La 5ᵉ édition de TransMEA (5-8 nov. 2023), vitrine du dynamisme du secteur des transports égyptien, a réuni 350 exposants dont 10 entreprises françaises. L’événement a marqué une étape pour plusieurs projets liés aux intérêts français. Les discussions ont porté sur la priorité donnée à la production locale et aux exportations, dans un cadre budgétaire contraint nécessitant davantage de financements internationaux.

I. Le gouvernement espère renforcer la collaboration internationale dans le secteur des transports

Pour renforcer la production locale et dynamiser les exportations…

La dernière édition de TransMEA tournait autour de deux sujets clés énoncés par le ministre des Transports : la localisation et les exportations. L'Égypte considère la mobilité comme un vecteur crucial de croissance et de développement économique, capitalisant sur sa position géostratégique, sa croissance démographique et ses projets d'infrastructures en expansion. Les développements ferroviaires participent au renforcement de l’économie locale, notamment agricole et manufacturière, de même que les projets portuaires et maritimes, source de devises étrangères alors que l’Égypte a traversé plusieurs crises de liquidité. Le ministre des Transports a fait part de sa volonté de substituer progressivement les importations par de la production locale et d’étendre les chaînes de valeur locales en faisant monter en compétences les entreprises égyptiennes via des partenariats internationaux. L’intégration d’entreprises étrangères dans les projets égyptiens est d’autant plus pertinente qu’elle renforce les transferts de technologies. Le renforcement des transports exige une approche holistique et le ministre a insisté sur la nécessité de mettre en lien les projets clés avec les autres travaux d’infrastructures du territoire, notamment le Nouveau Delta ou la construction de la Nouvelle capitale administrative.

…l’Égypte a besoin d’attirer de nouveaux investissements

Le ministre des Transports Kamel El Wazir a lancé un appel en faveur d’un renforcement des investissements privés et des financements en provenance de bailleurs internationaux. Il s’est engagé à mettre en place des incitations et des politiques publiques adaptées pour attirer les investissements étrangers et offrir une assistance dédiée aux activités d'exportation. Le Ministre a insisté sur l'importance de maintenir les infrastructures ferroviaires et de multiplier les projets, en particulier pour les ports secs et maritimes. Les couloirs logistiques connectant les ports et les grandes villes jouent un rôle central dans la croissance du commerce extérieur. Par leur proximité avec les voies navigables, les zones économiques spéciales réduisent les coûts logistiques et offrent des infrastructures efficaces pour la manutention des marchandises. Enfin, le sujet des nouveaux carburants verts a été abordé dans plusieurs tables rondes, où entreprises et gouvernement convergent sur le fort potentiel de l'Égypte dans ce domaine, en tant que producteur et exportateur. Cette perspective est d'autant plus prometteuse que l’Égypte, point d’étape d’une route maritime mondiale majeure (12 % des navires mondiaux transitent par le canal de Suez), jouit d’atouts indéniables pour fournir des carburants propres à l’industrie maritime. C’est le sens du contrat signé par Maersk pour la production de méthanol vert destiné au soutage des navires.

II. Des signatures révélatrices du dynamisme du secteur et de la volonté d’expansion de l’Egypte

Une ouverture accélérée des ports égyptiens aux investissements étrangers

Le salon TransMEA a mis en lumière la présence croissante de la Chine dans le secteur des transports en Égypte, illustrant un fort engagement et des collaborations fructueuses. Cette dernière s'est intensifiée avec la conclusion d'un protocole d'accord entre l'Autorité générale du port d'Alexandrie et le Port chinois de Guangzhou. Ce partenariat permet à l'Égypte de tirer parti des technologies de pointe de la Chine pour le développement de systèmes portuaires intelligents. Dans le cadre des Nouvelles routes de la soie, cette coopération renforce les liens commerciaux et logistiques entre les deux pays, capitalisant sur la position stratégique de l'Égypte. La Chine s'est engagée à aligner ses investissements sur le programme Vision 2030 de l'Égypte, et le ministre des Transports égyptien a effectué une visite officielle en Chine en octobre 2023. Plusieurs entreprises européennes se sont également distinguées, participant à la signature de différents protocoles d’accords. L’allemand Bosch a signé avec le norvégien Cypod et TransIT un protocole d’accord pour soutenir des projets de logistique dans le secteur portuaire (études notamment). La présence de l’Italie était également notable, via la signature d’accords entre les autorités douanières égyptiennes et italiennes mais également la signature d’un protocole d’accords entre DFDS Mediterranean et le gouvernement égyptien pour une exploitation renforcée des navires rouliers entre les ports de Damiette et de Trieste. En outre, trois autres accords ont été signés avec des entreprises égyptiennes pour la gestion du port sec de Kom Abu Radi ainsi que des zones logistiques de la ville du Six Octobre et de Salloum. L’ensemble des accords reflète la volonté de l’Égypte d’accroître sa compétitivité et d’optimiser ses réseaux de transports et son positionnement géographique. Enfin, le projet émirien de terminal polyvalent au port de Safaga d'AD Ports Group, d'une valeur de 200 M USD et lancé en mars 2023, symbolise l'influence grandissante des pays du Golfe dans les ports égyptiens. Ce projet est stratégiquement positionné pour être connecté au réseau ferré et aux ports clés en mer Rouge.

Le paysage du transport ferroviaire égyptien redéfini par les projets d’infrastructures en cours et à venir

Les entreprises chinoises participent également au développement du transport ferroviaire en Égypte, en particulier pour la construction de système léger sur rail (LRT) du Caire. La National Authority for Tunnels (NAT) et le consortium chinois composé d’AVIC International Holding Corporation et China Railway Major Bridge Engineering Group Co. ont conclu un accord-cadre pour la conception et construction de la 4ème phase du projet LRT. Pour rappel ce projet est une source d’opportunités importantes pour les entreprises françaises comme TSO, qui en consortium avec Orascom Construction a assuré les travaux de voie ferrée ou RATP DEV qui assurera l’opération et la maintenance de la ligne. AVIC INTL a également formalisé un protocole d'accord pour la 5ème phase, qui prolongera la ligne jusqu'à la Nouvelle capitale administrative, ainsi qu'un autre protocole d’entente pour un light electric train reliant Al Rehab à la Nouvelle Capitale. L’entreprise Chinese Railway Group Limited (CREC) et le groupe égyptien El Diddi ont également signé un MoU pour la construction d’un train grande vitesse entre Port Saïd et Abu Qir (250 km), à travers un contrat de construction et maintenance. D'autre part, plusieurs entreprises, locales et internationales, ont signé des protocoles d'accord pour la conception, la fourniture et l'installation des systèmes du projet de train à grande vitesse dirigé par l'entreprise allemande Siemens. Orascom Construction, Elsewedy Electric et Arab Contractors ont remporté le contrat pour la première ligne reliant Ain Sokhna à Marsa Matrouh. Siemens Mobility, Orascom Construction et Arab Contractors seront responsables de l'installation des systèmes pour la deuxième ligne reliant Six Octobre à Assouan et la troisième ligne de Hurghada à Louxor. Orascom construction a signé le contrat pour la construction de l’extension de la ligne 4 entre Giza et Fustat, dont une part importante du projet sera financée par la JICA, qui s’est engagée à investir 733 M USD dans le projet en avril dernier. Cette ligne reliera la ville du 6 Octobre au quartier New Cairo et devrait être achevée d'ici six ans. Dans le secteur manufacturier local, l'Egyptian Railways Authority a signé un accord avec l'Egyptian National Railway Industries Company (NERIC) pour l'assemblage de 500 matériels roulants, leur maintenance et la fourniture de pièces détachées sur une période de 15 ans. De plus, NERIC s'est associée au groupe espagnol CBS, par le biais de sa filiale GTS, pour établir une usine locale de fabrication de dispositifs de signalisation.