Flash Conjoncture Pays avancés - Marché du travail au Royaume-Uni
Le marché du travail britannique continue de montrer des signes de ralentissement. D’après l’Office for National Statistics (ONS), l’emploi salarié se replie depuis le début de l’année 2025 : −165 000 emplois en cumulé entre janvier et juin 2025 soit −0,3 % en acquis sur l’année 2025 par rapport à 2024 (cf. graphique 1). La Bank of England (BoE) réalise également des estimations d’emploi à partir d’une enquête auprès des entreprises et publie les résultats mensuels en avance de phase par rapport à l’ONS. Selon l’enquête du BoE, l’emploi salarié poursuivrait sa contraction en août (−0,5 % en glissement annuel en moyenne sur 3 mois). Par ailleurs, selon cette même enquête, 46 % des entreprises sondées ont réduit leurs emplois à cause de la hausse de cotisations. Les données sur l’emploi sont à analyser avec prudence car (i) les données de l’ONS font fréquemment l’objet de révisions (les données préliminaires de juillet n’exploitant que 85 % des informations totales) et (ii) l’enquête de la BoE s’appuie sur un échantillon relativement restreint.
Les salaires ralentissent depuis mi-2023 mais restent néanmoins dynamiques (cf. graphique 2). Les rémunérations hors bonus des salariés progressent de +4,8 % en juin après avoir un précédent point haut à +6,2 % en décembre 2024. Ce rythme reste nettement plus élevé que la moyenne pré-Covid (+2,2 % entre 2010 et 2019) pour plusieurs raisons :
- D’une part, la revalorisation de +6,7 % du salaire minimum intervenue en avril contribuerait à hauteur de +0,2 pt à la hausse annuelle des salaires agrégés à partir du 2e trimestre 2025 selon des estimations de la BoE. Elle peut notamment expliquer la forte hausse des salaires dans le secteur de la vente, de l’hôtellerie et de la restauration, où la part de salariés au salaire minimum est élevée (17 % des personnes travaillant dans l’hébergement et la restauration percevaient moins des 2/3 du salaire horaire médian en 2024). En revanche, la hausse des cotisations patronales de 13,8 % à 15 % en avril pourrait conduire les entreprises à de moindres revalorisations salariales afin d’absorber une partie de cette hausse des coûts.
- D’autre part, la persistance de tensions sur le marché du travail exerce une pression à la hausse sur les salaires. Ces tensions sont notamment liées (i) à une hausse durable de l’inactivité après la crise sanitaire, (ii) au durcissement de la politique migratoire britannique depuis fin 2024 limitant l’offre de travail et (iii) à un déficit de compétences dans certains secteurs (construction, santé, hospitalité).
- Enfin, les anticipations d’inflation restent élevées et sont supérieures à la cible de 2 % de la BoE. En août 2025, les anticipations d’inflation de court terme (à 12 mois) sont stables à +4 % par rapport au mois précédent selon Citi et YouGov.