La croissance du PIB 2024/2025 devrait être très inférieure aux prévisions, ressortant à 2,68 %, contre 3,6 % prévu initialement

 

Selon les estimations publiées par le Comité des comptes nationaux, la croissance en volume du Pakistan pour l’exercice en cours devrait s’établir à 2,68%, alors que la prévision initiale établie en début d’exercice et retenue pour le budget tablait sur une progression du PIB de 3,6%. Pour mémoire, l’exercice budgétaire débute le 1er juillet au Pakistan et s’achève le 30 juin de l’année suivante. Le PIB nominal devrait ainsi s’établir à 411 Mds USD, contre 372 Mds USD à la fin juin 2024 et le PIB nominal par tête ressortir à 1824 USD.

 

La ventilation sectorielle de la croissance au cours des trois premiers trimestres apparaît comme suit : l’agriculture a crû de 1,8%, alors que l’industrie enregistrait une contraction de 1,14%. Les services pour leur part ont enregistré une progression de 39% de juillet 2024 à mars 2025, en raison d’un effet de base très favorable.

 

Les estimations du Comité des comptes nationaux convergent ainsi vers les dernières prévisions des institutions internationales, notamment celles du FMI (2,6%) et celles de la Banque Asiatique de Développement (2,5%).

 

 

 

 

L’imposition par les Etats-Unis d’une taxe de 5 % sur les transferts de migrants pourrait fortement peser sur les recettes tirées par le Pakistan à ce titre

 

La taxe de 5% sur les transferts de migrants, installés aux Etats-Unis et ne disposant pas de la nationalité américaine pourrait, si elle venait à être effective le 4 juillet 2025, peser fortement, comme dans les autres pays de la région sur les recettes que tire le Pakistan des transferts de migrants qui s’élèvent à 36 Mds USD. A titre de comparaison, les réserves brutes de change de la Banque centrale ne dépassent pas 14 Mds USD, assurant la couverture de trois mois d’importations. Les transferts de migrants en provenance des Etats-Unis s’élèvent à 3,5 Mds USD, faisant de ce pays le quatrième à l’origine des transferts, après l’Arabie saoudite, les EAU et le Royaume-Uni.

 

Quel budget fédéral pour 2025-2026 ?

 

En raison des incertitudes sur les perspectives de croissance du Pakistan et de l’incapacité de l’équipe au pouvoir à réaliser des objectifs de croissance sans doute trop ambitieux au regard du potentiel de production de l’économie, le budget 2025-2026 revêt une importance cruciale. Pour mémoire, le gouvernement n’avait pas été en mesure d’atteindre lors de l’exercice 2023-2024 soin objectif de croissance de 3,5%, celle-ci ressortant à 2,5%, processus qui s’était reproduit en 2024-2025. Cette incapacité tient en partie aux difficultés structurelles du secteur industriel, qui pâtit des incertitudes internationales et de la faiblesse de la consommation des ménages. En outre, les mesures visant à élargir les assiettes fiscales et à accroître la collecte ont probablement un effet récessif sur la conjoncture, tout en se révélant insuffisantes par rapport aux objectifs. Au cours des dix premiers mois de l’exercice 2024-2025, la collecte fiscale aurait ainsi été inférieure aux objectifs budgétés, à hauteur de 831 Mds PKR (3 Mds USD), en raison d’une croissance du PIB inférieure aux prévisions, d’une moindre croissance des importations et d’une inflation plus faible que prévu, qui pèsent sur les recettes.

 

Le projet de loi de finances (PLF) devrait cette année être contrôle étroitement par les services du FMI, dont une délégation est arrivée à Islamabad en début de semaine, afin de suivre les préparatifs budgétaires. Selon certaines sources, la cible de croissance susceptible d’être proposée dans le PLF serait de 4,4%, malgré l’impact à prévoir du régime de droits réciproques instauré par les Etats-Unis, les incertitudes introduites par les fortes tensions avec le voisin indien et l’incapacité du pays à enregistrer une croissance durablement élevée, sans qu’elle soit assortie de déséquilibres, notamment externes. Pour mémoire, la BAsD a assigné au Pakistan une croissance de 3,0% pour l’exercice 2025-2026.

 

Mise au point de la directrice de la communication du FMI au sujet du décaissement au titre de la première revue de l’EFF

 

A l’occasion d’une conférence de presse donnée le 22 mai, Mme Julie Kozack, chef du département de la communication du FMI, a tenu à faire une mise au point en répondant aux questions d’un journaliste sur la manière dont le Conseil d’administration du Fonds avait procédé à l’approbation de la première revue de la facilité élargie de crédit (EFF), malgré les objections de l’Inde. Elle a d’abord rappelé la chronologie de ce programme mis en place en septembre 2024, avant d’indiquer que le Pakistan avait rempli l’ensemble des objectifs fixés et enregistré des progrès dans l’agenda des réformes. Elle a également rappelé le fait qu’un consensus s’était dégagé au sein du Conseil pour approuver la première revue. Enfin, faisant pièce aux arguments avancés par l’Inde sur un détournement possible du programme à des fins militaires, elle a rappelé que les décaissements alloués par le Fonds au titre du programme n’étaient pas de l’aide budgétaire, mais venaient alimenter les réserves de change de la Banque centrale, en l’espèce la SBP – State Bank of Pakistan. Ce point se trouve conforté par le fait que la Banque centrale ne peut désormais procéder à des prêts au gouvernement, clause de sauvegarde à laquelle elle ne saurait déroger.