Après avoir atteint un point bas début mai, les prix du pétrole ont bondi mi-juin sous l’effet de l’escalade du conflit au Moyen-Orient. La semaine qui a suivi les frappes israéliennes contre l’Iran (du 13 au 19 juin), le baril de Brent s’est échangé à 76,6 $ en moyenne, soit une hausse hebdomadaire de +10,3 %.

L’Iran ne représente qu’un peu plus de 3 % de l’offre mondiale de pétrole et affirme que ses infrastructures pétrolières à destination de l’exportation n’ont pas été touchées. Mais le pays borde le détroit d’Ormuz, un passage stratégique par lequel transitent plus de 20 % de la consommation mondiale de pétrole (soit 21 millions de barils par jour (Mb/j) en 2022, selon l’Energy Information Administration). Téhéran a menacé à plusieurs reprises de le fermer, ce qui alimente les craintes de perturbations de l’approvisionnement mondial de pétrole et exerce une pression à la hausse sur les prix. Néanmoins, l’Iran aurait beaucoup à perdre en cas de fermeture du détroit d’Ormuz, puisque le pétrole représenterait entre 40 % et 50 % de ses recettes budgétaires d’après le ministère de l’Économie et des Finances iranien. 

  Volume total de pétrole liquide transitant par le détroit d’Ormuz

  Volume total de pétrole liquide transitant par le détroit d’Ormuz

 

Pétrole liquide transitant par le détroit d'Ormuz

Cette hausse est intervenue alors que les prix du pétrole étaient particulièrement bas depuis le début du mois d’avril. L’accélération du plan d’augmentation de la production de pétrole de l’OPEP+, avec une hausse de +0,4 Mb/j durant trois mois consécutifs (en mai, juin et juillet), contre +0,1 Mb/j initialement annoncé, s’est ajoutée à l’introduction de droits de douanes par l’administration Trump, qui a fait craindre un ralentissement de l’activité mondiale et, par conséquent, de la demande de pétrole. L’AIE prévoit en effet une hausse modeste de la demande mondiale de pétrole en 2025, à hauteur de seulement +0,7 Mb/j, soit la croissance la plus faible depuis 2009 (hors période de pandémie de Covid-19), et nettement inférieure à la prévision de l’OPEP+, qui table sur une hausse de la demande de +1,3 Mb/j. Ces facteurs ont entrainé une nette baisse des prix du pétrole en avril et mai : le cours du baril de Brent s’est établi en moyenne à 67,8 $ en avril et 64,4 $ en mai, après 75,8 $ en moyenne au 1er trimestre 2025.

Depuis l’annonce d’un cessez le feu entre l’Iran et Israël, le 23 juin, les prix du pétrole sont repartis à la baisse, mais restent très volatils. Entre le 23 juin et le 15 juillet, le cours du Brent s’est établi en moyenne à 69,8 $. L’incertitude reste toutefois très élevée. Du côté de la demande, l’annonce par D. Trump de nouveaux droits de douane ravive les craintes d’un ralentissement de l’activité mondiale, tirant les prix du pétrole à la baisse. À l’inverse, du côté de l’offre, les nouvelles sanctions contre la Russie dans le cadre du 18e paquet de la Commission européenne, ainsi que les récentes attaques houthis en mer Rouge, ont exercé des pressions à la hausse sur les prix. Dans ce contexte, et malgré l’annonce par l’OPEP+ d’une nouvelle hausse de sa production, avec l’ajout de +0,5 Mb/j en août, le cours du baril de Brent s’est établi en moyenne à 70,4 $ durant la semaine passée, soit une progression hebdomadaire de +1,6 %, avant de légèrement redescendre au cours de cette semaine pour s’établir à 70 $ (−2,2 % par rapport à la semaine passée).

   Cours du baril de Brent depuis juillet 2023