Pakistan - Veille hebdomadaire 13/03/2025
La Banque centrale a atteint la cible de réserves fixée par le FMI, la Chine a reconduit son prêt de 2 Md USD auprès de celle-ci.
En décembre 2024, la Banque centrale (State Bank of Pakistan - SBP) a atteint l’objectif dit de réserves internationales nettes du FMI pour décembre 2024 et devrait également atteindre sa cible en juin 2025. Au cours de sa réunion avec la mission du FMI, M. Jameel Ahmed, le gouverneur de la SBP, a souligné l’importance que la banque centrale accordait aux réserves de change (11,25 Mds USD au 6 mars). On notera que la Chine a reconduit son prêt auprès de la SBP de 2 Mds USD pour un an le 8 mars dernier.
Le taux directeur de la Banque centrale est maintenu à 12%.
Le gouverneur de la SBP a indiqué à la mission du FMI que la décision de ne pas changer le taux directeur (inchangé lors du conseil de politique monétaire du 11 mars) était liée au souci de rendre attractive la dette pakistanaise auprès des banques locales (le dernier lancement des bons du Trésor ayant été annulé le 6 mars dernier), à l’inflation sous-jacente (6,5% contre 1,6% d’inflation en g.a.) et aux fuites de capitaux constatées depuis deux mois par le biais de « hawalas » et de « hundi ».
Les transferts de fonds des émigrés pakistanais ont atteint 3,1 Mds USD en février.
Les envois de fonds des travailleurs ont augmenté de 32,5 % au cours des huit premiers mois de l’exercice 25, atteignant 24 Mds USD (contre 18,1 Mds USD pour la même période de l’année budgétaire 2024). Les émigrés pakistanais résidant en Arabie saoudite ont envoyé 744,4 M USD millions de dollars, ceux des EAU 652,2 M USD, ceux du Royaume-Uni 502 MUSD et ceux résidant aux États-Unis 309,4 MUSD. Le ministre des Finances considère atteignable l’objectif de 36 Mds USD d’ici la fin juin qui marque la fin de l’année budgétaire.
La mission du FMI a pris en compte le faible niveau de revenus tirés du nouvel impôt agricole
La mission du FMI a discuté des revenus tirés de l’impôt sur le revenu agricole avec les autorités fédérales pakistanaises et les gouvernements provinciaux. Il s’agissait pour les services du FMI d’examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’impôt (collecté par les seules provinces) sur les profits des entreprises agricoles. Il apparait que seul le gouvernement du Pendjab est parvenu à mettre cet impôt en place, mais que son administration fiscale n’est pas arrivée à collecter le niveau de collecte attendu par le FMI dans le cadre du programme en cours.
La Banque centrale approuve le rachat de la Silk Bank par l’UBL.
La Banque centrale a approuvé le 11 mars l’achat de la Silk Bank Limited (SBL) par United Bank Limited (UBL). La Silk Bank cesse d’exister en tant qu’entité indépendante et UBL émettra de nouvelles actions destinées aux actionnaires de Silk Bank selon un ratio d’une action UBL pour 25 actions de SBL. On rappellera que la consolidation bancaire était une demande faite par le FMI dans le cadre du programme de l’EFF.
Le gouvernement augmente les tarifs du gaz.
Le gouvernement a augmenté le 7 mars 2025 de 23 % les tarifs du gaz pour les centrales électriques et imposé une redevance de 791 PKR le mm3 à compter du 7 mars 2025. On rappellera que le désubventionnement, et donc l’augmentation du prix du gaz était une demande effectuée par le FMI dans le cadre du programme en cours.
Le gouvernement annonce qu’il envisage d’emprunter 4,5 Mds USD afin de régler la question de la dette circulaire avec les centrales électriques privées.
Des discussions seraient en cours pour emprunter 4,5 Mds USD auprès de banques commerciales. Le ministre des finances indique pouvoir obtenir des prêts à un taux d’intérêt inférieur à 11 % pour rembourser la dette circulaire du réseau électrique pakistanais vis-à-vis des sociétés productrices d’électricité privées (les IPP, en grande partie chinoises). Le ministre indique que ce projet serait soutenu par le FMI. On rappellera que l’option actuelle du gouvernement pour rembourser cette dette consiste à intégrer une augmenter le prix de l’électricité, chaque facture d’électricité étant à 30% consacrée au remboursement de la dette circulaire. Dès lors cet emprunt commercial pourrait entraîner une baisse du prix de l’énergie.
Le gouvernement hésite sur sa stratégie de redevance carbone.
Dans le cadre des discussions avec le FMI dans le cadre de la préparation de la Facilité pour la résilience et la durabilité [Resilience and Sustainability Facility (RSF)], le gouvernement a indiqué qu’il se préparait à mettre en place une taxe carbone sur les carburants automobile pouvant aller jusqu’à 10% du prix final de l’essence et du Diesel dans le cadre de la loi de finance en préparation pour l’année 2025/2026 qui sera votée en juin prochain. En revanche, le Premier ministre n’a pas été clair sur l’imposition d’une taxe carbone pour réduire les émissions des centrales électriques à gaz, au charbon et au fioul. Le premier ministre et le vice-premier ministre ont reporté les réunions séparées avec le FMI sur ce sujet. Il semblerait que le gouvernement n’ait pas mesuré à ce stade l’impact économique de la taxe-carbone sur les centrales électriques. Si aucune décision n’était prise sur ce sujet prochainement, cette hésitation gouvernementale pourrait entrainer un retard de la mise en œuvre de la Facilité pour la résilience et la durabilité du FMI.