Flash Conjoncture Pays avancés - Le climat des affaires augmente en Allemagne après l’adoption du paquet constitutionnel
Le climat des affaires augmente en Allemagne après l’adoption du paquet constitutionnel
Depuis la fin de l’année 2024 et la dissolution du Bundestag en décembre, l’Allemagne connaissait une incertitude politique élevée qui pesait sur le sentiment des agents économiques. Les élections législatives convoquées le 23 février ont conféré une majorité relative à la CDU/CSU, qui est entré dans un processus de négociations avec le SPD pour former une « grande coalition ».
La CDU/CSU et le SPD ont annoncé début mars une ambitieuse réforme constitutionnelle ayant pour objet d’accroître substantiellement le niveau d’investissements publics dans la défense, dans la sécurité et dans les infrastructures.
Ce paquet constitutionnel pour l’investissement a été adopté le 21 mars par le Parlement allemand. Il se compose de trois amendements constitutionnels :
• Exemption du frein à la dette pour les dépenses de défense et autres dépenses de sécurité au-delà de 1 % du PIB (incluant la protection civile, les services de renseignement, l’aide aux États attaqués en violation du droit international et la protection de la sécurité de l'information) ;
• Création d’un fonds spécial constitutionnel de 500 Md€ sur 12 ans « pour des investissements supplémentaires dans les infrastructures et pour des investissements supplémentaires visant à atteindre la neutralité climatique d'ici à 2045 », dont 100 Md€ fléchés vers le Fonds climat et transformation (KTF) et 100 Md€ vers les Länder ;
• Relèvement du plafond annuel de déficit structurel – le déficit structurel est le déficit nominal corrigé des effets de la conjoncture – autorisé pour les Länder de 0 % à 0,35 % du PIB (qui était jusqu’à présent le plafond de déficit structurel autorisé pour le seul gouvernement fédéral).
Au regard du calendrier d’adoption du projet de loi de finances, dont le vote par le Parlement interviendrait au plus tôt à l’été 2025, l’impulsion budgétaire se matérialiserait surtout à compter de 2026. Ainsi, depuis l’annonce du paquet constitutionnel, plusieurs prévisionnistes allemands ont revu les prévisions pour 2026 à la hausse. L’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (ifW) et Goldman Sachs prévoient désormais une croissance de +1,5 % en 2026 (réhaussant de respectivement +0,6 pt et +0,7 pt par rapport à leurs prévisions de décembre 2024). La révision est plus limitée pour 2025, Goldman Sachs n’ayant révisé que de +0,2 pt sa prévision de croissance (à +0,2 %) et ifW l’ayant laissée inchangée (à +0,0 %).
L’impact macroéconomique attendu de ce paquet a par ailleurs conduit à un net redressement des soldes relatifs aux perspectives économiques dans les enquêtes de conjoncture. Ainsi, l’indice de confiance des analystes financiers (indice ZEW), publié le 18 marspar le Centre Leibniz pour la recherche économique européenne, montre une hausse marquée du solde d’opinion relatif aux perspectives économiques (+21,6 pts, saplus forte hausse depuis janvier 2023, à +51,6, son plus haut niveau depuis janvier 2023). Plus récemment, le 25 mars, l’indice IFO, qui mesure le climat des affaires par secteur d’activité, a connu une amélioration marquée du solde concernant les perspectives dans le secteur manufacturier (+7,3 pts par rapport à février), le commerce de gros (+6,1 pts) et le secteur des services (+4,8 pts). L’indice IFO concernant les perspectives pour l'ensemble de l'économie, exprimé en base 100 sur la moyenne de 2015, s’améliore de +1,9 pt en mars, à 87,7.
L’amélioration des soldes d’opinion concernant la situation économique actuelle est toutefois plus modeste, ce qui reflète l’impact macroéconomique modéré du paquet constitutionnel attendu pour 2025. L’indice IFO (base 100 = 2015) concernant la situation actuelle augmente de +0,7 pt en mars, à 85,7, tandis que l’indice ZEW (solde d’opinion) progresse de +0,9, à −87,6.