Quelle hausse des dépenses de défense dans les principales économies avancées ?

En 2024, parmi les principales économies européennes, le Royaume-Uni consacre la plus grande part des dépenses de défense rapportées au PIB (2,3 %), devant la France (2,0 %), l’Allemagne (1,9 %), l’Italie (1,6 %) et l’Espagne (1,4 %) (cf. graphique 1). Aux États-Unis, cette part atteint 3,4 % du PIB. Depuis 2021, les dépenses militaires rapportées au PIB ont augmenté fortement en Allemagne et de manière plus modeste en Espagne et au Royaume-Uni. En revanche, elles sont restées globalement stables en France et en Italie, et on légèrement reflué aux États-Unis.

 Graphique 1 : Dépenses de défense

 

Les dépenses de personnel (dépenses militaires et civiles et pensions) sont le premier poste de dépenses militaires en Italie (59 % en 2024), en Espagne (44 %) et en France (39 %) (cf. graphique 2). Le Royaume-Uni consacre la part la plus importante de ses dépenses à l’équipement (36 %, qui incluent la R&D sur ces équipements), alors que les dépenses militaires des États-Unis et de l’Allemagne sont affectées majoritairement à d’autres postes (fonctionnement et entretien, autres dépenses de R&D, etc.).

 Graphique 2 : composition de la dépense militaire en 2024

À l’issue du sommet annuel de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui s’est clos le 25 juin à La Haye, les membres de l’Alliance se sont engagés à porter leurs dépenses militaires à 3,5 % du PIB d’ici à 2035. À cette cible, s’ajoute un objectif complémentaire de 1,5 % au titre des dépenses connexes de sécurité (police, justice, infrastructures, etc.). Ces engagements, qui seront soutenus en UE par le plan ReArm Europe de la Commission européenne adopté en mars 2025 et doté d’un budget de 800 Md€ d’ici 2030, pourraient entrainer une hausse significative des dépenses dans les années à venir.

Des augmentations de dépenses sont d’ores et déjà prévues pour 2025, d’ampleur différente selon les pays. L’Allemagne a prévu de consacrer 2,4 % de son PIB aux dépenses de défense en 2025, pour atteindre 3,4 % en 2029, se rapprochant de l’engagement de 3,5 % à l’OTAN. En Espagne, le Plan industriel et technologique pour la sécurité et la défense vise à porter la part des dépenses en matière de sécurité et de défense de 1,4 % à 2,0 % du PIB en 2025. En Italie, G. Meloni a indiqué que la cible de 2,0 % du PIB serait respectée en 2025. Au Royaume-Uni, le gouvernement a confirmé dans sa programmation pluriannuelle présentée en juin que le budget de la défense augmenterait à 2,5 % du PIB en 2027. Le gouvernement maintient par ailleurs son ambition d’atteindre 3,0 % du PIB à l’horizon 2029.

Un récent rapport de l’Institut de Kiel estime que le PIB européen pourrait augmenter de 0,9 % à 1,5 % par an si les gouvernements portaient leurs dépenses annuelles de défense de 2,0 % à 3,5 % du PIB. Les études empiriques disponibles, souvent fondées sur des données américaines, indiquent des multiplicateurs allant de 0,6 à 1,5. Le multiplicateur serait plus faible quand la dépense est financée par l’impôt que quand elle est couverte par l’emprunt. L’impact dépend également du degré d’ouverture de l’économie : plus la part de matériel importé est élevée, moins les dépenses de défense soutiennent l’industrie du pays concerné. Actuellement environ 80 % des achats de défense proviennent de fournisseurs situés en dehors de l’Union européenne. L’impact sur le PIB devrait cependant être plus important en Allemagne et au Royaume-Uni, où l’industrie de défense est plus développée.