Le 12 octobre 2024, l’inauguration de plusieurs projets ferroviaires par le président Al-Sissi a mis en avant l’ampleur des investissements récents et l’importance stratégique des infrastructures de transport. Ces projets illustrent aussi la coopération franco-égyptienne, portée par des financements et des entreprises françaises.

I. Une cérémonie faisant état des progrès majeurs dans le secteur des transports ferroviaires en Égypte

Une cérémonie, le 12 octobre 2024, à la gloire des progrès majeurs dans le secteur des transports ferroviaires en Égypte et du Ministre qui les a portés.

Le 12 octobre 2024, le Président Abdel Fattah Al Sissi a participé à une cérémonie nationale, qui s’est tenue dans la nouvelle gare ferroviaire Haute Égypte à Bashtil (province de Gizeh, à l’ouest du Caire), qui a vocation à devenir le nouveau hub ferroviaire passager de la capitale. En présence du Premier ministre, de plusieurs membres du gouvernement et avec une participation du corps diplomatique limitée à l’Ambassadeur de France et l’Ambassadeur de l’Union européenne, elle a été l’occasion pour le Vice Premier ministre et ministre des Transports, Kamel El Wazir, d’inaugurer simultanément 20 projets majeurs de transport terrestres. Les projets ferroviaires et de transports urbains représentent la majeure partie des réalisations inaugurées, avec la gare de Bashtil mentionnée ci-dessus (ouverte le lendemain au public) ainsi que la troisième phase de la ligne 3 du métro du Caire. L’inauguration, faite à distance, a également concerné plusieurs projets routiers et d’ouvrages d’art. Ces inaugurations ne sont qu’un point d’étape, alors que d’autres projets sont en cours de réalisation comme la ligne Assiout-Nagaa Hammadi-Hammadi-Louxor (Haute Egypte), la ligne Benha-Port Saïd (longeant le canal de Suez et desservant delta du Nil), la ligne nouvelle Belbeis Robeiki 10th of Ramandan (est du Caire) ainsi que la ligne Tanta Damiette (delta du Nil), ces deux derniers projets étant financés par l’AFD.

Des avancées s’inscrivant dans le cadre d’un plan d’investissement massif pour le secteur.

La journée visait à mettre en lumière les réalisations majeures de modernisation du réseau ferré et des transports ferroviaires urbains ces dernières années. Le ministère des Transports mène en effet un programme d’investissements depuis 2010, qui vise la réhabilitation des voies, la construction des segments manquants, l’installation de systèmes de signalisation et télécommunication modernes, ainsi que la rénovation et l’acquisition de matériel roulant. Plusieurs bailleurs internationaux ont ainsi apporté aux chemins de fer égyptiens (Egyptian National Railways - ENR) des financements, en cours de mise en œuvre, pour un montant total cumulé de 1,7 Md EUR à date (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, BERD, AFD). A cela s’ajoute un projet de ligne à grande vitesse en collaboration avec Siemens et la DeutscheBahn pour 2000 km. Lancé en 2018, il est mené par la National Authority of Tunnel, maître d’ouvrage du métro et de tous les nouveaux projets ferroviaires électrifiés. Enfin, depuis 2021, les activités fret ont été basculées à un opérateur privé 3A-Gharbli JV.

Pour rappel, créé en 1851, le réseau ferré égyptien est le plus ancien d’Afrique. Long d’environ 5625 km, il relie Le Caire, d’une part aux grandes villes du Delta situées au nord, et d’autre part aux villes de la vallée du Nil jusqu’au barrage d’Assouan, au Sud. Des lignes transversales desservent les villes du Canal de Suez, les oasis dans le désert ouest, les villes côtières de la Méditerranée (à l’Ouest). La pertinence du transport ferroviaire est évidente en Égypte pour massifier les transports de personnes et de marchandises dans un territoire habité extrêmement dense. Jusqu’à ce jour, le système ferroviaire (infrastructures et circulations) est géré par l’Autorité des chemins de fer égyptiens (ENR), autorité publique créée en 1980 dépendante du ministère des Transports.

En parallèle, le réseau du métro du Caire, le plus ancien d’Afrique également, est géré par la NAT et connait une phase d’expansion pour faire face aux besoins de mobilité urbaine de cette mégapole de plus de 20 M d’habitants, qui fait face à une vigoureuse croissance de sa population. La mise en service des extensions de la ligne 3 en avril 2024 témoigne de ces avancées de même que plusieurs projets de construction de nouvelles lignes, actuellement en développement (ligne 4 en cours de construction, sur financement japonais et projet de ligne 6 en phase d’étude). Enfin, la ligne de métro reliant Alexandrie à Aboukir bénéficie également d’un programme de réhabilitation, financé par un pool de bailleurs réunissant l’AFD, la BERD, la BEI et l’AIIB (pour un total de 1,3 Mds USD).

II. Un domaine vitrine de la coopération bilatérale franco-égyptienne

Une relation historique entre les deux pays dans le secteur des transports…

Ces réalisations témoignent de l’importance historique et stratégique de la relation franco-égyptienne dans le secteur, qui figure parmi les principaux axes de coopération bilatérale. Il était le premier secteur mis en avant dans le cadre de l’accord intergouvernemental signé entre la France et l’Égypte en 2021 sur la période 2021-2025, catalysant près de 40% des financements promis par l’AFD sur la période (sur un total de 1 Md EUR) ainsi que le financement par un prêt concessionnel du Trésor pour la rénovation du matériel roulant de la ligne 1 du métro du Caire. L’extension de la ligne 3 a par ailleurs bénéficié d’un prêt souverain de l’AFD, de même que le projet Aboukir.

…qui bénéficie aux entreprises privées du secteur, largement implantées dans le pays

Ces financements ont largement bénéficié aux entreprises françaises du secteur, dont l’implantation en Égypte est historique et le savoir-faire largement reconnu. Sur le métro du Caire, plusieurs acteurs français sont des partenaires de longue date, comme Vinci Construction ou Alstom, positionnés dès les projets de construction des premières lignes. Fin août 2024, Colas Rail, dans le cadre d’un consortium constitué avec Hitachi Rail (ancien Thalès Rail) et Orascom Construction, a également remporté le contrat de réhabilitation de la ligne 1. RatpDev est en charge de l’opération de la ligne 3. Un consortium constitué d’Arab Contractor, Orascom, Colas, Hitachi Rail, Vinci et Bouygues a conclu avec la NAT, lors du dernier salon Innotrans de Berlin, un accord de négociations exclusive d’un an pour l’extension de la ligne 3 allant jusqu’à l’aéroport international. Dans le cadre du projet d’Aboukir, Colas Rail en consortium avec Orascom a remporté le lot de génie civil (1,3 Md EUR dont 320 MEUR pour Colas Rail). Enfin, Alstom conduit le consortium en charge de la réalisation du monorail desservant la Nouvelle capitale administrative. Le contrat avec équipements et financements britanniques s’élève un montant d’environ 4,5 Mds USD.

L’implantation des acteurs français devrait se renforcer dans les années à venir, grâce à plusieurs projets en cours de développement, dont notamment la ligne 6 du métro du Caire qui devrait être construite par un consortium d’entreprises françaises mené par Alstom.