Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d'Oman, du Qatar et du Yémen....

Tintamarre aux pays de l'or noir


Les fortes turbulences traversées par le marché pétrolier mondial, marqué par une importante baisse des prix dans le contexte de la guerre tarifaire, replacent la stratégie de l’OPEP + au cœur des interrogations
. Le groupe (composé des membres de l’OPEP ainsi que de 10 pays producteurs additionnels), qui assure désormais moins de la moitié de la production mondiale de pétrole, est chargé de soutenir les cours de l’or noir en assurant la coordination des stratégies de production pour ajuster l’offre à la demande mondiale.

La décision de 8 pays de l’OPEP+ (EAU, Arabie Saoudite, Russie, Irak, Oman, Algérie, Kazakhstan, Koweït) d’augmenter leur production dans un contexte de baisse des cours suscite des interrogations. Déjà, le maintien du calendrier initial prévoyant une remise progressive sur le marché de 2,2 millions de barils par jour (bpj) à partir du mois d’avril avait exercé une pression à la baisse sur les prix. L’annonce d’une augmentation additionnelle de la production (à hauteur de 411 000 bpj contre les 135 000 prévus initialement), alors même que l’introduction de droits de douane américains réciproques avait précipité la chute des cours, a accentué cette dynamique.

Par ailleurs, cette décision peut sembler surprenante au regard des enjeux d’équilibre budgétaire auxquels font face plusieurs pays. Au sein du GCC, le cas de l’Arabie saoudite interroge particulièrement. Alors même que les prévisions du FMI pour l’année 2025 indiquent un prix d’équilibre budgétaire aux alentours de 90 dollars par baril et que le pays connait des difficultés à stabiliser ses finances publiques, le royaume a été l’un des moteurs du revirement de l’OPEP+. Le prix d’équilibre budgétaire pour les EAU est, lui, beaucoup plus bas, prévu à 51,3 dollars par baril (toujours selon le FMI) pour 2025, reflétant les efforts du pays en matière de diversification économique.

La stratégie de l’OPEP+ peut constituer tant une concession aux demandes américaines qu’une réponse à la stratégie du « Drill, baby, drill ». En effet, la pression exercée par Donald Trump sur le groupe pour faire baisser les prix en augmentant sa production (enjeu accentué par le fort contexte inflationniste aux États-Unis) est susceptible de produire des résultats, notamment dans un contexte de rapprochement des États-Unis avec l’Arabie saoudite et la Russie. Pourtant, la décision de l’OPEP+ amplifie fortement la pression sur les producteurs américains eux-mêmes. Selon Reuters, les entreprises pétrolières du pays ne pourraient profiter de leur activité extractive si le prix du baril descendait en dessous de 65 dollars, mettant en exergue les ambiguïtés de la politique pétrolière américaine. Aussi, pour l’OPEP+, cette approche pourrait avoir pour objectif de préserver des parts de marché en baisse continue ces dernières années.  

Le groupe ayant historiquement expérimenté des difficultés de coordination, la décision de l’OPEP+ peut aussi être interprétée comme un moyen de pression vis-à-vis des free-riders. En effet, certains pays comme le Kazakhstan ou l’Irak se sont démarqués par un dépassement quasi-systématique des quotas de production imposés, tout en bénéficiant des effets des efforts des autres, notamment de l’Arabie saoudite, pour stabiliser les cours.

Par ailleurs, dans un pays, l’Arabie, où l’extraction d’un baril présente un coût de revient extrêmement faible, la hausse de la production permet de réduire le point mort budgétaire, tout en évinçant les capacités mondiales non profitables sous les niveaux actuels.

Dans un contexte où s’entremêlent pressions structurelles et conjoncturelles, l’approche inattendue de l’OPEP+ pourrait avoir des résultats à double tranchant, avec comme enjeu clé la crédibilité et pertinence de l’OPEP+ en tant qu’organe régulateur du marché pétrolier mondial. Alors que les prix du baril sont historiquement bas, un risque de désintégration de l’OPEP+ (encore limité à ce stade) ne peut être totalement écarté si les effets escomptés en matière de discipline collective et de maintien de l’influence du groupe ne se matérialisent pas. Plus généralement, cette situation traduit la difficulté de maintenir un équilibre entre adaptation aux dynamiques économiques mondiales qui influent sur les cours, et impératifs nationaux (à l’instar de l’équilibre budgétaire), tout en assurant une stratégie unique au sein du groupe.

Les enjeux du futur de l’OPEP+ pour le CCG ne sont pas des moindres, alors que la région dépend encore fortement des hydrocarbures. Même si une perte de crédibilité de l’institution pourrait renforcer l’impératif de diversification économique, les revenus tirés du pétrole continuent de fournir des incitations fortes au maintien de cette structure (l’Arabie saoudite vient par exemple de découvrir 6 nouveaux gisements et 4 nouveaux réservoirs de pétrole, avec une capacité de production de 8126 bpj). 

Morgane Abbas, Analyste macroéconomique et financière

Pétrole et gaz

Brent 11/04/2025 à 12h00 GST : 63,98 USD/Bbl

Après avoir enregistré son taux le plus bas depuis 2021, tombant en dessous du seuil symbolique des 60 dollars mardi dernier, le prix du Brent s’est redressé ce vendredi midi à 63,98 dollars. Cependant, ce prix reste inférieur aux 65,8 dollars de la semaine précédente, ne permettant pas un renversement de la tendance baissière des cours.

La semaine dernière avait déjà été marquée par une chute significative des prix, consécutive à l’entrée en vigueur, le 3 avril, de droits de douane américains historiquement élevés (baisse d’environ 9 dollars par rapport au pic de début avril s’établissant autour de 75 dollars). Le durcissement de la politique américaine vis-à-vis de la Chine (avec de nouveaux droits de douane de 125%) a encore précipité cette baisse.

Du côté de l’offre, la décision inattendue de l’OPEP+ d’augmenter sa production au-delà des prévisions a accentué la baisse des prix. Les huit pays concernés ont en effet annoncé une production de 411 000 bpj, contre les 135 000 initialement attendus. Le relèvement de l’offre OPEP+ vient également compenser les incertitudes liées aux sanctions américaines sur le pétrole iranien et vénézuélien.

Du côté de la demande, le renforcement de la guerre commerciale avec la Chine (qui a annoncé en réponse aux États-Unis) génère une véritable incertitude quant aux perspectives mondiales de la demande pour l’or noir. De plus, le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise (dont les prévisions s’établissent à 5,1 % au T1 2025 selon Reuters, contre 5,4 % au T4 2024) renforce ces craintes.

Enfin, l’annonce d’une suspension pour 90 jours des nouvelles mesures tarifaires (qui excluent toutefois la Chine) a toutefois permis aux cours de se restabiliser autour des 63-64 dollars.

Morgane Abbas, Analyste macroéconomique et financière

Arabie saoudite

Macroéconomie & Finance

L’indice PMI de l’Arabie saoudite s’élève à 58,1 en mars 2025 – L’économie non pétrolière saoudienne a maintenu en mars 2025 une trajectoire de croissance soutenue selon Riyad Bank et S&P, avec un indice PMI à 58,1. Bien qu’en léger recul par rapport à février (58,4), l’indice reste bien au-dessus du seuil de 50 et de sa moyenne historique (56,9), confirmant une croissance non pétrolière soutenue dans le secteur privé. Ce dynamisme est porté par une hausse continue des nouvelles commandes, tant domestiques qu’étrangères, et une progression marquée de l’emploi, au plus haut depuis plus de 12 ans. Les entreprises disent avoir intensifié leurs recrutements pour répondre à une demande robuste, avec une croissance des effectifs quasi identique à celle de février, qui marquait un pic de 16 mois. Dans un contexte de désinflation progressive, l’inflation des coûts d’entrée a chuté à son niveau le plus bas en quatre ans, permettant aux entreprises de réduire leurs prix de vente pour la première fois en six mois. Cette baisse des prix, bien que modérée, traduit une intensification de la concurrence sur un marché en cours de structuration. Les tensions logistiques, en revanche, persistent : les délais de livraison se sont globalement améliorés, mais certains retards administratifs ont freiné la capacité des entreprises à résorber leurs carnets de commandes. Il en résulte que les arriérés de production ont bondi, atteignant leur plus haut niveau depuis août 2018. Pour rappel, l’indice PMI de l’Arabie saoudite avait atteint 60,5 en janvier 2025, son plus haut niveau depuis 10 ans.

Aramco baisse le prix de son brut d’Arab Light chargé en mai à destination de l’Asie à son plus bas niveau en 4 ans – Le géant pétrolier saoudien a annoncé baisser de 2,30 USD ses prix officiels de vente pour son pétrole brut d’Arab Light livré en mai 2025 aux acheteurs asiatiques. Le prix du baril s’établit ainsi à 1,20 USD au-dessus de l’indice de référence régional (cotation d’Oman/Dubaï), soit son plus bas niveau depuis quatre ans. Cette décision intervient quelques jours après l’annonce surprise de l’OPEP+ d’augmenter la production de 411 000 barils par jour dès mai sur une base mensuelle, soit trois fois plus que prévu initialement lors de la réunion de mars. Elle alimente les spéculations sur un possible retour de la stratégie de conquête de parts de marché par le royaume, comme en 2015-2016, au détriment de la stabilité des prix. Cette inflexion stratégique contraste avec la politique de réduction de l’offre que l’Arabie saoudite défendait depuis cinq ans pour soutenir des prix plus élevés.

L’Arabie saoudite introduit une taxe de 5 % sur les transactions immobilières Dès le 10 avril 2025, une taxe de 5 % s’applique à toutes les transactions immobilières (Real Estate Transaction Tax ou RETT) en Arabie saoudite, qu’elles soient résidentielles, commerciales ou industrielles. Cette taxe remplace ainsi la TVA de 15 % qui avait été supprimée en 2020 pour le secteur immobilier. Instaurée par l’autorité fiscale ZATCA, cette mesure viserait selon les autorités à structurer le marché, attirer les investissements et soutenir la croissance du secteur, qui devrait atteindre 102 Md USD d’ici 2029 selon le cabinet JLL. Des exonérations ciblées atténuent l’impact de cette mesure, notamment pour les citoyens saoudiens achetant leur première résidence principale (jusqu’à 1 M SAR), ainsi que pour les transferts entre proches (jusqu’au 3e degré), les donations à des fondations caritatives ou les initiatives publiques en matière de logement. Ces aménagements visent à favoriser l’accession à la propriété, en particulier chez les jeunes, et à accompagner les priorités sociales de la Vision 2030.

Energie, Industrie & Services

Aramco découvre 14 nouveaux gisements de pétrole et de gaz – Le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a annoncé la découverte par Aramco de 14 nouveaux champs et réservoirs d’hydrocarbures en Arabie saoudite, situés dans la province de l’Est. Ces découvertes comprennent six champs et deux réservoirs de pétrole, ainsi que deux champs et quatre réservoirs de gaz naturel. Parmi les découvertes notables figurent le champ pétrolier d’Ayfan, avec un débit de 2 840 barils/jour (b/j) d’Arabian Extra Light et 12 459 m3/jour de gaz associé, ainsi que le champ gazier de Ghizlan produisant 906 138 m3/j de gaz et 2 525 barils de condensats. Le champ de Marzouq a révélé trois réservoirs gaziers, avec des débits allant jusqu’à 283 168 m3/j.

Aramco et le chinois Sinopec annoncent l’extension pétrochimique de Yasref à Yanbu – Aramco et China Petroleum & Chemical Corporation (Sinopec) ont signé un accord pour étendre le complexe de raffinage Yasref à Yanbu avec une nouvelle unité pétrochimique intégrée. Le projet prévoit un « steam cracker » mixte de 1,8 million tonne par an et un complexe d’aromatiques de 1,5 million tonne par an. Il s’inscrit dans le programme d’Aramco visant à convertir jusqu’à 4 millions de barils/jour en produits chimiques d’ici 2030. L’extension de Yasref, détenue à 62,5 % par Aramco et 37,5 % par Sinopec, soutient la stratégie de valorisation avale du brut saoudien et s’ajoute aux projets Amiral et Shaheen.

L’Arabie saoudite lance un appel d’offres pour la conception du projet ferroviaire LandbrigeLa Saudi Arabia Railways (SAR) a lancé un appel d’offres pour les services de conception du projet Landbridge, un réseau ferroviaire stratégique estimé à 7 Md USD. Le contrat porte sur la conception préliminaire et les plans d’exécution d’un réseau de plus de 1 500 km, incluant une ligne nouvelle de 900 km entre Riyad et Djeddah, offrant un accès fret direct entre la capitale et le port King Abdullah. Les autres tronçons prévoient la modernisation de la ligne Riyad-Dammam, un contournement de la capitale, et un raccordement entre les ports de Yanbu et King Abdullah. Le projet, évoqué depuis 2004 puis relancé récemment, pourrait être développé en partenariat public-privé avec des investisseurs soutenus par la Chine, bien que l’appel d’offres lancé par SAR laisse envisager une approche alternative. S’il est réalisé, Landbridge deviendrait l’un des plus vastes projets ferroviaires du Moyen-Orient. Les appels d’offres pour la construction sont attendus à l’horizon mi-2026, sous réserve de clarifications sur son mode de financement.

Émirats arabes unis

Macroéconomie & Finance

Les EAU ont signé un CEPA (Comprehensive Economic Partnership Agreement) avec la République du Congo – L’accord de libre-échange prévoit, sur cinq ans, une élimination de 99,5 % des droits de douane sur les exportations émiriennes et de 98% sur les exportations congolaises. Il devrait participer à augmenter le commerce non-pétrolier entre les deux pays pour atteindre une valeur de 7,2 Mds USD d’ici 2032 (contre 3,1 Mds USD en 2024). Ce dernier a déjà augmenté de + 4,2 % en 2024 en glissement annuel. Le nouvel accord s’inscrit dans la stratégie de multiplication des CEPA par les EAU, centrale dans l’objectif d’atteindre un commerce non-pétrolier d’une valeur de 1 100 Mds USD.

Les relations économiques entre l’Inde et les EAU (notamment Dubaï) se sont fortement renforcées, boostées par la signature d’un CEPA il y a trois ans – Le commerce non pétrolier entre les deux pays a augmenté de 20,5 % en 2024, et le CEPA devrait contribuer à ramener ce dernier à hauteur de 100 mds USD d’ici 2030. L’Inde se classe en tête des destinations pour les exportations émiriennes non-pétrolières (13,5 % du total, avec une augmentation de +75,2 % en g.a.).  

Les marchés boursiers des Émirats, l'ADX et le DFM, ont chuté dans le contexte des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump - Le DFM a perdu 5,95 % et l'ADX 4,24 %, tandis que des entreprises comme Takaful Emarat et Emaar Development ont enregistré des baisses importantes. Les analystes soulignent que l'incertitude générée par ces droits de douane affecte la confiance des investisseurs, bien que les économies du Golfe restent solides. Les experts préviennent également que la volatilité pourrait persister dans les mois à venir en raison de l'impact potentiel sur le commerce mondial et l'inflation.

Les investissements totaux des banques opérant aux Émirats Arabes Unis ont augmenté de 16,1 % en janvier (en g.a.), atteignant 742,9 milliards AED - Les investissements en titres représentant des créances ont progressé de 26,1 % par rapport à l'année dernière, tandis que ceux en actions ont augmenté de 19,4 % en g.a. Les crédits totaux ont également enregistré une croissance de 9,5 % et les dépôts ont augmenté de 11,8 %.

Qatar

Qatar Airways équipe ses Airbus A350 de la technologie Starlink - La compagnie aérienne qatarienne a déjà quasi-finalisé l’intégration le service d’internet satellite visant à fournir un accès internet à haut débit et à faible latence sur 80 % de ses Boeing 777.

La Qatar National Bank (QNB) conclut un accord stratégique de long terme avec Harrods, un grand magasin de luxe britannique, et Visa, acteur mondial des paiements numériques - Cette collaboration verra le lancement des cartes de crédit Visa co-brandée QNB Harrods exclusivement au Qatar.

La Qatar Development Bank (QDB) participe à la fusion de ShopUp, la plus grande plateforme de commerce interentreprises du Bangladesh, et Sary, l'une des principales places de marché du Golfe pour former SILQ - Cette nouvelle plateforme de commerce interentreprises est soutenue par la QDB et a fait l’objet d’un financement de 110 M USD mené par Sanabil Investments, une société détenue à 100 % par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite (PIF) et Valar Ventures de Peter Thiel, cofondateur de PayPal. SILQ compte sur le soutien de la QDB afin d'étendre son offre aux PME du Qatar.

Doha Insurance Group établit une nouvelle succursale d'assurance en Inde - Doha Insurance Group a obtenu un "certificat d'enregistrement" délivré par l'autorité de régulation compétente (IFSCA) pour ouvrir une succursale dans la Gujarat International Finance Tec-City (GIFT City) en Inde sous le nom de Doha Insurance Group Q.P.S.C. IFSC Branch afin de mener des activités de réassurance.

Le groupe qatarien de l’agroalimentaire Baladna annonce la signature de l'accord définitif avec le Ministère algérien de l'Agriculture pour le lancement d'un projet intégré de 3,5 Mds USD d'élevage de vaches et de production de lait en poudre en Algérie - L’accord vise à produire localement 50 % de la demande du marché national en lait en poudre, à approvisionner le marché local en viande rouge et à contribuer à l'augmentation du nombre de têtes de bétail. Le projet a déjà commencé dans la province d'Adrar, au sud de l'Algérie, avec la mise en œuvre de puits exploratoires et l'achèvement des études relatives à la mise en valeur des terres.

Ebn Sina Medical, filiale d'Aamal Company et l'un des principaux fournisseurs de produits pharmaceutiques, hospitaliers et de soins de santé au Qatar, signe un partenariat stratégique avec BeiGene, une société chinoise spécialisée dans la biotech - Ebn Sina Medical sera ainsi le partenaire local et le distributeur de la gamme de médicaments oncologiques de BeiGenes au Qatar.

D’après une étude de Mordor Intelligence, la taille du marché agricole du Qatar doit atteindre les 656 M QAR (180 M USD) en 2025 - Le rapport estime également que le marché devrait représenter 857 M QAR (235 M USD) d'ici la fin de la décennie (soit une progression 30,6%).

Bahreïn

Le budget 2025-2026 a été adopté par le parlement – Adopté dans l’urgence, le budget 2025-2026 du Bahreïn marque un virage social et une politique budgétaire expansionniste assumés, avec une nette hausse des dépenses publiques (jusqu’à 11,3 Md USD en 2026) et un déficit plus élevé (jusqu’à - 7,8 % du PIB en 2025), sur fond de contraction des recettes pétrolières. Face à une contestation sociale latente, le gouvernement renonce à l’augmentation de la TVA et opte pour le maintien des aides sociales et une hausse de l’investissement dans le logement, la santé et les infrastructures. De nouvelles taxes non pétrolières sont introduites (environnement, comportementales, redevances), mais leur rendement reste incertain. Ce choix politique, motivé par la volonté de préserver la stabilité sociale, se traduit par une dégradation de la trajectoire budgétaire. La dette publique atteindrait 136 % du PIB en 2026, tandis que les charges d’intérêt s’élèveraient à un quart des dépenses annuelles. Fitch avait d’ailleurs revu la perspective du Bahreïn de stable à négative en février 2025, soulignant les doutes croissants sur la soutenabilité budgétaire. La stratégie adoptée par les autorités bahreïnies reposerait implicitement sur un soutien continu du Conseil de coopération du Golfe. Le rapport budgétaire officiel n’a pas encore été publié.

Oman

Trump Tariffs : le Sultanat confiant sur des impacts directs limités, mais méfiant sur les répercussions économiques indirectes - L’administration américaine a annoncé l’imposition de droits de douane de 10 % sur toutes les exportations omanaises, et jusqu’à 35 % pour l’acier et l’aluminium, en dépit de l’accord de libre-échange (ALE) liant les deux pays offrant pourtant une franchise de droits sur la majorité des commodités. Mascate, qui exporte 1,3 Md USD vers les États-Unis (dont 27 % d’acier et aluminium), ne subira qu’un impact direct modéré, les États-Unis représentant moins de 2 % des exportations et 3% des importations omanaises. En revanche, les effets indirects inquiètent : la mesure a coïncidé avec une chute du prix du baril (≈65 USD), fragilisant les recettes budgétaires du Sultanat, encore très dépendant des hydrocarbures. De plus, un affaiblissement du dollar pourrait peser sur le rial omanais, auquel il est arrimé. Malgré ce contexte incertain, le sous-secrétaire au ministère de l’Économie, Dr Nasser Al Maawali, s’est voulu rassurant, estimant qu’Oman pouvait capitaliser sur son environnement des affaires et ses zones franches pour attirer des IDE de pays davantage impactés par les Trump Tariffs.

Oman modernise sa gouvernance budgétaire avec une nouvelle loi financière - Par le décret royal n° 37/2025, promulgué le 8 avril, le Sultanat d’Oman a adopté une nouvelle loi financière destinée à renforcer la discipline budgétaire et à soutenir les objectifs de la Vision 2040. Ce cadre rénové impose désormais à toutes les entités publiques d’obtenir l’approbation préalable du ministère des Finances pour toute initiative générant une charge financière, qu’il s’agisse de lois, décrets ou décisions ministérielles. La loi élargit les délégations financières accordées aux responsables administratifs afin d’accélérer la mise en œuvre des dépenses publiques. Elle consacre également les pouvoirs du ministre des Finances pour prendre toute mesure préventive garantissant la préservation des deniers publics et leur optimisation. Le texte encadre strictement l’imposition ou la modification de taxes et redevances, qui ne pourra se faire qu’avec l’aval du ministère ou du Conseil des ministres selon les cas. Il prévoit l’élaboration d’un nouveau plan comptable unifié pour toutes les entités de l’État, visant à assurer une gestion plus cohérente, transparente et efficace des recettes et dépenses. En outre, la loi identifie les infractions financières et précise les mécanismes de sanction, tout en définissant les règles relatives aux créances financières des personnes physiques et morales. Ce nouveau cadre marque une étape dans la consolidation d’une gestion publique plus rigoureuse et mieux alignée avec les standards internationaux.

Oman Flour Mills lève 10MOMR via le premier papier commercial islamique omanais - Le 6 avril 2025, Oman Flour Mills a placé 10 millions OMR d’Islamic Commercial Paper (ICP) à 365 jours, une première dans le Sultanat, conseillée par Ahlibank Investment Banking Division et structurée par Ahli Islamic. Les fonds serviront à couvrir les besoins en fonds de roulement à un taux implicite attractif, entièrement conforme aux principes de la charia. L’émission a été sursouscrite 1,4 fois par des fonds de pension, banques islamiques et fonds monétaires, soulignant l’appétence pour les instruments de liquidité « sharia‑compliant ». Cette opération diversifie les sources de financement des entreprises locales en parallèle de la montée en puissance à Oman de la finance islamique.

Koweït

Mais que vont-ils bien pouvoir faire de tout cela ? - Le Koweït est confronté à une crise de gestion des déchets qui s'aggrave, avec un taux de production de déchets organiques de 1,4 kg par jour par habitant (2,5 M Tonnes par an à l’échelle du pays), un des plus élevés au monde. Les militants écologistes alertent sur les graves menaces environnementales, sanitaires et économiques que représentent les déchets qui s’amoncellent. Jenan Behzad, de la Société koweïtienne de protection de l'environnement, a souligné l'importance du tri des déchets, de la valorisation énergétique des déchets organiques et de la réduction de la dépendance au plastique. Des études montrent que le gaspillage alimentaire atteint son pic pendant le Ramadan et représente environ 50 % du total des déchets organiques.

Le Koweït dégrise la propriété des entreprises - Le ministère du commerce et de l'industrie a annoncé qu’en un mois environ 90 % des entités enregistrées au registre du commerce avaient précisé leurs « bénéficiaires effectifs ». Cette réussite « s'inscrit dans le cadre de l'engagement du pays en faveur de la transparence, ainsi que de ses efforts pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme ». En outre, il renforce la fiabilité de l'environnement commercial du pays. Le ministère du commerce et de l'industrie a également réitéré son appel pour que les entreprises ne l’ayant pas encore fait finalisent l’enregistrement du bénéficiaire effectif. Il est important de noter que cette divulgation est une nouvelle exigence légale pour les sociétés et les institutions commerciales, visant à identifier la personne physique qui exerce un contrôle réel et final sur la société. Cette personne peut être le directeur de la société, le décideur, l'actionnaire principal ou une combinaison de ces rôles.

Le pétrole, d’un bout à l’autre du golfe… - Kuwait Petroleum International (KPI) vient d’annoncer que sa joint-venture avec l’omanais OQ Group avait réussi les tests de fiabilité exigés par les prêteurs seulement dix mois après l’achèvement des travaux. L’efficacité opérationnelle de la raffinerie de Duqm (Oman) était par ailleurs confirmée, cette dernière réalisant 110% de sa capacité prévisionnelle de production avec 255.000 barils/jour. L’entreprise koweïtienne considère cette réussite comme une preuve de son engagement et de sa capacité à développer des projets énergétiques complexes à l’international. Surtout, cette réussite s’inscrit dans la stratégie de diversification et d’expansion de KPI en lui offrant un débouché supplémentaire pour le brut koweïtien.

5% du « Gulf Railway Link » - La ministre des Travaux publics a signé officiellement le contrat avec la société turque PROYAPI pour lancer la première phase du projet ferroviaire du Koweït. La longueur de la ligne ferroviaire s'étendant du Koweït au Royaume d'Arabie saoudite sera de 111 kilomètres. Le Koweït formerait le terminus nord du projet « Gulf Railway Link », qui reliera progressivement le reste des pays du CCEAG. Le calendrier du projet s’étend jusqu’en 2030, toutes les phases de mise en œuvre devant être achevées à cette date. Le Koweït représenterait alors 5% du réseau ferroviaire du Golfe.