Report de la présentation du budget 2026 au 10 juin sur fond de désaccords avec le FMI

 La présentation du budget pour l’exercice 2025-2026, initialement prévue le 2 juin, a été reportée au 10 juin. Elle sera précédée de la publication du rapport économique annuel du ministère des Finances Pakistan Economic Survey qui présente les résultats du budget 2024-2025.

Ce report s’explique, d’une part, par la mobilisation du Premier ministre pakistanais sur une séquence diplomatique consécutive de la crise indo-pakistanaise, Shehbaz Sharif effectuant une tournée des « pays amis » du Pakistan - il s’est rendu en Turquie le 25 mai pour rencontrer le Président Erdogan, puis en Iran et en Azerbaïdjan.

D’autre part, la presse se fait l’écho de désaccords de fond avec les services du FMI (une délégation du Fonds était à Islamabad au cours des deux dernières semaines pour échanger sur les contours du budget), en particulier sur les subventions publiques sur les prix de l’énergie. Le FMI s’oppose à l’octroi de nouvelles aides aux ménages et à la baisse des tarifs d’électricité pour les secteurs industriels. Il exige au contraire une hausse progressive des tarifs, conformément aux engagements précédents, ainsi que la mise en œuvre d’un plan rigoureux de réduction de la dette circulaire du secteur énergétique, incluant des négociations avec les producteurs d’électricité indépendants (IPP) pour réduire une dette estimée à 348 Mds PKR.

Le ministre des Finances a déclaré mardi que le budget présenté ne se limiterait pas à un exercice comptable et revêtirait une dimension « stratégique », avec des « mesures audacieuses » attendues pour stimuler la croissance et renforcer la stabilité macroéconomique. Néanmoins, la principale interrogation porte sur la part qui sera allouée aux dépenses en matière de défense dans le contexte du conflit avec l’Inde, une hausse des dépenses militaires pouvant se faire au détriment de l’équilibre budgétaire et d’autres dépenses publiques prioritaires (santé, éducation).

Stratégie du Pakistan en matière de cryptomonnaies

Alors que les cryptomonnaies restent officiellement interdites au Pakistan (le secrétaire aux Finances, Imdadullah Bosal, a récemment rappelé que la Banque centrale (SBP) et la Securities and Exchange Commission of Pakistan (SECP) continuent de prohiber les transactions en cryptomonnaies), les initiatives pour élaborer une stratégie nationale et un cadre réglementaire favorables au développement des cryptomonnaies se multiplient depuis le début de l’année :

  • En février 2025, le gouvernement pakistanais a annoncé la création du Pakistan Crypto Council (PCC), une instance consultative destinée à poser les bases d’un cadre pour les actifs numériques. Cette initiative, portée par le ministre des Finances Muhammad Aurangzeb, a été concrétisée en mars 2025 par la création officielle du conseil, dirigé par Bilal Bin Saqib sous l’autorité directe du Premier ministre ;
  • Parallèlement, le ministère des Finances a présenté une stratégie pour les actifs numériques, incluant la création d’une autorité de régulation, la Pakistan Digital Assets Authority (PDAA), chargée de mettre en place un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies, de superviser l’infrastructure financière basée sur la blockchain, et de favoriser l’adoption de cette technologie dans les services publics et financiers ;
  • Le 25 mai 2025, le gouvernement fédéral a annoncé une allocation de 2 000 MW pour soutenir le développement du minage de Bitcoin et des centres de données en intelligence artificielle (IA). Cette mesure vise à utiliser les ressources énergétiques inutilisées du pays et à attirer des investissements étrangers dans des secteurs technologiques à forte croissance ;
  • Le 26 mai 2025, Bilal Bin Saqib a été nommé conseiller spécial du Premier ministre, avec rang de secrétaire d’État, pour les questions de blockchain et de cryptomonnaies. Il est chargé de coordonner la mise en œuvre d’un cadre réglementaire conforme aux normes du GAFI, de piloter les projets de minage national et de superviser l’intégration de la blockchain dans des domaines tels que la gouvernance, la finance ou encore les registres fonciers.

On notera le rôle joué par World Liberty Financial, plateforme financière décentralisée, dans la promotion des cryptomonnaies au Pakistan – le 26 avril, une délégation composée de Zachary Witkoff, Zachary Folkman et Chase Herro avait été reçue par les plus hautes autorités (Premier ministre, Chef de l’armée) et signé une LoI pour favoriser l'innovation en matière de blockchain, l'adoption des stablecoins et l'intégration de la finance décentralisée à travers le Pakistan.

Le Pakistan souhaite accélérer la transition numérique du système financier pakistanais

Le ministre pakistanais des Finances, Muhammad Aurangzeb, a réaffirmé l'engagement du gouvernement à accélérer la transition vers une économie numérique, considérant cette évolution comme essentielle pour renforcer la résilience budgétaire du pays. Lors de réunions avec des représentants du secteur financier, il a souligné l'importance de réduire la dépendance au numéraire afin d'améliorer la transparence, l'inclusion financière et l'efficacité des opérations économiques.

Le ministre a mis en avant la nécessité d'élargir l'accès aux services de paiement numériques, notamment en exploitant le système de paiement instantané Raast, pour offrir des options de paiement accessibles et interopérables à travers les secteurs public et privé. Il a également insisté sur la création d'un environnement favorable aux paiements numériques, en ajustant les structures de coûts et en mettant en place des incitations pour les commerçants et les consommateurs.

Un comité a été chargé d'élaborer une feuille de route détaillée et temporellement définie pour mettre en œuvre ces initiatives, soulignant l'urgence et la coordination nécessaires pour moderniser le système financier pakistanais.

 

L’AIIB approuve un prêt de 240 M USD pour le secteur de l’eau à Karachi

Le projet en cofinancement entre l’Asian Infrastructure Investment Bank -AIIB- et la Banque mondiale consiste à améliorer les services d’eau et d’assainissement de la ville de Karachi et à accroître les performances financières et opérationnelles de la société des eaux de Karachi, Karachi Water and Sewerage Corporation (KWSC). Ce projet fait suite à la phase 1 du projet d’amélioration des services d’eau et d’assainissement de Karachi, un projet approuvé en 2019 qui avait déjà été cofinancé conjointement par la AIIB et la Banque mondiale (respectivement à hauteur de 40 M USD chacune). Le projet devrait permettre de sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour 16 millions d’habitants de Karachi et le traitement/assainissement des eaux usées pour 10,4 millions d’usagers.