Actualités économiques Nigéria - Ghana semaine du 16 juin 2025
Inflation à 23,0% en mai ; BNY Mellon et Standard Bank vont proposer à leurs clients des obligations souveraines libellées en naira ; Le port d’Apapa accueille le premier porte-conteneurs au gaz naturel liquéfié d’Afrique de l’Ouest ; La raffinerie Dangote entamera la distribution d’essence et de diesel en août; Le Ghana retrouve une notation « B‑ » auprès de Fitch ; Inflation à la production à 10,2% en mai ; Le président Mahama réaffirme l’alignement stratégique entre le Ghana et l’UE ;
EVENEMENT À VENIR
LE CHIFFRE À RETENIR
3.4%
C'est l'appréciation du Naira par rapport au dollar américain de début mai à mi-juin 2025
Nigeria
L’inflation en recul en mai à 23,0%, son niveau le plus bas depuis le début de l’année
Le Bureau national des statistiques nigérian (NBS) a publié les résultats d’inflation du pays pour le mois de mai 2025. Le Nigeria enregistre 23,0% d’inflation en mai en glissement annuel, en diminution pour le deuxième mois consécutif après avoir atteint 23,7% en avril et 24,2% en mars. Il s’agit du plus faible niveau d’inflation en glissement annuel depuis la mise à jour de la méthodologie de calcul de l’inflation du NBS en janvier.
Les prix de l’énergie, en particulier ceux de l’électricité et du carburant qui étaient les principaux relais de l’inflation en mars et avril ont connu une légère déflation en mai (-0,4% après deux augmentations mensuelles successives de 9,2% et 13,5%).
L’inflation alimentaire s’est établie à 21,1% en glissement annuel après 21,3% en avril. Si les prix de l’alimentation importée ont diminué de 1,4% par rapport au mois précédent, les prix de la production agricole locale ont augmenté de manière significative. Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, les défis logistiques et l'insécurité dans les principales régions productrices de denrées alimentaires restent en effet des défis structurels.
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a réaffirmé son objectif de réduction de l’inflation et a maintenu son cap en mai dernier avec un taux directeur à 27,5%.
Le FMI prévoit une inflation de 26,5% en moyenne en 2025 après 33,2% en 2024. La Banque mondiale est plus optimiste avec 22,1% après 26,6% en 2024 tandis que la Banque africaine de développement projette 24,7% d’inflation moyenne en 2025 après 31,4% en 2024.
Évolution de l’inflation en glissement annuel au Nigeria depuis 2022
Source : National Bureau of Statistics
Clef de lecture : L’inflation du Nigeria s’élève à 23,0% en mai 2025 en glissement annuel (courbe bleu foncé), l’inflation alimentaire représente 21,1% (courbe bleue) et l’inflation sous-jacente 22,3% (courbe bleu clair).
Les banques BNY Mellon et Standard Bank vont proposer à leurs clients des obligations souveraines nigérianes libellées en naira
Bank of New York Mellon (BNY) a annoncé le lancement d’un programme de Global Depository Note, en partenariat avec Standard Bank, pour permettre aux investisseurs d’accéder à des titres de dette nigériane libellés en naira. Cette initiative met en lumière l’attractivité des obligations domestiques nigérianes pour les investisseurs étrangers du fait notamment de leurs rendements élevés. Elle pourrait également participer au développement du marché des capitaux local nigérian, améliorer la liquidité et le taux de souscription aux émissions obligataires, alimenter les entrées de devises au Nigeria et ainsi soutenir le cours du naira.
Fin 2024, le stock de dette domestique du Nigeria s’établissait à 48,4 Md USD (70 410 Md NGN) d’après le Bureau de gestion de la dette. Ce stock est constitué à 79% d’obligations souveraines (FGN bonds, maturité supérieure à un an), à 18% de bons du Trésor émis par la CBN (T-Bills, maturité inférieure à un an). Le reste représente d’autres instruments comme les obligations vertes, les sukuks, les obligations à destination des investisseurs particuliers (FGN Savings bonds) et des billets à ordre issus par le gouvernement.
Le port d’Apapa accueille le premier porte-conteneurs propulsé au gaz naturel liquéfié d’Afrique de l’Ouest
Le 17 juin 2025, le port d’Apapa à Lagos a accueilli le MV Kota Oasis, premier porte-conteneurs propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) à faire escale au Nigeria. Il s’agit de la première escale en Afrique de l’Ouest d’un navire de cette catégorie.
Exploité par la compagnie Pacific International Lines (PIL), ce navire de 260 mètres de long affiche une capacité de 8 200 EVP pour un tonnage de 77 850 tonnes. Il est équipé d’un moteur bi-carburant WinGD X-DF, capable de fonctionner au GNL et au fuel conventionnel. Le recours au GNL permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre et d’oxydes de soufre.
Le port d’Apapa, géré par APM Terminals, poursuit ses investissements pour accueillir des navires de plus grande capacité, dans un contexte de hausse continue du trafic conteneurisé sur la façade ouest-africaine.
La raffinerie Dangote entamera la distribution nationale d’essence et de diesel en août 2025
L’entreprise prévoit d’approvisionner directement les distributeurs, industriels, compagnies aériennes et autres grands consommateurs, en s’appuyant sur une flotte de 4 000 camions alimentés au gaz naturel comprimé.
La raffinerie proposera une facilité de crédit aux acheteurs d’un minimum de 500 000 litres, leur permettant d’obtenir 500 000 litres supplémentaires à crédit pour une durée de deux semaines, sous garantie bancaire. Ceci devrait faciliter l’accès des distributeurs aux volumes requis. Cette opération pourrait fluidifier l’approvisionnement en carburants des distributeurs et grands consommateurs et réduire les coûts logistiques associés.
Ghana
Le Ghana retrouve une notation « B‑ » auprès de Fitch grâce à la normalisation de sa dette extérieure
La décision repose sur la conclusion, en octobre 2024, d’un accord de restructuration portant sur 13,1 Md USD d’euro-obligations, dont seuls 2,6 Md USD restent en cours de négociation (notamment 700 M USD de dette commerciale). Fitch juge désormais faible le risque de blocage par des créanciers récalcitrants. Côté bilatéral, un protocole d’accord pour 5,1 Md USD a été ratifié en janvier 2025, et l’achèvement du processus complet est attendu d’ici fin 2025.
Ces avancées renforcent les perspectives de viabilité de la dette publique, qui devrait reculer de 93% du PIB en 2022 à 60% en 2025, grâce à la combinaison d’une consolidation budgétaire, d’une croissance nominale robuste et d’une appréciation du cédi. Les réserves de change ont atteint 6,8 Md USD fin 2024 et devraient couvrir 3,9 mois de paiements extérieurs en 2026 (après 1,6 mois en 2022).
Fitch relève toutefois un dérapage budgétaire en 2024, avec un déficit primaire de 3,9% du PIB (contre un objectif d’excédent de 0,5%). Le gouvernement vise un excédent budgétaire de 1,5% en 2025, essentiellement par la réduction des dépenses, mais Fitch anticipe un excédent plus limité à 0,5%, puis 0,9% en 2026. Le service de la dette en devises resterait modéré (1,2 Md USD, soit 1,2% du PIB en 2025).
L’inflation devrait ralentir à 15% en 2025 (après 23% en 2024), puis 10% en 2026, sous l’effet de la désinflation importée et de la rigueur monétaire. La croissance du PIB réel resterait dynamique : 5,7% en 2024, puis 4% en 2025 et 4,5% en 2026, portée par l’agriculture (notamment le cacao) et la reprise industrielle et tertiaire.
L’agence demeure prudente face à un ratio intérêts/revenus publics encore élevé (26%) et aux incertitudes entourant la mise en œuvre des réformes. Toutefois elle souligne le tournant amorcé dans la trajectoire économique du pays.
L’inflation à la production tombe à 10,2% en mai, son niveau le plus bas depuis 18 mois
Le ralentissement s’explique principalement par la désinflation dans les secteurs des mines et carrières (pondération de 43,7%) et de la fabrication (35%), où l’inflation est tombée respectivement à 13,7% (après 24,3%) et 10,1% (après 19,6%). La baisse des prix s’est également poursuivie dans le transport et entreposage (‑4,8%) et la construction (7,4%). Seul le secteur de l’électricité et du gaz affiche une hausse (+4,6%).
Le GSS estime que cette désinflation, en amont de la chaîne de production, pourrait réduire les tensions sur les prix à la consommation et contracter les marges des entreprises. Il appelle les entreprises à ajuster leurs structures de coûts et recommande aux autorités d’accélérer les initiatives sectorielles pour renforcer la résilience économique.
Le président Mahama réaffirme l’alignement stratégique entre le Ghana et l'Union européenne
Présentée comme un « instrument vivant » au service de la prospérité commune, cette coopération repose, selon lui, sur une convergence d’intérêts et un respect mutuel.
Après avoir mis en avant la trajectoire de redressement économique du pays, le président a rappelé la révision prochaine de la loi sur la promotion des investissements visant à renforcer l’attractivité du pays, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie durable, de la transformation manufacturière et du numérique.
Le chef de l’État a également réaffirmé l’engagement du Ghana dans la transition énergétique, avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2060, soutenu par des partenariats structurants dans les énergies renouvelables (JETP), ainsi que dans l’assemblage de véhicules électriques, s’appuyant sur le potentiel du pays en minerais stratégiques.
Le projet ATUU, lancé en mars 2025 avec le soutien de l’Union européenne, a été cité comme un exemple d’encadrement concerté des migrations professionnelles.
Sur le volet sécuritaire, il a appelé à un appui renforcé dans le cadre du mécanisme européen de paix et évoqué le développement d’une industrie nationale de défense. Enfin, il a réitéré l’appel du Ghana en faveur d’une réforme du système multilatéral, avec une meilleure représentativité des pays du Sud et des mécanismes plus équitables de traitement de la dette.
« Nous réaffirmons notre partenariat en tant qu’alliés du développement et co-architectes d’un nouvel ordre mondial donnant la priorité à l’équité, à l’innovation et à la dignité. »
Président John Mahama.