Dans ses prévisions économiques de printemps, la Commission européenne a nettement revu à la baisse ses perspectives de croissance pour la Hongrie. Elle n’anticipe désormais plus qu’une hausse du PIB de 0,8 % en 2025, contre une estimation de 1,8 % l’automne dernier. Cette prévision reste inférieure aux attentes du gouvernement (2,5 %) et à la fourchette d’estimations de la Banque centrale (1,9–2,9 %). Pour 2026, la perspective de croissance est abaissée à 2,5 %, contre plus de 3 % lors de la précédente estimation. La consommation privée devrait rester le principal moteur de la croissance, soutenue par la hausse des revenus réels et des allègements fiscaux. Les investissements des entreprises resteront faibles en 2025, avant de rebondir en 2026. Les exportations devraient se redresser grâce à la demande extérieure et aux nouvelles capacités financées par l’IDE. L’augmentation de la demande intérieure stimulera aussi les importations, réduisant ainsi l’excédent courant.

Parmi les risques identifiés, la Commission cite la faiblesse de la demande extérieure, cruciale pour une économie aussi intégrée aux chaînes d’approvisionnement mondiales, ainsi que les pressions inflationnistes, nourries par les hausses de salaires et des mesures budgétaires expansionnistes. Dans ce cadre, l’inflation a été revue à la hausse et atteindrait 4,1 % en 2025 avant de redescendre à 3,3 % l’an prochain, portée par la demande intérieure et la hausse des prix alimentaires. Les tentatives du gouvernement pour la contenir — comme le gel des marges — pourraient avoir un effet temporaire, mais risquent de provoquer un rebond des prix lorsque ces mesures prendront fin.

Le déficit budgétaire est évalué à 4,6 % du PIB pour l’exercice 2024 (meilleur, de manière surprenante, que celui révisé par les autorités hongroises à 4,9%), mais pourrait s’aggraver cette année en raison de nouvelles mesures de dépenses envisagées par les autorités hongroises.

La Commission anticipe une dette publique à la hausse, à 74,5 % du PIB en 2025, en raison de l’arrivée à échéance d'importants emprunts accumulés auparavant. Cette dette publique ne devrait que légèrement baisser en 2026.

Enfin, la Commission s’inquiète de la situation budgétaire. Le déficit prévu par Bruxelles dépasse l’objectif gouvernemental révisé de 4,1 % en 2025, et la prévision de 3,7 % inscrite dans le projet de budget 2026. De nouvelles baisses d’impôts, notamment en faveur des familles, estimées à 0,6 % du PIB, et les primes dans le secteur public (0,5 % du PIB), alourdissent encore l’impasse des finances publiques. Ces dépenses ne devraient être que partiellement compensées par la prolongation des taxes imposées sur divers secteurs de l’économie.