Chaque semaine, retrouvez l’actualité économique du Pakistan dans les brèves économiques et financières pour la région Asie du Sud et sur la page internet du Service économique d’Islamabad.

Le Pakistan obtient un accord commercial avec les Etats-Unis réduisant à 19% les droits de douane 

 

Le ministre des Finances Muhammad Aurangzeb s’est rendu à Washington cette semaine pour conclure un accord commercial avec les États-Unis, évitant ainsi l’imposition de tarifs réciproques de 29 % sur les exportations pakistanaises, qui devaient entrer en vigueur au 1er août en l’absence de compromis. L’accord prévoit une réduction des droits de douane à 19 %, soit un niveau inférieur à celui appliqué à plusieurs économies comparables de la région (Inde : 25 %, Bangladesh, Vietnam et Sri Lanka : 20 %).

L’annonce a été officialisée par le président Trump via un message publié sur son réseau Truth Social ("We have just concluded a Deal with the Country of Pakistan, whereby Pakistan and the United States will work together on developing their massive Oil Reserves. We are in the process of choosing the Oil Company that will lead this Partnership. Who knows, maybe they’ll be selling Oil to India some day!").

 

L’accord comprend une composante réduction tarifaire — les droits de douane passeraient à 19%, contre 25% pour l’Inde — et un volet énergétique centré sur l’exploitation des réserves de pétrole du Pakistan. Washington et Islamabad seraient en phase de sélection de l’opérateur pétrolier chargé de piloter ce projet.

 

Cet accord est largement salué par les milieux économiques pakistanais, qui y voient une opportunité de renforcer la compétitivité des exportations nationales vers le marché américain. Cette amélioration du positionnement tarifaire pourrait favoriser un redéploiement partiel des chaînes de valeur vers le Pakistan. Pour mémoire, les États-Unis constituent la principale destination des exportations pakistanaises et affichaient un excédent commercial de 3,57 Mds USD en faveur d’Islamabad sur l’exercice 2023-24. On notera également que le Pakistan est devenu en 2024 le premier importateur mondial de coton brut américain, en raison d’une contraction de la production domestique liée aux effets du changement climatique.

 

 

 

La Banque centrale maintient son taux directeur à 11%

 

Lors de son dernier comité de politique monétaire qui s’est tenu le 31 juillet, la Banque centrale du Pakistan (SBP – State Bank of Pakistan) a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 11 %, alors que les marchés anticipaient une nouvelle baisse, invoquant une reprise des importations et des risques inflationnistes accrus. Le Comité de politique monétaire a estimé que le maintien du taux directeur restait approprié pour préserver la stabilité macroéconomique.

La SBP a souligné que les perspectives d’inflation s’étaient détériorées par rapport à ses prévisions précédentes, en raison de hausses plus importantes que prévu des tarifs énergétiques, notamment du gaz. Bien que l’inflation ait récemment décéléré, elle reste élevée, et la Banque estime que son ancrage dans la fourchette cible de 5‑7 % prendra du temps. À moyen terme, la SBP prévoit néanmoins une stabilisation progressive.

 

La SBP prévoit une nouvelle progression des réserves de change dans les mois à venir (objectif de 15,5 Mds USD d’ici décembre 2025, puis de 17,5 Mds USD à la fin de l’exercice 2026) et anticipe que les transferts de travailleurs expatriés pourraient dépasser 40 Mds au cours de l’exercice budgétaire 2026. Les besoins de financement extérieur devraient rester globalement similaires à ceux de l’exercice précédent.

 

La Banque centrale table sur une croissance du PIB comprise entre 3,25 % et 4,25 % pour l’exercice budgétaire 2026, tandis que le déficit courant devrait rester contenu entre 0 % et 1 % du PIB, en raison d’une demande d’importations plus soutenue face à une reprise de l’activité interne, un ralentissement de la demande mondiale et des prix d’exportation défavorables, notamment pour le riz. Le Gouverneur de la SBP souligne toutefois que le maintien d’une croissance soutenue nécessitera la poursuite des réformes structurelles, en complément d’une politique monétaire et budgétaire prudente.

 

Suspension de la taxe sur les recettes numériques

 

Le gouvernement pakistanais a suspendu la taxe sur les recettes numériques (« Digital Proceeds Tax ») appliquée aux biens et services commandés en ligne depuis l’étranger, qui avait été introduite dans le budget 2026.

 

Mise en place pour élargir la base fiscale et générer des recettes supplémentaires, cette mesure avait suscité l’inquiétude des entreprises technologiques et des partenaires commerciaux du Pakistan. Elle avait également provoqué une levée de boucliers de la part des start-ups, des entreprises exportatrices de services informatiques et des associations professionnelles du secteur technologique, arguant d’un risque de répercussions sur les coûts, l’innovation et les investissements étrangers.

 

Dans un contexte de réengagement stratégique avec les États-Unis (négociations commerciales et énergétiques en cours), les autorités fiscales (Federal Bureau of Revenue – FBR) ont décidé de revenir sur cette mesure afin de maintenir un climat propice à l’investissement numérique et de garantir la continuité des services mondiaux utilisés massivement au Pakistan. Cette décision s’inscrit également dans la volonté plus large du gouvernement de Shehbaz Sharif de faire du numérique un moteur de croissance inclusive et d’exportation.