Forum régional ANMO des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) - mai 2025

Un forum qui constitue le prolongement concret du Forum d’affaires Égypte-France qui s’est tenu au Caire en avril dernier à l’occasion de la visite officielle du Président Emmanuel Macron

L’événement a réuni 660 dirigeants d’entreprises, CCEF et institutionnels autour de discussions stratégiques, organisées sous forme d’ateliers, de plénières et de rendez-vous BtoB, coordonnés par Business France. L'évènement illustrait la volonté commune de renforcer les liens économiques de la France avec l’Égypte et la région ANMO, laquelle compte plus de 2 000 filiales françaises, 350 000 emplois directs et 67 Md EUR d’échanges de biens et services en 2024. La session d’ouverture a été l’occasion pour l’Ambassadeur de France en Égypte, Éric Chevallier, et pour le Directeur de la diplomatie économique du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Ludovic Pouille, de rappeler la profondeur historique de ces relations. Le ministre égyptien des Finances, Ahmed Kouchouk, a souligné en ouverture la résilience de l’économie nationale et les réformes fiscales engagées par le gouvernement dans le cadre d’une politique active de formalisation, ayant déjà permis une augmentation de plus de 50% du nombre de contributeurs, un niveau inédit depuis 2005. Kamel El Wazir, Vice-Premier ministre chargé du développement industriel et des Transports, a quant à lui mis l’accent sur les priorités nationales de localisation industrielle et de soutien à la formation, soulignant les avantages comparatifs égyptiens. Enfin, les représentants du CNCCEF et de Business France ont réaffirmé l’engagement des CCEF en faveur d’un partenariat renforcé, concluant la session d’ouverture sur un message fort, faire de « l’espace méditerranéen un espace de coopération partagée, qui n’est pas un passé à contempler mais un avenir à bâtir ».

Plusieurs plénières et ateliers thématiques ont exploré les principaux secteurs stratégiques de la région ANMO, dans lesquels les entreprises françaises disposent d’une expertise reconnue.

Les discussions ont notamment porté sur les évolutions géopolitiques actuelles de la région, avec l’intervention de l’Ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne, et sur l’attractivité économique de la France, soulignée par Magali Cesana, cheffe du service des Affaires bilatérales et de l’Internationalisation des entreprises à la Direction générale du Trésor. Le secteur de la défense a été abordé avec la participation de représentants industriels, dont Safran. La directrice régionale de l’AFD pour l’Afrique du Nord, Cécile Couprie, a évoqué les enjeux de transition écologique, en particulier l’accès à l’eau et le recours aux technologies de dessalement. Les opportunités de partenariats public-privé ont été mises en avant dans divers secteurs, à travers les exemples de la station de traitement de New Cairo ou la privatisation annoncée des concessions aéroportuaires en Égypte. Plusieurs ateliers organisés en parallèle ont permis d’aborder les enjeux du financement export (avec Bpifrance), du développement de la fintech et de la cybersécurité, illustrés par un exemple de coopération franco-saoudienne dans le cadre du pèlerinage du Hajj. Le cas du Maroc a également été présenté comme modèle de réussite en matière de nearshoring industriel, notamment dans l’automobile. Le secteur du tourisme a été mis en lumière par le groupe Accor, tandis qu’une plénière a été dédiée au soft power que constitut l’Art de vivre à la française, avec l’intervention de Guillaume Gomez, Ambassadeur pour la gastronomie. L’organisation de 400 rencontres BtoB par Business France a réuni 287 participants, dont 180 Égyptiens. À cette occasion, Business France a mis en avant le dispositif VIE, encore suspendu en Égypte, au travers d’une cérémonie de remise de prix organisée à la Résidence de France. Quatre entreprises françaises implantées dans la région MENA ont été distinguées : Technip Energies, Sanofi, Thales International et TotalEnergies.

La clôture du forum a été consacrée à l’intelligence artificielle et à la souveraineté technologique. 

Elle a mis en lumière le rôle structurant de l’IA dans la transformation des modèles économiques, industriels et sociaux. Le Directeur général de Transavia, Olivier Mazzucchelli, a souligné qu’elle constitue désormais un levier de compétitivité incontournable - « pas d’IA, pas de marché » - illustrant son propos par l’usage du machine learning dans l’élaboration des plans de vol de la compagnie. Le Directeur de Safran Défense, Alexandre Ziegler, a évoqué les enjeux liés à l’accès aux données, essentielles à l’entraînement des algorithmes et à l’optimisation des performances industrielles. Les discussions ont mis en évidence que si l’IA tend à se démocratiser, son développement doit s’accompagner d’une réflexion éthique sur ses usages. Les entreprises apparaissent comme les premiers catalyseurs d’une IA responsable, plusieurs intervenants ayant toutefois alerté sur son empreinte environnementale croissante, notamment en matière de consommation d’eau et d’électricité. Au-delà de la performance, la transparence des algorithmes, le maintien d’une décision humaine et la définition d’un cadre de régulation équilibré ont été considérés comme des conditions essentielles pour garantir une IA maîtrisée, sans freiner l’innovation ni accentuer les déséquilibres de marché.