GST : 66,161 USD/Bbl

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Le prix du pétrole évolue à la hausse cette semaine après avoir atteint vendredi dernier son plus bas niveau depuis le début de l’été en amont de la réunion de l’OPEP+. Malgré une nouvelle hausse de production annoncée par le cartel ce dimanche, les tensions au Moyen-Orient, la menace de nouveaux droits de douane et la perspective accrue d’une baisse des taux directeurs aux États-Unis continuent de soutenir les cours.

Vendredi, à la mi-journée, le Brent se négociait à 66,16 USD le baril, soit une progression hebdomadaire de 0,28 dollar (+0,43 %). Le WTI enregistrait en revanche un léger repli à 62,09 USD le baril, contre 62,19 USD une semaine plus tôt. Les contrats à terme sur le gaz naturel reculaient à 2,90 USD/MMBtu (7,23 €/MWh), tandis que les prix européens du gaz se maintenaient stables, autour de 32,20 €/MWh.

La semaine a été marquée par de nouvelles inquiétudes quant à une escalade au Moyen-Orient. Ce mardi 9 septembre, une frappe israélienne sur la capitale qatarie, Doha, a visé des dirigeants du Hamas. Le Qatar a fermement condamné cette action, la qualifiant de « violation flagrante » du droit international. Les États-Unis ont annoncé avoir été prévenus par Israël juste avant l’attaque. Cet épisode questionne la sécurité réelle des pays du Golfe - historiquement garantie par Washington - alors même que Doha abrite la plus grande base américaine de la région. Si cet évènement reste isolé pour le moment, il continue d’alimenter les crispations au sein des pays arabes et favorise la cohésion entre membres du CCEAG. Les marchés pétroliers ont immédiatement réagi à la hausse.

En Europe, alors que la guerre s’intensifie en Ukraine, entre 11 et 20 drones russes ont violé l’espace aérien polonais selon Varsovie, qui a demandé à l’OTAN d’activer l’article 4 de son traité. D. Trump a annoncé dans la foulée vouloir augmenter une nouvelle fois ses droits de douane sur la Chine et l’Inde dans le but de tarir les revenus pétroliers russes.

Côté offre, la réunion de l’OPEP+ ce dimanche a acté une augmentation modeste de 137 000 bpj, bien inférieure aux précédentes. Cette décision était anticipée par le marché et a peu influé sur les cours. L’attention des investisseurs se porte désormais sur la question des capacités de production disponibles, concentrées entre les mains de quelques producteurs, au premier rang desquels l’Arabie saoudite.

Côté demande, les stocks américains de brut ont progressé contre toute attente de 4 millions de barils cette semaine, atteignant 425 millions. Parallèlement, la Chine profite de la faiblesse des cours pour accroître ses achats, évalués à près de 200 000 bpj, afin d’alimenter ses réserves stratégiques. Selon les analystes, cette demande artificielle agit comme un des principaux inhibiteurs de la baisse des prix. En outre, les dernières données macroéconomiques aux États-Unis indiquent une baisse des pressions inflationnistes. Les investisseurs tablent désormais à 93% sur une baisse des taux par la Fed le 17 septembre prochain. Une détente monétaire soutiendrait la demande en énergie.

En définitive, l’évolution des cours du pétrole s’inscrit dans un équilibre fragile entre excédent d’offre, ralentissement de la demande saisonnière et tensions géopolitiques persistantes. Les prévisions de l’EIA indiquent que la croissance soutenue des stocks mondiaux devrait accentuer la pression baissière sur les prix, avec un Brent attendu autour de 59 USD au T4 2025 et sous la barre des 50 USD au T1 2026.

Emile DEBATS, Analyste macroéconomique et financier

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

L’OPEP+ prévoit une hausse modérée de la production en octobre – Huit membres clés de l’OPEP+, dirigée par l’Arabie saoudite et la Russie, ont convenu d’augmenter leur production de pétrole de 137 000 barils par jour à partir d’octobre. Cette décision vise à renforcer la part de marché saoudienne tout en ralentissant le rythme des augmentations par rapport aux mois précédents, dans un contexte de demande mondiale attendue en ralentissement. Depuis avril, l’alliance avait progressivement relevé sa production après plusieurs années de coupes pour soutenir le marché. Le relèvement d’octobre reste toutefois inférieur aux hausses mensuelles observées en septembre et août (environ 555 000 bpj) et en juillet et juin (411 000 bpj). Cette décision marque également le début du retrait anticipé d’une deuxième tranche de réductions, soit 1,65 million b/j pour les huit pays, plus d’un an avant le calendrier initial. La première tranche de 2,5 millions bpj a déjà été complètement annulée depuis avril, représentant environ 2,4 % de la demande mondiale. L’OPEP+ a indiqué que l’alliance se réserve la possibilité d’accélérer, de suspendre ou d’inverser ces hausses lors de ses prochaines réunions, la prochaine rencontre étant prévue le 5 octobre.

Les IDE en Arabie saoudite progressent de 24 % à 31,7 Md USD en 2024 – Selon l'Autorité générale des Statistiques (GASTAT), les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Arabie saoudite ont atteint 31,7 Md USD (119 Md SAR) en 2024, en hausse de 24 % malgré un ralentissement mondial. Le secteur manufacturier a capté la plus grande part avec 9,4 Md USD (35,1 Md SAR), soit 29 % du total, devant le commerce de gros et de détail, la construction et les services financiers. Selon le ministère de l’Investissement, les entrées ont dépassé la cible annuelle de la Stratégie nationale d’investissement (29 Md USD), marquant la quatrième année consécutive de surperformance. Pour rappel, l'objectif de flux entrants d'IDE pour 2030 est de 103 Md USD. La France se classe parmi les trois premiers investisseurs étrangers en stock d’IDE, avec 18,4 Md USD. Les sorties d’IDE saoudiennes ont fortement progressé, atteignant 10,4 Md USD contre 2,7 Md USD un an plus tôt, réduisant les flux nets à 21,3 Md USD.

L’activité du secteur non pétrolier saoudien s’accélère en août – Le Riyad Bank Saudi Arabia Purchasing Managers’ Index (PMI), compilé par S&P Global, est monté à 56,4 en août, contre 56,3 en juillet, confirmant une expansion solide de l’économie non pétrolière du Royaume. Ce niveau reste nettement au-dessus du seuil de 50 qui distingue croissance et contraction, et dépasse les indices relevés aux Émirats (53,3) et au Koweït (53,0). Selon Naif Al-Ghaith, chef économiste de Riyad Bank, la hausse traduit « un nouveau mois de croissance soutenue, portée par l’amélioration de la demande, une reprise modeste de la production et une progression continue de l’emploi ». Le rapport signale également une augmentation des volumes de nouvelles commandes, alimentée en partie par un rebond des exportations.

Energie, Industrie & Services

La SAR lance la préqualification pour le projet de liaison ferroviaire de Riyad – Saudi Arabia Railways (SAR) a ouvert la phase de préqualification des entreprises pour un contrat incluant la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire de 35 km à double voie, reliant le réseau Nord-Sud au réseau Est de la capitale. Le projet couvre également la construction de viaducs, d’infrastructures civiles, de systèmes de signalisation et d’installations techniques. Cette ligne constituera un maillon stratégique du projet Saudi Landbridge, estimé à 7 Md USD, qui prévoit plus de 1 500 km de nouvelles voies ferrées. Le Landbridge repose notamment sur une ligne de 900 km entre Riyadh et Jeddah, offrant un accès direct du port de King Abdullah à la capitale, ainsi que sur des améliorations de la ligne Riyadh-Dammam et une liaison entre Yanbu et King Abdullah Port. Le lancement de ce chantier rapproche la concrétisation de ce programme d’infrastructures majeur, attendu depuis près de vingt ans.

Les transbordements progressent de 15 % dans les ports saoudiens en août – Selon la Saudi Ports Authority (Mawani), les volumes de transbordement ont atteint 189 407 conteneurs, en hausse de 14,7 % sur un an. Le trafic global de conteneurs a progressé de 9,5 % à 750 634 unités, porté par une croissance des exportations (+7,95 %) et des importations (+7,8 %). Le nombre d’escales maritimes a bondi de 13,16 % à 1 118 navires contre 988 un an plus tôt. En revanche, le tonnage global a reculé de 12,4 % à 20,2 Mt, dont 14,5 Mt de vrac liquide et 4,6 Mt de vrac sec. Le trafic de bétail a progressé de 17,2 % pour atteindre près de 495 000 têtes. Pour rappel, l'ambition de Mawani est de faire du Royaume un hub logistique reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique, et de favoriser les chaînes d’approvisionnement, le tourisme et la sécurité alimentaire.

Nouvelles offres soumises pour le projet de tramway d’Al-Ula – La Royal Commission for Al-Ula (RCU) a reçu fin août les offres révisées pour le contrat de construction des infrastructures du futur tramway d’Al-Ula, long de 22,4 km et comprenant 17 stations desservies par 20 rames. Le contrat inclut la conception et la réalisation des voies, dépôts, bâtiments techniques et gares. Les consortiums candidats ont été invités à proposer des solutions de financement en PPP/autofinancement, reflet d’une tendance croissante aux PPP et au recours aux financements privés dans les mégaprojets saoudiens. Le projet bénéficie déjà d’une forte présence française : Systra agit comme consultant et Alstom fournira le matériel roulant ainsi que les systèmes associés. Le tramway s’inscrit dans le plan d’investissement de 15 Md USD (57 Md SAR) dévoilé en 2021 pour régénérer Al-Ula, dont 3,2 Md USD destinés aux infrastructures.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

Le PIB des Émirats a atteint 455 Md AED au premier trimestre 2025 (+3,9 % sur un an). Le PIB non pétrolier a progressé de 5,3 % à 352 Md AED, représentant désormais 77,3 % du total, un niveau historique. Les hydrocarbures comptaient encore pour 22,7 %. L’industrie manufacturière a été le secteur le plus dynamique (+7,7 %), suivie par la finance et l’assurance (+7,0 %), la construction (+7,0 %), l’immobilier (+6,6 %) et le commerce (+3,0 %). Les autorités ont souligné que cette performance reflète la résilience et la diversification de l’économie nationale, portée par la stratégie « We the UAE 2031 » visant à porter le PIB à 3 000 Md AED d’ici la prochaine décennie.

Les entreprises émiriennes ont multiplié les placements secondaires en 2025, levant près de 4,75 Md USD depuis janvier, soit presque trois fois le volume enregistré en 2024. Ce montant est largement supérieur aux 905 M USD issus des introductions en Bourse cette année. Ce mouvement, largement initié par des entités publiques, illustre la volonté de renforcer la liquidité des titres et d’accroître les chances d’inclusion dans les grands indices émergents internationaux. Le fonds souverain Mubadala a notamment engagé une cession partielle de sa participation dans Du (jusque 920 M USD), tout en s’engageant à participer intégralement à l’augmentation de capital d’ADCB (1,7 Md USD). ADNOC a procédé à une nouvelle cession de 317 M USD dans sa filiale logistique, tandis que G42 a levé 100 M USD via la vente d’actions dans Presight AI. Portées par la hausse des indices d’Abu Dhabi (+6 %) et de Dubaï (+15 %) depuis janvier, ces opérations témoignent d’un fort appétit des investisseurs internationaux.

Abu Dhabi Global Market (ADGM), le centre financier névralgique de la ville, a enregistré une hausse de 42 % du nombre d’entreprises actives au premier semestre 2025, avec 2 972 entités enregistrées fin juin contre 2 381 fin décembre. Les actifs sous gestion ont progressé dans la même proportion, portés par 154 sociétés de gestion administrant 209 fonds. De nouveaux entrants incluent Kimmeridge et Fortress Investment Group, ce dernier ayant scellé en mai un partenariat d’un milliard de dollars avec Mubadala. En parallèle, Lunate - soutenu par Cheikh Tahnoun bin Zayed - a pris une participation minoritaire dans Brevan Howard. Ces résultats illustrent l’attractivité croissante d’Abou Dabi, soutenue par ses fonds souverains (près de 2000 milliards de dollars d’actifs), dans un contexte national également marqué par la progression du Dubai International Financial Centre (DIFC) avec une hausse de 25 % des enregistrements d’entreprises sur un an.

Energie, Industrie & Services

Chypre aurait entamé des discussions avec les EAU pour participer au projet de câble électrique sous-marin reliant la Grèce, Chypre puis Israël. Estimé à 1,9 Md EUR, ce câble sera le plus long (1 240 km) et le plus profond (3 000 m) au monde. Malgré une enquête européenne pour possibles irrégularités, les trois pays auraient réaffirmé leur soutien au projet.

Le secteur aérien des EAU génère 92 Mds USD par an, soit 18 % du PIB, et soutient environ 991 500 emplois directs et indirects. Avec 12 aéroports certifiés, une capacité de 160 millions de passagers par an et 4,36 millions de tonnes de fret en 2024, le pays s’impose comme le 7ᵉ marché mondial du cargo et abrite l’aéroport le plus fréquenté du monde (DXB).

Le taux d’occupation des hôtels de Dubaï a atteint 81 % au premier semestre 2025, en hausse de 4,5 % sur un an, tandis que le nombre de visiteurs internationaux a progressé de 6,1 % pour atteindre près de 10 millions. Le tarif journalier moyen s’est établi à 745 AED, en hausse de 5,5 %, soutenu par la croissance du tourisme international, les initiatives gouvernementales, de nouveaux événements et l’ouverture prochaine de 5 000 nouvelles chambres d’ici la fin de l’année.

Qatar

Le Premier Ministre, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim al-Thani, dévoile la stratégie du Ministère des Transports pour les années 2025-2030. La stratégie compte 125 projets, dont l’extension du réseau de métro. Le Ministère, qui a alloué une enveloppe d’1,2 Mds USD souhaite que 40 % des projets impliquent la participation du secteur privé. Pour rappel, le Qatar a fait de la logistique un secteur clé de sa stratégie de diversification économique.

Le Conseil des Ministres qatarien dévoile un Centre national pour l’intelligence artificielle. Le dispositif sera intégré au sein du Ministère des Communications et des technologies de l’information (MCIT).

Le Ministre du Commerce et de l’industrie (MoCI), Cheikh Faisal bin Thani bin Faisal Al-Thani, participe à la conférence Asia Leaders organisée par Goldman Sachs à Hong Kong. En marge de la conférence, le ministre a tenu plusieurs réunions bilatérales avec des dirigeants de sociétés internationales dont plusieurs chinoises (Xiaomi, Baidu). Pour rappel, l’Asie demeure un partenaire commercial majeur du Qatar, qui compte 80 Mds USD d’échanges annuels. Dans ce contexte, la relation entre Doha et Pékin atteint un niveau historique : les échanges bilatéraux ont bondi de 10,6 Mds USD en 2014 à 24,22 Mds USD en 2024, soit une hausse de plus de 128 %.

La Qatar Investment Authority (QIA) participe à la levée de fonds en « série F » d'Anthropic d’un montant total de 13 Mds USD. Le fonds souverain qatarien a jeté son dévolu sur Anthropic, leader dans la recherche et la sécurité en IA, créateur de la gamme de modèles Claude. La levée de fonds porte la valorisation de l’entreprise à 183 Mds USD. La QIA rejoint dans ce tour de table plusieurs investisseurs de référence dont Altimeter, BlackRock, Blackstone, General Atlantic, Goldman Sachs Alternatives, et Jane Street.

Le Qatar Research Development and Innovation Council (QRDI), en charge de la R&D au Qatar, lance trois appels à innovation ouverts avec Kahramaa, la société nationale d’électricité et responsable de l’approvisionnement en eau du Qatar. Les appels portent sur la détection et réponse aux émotions des clients en temps réel, la stabilité du réseau pour l’expansion des bornes de recharge de véhicules électriques d’ici 2030, et la conception de robots interactifs bilingues pour le KAHRAMAA Awareness Park afin d’éduquer les visiteurs sur l’efficacité énergétique et la conservation. Ces initiatives font partie du programme Innovation Opportunities du QRDI visant à attirer startups, fournisseurs technologiques et entreprises de recherche pour développer des solutions évolutives adaptées aux besoins du Qatar.

Le US-Qatar Business Council (USQBC) et Qatar Research Development Council (QRDI) renforcent la collaboration R&D entre le Qatar et les États-Unis. Le USQBC en partenariat avec le QRDI, a organisé une session virtuelle visant à connecter les entreprises américaines à l’écosystème d’innovation qatarien. L’événement a présenté le paysage R&D et innovation du Qatar, les programmes stratégiques, les opportunités de financement et les voies de collaboration transfrontalière avec des startups, chercheurs et équipes d’innovation américaines.

Le Qatar et l’Union Européenne organisent un atelier conjoint sur l’ère numérique. Le Procureur général, Issa bin Saad Al Jafali Al-Nuaimi, et l’Ambassadeur de l’Union européenne au Qatar, Cristian Tudor, ont inauguré le 8 septembre un atelier de deux jours intitulé « Cadres réglementaires et pratiques à l’ère numérique : leçons du Qatar et de l’UE ».

Le Qatar Financial Centre (QFC), via son Digital Asset Lab, lance un proof of concept (POC) qui utilise la blockchain pour la finance islamique. Le projet, réalisé en partenariat avec AlRayan Bank, Blade Labs et Hashgraph, présente un Digital Receipt System (DRS) visant à renforcer la transparence et la conformité réglementaire dans le financement adossé à des actifs conformes à la Charia.

Qatar Airways renforce ses liaisons avec la Chine et l’Arabie Saoudite. Qatar Airways planifie d’accroître ses liaisons avec la Chine, en ajoutant un second vol quotidien entre Doha et Shanghai dès l’hiver 2025 et en concluant un partenariat stratégique avec Cainiao, la filiale logistique d’Alibaba, pour développer ses activités cargo en Europe et en Amérique latine. Par ailleurs, la compagnie lancera le 21 octobre 2025 trois vols hebdomadaires vers The Red Sea en Arabie saoudite, sa 12e destination dans le Royaume.

Oman

La Securities Commission de la Malaisie (SC) et la Financial Services Authority d’Oman (FSA) ont signé à Mascate un programme bilatéral de coopération de deux ans visant à renforcer le développement et la résilience des marchés de capitaux. La collaboration portera sur le renforcement des capacités, l’échange de connaissances, la promotion des opportunités d’investissement mutuelles et l’exploration d’un accord de reconnaissance mutuelle pour faciliter les cotations croisées. L’initiative inclut la participation des régulateurs omanais au programme « Young Regulators » et met l’accent sur les marchés conventionnels et islamiques, avec plus de 855 titres conformes à la Sharia cotés à Bursa Malaysia (80,6 % du total). Le partenariat vise à positionner les marchés d’Oman et de la Malaisie comme plus attractifs, transparents et connectés globalement, en favorisant l’innovation financière et le financement durable.

SOMO (Irak) et OQ/OTTCO (Oman Tank Terminal Company) ont signé deux accords stratégiques à Duqm pour développer 10 M barils de capacité de stockage initiale, incluant infrastructures de chargement/déchargement, et confier à OQ la commercialisation internationale du brut irakien. L’initiative offre une alternative logistique critique au transit par le détroit d’Hormuz, réduisant la vulnérabilité des exportations irakiennes et renforçant la résilience stratégique des flux pétroliers régionaux. Elle consolide par ailleurs Duqm comme hub énergétique, valorisant le brut irakien sur les marchés internationaux. Les capacités demeurent toutefois pour le moment limitées.

Lors du salon COMEX 2025, inauguré par S.A. Sayyid Shihab bin Tarik al Said, Oman a présenté trois initiatives stratégiques : le Digital Triangle Project (zones numériques interconnectées à Barka, Duqm et Sur), la Dedicated AI Zone à Seeb pour accueillir start-ups et entreprises spécialisées en intelligence artificielle, et la Green AI Alliance, incluant les Français EDF Power Solution et Green Data City. Ces projets visent à positionner le Sultanat comme hub régional pour l’IA, le cloud et les technologies durables, avec la supervision du ministère des Transports et de l’Autorité des zones économiques spéciales. 42 M OMR d’accords ont été signés, dont cinq par PDO. Le gouvernement a lancé 30 nouveaux services publics digitaux, le modèle d’IA national Mu’een (traitement automatisé des services publics), le portail national des données ouvertes et la plateforme Thiqa (authentification sécurisée des usagers). L’exposition a réuni plus de 140 start-ups et 200 entreprises, illustrant l’attractivité croissante d’Oman pour les investissements technologiques.

Koweït

Une bonne note pour le Koweït. L’agence de notation confirme (2022) son évaluation positive de la note souveraine du Koweït à AA-, et l’assortit d’une perspective stable. L’agence souligne que le bilan extérieur du Koweït « reste le plus solide de tous les pays souverains notés ». Fitch prévoit notamment que « les actifs étrangers nets souverains passeront de 576 % du PIB en 2024 à 607 % en 2025 ».  L’agence projette une croissance du PIB réel de 1,7% en 2025 -après deux années continues de contraction- ainsi qu’une inflation contenue en deçà de 3%. Pour autant, Fitch considère qu’une « gouvernance plus faible que celle de ses pairs, une forte dépendance au pétrole, un système social généreux et un secteur public important » sont susceptibles de devenir à long terme des facteurs de pression budgétaire. L’agence estime également que les perspectives de réformes structurelles visant à réduire la dépendance aux recettes pétrolières demeurent encore incertaines. Enfin la dette extérieure pourrait se creuser, passant de 2,9 % du PIB en 2024 à 12 % en 2027, en raison notamment du recours à l’emprunt sur les marchés, autorisé depuis le printemps 2025 (plafonné à 100 Mds USD, soit 60% du PIB actuel, sur 50 ans). Ndlr : Fitch note la France « AA- ».

AML/CFT : le Golfe s’efforce d’élaborer une stratégie commune pour laver plus blanc… Organisée par le Secrétariat général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en partenariat avec le ministère de l'Intérieur du Koweït et l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), une conférence visant à élaborer un cadre régional unifié pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme s’est tenue à Koweït. La stratégie envisagée par le CCG repose sur cinq piliers principaux : (i) renforcer la législation et les politiques de sécurité afin de combler les lacunes potentielles et d'assurer la coordination avec les autorités financières ; ‘ii) améliorer les opérations et les enquêtes conjointes en formant des groupes de travail dans le Golfe, en menant des opérations sur le terrain et en activant des canaux sécurisés pour le partage d'informations ; (iii) exploiter la technologie et les analyses avancées, notamment l'intelligence artificielle et l'analyse des données financières, afin de détecter et de prévenir les activités illicites ; (iv) la recherche et la confiscation des avoirs criminels liés à la drogue, à la corruption, au terrorisme et à la traite des êtres humains, tout en renforçant la coopération internationale en matière de recouvrement d'avoirs ; enfin, (v) investir dans la formation et la sensibilisation grâce à des programmes spécialisés destinés aux agents de sécurité et à des campagnes de sensibilisation ciblées pour les secteurs les plus vulnérables aux crimes financiers. (ndlr : Au-delà de l’intérêt systémique de ces discussions, ce projet de cadre n’a pas encore été adopté et, a fortiori, mis en œuvre).

PPP : une mode qui semble prendre au Koweït. L’intérêt pour des PPP dans les appels d’offre dans l’énergie (brèves du 3 septembre) se confirme. Le ministère de l’électricité, de l’eau et de l’Energie renouvelable vient de transférer à la KAPP (autorité chargée des PPP) la gestion de son projet de centrale « Nuwaiseeb ». Selon certaines sources, le ministère serait en train de contacter l'Agence centrale pour les appels d'offres publics (CAPT) afin de demander l'annulation de l'appel d'offres international précédemment lancé pour y substituer un PPP. Le projet « Nuwaiseeb, phase 1 » consiste dans la fourniture, l'installation, l'exploitation et la maintenance d’une centrale électrique -unités de turbines à gaz- d'une capacité totale de production de 3 GW.

A petits pas : la fiscalité indirecte du Koweït pourrait prochainement se rapprocher de celles des autres membres du CCG. Le Koweït a accueilli la 15ème réunion des chefs des services fiscaux du Golfe, présidée par la sous-secrétaire au ministère des Finances, Aseel Al-Munifi. Les discussions ont notamment porté sur les récentes évolutions des politiques en matière de droits d'accise et de taxe sur la valeur ajoutée, ainsi que sur les stratégies visant à faire évoluer les systèmes fiscaux. Le Koweït pourrait ainsi adopter prochainement une accise sur les sodas et les boissons énergisantes. Mme Al Munifi a notamment déclaré que le Koweït « était impatient de signer l'annexe modifiant l'accord sur la taxe d'accise unifiée lors de la 124e réunion du Comité de coopération financière et économique, qui se tiendra au Koweït en octobre prochain avec la participation des ministres des Finances du CCG. » Elle a également ajouté : « nous sommes également impatients de parvenir à un accord pour signer l'annexe modifiant l'accord sur la taxe sur la valeur ajoutée unifiée lors de la même réunion, une fois que les États membres ayant adopté les modifications auront finalisé leurs réponses. ».  Ndlr : le principe de l’introduction d’une TVA a été adopté en 2017 au cours d’un des membres du CCEAG, mais jamais mis en œuvre par le Koweït.

Bahreïn

Bahreïn enregistre une hausse de 3 % de ses réexportations non pétrolières en juillet – En juillet 2025, les réexportations non pétrolières de Bahreïn ont atteint 166 M USD, en hausse de 3 % sur un an, selon l’Information & eGovernment Authority citée par la Bahrain News Agency. Les Émirats arabes unis ont représenté 35 % du total, suivis de l’Arabie saoudite (21 %) et de Singapour (13 %). Les principaux produits réexportés comprenaient des véhicules 4x4 (18,6 M USD), des pièces de turbines à gaz (12,7 M USD) et des moteurs de turbines à réaction (12 M USD). Les exportations de produits nationaux ont légèrement reculé de 1 % à 880 M USD, dominées par les alliages d’aluminium bruts (245 M USD, 28 %), les minerais de fer agglomérés (116 M USD, 13 %) et les fils d’aluminium non alliés (50 M USD, 6 %). L’Arabie saoudite est restée le premier marché de ces exportations, devant les États-Unis et les Émirats. Les importations ont progressé de 17 % à 1,4 Md USD, principalement en provenance de Chine, du Brésil et d’Australie, avec des flux centrés sur le minerai de fer, l’alumine et les pièces de moteurs aéronautiques. Le déficit commercial de Bahreïn s'établit en juillet 2025 à 389 M USD, contre 173 M USD un an plus tôt.

Yémen

Le Conseil économique et social examine la création d'un fonds arabe pour la reconstruction du Yémen. Lors de sa 116e session ordinaire, tenue au siège de la Ligue des États arabes au Caire, la capitale égyptienne, le Conseil économique et social arabe a examiné la question du soutien à la République du Yémen. Le Conseil a adopté la résolution n° 2488, chargeant le Secrétariat général de la Ligue, en coordination avec la République du Yémen, de préparer une étude sur la possibilité de créer un fonds arabe pour financer le plan de développement et les projets d'infrastructures urgents au Yémen.

Le département du Trésor américain (OFAC) a annoncé le 11 septembre sa plus vaste action de sanctions à ce jour contre les Houthis, visant 32 individus et entités ainsi que quatre navires impliqués dans leurs réseaux de financement illicite, de contrebande et d’approvisionnement en armements. Ces structures, localisées au Yémen mais aussi en Chine, aux Émirats arabes unis et aux Îles Marshall, alimentent la chaîne logistique militaire du groupe (missiles balistiques, drones, etc.) utilisée contre les forces américaines, leurs alliés et la navigation commerciale en mer Rouge. Cette décision, prise dans le cadre de l’Executive Order 13224, s’inscrit dans la stratégie américaine de « maximum pressure » contre l’Iran et ses relais régionaux, et complète une série de désignations intervenues depuis 2024. Elle reflète la volonté de Washington de cibler non seulement les dirigeants houthis, mais aussi les sociétés-écrans, les opérateurs maritimes et les fournisseurs étrangers qui contribuent à financer et à soutenir l’appareil militaire du mouvement.

Le gouverneur de la Banque centrale, Ahmed Ghaleb, a reçu cette semaine à Aden le nouvel ambassadeur de l'Union européenne au Yémen, Patrick Simonnet, et la délégation qui l'accompagne, des moyens de renforcer la coopération bilatérale au service des intérêts communs.